Thomas Drew-Bear Inscriptions de Cappadoce In: Anatolia Antiqua, Tome 1, 1991.
Thomas Drew-Bear Inscriptions de Cappadoce In: Anatolia Antiqua, Tome 1, 1991. pp. 131-149. Citer ce document / Cite this document : Drew-Bear Thomas. Inscriptions de Cappadoce. In: Anatolia Antiqua, Tome 1, 1991. pp. 131-149. doi : 10.3406/anata.1991.1146 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/anata_1018-1946_1991_num_1_1_1146 Thomas DREW-BEAR INSCRIPTIONS DE CAPPADOCE Dans le cadre des fouilles de Porsuk dirigées par O. Pelon, M. Coindoz a mené des recherches de géographie historique dans la région du site et plus largement en Cappadoce. Il a bien voulu me confier la publication des inscriptions grecques et latines qui figuraient parmi ses découvertes, ce dont je le remercie cordialement. Les documents édités ci-dessous proviennent de la ville de Faustinopolis ou de Tynna, du territoire d'Héraclée Cybistra, et de celui de Vénasa. Je les connais d'après les photographies prises par M. Coindoz ou par la Mission de Porsuk, sur lesquelles j'ai déchiffré les textes présentés ici. 1. Jusqu'à présent ont été mis au jour trois milliaires de la régionjde Porsuk, tous découverts au début de ce siècle et publiés grâce à W. M. Ramsay. L'un d'eux a été retrouvé par M. Coindoz, érigé à côté de l'entrée de la prison d'Uluki§la, qui est la sous-préfecture dont dépend actuellement cette région. Sa photographie (fig. 1A) et celle de la Mission de Porsuk (fig. IB), premières photographies à être publiées de l'un quelconque des milliaires de Porsuk, ainsi qu'un estampage réalisé par la Mission, permettent le contrôle de presque tout le texte (seules quelques lettres à droite restent en dehors du champ), ce qui est intéressant puisque cette inscription vient récemment d'être éditée par D. H. French1. Dans l'édition de French, l'indication de distance portée par ce milliaire se présente ainsi : AP(ylis) mXXV{I} A Ceci fait problème, car XXV{I} égale 25 alors que A€ égale 35. Or il n'y a pas un mot de commentaire sur la constitution du texte, aucune photographie qui permettrait de le contrôler, et aucun apparat critique non plus qui permettrait au moins de distinguer les nouvelles lectures de l'éditeur de celles publiées par ses prédécesseurs. Et il n'y a aucune explication à propos de la position du lieu de trouvaille de ce milliaire par rapport à la distance indiquée jusqu'aux Portes Ciliciennes, ni comparaison de cette distance à la distance réelle entre les Portes Ciliciennes et Porsuk, questions qui sembleraient pourtant essentielles pour le développement correct de ce sujet, une route romaine étudiée d'après ses milliaires. D'autre part, il n'y a dans ce volume aucune indication sur le lieu de conservation actuel de la pierre qui permettrait aux lecteurs de retrouver le document afin d'effectuer une vérification éventuelle2, puisqu'elle est possible3, comme nous venons de l'apprendre par un autre ou- 1 ) Roman Roads and Milestones of Asia Minor, Fasc. I : The Pilgrim 's Road, British Institute of Archaeology at Ankara Monograph N° 5, qui est aussi British Archaeological Reports International Series 105, Oxford, 1981, p. 90 n° 60(a) = Porsuk 1. Le titre même de cet ouvrage peut sembler assez mal choisi, car les "pèlerins" en question sont les Chrétiens utilisateurs de VItinerarium Hierosolymitanum maintenant à Bordeaux (rédigé dans la première moitié du IVe siècle), ouvrage qui a donné son nom au livre, alors que les routes romaines dont il s'agit ont existé, d'après French lui-même (p. 13), depuis le temps des Fla- viens, époque à laquelle il n'était point question de voyageurs "pèlerins" se rendant à Jérusalem, ni alors ni plus tard sous le Haut-Empire ; à l'époque des pèlerinages dont il est question dans le titre, les milliaires étudiés dans ce livre, comme tout le système gouvernemental dont ils témoignent, n'étaient plus que des souvenirs historiques. 2) L'éditeur dit avoir revu cette inscription lui-même. C'est ce qui ressort de la référence "French 1976, 52" qui clôt la "bibliographie", ou plutôt série de renvois, qu'il donne pour ce document : il s'agit de son article "Research on Roman Milestones and Roads in 1974", paru dans le TùrkArkeoloji Dergisi, 23, 1, 1976, où l'on lit à la page 52 (je traduis) : "La pierre dont le texte a été donné par Ramsay et qui se trouve maintenant devant le Uluhan à Uluki§la a été examinée et son texte contrôlé de nouveau". 3) La question a son importance, car il faut savoir si la lecture de l'indication de distance chez French, ainsi que ses autres divergences (voir infra) d'avec le texte donné dans CIL, résultent d'une lecture indépendante de l'inscription, ou bien si ce ne sont 132 Thomas DREW-BEAR Fig. 1A Fig. IB vrage du même auteur . Mais ce dernier ouvrage apporte aussi une correction tacite au chiffre latin de la distance donné par French dans son livre précédent : car ici on trouve l'indication de la distance citée sous cette forme : "APMXXX- VIA€". Nous revenons ainsi à l'indication de distance telle qu'elle a été donnée par le CIL6. En effet, le document se présente comme suit (les lettres qu'on ne peut vérifier d'après l'estam- que des erreurs matérielles, des fautes de frappe ou des lapsus : mais aussi étonnant que cela puisse paraître, il ne semble y avoir dans ce livre aucun moyen de savoir si tel ou tel texte republié dans ce volume même a été retrouvé et contrôlé par l'éditeur ou pas. 4) En effet, dans Roman Roads and Milestones of Asia Minor, Fasc. 2 : An Interim Catalogue of Milestones, Part 1, qui est British Institute of Archaeology at Ankara Monograph N° 9 et en même temps British Archaeological Reports International Series 392 (i), Oxford, 1988, p. 310, n° 867 Porsuk 1, la référence à cette inscription (il n'y a pas de texte) est précédée d'un astérisque, ce qui signifie que French l'a revue. Dans ce livre il indique aussi son lieu de conservation : "used as right-hand gate-post îorHa- pishane [c'est-à-dire : "prison"] garden", mais il donne pour le troisième milliaire connu à Porsuk la même indication ("Location: as n° 1"), alors que rien ne laisse penser que cette pierre a jamais été placée devant la prison d'Uluki§la. D'autre part, le lieu de conservation "devant le Uluhan" de l'article supra n. 2 ne figure pour aucun des trois milliaires dans la publication la plus récente, bien que pour son "Porsuk n° 1" French continue de renvoyer à son article, sans dire un mot sur le changement dans l'indication du lieu de conservation de cette pierre. D'ailleurs, quel édifice au juste l'auteur veut-il désigner par "Uluhan", c'est à dire "grand khan" ? La grande caserne ottomane qui a donné son nom à Uluki§la s'appelle Ôkiiz Mehmet Pa§a Kervansarayi, et il n'y a pas de milliaire devant ce bâtiment. 5) Dans ce deuxième livre aucun texte des milliaires n'est donné, car il ne s'agit que d'un répertoire bibliographique où seules sont citées les indications des distances (si celles-ci sont conservées) sur les milliaires. 6) Ce texte, CIL III Suppl. 2, n° 12214 (avec une indication de provenance inexacte), qui constitue Yeditio princeps d'après une copie par D. G. Hogarth et A. C. Headlam, laquelle fut communiquée pour publication par W. M. Ramsay, est en fait la seule édition de notre milliaire antérieure à celle de French, car tous les autres ouvrages cités dans la bibliographie ne font que mentionner cette inscription, sans en donner le texte. Comme l'a écrit souvent L. Robert à propos de tels "Sammelwerke", il aurait fallu que French distingue, dans ses "bibliographies" dressées pour chaque milliaire, entre les éditions complètes et les simples mentions, ce que l'auteur ne fait jamais, dans son dernier ouvrage non plus : à défaut d'une telle indication, même d'un ou deux mots, sur le contenu de chaque référence (édition intégrale ? remarque topographique ? simple mention sans intérêt ?), le lecteur est obligé de se procurer tous les ouvrages mentionnés pour découvrir quelle serait leur contribution, parfois au prix d'une déception certaine. INSCRIPTIONS DE CAPPADOCE 133 page et les photographies de la Mission de Por- suk et la photographie de M. Coindoz sont en caractères italiques ; les points sous certaines lettres dans l'édition du CIL ont été supprimés si les lectures paraissent hors de doute) : IMP CAESAR7 DIVI ANTONINI PII MÀGNÎ F DIVI8 4 SEVERI NÈPOS IM AYRELIVS]] lÀNTONINVS P/KSB FELIX INVICTVS 8 AVGVSTVS VON TIFEX MAX ?P9 TRIB POT COS PROCOS 12 A P M XXXVI A G Des points à mi-hauteur de la ligne séparent les mots. Il s'agit donc d'un milliaire d'Elagabal, appelé fils du "grand" Antoninus Pius divinisé (c'est- à-dire Caracalla) et petit-fils de Septime Sévère comme il est normal, dans la première année de son règne (218 ap. J.-C). Bien que ce ne soit pas indiqué dans les éditions précédentes, je pense que le nom d'Elagabal aux 11. 5-6 a été victime d'un martelage, suite à la damnatio memoriae qui lui a été infligée10 : car même en admettant que la pierre est un peu usée11, il semble hors de doute d'après les photographies que l'état de la surface sur ces deux lignes est différent de l'état de conservation du reste du texte. Les photographies et l'estampage uploads/Litterature/ inscriptions-de-cappadoce.pdf
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- Publié le Oct 14, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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