Une si longue lettre de Mariama Ba 1. Contexte Le féminisme radical destiné à c
Une si longue lettre de Mariama Ba 1. Contexte Le féminisme radical destiné à combattre l'oppression générée au sein de la famille, du mariage et la sexualité subit une double mutation à la fin des années 1970 et au début des années 1980. Cette mutation concerne aussi bien les féministes du champ politique et syndicale (Le courant politique)- que les « féministes » sociales qui ont montré l'oppression commune des femmes, ont favorisé la création de groupes de prise de conscience et l'égalité des chances dans le monde du travail (le courant radical). Ce féminisme radical a respectivement évolué soit vers un féminisme pour l'égalité (qui voulait supprimer les différences entre les genres) soit vers un féminisme pour la différence (qui mettait en valeur les différences sexuelles). Les divergences au sein du mouvement féministe ont été nombreuses mais la modération de certaines positions radicales et la présence croissante de femmes, surtout de féministes, dans les partis politiques ou les institutions, ainsi que la reconnaissance de la diversité des expériences et des moyens, a transformé le panorama politique du féminisme. Les actions féministes ne sont peut-être plus aussi spectaculaires qu'avant mais le féminisme reste néanmoins un grand mouvement qui est entré dans la vie des femmes et des hommes et qui a permis des changements législatifs et de mentalité irréversibles. Cette évolution positive de l’action féministe connaît quelques répercussions dans le microcosme sénégalais où le premier roman de Mariama Ba paru en 1980 pour la première fois, surtout avec l’obtention du Prix Noma, résonne comme une bombe et met à vif les blessures toujours mal refermées de générations de femmes prisonnières du carcan traditionnel. Selon le Professeur Herzberger Fofana, in Littérature Féminine francophone d´Afrique noire. (Harmattan 2000) décrit bien le contexte de l’écriture féminine dans les années 80 et la mentalité des femmes écrivains de cette époque : "Les romancières des années 80, comme Mariama Bâ, revendiquaient surtout le libre choix du partenaire, celles de la décennie des années 90 revendiquent surtout le respect des droit fondamentaux de la femme, d´où le caractère sociologique et engagé de leurs œuvres" 2. L’auteur et son oeuvre Mariama Bâ naît dans une famille aisée de Dakar, où elle grandit dans la concession familiale située à l'ancienne route des Abattoirs municipaux de Dakar qui porte actuellement le nom d'un conseiller municipal, Armand Angrand et faisant face au service d'hygène, une concession abritant en son sein une grande mosquée en dur où s'assemble une foule à chaque heure de prière. Dans le Sénégal nouvellement indépendant, son père, fonctionnaire de l'administration coloniale, devient le premier ministre de la santé de la Loi-Cadre. Après la mort de sa maman, elle est prise en main par ses grands parents maternels traditionalistes. Sa vie va être très influencée par l’Islam et la tradition. Normalement, elle aurait dû grandir dans ce milieu familial, sans connaître l'école, avec l'éducation traditionnelle qui comprend l'initiation à des rites (savoir faire la cuisine, la vaisselle, piler le mil, transformer la farine en couscous, laver le linge, repasser les grands- boubous et chuter le moment venu, avec ou sans son consentement dans une autre famille, chez un mari). Les grands parents de Mariama Ba n’auraient envisagé de l’envoyer à l’école primaire, n’eût été l’insistance de son père. Elle suit parallèlement l’enseignement en français et des études coraniques. A l’école, elle est une excellente élève. Elle fait ses études primaires à l'actuelle école Berthe Maubert anciennement dénommée Ecole des Filles. Durant la période coloniale et bien après, les filles sont confrontées à une série d’obstacles quand elles se décident à suivre l’enseignement supérieur. Son père l'a inscrite à l'école française, mais il n'entend pourtant pas lui permettre de poursuivre sa scolarité au-delà du certificat d'études qu'elle vient tout juste d'obtenir. Ce n'est que tardivement qu'il acceptera son inscription au concours d'entrée de l'École normale. Le cursus est simple : après le certificat d'études primaires élémentaires, il y a la classe préparatoire pour les grands examens. Les bonnes élèves sont orientées vers le concours de l'Ecole Normale des jeunes filles de Rufisque. Les plus âgées vont à l'Ecole des Sages- Femmes. Les autres suivent une formation accélérée en dactylographie pour devenir secrétaire. Mariama Ba, à quatorze ans, veut emprunter cette dernière voie mais c’est compter sans le jeu du destin qui prend les traits de la Directrice de l'école des filles venue la retirer du groupe des élèves du secrétariat pour la faire présenter au concours d’entrée à l’ « Ecole Normale des jeunes filles de Rufisque pour le renom de notre école ». Rufisque, à quelques kilomètres de Dakar, un des premiers comptoirs commerciaux fondés par les hollandais au XVIIe siècle sur la côte ouest africaine. Rufisque, une petite ville commerçante et une des quatre communes de plein exercice dont Dakar, Saint-Louis et Gorée. Ses grands-parents ne voient pas d’un œil son admission à cette école d’excellence. En l’absence de son père affecté à Niamey (Niger), ils veulent s’opposer à son entrée. Il a fallu, comme l’avoue l’auteur elle-même, le dynamisme de la directrice Mme Maubert pour arracher le consentement de sa famille. Le concours de l'Ecole Normale des jeunes filles de Rufisque est organisé à l'échelon de l'ex-Afrique Occidentale Française (AOF). Elle sort major - première de l'ex-AOF- à l’examen d’entrée à l’Ecole Normale de Rufisque en 1943. Mme Legoff, directrice de l'école des jeunes filles de Rufisque installée dans les locaux d'une ancienne maison de commerce en décembre 1938, une femme de tête, a su tisser des liens de cœur avec toutes les pensionnaires de l’Ecole normale de Rufisque. Elle a une vision juste de l'avenir de l'Afrique. Son éducation repose sur les principes d’enracinement et d’ouverture :« Enracinement dans nos valeurs traditionnelles propres, dans ce que nous avons de bien et de beau, et ouverture aux autres cultures, à la culture universelle." Elle a su cultiver en elles l’esprit d’ouverture et de tolérance. Un de ses devoirs, très remarqué par Madame Le Goff, fut publié dans la revue l’Esprit. Maurice Genevoix en publie de larges extraits dans un livre. M. Terisse, en faisant un manuel pour les élèves du cours moyen de deuxème année, adapte le texte en le titrant: "Enfance à Dakar". Ce devoir éclaire de souvenirs personnels les lieux de sa naissance. Mais à la fin du texte, comparant son enfance dans cette route de l'Abattoir, son milieu familial et ses douceurs, au milieu où elle évolue, elle sent en elle un conflit. A une époque où l'on prônait l'assimilation, elle prend position en la refusant. C'est ce refus qui a fait la célébrité de ce devoir. Durant cette période, elle publie son premier livre, un document sur l’enseignement colonial au Sénégal. Elle écrit aussi un essai né de sa révolte contre les politiques africaines en Afrique. En 1947, elle termine son cursus académique. Elle obtient son diplôme d'institutrice. Elle fait mes premiers pas dans l'enseignement à l'école de Médine et épouse un politicien du nom de Obèye Diop. Douze ans après, pour des raisons de santé, elle demande son affectation à l'Inspection régionale de l'enseignement du Sénégal. Après son divorce, elle élève seule ses neufs enfants. « Divorcée et musulmane moderne », ainsi se définit-elle. A ce titre, au militantisme politique où le rôle de la femme rencontre des difficultés à obtenir satisfaction, elle préfére le militantisme d’association en intégrant des associations féminines (Amicale Germaine Legoff, Soroptimiste International, Club de Dakar, Cercle Fémina),. Elle fait la promotion de l’enseignement, se bat sur le terrain des droits des femmes, fait des discours et écrit des articles dans des journaux locaux. Après une longue maladie , elle meurt du cancer en 1981, six mois après que son roman Une si longue lettre a emporté le Prix Noma de littérature en 1980. Mariama Bâ devient avec ce livre une pionnière des lettres africaines. Son livre courageux demeure une étape essentielle dans la prise de parole féminine et reste l'un des romans africains les plus lus sur le continent. Un chant écarlate, traitant du mariage mixte, fut publié à titre posthume. Un Lycée de Dakar porte aujourd'hui son nom. 3. La bibliographie de l’auteur Une si longue lettre, Nouvelles éditions africaines (Sénégal) 1980 La fonction politique des littératures africaines écrites' 1981 (in Écriture Française) Un chant écarlate, Nouvelles éditions africaines (Sénégal) 1981 4. Résumé du roman et commentaires a. Résumé A la mort de son mari suite à une attaque cardiaque, la veuve Ramatoulaye met à profit les 40 jours de deuil que lui impose la tradition pour faire le point sur sa vie et pour réfléchir aux problèmes auxquels la société qui l'entoure doit faire face. Pour ce faire, elle écrit à son amie d’enfance, sa meilleure amie Aïssatou une "longue lettre" , qui vit aux Etats-Unies. Sa correspondante - Aïssatou - est une femme de caractère en qui elle pense trouver un soutien solide. Son exemple l’inspire, elle qui doit assumer les conséquences du pouvoir patriarchal sur sa propre vie. Le cœur empli de désarroi, consciente que la confidence noie uploads/Litterature/ une-si-longue-lettre-de-mariama-ba.pdf
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- Publié le Oct 09, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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