Roger BASTIDE [1898-1974] sociologue et anthropologue français, spécialiste de

Roger BASTIDE [1898-1974] sociologue et anthropologue français, spécialiste de sociologie et de la littérature brésilienne. (1940) “Kantisme et sociologie.” Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, bénévole, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi Courriel: jean-marie_tremblay@uqac.ca Site web pédagogique : http://www.uqac.ca/jmt-sociologue/ Dans le cadre de: "Les classiques des sciences sociales" Une bibliothèque numérique fondée et dirigée par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi Site web: http://classiques.uqac.ca/ Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web: http://bibliotheque.uqac.ca/ Roger Bastide, “Kantisme et sociologie.” (1940) 2 Politique d'utilisation de la bibliothèque des Classiques Toute reproduction et rediffusion de nos fichiers est interdite, même avec la mention de leur provenance, sans l’autorisation for- melle, écrite, du fondateur des Classiques des sciences sociales, Jean-Marie Tremblay, sociologue. 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Jean-Marie Tremblay, sociologue Fondateur et Président-directeur général, LES CLASSIQUES DES SCIENCES SOCIALES. Roger Bastide, “Kantisme et sociologie.” (1940) 3 Cette édition électronique a été réalisée par Jean-Marie Tremblay, bénévole, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi à partir de : Roger BASTIDE “Kantisme et sociolo- gie.” Un article publié dans Filosofia, Ciências e Letras, São Paulo, n° 7, août 1940, pp. 7-14. Cette version originale en français a été re- trouvée à l'IMEC. [Autorisation formelle accordée le 13 janvier 2013 par Claude Ravelet, pro- fesseur, Université de Caen en Basse-Normandie en France et responsable de Bastidiana, Centre d’études Bastidiennes, de diffuser ce texte dans Les Classiques des sciences sociales.] Courriel : Claude RAVELET : bastidiana@orange.fr Polices de caractères utilisée : Pour le texte: Times New Roman, 14 points. Pour les notes de bas de page : Times New Roman, 12 points. Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2008 pour Macintosh. Mise en page sur papier format : LETTRE US, 8.5’’ x 11’’. Édition numérique réalisée le 23 septembre 2013 à Chicoutimi, Ville de Saguenay, Québec. Roger Bastide, “Kantisme et sociologie.” (1940) 4 Roger BASTIDE [1898-1974] sociologue et anthropologue français, spécialiste de sociologie et de la littérature brésilienne. “Kantisme et sociologie.” Un article publié dans Filosofia, Ciências e Letras, São Paulo, n° 7, août 1940, pp. 7-14. Cette version originale en français a été re- trouvée à l'IMEC. Roger Bastide, “Kantisme et sociologie.” (1940) 5 Roger BASTIDE [1898-1974] sociologue et anthropologue français, spécialiste de sociologie et de la littérature brésilienne. “Kantisme et sociologie.” Un article publié dans Filosofia, Ciências e Letras, São Paulo, n° 7, août 1940, pp. 7-14. Cette version originale en français a été re- trouvée à l'IMEC. La sociologie est une science et la science n'a rien à voir avec la philosophie. Elle n'est ni kantienne, ni thomiste, ni bergsonienne ; elle constitue un monde à part. Le titre de cet article peut donc paraître, au premier abord, bien paradoxal. Mais il ne faut pas oublier que la so- ciologie s'est constituée à l'intérieur des cadres de la philosophie occi- dentale, que les sociologues ont tous reçu, dans les facultés, une solide culture métaphysique ; il n'est pas étonnant, par conséquent, que cer- tains d'entre eux se soient demandés si leur jeune science ne pouvait pas répondre à quelques-unes des difficultés que soulevait la théorie kantienne de la Raison pure, sous son double usage théorique et prati- que. Et cela d'autant plus que Kant peut être considéré, dans une cer- taine mesure, comme un précurseur de la sociologie et qu'il a, en tout cas, posé le problème des rapports entre l'évolution de la vie sociale et l'analyse de la pensée humaine. Sans doute Kant est, avant tout, l'auteur des trois Critiques, mais il ne faut pas négliger, pour cela, le reste de son œuvre et oublier, en particulier, qu'il a jeté les bases d'une science des sociétés avec l'An- thropologie et la Philosophie de l'histoire. Or ces deux ouvrages se relient naturellement à la Critique de la raison pure et à la Critique de la raison pratique. En effet la loi morale est de même nature que la loi scientifique ; elle présente les mêmes caractères de nécessité, d'uni- versalité et d'à priori ; mais, de même que le caractère intelligible ne se réalise, ici-bas, qu'en s'encastrant dans la chaîne du déterminisme naturel, ainsi la loi morale ne se réalise que dans la phénoménologie Roger Bastide, “Kantisme et sociologie.” (1940) 6 de l'Anthropologie. Le rêve d'unir la sociologie au Kantisme n'était donc pas irréalisable, mais procédait du maître lui-même. Seulement l'influence de Kant allait être contrebalancée, en parti- culier dans les pays latins, par l'apparition du positivisme. Ce qui le caractérise, on le sait, c'est le rejet de la possibilité même de la Criti- que, c'est la volonté de rester dans la pure description du réel, c'est enfin la constitution d'une "physique sociale". Et celle-ci, comme son nom l'indique bien, s'apparente à la physique tout court ; la sociologie de Comte s'intègre dans les sciences de la nature. Ces deux écoles, positivisme et kantisme, allaient prédominer dans l'enseignement en France pendant tout le cours du XIXe siècle et se rencontrer forcément dans l'éducation intellectuelle des futurs maîtres. Elles allaient ainsi se disputer dans la pensée de Durkheim, disciple authentique du néo-kantien Renouvier et en même temps continuateur de la physique sociale de Comte. On peut dire que tout le drame de la sociologie durkeimienne (car, il y a un drame au fond de cette socio- logie) provient de la lutte entre ses deux forces ennemies, entre ces deux traditions universitaires antagonistes à l'intérieur de la nouvelle science en voie de formation et que Durkheim a voulu fondre en une synthèse impossible. On peut distinguer dans l'œuvre de Durkheim deux étapes : dans une première (centrée autour des Règles), Durkheim interdit au socio- logue le domaine de la métaphysique. Il lui demande de ne pas tran- cher, et surtout de ne pas trancher dans le sens du naturalisme, des problèmes aussi graves que celui de la liberté ou celui des antinomies de la raison pure. Alors critique et sociologie peuvent coexister, côte à côte, sans que le domaine de l'une empiète sur le domaine de l'autre. Mais, dans une deuxième étape (centrée autour des Formes élémentai- res de la vie religieuse) Durkheim tentera la conciliation entra le criti- cisme et le positivisme. Seulement, dans cette synthèse, est-ce que l'une de ces deux philosophies ne sera pas finalement sacrifiée ? C'est ce que nous devons examiner. Durkheim commence par poser que notre pensée est dominée par un certain nombre de notions fondamentales qu'il appelle catégories et dans lesquelles d'ailleurs il fait rentrer aussi les deux formes a priori de la sensibilité, l'espace et le temps. Ces catégories, il se les représen- Roger Bastide, “Kantisme et sociologie.” (1940) 7 te non pas comme des formes vides, comme des milieux vagues et indéterminés, mais avec un disciple original de Kant, Hamelin comme des centres de coordination des données de l'expérience sensible. Ces concepts fondamentaux ne viennent pas de nos sens, car alors on n'en comprendrait ni la généralité, ni la nécessité ; ils leur préexistent et leur fournissent des cadres. La définition kantienne des catégories est donc juste et Durkheim l'accepte pleinement. Mais l'auteur de la Criti- que s'est borné à déduire ces formes a priori de la table des jugements, sans chercher à les expliquer, « car, ce n'est pas expliquer (ce pouvoir de la raison à dépasser l'expérience) que se borner à dire qu'il est inhé- rent à la nature de l'intelligence humaine ». C'est cette explication que Durkheim va s'efforcer de donner, en utilisant sa célèbre distinction entre les représentations individuelles et les représentations collectives et en identifiant finalement les catégories à ces dernières. La société, en effet, a besoin, pour vivre, non seulement de la communion des cœurs, mais encore d'un certain "conformisme logique" ; elle pèsera donc de toutes ses forces sur les esprits pour empêcher les divergences et mouler leur activité Intellectuelle dans les mêmes cadres concep- tuels. La raison est donc d'origine sociale et l'a priori n'est que la puis- sance de l'histoire qui nous dépasse et nous écrase. La même explication vaut pour la raison pratique. Ici aussi Durk- heim prend son point de départ chez Kant : l'impératif uploads/Litterature/ kantisme-et-sociologie.pdf

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