Institut du Champ freudien Département de psychanalyse – Université de Paris VI
Institut du Champ freudien Département de psychanalyse – Université de Paris VIII L’a-graphe Névrose et perversion : les fantasmes dans la clinique contemporaine Section Clinique de Rennes – 2008-2009 Clinique psychanalytique des psychoses Clinique psychanalytique des névroses Problématique du transfert Les destins sexués du sujet Formes contemporaines du symptôme Déclenchement et non-déclenchement dans les psychoses L’angoisse dans les structures cliniques Le symptôme dans les structures cliniques Des identifications Le traitement psychanalytique Le surmoi contemporain et ses incidences cliniques Nouveaux usages des Noms du père Clinique psychanalytique des délires Clinique psychanalytique des dépressions Névrose et perversion : les fantasmes dans la clinique contemporaine DIRECTEUR DE PUBLICATION JACQUES-ALAIN MILLER COORDINATION DU VOLUME JEAN LUC MONNIER REDACTRICE EN CHEF JEANNE JOUCLA ASSISTANTS D’EDITION JEAN-NOËL DONNART, CLAIRE LEC’HVIEN, SOPHIE LEMOINE, EVELYNE MASSABUAU, MARYLENE MELOU, MYRIAM PERRIN, MARIE-CHRISTINE SEGALEN Avec la collaboration de Damien Botté SECTION CLINIQUE DE RENNES ASSOCIATION UFORCA COORDINATION ROGER CASSIN, PIERRE-GILLES GUEGUEN, JEAN LUC MONNIER 2, rue Victor Hugo 35000 Rennes mail : monnierj@orange.fr Névrose et perversion : les fantasmes dans la clinique contemporaine SOMMAIRE SEMINAIRE THEORIQUE Pourquoi L’éthique ? Roger Cassin .............................................................................................................. 65 Introduction de la Chose Jean Luc Monnier ............................................................................................... 73 De la loi morale Laurent Ottavi .................................................................................................................... 81 Le problème de la sublimation François Sauvagnat .................................................................................. 93 La fonction du bien Nathalie Charraud .................................................................................................... 105 Sur Antigone Josiane Cassin ........................................................................................................................ 111 Une éthique propre à l’expérience Pierre-Gilles Gueguen ........................................................................ 121 SÉMINAIRE THÉORIQUE L’ETHIQUE DE LA PSYCHANALYSE COMMENTAIRE SUIVI DU SEMINAIRE VII DE JACQUES LACAN Commentaire du Séminaire L’éthique de la psychanalyse 65 Pourquoi L’éthique ? Roger Cassin Lacan avait l’intention d’établir lui-même le texte de ce Séminaire de 1959-19601 pour la publication. Cette intention - signalée par Jacques-Alain Miller - montre l’importance qu’il lui accordait. Il nous a laissé un compte-rendu, complété à la fin des années soixante et publié dans le numéro vingt-huit de la revue Ornicar ?. Ce séminaire, L’éthique de la psychanalyse, il le considère comme étant dans le droit fil du précédent, « Le désir et son interprétation ». Une éthique du désir donc, voilà ce qu’est l’éthique de la psychanalyse, thème déjà abordé l’année passée dans notre Section clinique, lors du commentaire de « Télévision ». Ce n’est pas sans crainte que Lacan aborde ce sujet. Le propos est inédit, tout ce qui a été dit jusqu’alors n’étant rien de plus qu’une déontologie. Il veut ainsi « donner l’instrument le plus propre à mettre en relief ce que l’œuvre de Freud, et l’expérience de la psychanalyse qui en découle, nous apportent de neuf »2 : les catégories du symbolique, de l’imaginaire et du réel. L’univers de la faute Cette expérience nous ramène à l’univers de la faute. La formule est d’Angelo Hesnard, un des premiers divulgateurs de la psychanalyse en France. Médecin général de la marine, (on le surnommait « l’amiral »), il fit connaître dès 1913, avec son maître de Bordeaux, Régis, l’œuvre de Freud. Cette année-là, ils font paraître dans L'Encéphale un article intitulé : La doctrine de Freud et de son école, qui contient un index bibliographique très complet des articles écrits en allemand et en français. La même année, ils publient un livre présentant, à leur façon, les théories freudiennes : La psychanalyse des névroses et des psychoses3. L'ouvrage qui montre d’ailleurs une grande incompréhension des théories freudiennes de la part des deux auteurs, fut accueilli plutôt fraîchement par Freud et critiqué de façon très sévère dans un article de Sándor Ferenczi. Angelo Hesnard4 donc, a évoqué l’univers morbide de la faute dans un livre : Les processus d'auto-punition5. Laissons tomber le morbide dont Lacan nous dit que ça a bien plu aux religieux, « comique propre à ce temps », et « d’un optimisme à penser […] qu’une réduction de la morbidité pourrait conduire à une sorte de volatilisation de la faute »6. Ce à quoi nous avons véritablement affaire, c’est à l’attrait de la faute. D’où vient cet univers de la faute ? Freud apporte deux réponses : le mythe du meurtre du Père, et, à la fin de son œuvre, la pulsion de mort. Le sentiment de culpabilité est omniprésent. « Mais tout dans l’éthique n’est pas uniquement lié au sentiment d’obligation. »7 Au delà, il y a une direction, une tendance. Et Lacan évoque la nécessité de situer la dimension de notre expérience par rapport à ceux qui ont fait progresser la réflexion morale. Il évoque Frédéric Rauh, 1 Lacan J., Le Séminaire, livre VII, L’éthique de la psychanalyse, texte établi par Jacques-Alain Miller, Paris : Seuil, 1986. 2 Ibid., p. 9. 3 Régis E. & Hesnard A., La psychanalyse des névroses et des psychoses, ses applications médicales et extra-médicales, Paris, F. Alcan, 1929. 4 Hesnard, après avoir fondé avec d’autres la SPP, fut avec Lagache et Lacan, membre de la SFP. 5 Hesnard A., Les processus d'auto-punition, L’Harmattan, 2001. 6 Lacan J., Le Séminaire, livre VII, L’éthique de la psychanalyse, op.cit., p. 10. 7 Ibid., p. 11. 1 Lacan J., Le Séminaire, livre VII, L’éthique de la psychanalyse, texte établi par Jacques-Alain Miller, Paris : Seuil, 1986. 2 Ibid., p. 9. 3 Régis E. & Hesnard A., La psychanalyse des névroses et des psychoses, ses applications médicales et extra-médicales, Paris, F. Alcan, 1929. 4 Hesnard, après avoir fondé avec d’autres la SPP, fut avec Lagache et Lacan, membre de la SFP. 5 Hesnard A., Les processus d'auto-punition, L’Harmattan, 2001. 6 Lacan J., Le Séminaire, livre VII, L’éthique de la psychanalyse, op.cit., p. 10. 7 Ibid., p. 11. 66 philosophe du début du XXe siècle, maître de René Le Senne, auteur en 1903 de « L’expérience morale », conception s’appuyant sur une expérience concrète de la vie. Pour Rauh, l’idée morale ne résulte pas d’un quelconque rapport métaphysique mais d’une confrontation avec les valeurs de la civilisation, et d’un choix entre elles. Il ne s’agit pas pour Lacan de mettre au second plan le sentiment d’obligation, et au-delà, le sentiment de culpabilité omniprésent dans notre expérience. Mais ce sentiment de culpabilité est intimement noué au désir : « Il reste […] que l’analyse est l’expérience qui a remis en faveur au plus haut point la fonction féconde du désir comme tel. […] dans l’articulation théorique de Freud, la genèse de la dimension morale ne s’enracine pas ailleurs que dans le désir lui-même. »8 Le lien du désir à la Loi Les dix commandements influencent depuis des millénaires cette dimension morale : Lacan va attirer notre attention sur celui qui dit : Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain, tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni rien de ce qui appartient à ton prochain. Or, nous savons que convoiter la femme de son prochain est une des conditions de la vie amoureuse commentée par Freud, la condition du « tiers lésé ». « Cette Loi, toujours vivante dans le cœur d’hommes qui la violent chaque jour - dit Lacan - au moins concernant la femme de notre prochain, doit sans doute avoir quelque rapport avec ce qui est notre objet ici, à savoir das Ding. » 9 Le lien du désir à la Loi était déjà inscrit par saint Paul de Tarse dans L’Épître aux Romains : « Qu’est-ce à dire ? Que la Loi est péché ? Certes non ! Seulement je n’ai connu le péché que par la Loi. Et, de fait, j’aurais ignoré la convoitise, si la Loi n’avait dit : Tu ne convoiteras pas. »10 Lacan propose de remplacer péché par Chose : « Est-ce que la Loi est la chose ? Que non pas. Toutefois je n’ai eu connaissance de la Chose que par la Loi. En effet, je n’aurais pas eu l’idée de la convoiter si la Loi n’avait dit - Tu ne la convoiteras pas. »11 Tu ne mentiras point est le commandement où se fait sentir la véritable fonction de la Loi, le lien du désir à la parole. « Dans ce Tu ne mentiras point, comme loi, est incluse la possibilité du mensonge comme désir le plus fondamental. »12 La philosophie du XVIIIe siècle, celle de Diderot et des Lumières, a eu pour but la libération du désir. L’affranchissement naturaliste de l’homme du plaisir a échoué - nous dit Lacan – Nous ne nous trouvons pas devant un homme moins chargé de devoirs qu’avant la pensée libertine.13 En effet, après les Libertins du XVIIIe, avec Diderot et aussi Marivaux, Crébillon fils, Casanova, Laclos, l’abbé de Choisy ou le cardinal de Bernis, l’aboutissement est l’éloge du crime avec Mirabeau et le marquis de Sade. Les idéaux de la psychanalyse La psychanalyse a vu des idéaux fleurir en abondance. Lacan en retient trois, qu’il critique. -1 L’idéal de l’amour humain Déjà lors des séminaires précédents, il a pris pour cible le caractère spéculatif et le moralisme optimiste dont sont entachées les articulations de la génitalisation du désir. « L’idéal de l’amour génital capable de modeler une relation d’objet satisfaisante, […est] une régression uploads/Litterature/ l-x27-a-graphe-2008-2009-nevrose-et-perversion.pdf
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- Publié le Sep 03, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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