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Tous droits réservés © Les Presses de l'Université de Montréal, 2000 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Document généré le 20 nov. 2022 13:22 Meta Journal des traducteurs Translators' Journal L'alternance passé-présent dans le récit : contraintes de la traduction du français vers l'anglais Hélène Chuquet Volume 45, numéro 2, juin 2000 URI : https://id.erudit.org/iderudit/002245ar DOI : https://doi.org/10.7202/002245ar Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Les Presses de l'Université de Montréal ISSN 0026-0452 (imprimé) 1492-1421 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Chuquet, H. (2000). L'alternance passé-présent dans le récit : contraintes de la traduction du français vers l'anglais. Meta, 45(2), 249–262. https://doi.org/10.7202/002245ar Résumé de l'article Cet article examine la question des choix de traduction à effectuer dans le passage du français à l'anglais lorsque l'on se trouve en présence de récits ayant recours à l'alternance temporelle entre temps du passé et présent dit « de narration ». Quelques exemples empruntés à la presse et à la fiction en français, puis en anglais, montreront que le phénomène de l'alternance temporelle se rencontre dans les deux langues, mais qu'il n'obéit pas aux mêmes contraintes. Une analyse du mode de construction du récit au présent fondée sur le concept de repérage emprunté à la théorie d'Antoine Culioli permet de dégager un certain nombre de critères destinés à guider les choix de traduction.L'étude d'une dernière série d'extraits dont la langue de départ est le français vise àappliquer les hypothèses théoriques avancées à la pédagogie de la traduction, en vue de proposer quelques conseils susceptibles d'être donnés à des étudiants. L’alternance passé-présent dans le récit: contraintes de traduction du français vers l’anglais hélène chuquet FORELL, MSHS, Université de Poitiers, Poitiers, France RÉSUMÉ Cet article examine la question des choix de traduction à effectuer dans le passage du français à l’anglais lorsque l’on se trouve en présence de récits ayant recours à l’alter- nance temporelle entre temps du passé et présent dit «de narration». Quelques exem- ples empruntés à la presse et à la fiction en français, puis en anglais, montreront que le phénomène de l’alternance temporelle se rencontre dans les deux langues, mais qu’il n’obéit pas aux mêmes contraintes. Une analyse du mode de construction du récit au présent fondée sur le concept de repérage emprunté à la théorie d’Antoine Culioli per- met de dégager un certain nombre de critères destinés à guider les choix de traduction. L’étude d’une dernière série d’extraits dont la langue de départ est le français vise à appliquer les hypothèses théoriques avancées à la pédagogie de la traduction, en vue de proposer quelques conseils susceptibles d’être donnés à des étudiants. ABSTRACT This article looks at choices inherent in French to English translation of narrative texts in which past tenses as well as the so-called “narrative present tense” are used. Examples from newspaper articles and excerpts of fiction in both French and English show that the alternating use of tenses is prevalent in both languages, but that different restrictions apply. Culioli’s concept of “repérage” serves as a basis for analyzing the present tense construction of the narrative text, providing some criteria for guiding translation choices. Another set of texts, originally in French, is used to demonstrate hypotheses underlying translation pedagogy in an attempt to establish guidelines for students. MOTS-CLÉS/KEYWORDS présent et passé de narration, traduction du français vers l’anglais, alternance tempo- relle, repérage, pédagogie de la traduction Le but de cette étude est avant tout de présenter quelques applications possibles à la pédagogie de la traduction de recherches que j’ai menées il y a quelques temps sur le présent dit «de narration» en anglais et en français (voir Chuquet 1994). Plus spéci- fiquement, je voudrais me pencher sur les problèmes posés par l’alternance dans les récits entre plusieurs temps de la narration (principalement entre le présent et passé), par cette hétérogénéité temporelle que l’on rencontre souvent, en particulier en français, qui a été étudiée par Dolz (1993) sous le nom de «ruptures temporelles » et est désignée en anglais sous le nom de tense-switching. Les textes littéraires et journalistiques français contemporains font un grand usage de l’hétérogénéité temporelle, et tout pratiquant de la traduction — apprenti ou non — est amené à se poser la question de savoir si l’on doit ou si l’on peut maintenir ces ruptures en passant du français à l’anglais. Si oui, en vertu de quels Meta, XLV, 2, 2000 250 Meta, XLV, 2, 2000 critères? Quelles instructions fiables, linguistiquement fondées, peut-on donner à des étudiants… autres que le conseil classique, souvent rencontré dans les manuels de tra- duction en France, de traduire un présent historique français par un prétérit anglais1. Il est vrai que l’on a le sentiment d’une plus grande résistance à l’hétérogénéité temporelle en anglais qu’en français. De nombreux auteurs notent que le présent de narration est moins utilisé en anglais (Bellos 1978 ; Comrie 1976 ; Fleischman 1990), et les locuteurs anglophones y sont souvent très réticents, soit lorsqu’on leur de- mande de traduire spontanément un passage français comportant des variations temporelles, soit lorsqu’on leur soumet des exemples d’hétérogénéité en anglais. Ceci est vrai tout au moins en ce qui concerne l’écrit, car le tense-switching dans le récit oral est largement représenté dans les deux langues, et bien documenté en anglais, notamment nord-américain (cf. Schiffrin 1981; Wolfson 1982). Il n’en reste pas moins que l’on est en présence d’un paradoxe — c’est d’ailleurs ce qui m’avait poussée à étudier la question du présent de narration d’un point de vue contrastif. De nombreuses œuvres littéraires en anglais (de Chaucer aux auteurs contemporains, en passant par Defoe ou Dickens, pour ne citer que quelques exem- ples) ont recours à l’alternance présent/prétérit dans le récit2: cela existe donc, alors pourquoi cette « censure » du traducteur du français vers l’anglais ? Mais en même temps, l’observation de traductions anglaises de romans français contemporains ré- vèle que, lorsqu’est calquée l’hétérogénéité temporelle, cela pose parfois des problè- mes de lisibilité et cela n’est pas ressenti comme naturel par le lecteur. Je me suis intéressée, par exemple, aux traductions de plusieurs romans de Patrick Modiano, auteur qui joue beaucoup sur les variations temporelles, notamment entre le récit au présent et au passé composé. Tous les traducteurs ne font pas le même choix : la traductrice du roman Les boulevards de ceinture, Catherine Hillier, maintient quasi- intégralement en anglais l’organisation temporelle du français; à l’inverse, la traduc- trice de Quartier perdu, Anthea Bell, a transposé la totalité du récit au prétérit. Dans le premier cas, l’effet produit dans la langue d’arrivée est très variable selon les passa- ges, et heurte fréquemment le lecteur anglophone; dans le second, le roman se lit parfaitement d’un bout à l’autre en anglais, mais la comparaison avec l’original fait apparaître une perte indéniable. J’ai donc voulu voir si une étude linguistique du fonctionnement du récit au présent dans les deux langues permettait d’apporter certaines explications à ce phé- nomène et de donner des critères pour choisir en connaissance de cause. Il m’est apparu qu’en fait cette question de l’alternance temporelle et des contraintes aux- quelles elle obéit est étroitement liée au mode de construction du récit permettant l’emploi du présent dans chacune des langues. Pour essayer de le montrer, je partirai de quelques exemples de récits à repérage temporel variable dans chaque langue, car en définitive c’est l’observation des choix énonciatifs originaux et des restrictions d’emploi rencontrées qui permet au linguiste/à l’enseignant/au traducteur de se don- ner, dans une certaine mesure, des critères objectifs de choix. 1. Exemples d’hétérogénéité temporelle en français Les extraits (1) à (7) ci-dessous montrent que l’hétérogénéité en français se rencontre dans tous les types de textes: journalistique, historique, littéraire, et quel que soit le type de récit: véridique objectif ou de fiction. (1) L’année dernière, alors que la Grèce s’engluait dans la boue des scandales politico- financiers qui conduiront à la chute des socialistes, M. Caramanlis compare son pays à un «immense asile de fous». (Le Monde, 6-7 mai 1990) (2) Le 3 août 1980, un incendie se déclare dans les entrepôts du Pontel, à Villiers-Saint- Frédéric, près de Rambouillet, où sont stockés une partie des trésors de la Cinémathè- que. En quelques minutes, tout disparaît en fumée. On ne saura jamais exactement ce qui a été définitivement perdu. […] Cette catastrophe s’est reproduite l’année suivante à Mexico, à une échelle encore plus impressionnante: toutes les réserves de la cinéma- thèque de la ville ont flambé en un temps record. Il y a deux ans, celle de Coblence, en RFA, connaît à son tour l’épreuve du feu. (Le Monde, 19 avril 1990) (3) C’est sur les eaux de cette formidable rade-abri que uploads/Litterature/ l-x27-alternance-passe-present-dans-le-recit-contraintes-de-la-traduction-du-francais-vers-l-x27-anglais.pdf
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- Publié le Dec 11, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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