Fédération Moules-Frites c/o MAG 106 rue de Montreuil 75011 PARIS moules.frites
Fédération Moules-Frites c/o MAG 106 rue de Montreuil 75011 PARIS moules.frites@free.fr · 06 03 38 46 19 (Isabelle KALLERT, présidente) L ’ h o m o p h o b i e e t a l o r s ? Les actions menées par les associations de jeunes et d’étudiant-e-s lesbiennes, gais, bisexuel-le-s et trans contre l’homophobie, contre l’hétérosexisme et pour une éducation aux sexualités Septembre 2003 2/19 1 Introduction La circulaire publiée par l’Éducation Nationale dans le Bulletin Officiel du 27 février 2003 disposait expressément que la lutte contre l’homophobie entrait pleinement dans le cadre de l’éducation à la sexualité. En outre, elle précisait à nouveau la possibilité pour des intervenants extérieurs, notamment associatifs, de participer aux actions menées dans ce cadre. Force est de constater que cette éducation au respect de tous n’est pas encore mise en place, et que de nombreux blocages subsistent. Car finalement, pourquoi agir contre l’homophobie et l’hétérosexisme en milieu scolaire ? Tous les jeunes sont victimes de l’homophobie : la haine envers les homosexuels mine le lien social et traduit une intolérance plus générale. En outre, tous, et même les jeunes homos, sont exposés au risque de reproduire des comportements verbalement ou physiquement homophobes, des attitudes normatives ou discriminatoires envers les homos. Saper l’homophobie, là où elle se perpétue, est nécessaire. C’est la première justification d’une éducation — au sens large — contre l’homophobie dès le jeune âge. L’homophobie est active ou latente dans tous les aspects de la vie des jeunes. L’éducation civique, l’éducation sexuelle, le milieu scolaire, les lieux de loisirs ou de socialisation, les biens culturels destinés aux jeunes véhiculent, au mieux l’invisibilité des homosexuels, au pire l’hostilité à leur identité. Les modèles humains, affectifs, sexuels proposés en exemple aux jeunes sont univoques. Les jeunes homos subissent la violence de l’homophobie de plein fouet. Dans leur santé d’abord : plusieurs études ont montré qu’ils se suicidaient plus que les autres jeunes et prennent plus de risques face aux infections sexuellement transmissibles (IST). Dans leur éducation, ensuite : les difficultés éventuelles avec leur famille, leur fragilité particulière et leur solitude accroissent les risques d’échec scolaire. Parmi eux, les jeunes lesbiennes, bisexuel-le-s et transgenres cumulent les discriminations. Les lesbiennes sont rendues invisibles dans leur existence même ; leurs attentes, leur sexualité pâtissent non seulement de l’homophobie mais encore du sexisme. Comme elles, les jeunes bisexuel-le-s et transsexuels ne disposent pas de modèles valorisants, notamment dans l’éducation à la citoyenneté, et dans l’instruction sexuelle exclusivement tournée vers la reproduction. Les jeunes homos, étrangers ou nés de l’immigration, sont victimes à la fois du racisme général et de l’homophobie. De surcroît, et particulièrement lorsque l’intégration achoppe, leurs cultures d’origine se révèlent souvent imperméables à l’acceptation de leur orientation sexuelle. 3/19 Enfin, les situations faites aux jeunes homos, d’une région à l’autre, d’une université ou une école à l’autre sont profondément inégales. La ruralité, la sortie précoce du milieu scolaire sont, vraisemblablement, des facteurs d’isolement encore plus nocifs, lorsqu’ils concernent les jeunes homos. Émilie, 18 ans, élève de terminale à Montpellier, a laissé son témoignage : « Il y a des jours ou être homosexuelle en France donne envie de se foutre en l’air (une simple image, je n’en suis pas encore là). Les gens sont parfois incompréhensibles, de là à faire l’apologie des chambres à gaz car elles tuaient des homos, de voir ces images effroyables du passé et entendre des commentaires du style “allez, deux en moins !”, ça fait froid dans le dos ; on se dit que, malgré le chemin parcouru depuis, il reste tellement à faire que des fois, quand je suis seule, je pleure et me dis va-t-on enfin pouvoir être tranquille ? J’essaie d’être militante, d’être forte et me dire que cette personne qui m’a insultée dans la rue n’est qu’une imbécile, mais le problème c’est que ce n’est pas la première et que j’en ai entendu des millions comme celle-là à mon égard. Mais que fait le gouvernement ? Serait-ce trop lui demander que de nous protéger ? N’est-ce pas son devoir ? Si ce n’est pas le sien, c’est celui de qui ? Une loi contre ces injures ! Eh bien non, on attend, on nous dit bientôt, mais bientôt c’est quand ?! Et quand on fait une loi, il faut aussi l’appliquer ! Il m’arrive d’avoir envie de tout envoyer valser mais non je ne peux pas car c’est de moi qu’il s’agit et si je dit oui à leur insulte et à ceux qui ferment les yeux je me fais mourir à petit feu. Alors je lutte tant bien que mal mais il y a des jours où on en peut plus et où on a envie de cracher sa haine comme un exutoire… Ça y est, c’est fait, mais ça aussi qu’est ce que ça va changer ? » Plus jeune, parce qu’elle ne pouvait accepter son orientation sexuelle, qu’elle connaissait déjà, elle a développé des comportements très homophobes envers les autres « pour se punir ». Une de ses camarades de classe, élève brillante, en a fait les frais. Elle s’est déscolarisée, a démissionné de son lycée parce qu’elle ne supportait plus d’être « la lesbienne ». Quel était donc le crime de cette jolie jeune fille féminine que personne n’aurait pu stigmatiser pour son apparence ? Elle avait dit à une autre fille qu’elle avait de beaux yeux. Elle était donc lesbienne, et méritait alors d’être mise au ban de son lycée. Elle s’est inscrite au CNED cette année, trop angoissée à l’idée de retourner au lycée et d’être à nouveau la proie des autres. Et comment donc une professeur d’histoire a t-elle pu ne pas réagir à ce « ça en fera toujours deux de moins ! » prononcé par ses élèves à qui elle montrait deux homosexuels en train de se faire exterminer dans les chambres à gaz de la seconde guerre mondiale ? Elle a manqué à son devoir humain et à son rôle d’éducatrice. Elle a manqué de courage. Elle n’a pas compris l’importance d’intervenir et d’être capable de dire « non ! ». Sans doute aussi a-t-elle manqué de repères et de moyens. Nous pouvons être ces repères, nous pouvons être ces moyens, dans le cadre d’une volonté politique forte et assumée. Ce dossier va donc présenter comment nous avons été, sommes et pouvons être les partenaires de l’Éducation Nationale dans ce combat que l’État doit mener. 4/19 2 Les actions des associations de la fédération Moules-Frites 2.1 Les exemples parisiens 2.1.1 Projet du dispositif « Envie d’Agir » par le MAG Projet « Alliance Contre l’Hétérosexisme à l’École » Ce projet a été proposé dans le cadre du dispositif « Envie d’Agir », et a été proposé a l’ensemble des lycées parisiens (généraux, techniques, et professionnels) lors des Journées de l’Engagement. Présentation Le MAG — mouvement d’affirmation des jeunes gais et lesbiennes — accueille, soutient et informe des adolescents ou de jeunes adultes découvrant leur homosexualité ou se posant des questions quant à leur orientation sexuelle. L’association a été la première association gaie et lesbienne à recevoir l’agrément Jeunesse et Éducation Populaire en 1999 et est membre du Conseil National de la Jeunesse. Le travail du MAG est soutenu par plusieurs institutions publiques comme le Ministère de la Jeunesse de l’Éducation et de la Recherche, la Ville de Paris, l’Office Franco-Allemand de la Jeunesse ou l’Union Européenne au travers de ses programmes de luttes contre les discriminations. L’objectif du projet est d’éviter que, le plus souvent par ignorance, les jeunes reproduisent des schémas de pensée, aient des propos, ou adoptent des comportements homophobes. C’est pourquoi il a développé des outils pédagogiques de lutte contre l’homophobie en milieu scolaire qui impliquent l’ensemble des acteurs de la communauté éducative. Ces outils vont d’une grille d’évaluation globale de l’attitude de la communauté éducative vis-à-vis des questions liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre à des interventions ciblées auprès des jeunes ou des adultes à partir de différents supports (expositions, films, débats, « cours »…) adaptés aux différents lieux et situation de la vie scolaire : CDI, hall, vie scolaire, infirmerie, classes de langues vivantes, d’histoire, etc. 5/19 Constat Du fait de leur orientation sexuelle, réelle ou supposée, de nombreux jeunes se sentent rejetés, subissent incompréhension ou brimades. Le plus souvent par ignorance les jeunes eux-mêmes reproduisent des schémas de pensée, tiennent des propos, ou adoptent des comportements homophobes. Le résultat de ce climat où l’homosexualité est l’objet de dérision ou de violence conduit de nombreux jeunes gais, lesbiennes, ou en questionnement quant à leur orientation sexuelle à s’auto-dévaloriser et à adopter des comportements à risques. Ainsi, plusieurs études soulignent la prévalence des tentatives de suicide chez ces jeunes. Par ailleurs, l’homophobie, qui ne touche pas simplement les homosexuels mais tous ceux et toutes celles qui ne correspondent pas au modèle de comportement « traditionnel » associé à leur genre (exemple : garçons stigmatisés comme « efféminés » ou filles qualifiées de « garçons manqués » renforce uploads/Litterature/ l-x27-homophobie-et-alors 1 .pdf
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- Publié le Jan 18, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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