LA BRUYERE, Les caractères (1688) Texte 2 Irène, fragment 35 (8e édition) Table

LA BRUYERE, Les caractères (1688) Texte 2 Irène, fragment 35 (8e édition) Table des matières Introduction........................................................................................................................................1 Situation .........................................................................................................................................1 Reformulation .................................................................................................................................1 Mouvements ..................................................................................................................................2 Mouvement d’ensemble du texte : .................................................................................................2 ANALYSE de détail ...............................................................................................................................2 Premier mouvement .......................................................................................................................2 Deuxième mouvement ....................................................................................................................2 Troisième mouvement ....................................................................................................................3 Conclusion ..........................................................................................................................................4 Bilan ...............................................................................................................................................4 Ouverture .......................................................................................................................................4 Introduction Situation Début du livre XI • Après le long portrait de Ménalque (le distrait, le négligent) • Avant les considérations sur la vieillesse et la mort La mauvaise foi et l’angoisse excessive d’Irène sont placés au milieu : scénarisation du livre XI Reformulation Irène est hypocondriaque = peur des maladies Elle est comme Argan, le personnage de Molière « une malade imaginaire » En vérité => d’autres défauts dans ce défaut Sanctuaire d’Esculape (Asclépios, en grec) à Epidaure, en Grèce Mouvements 1. « Irène se transporte » à « tous ses maux » (1e phrase) présentation du personnage excessif 2. Questions/réponses avec le médecin Esculape de « D’abord elle se plaint » jusqu’à « langueur ? » 3. Réponse cash (rude) du médecin excédé : question de la mort qui arrive Mouvement d’ensemble du texte : Caricature (excès, comique) > mort (gravité, tragique) ANALYSE de détail Premier mouvement ▪ Irène présente 3 x « Irène », « se », « ses maux » , signe de son ego important. ▪ Effacement de l’individu : état civil (prénom) => pronom réfléchi « se » => ses maux (=ses maladies) : la maladie prend la place de la personne (la chronologie des termes est ici significative) ▪ Tempérament excessif « à grands frais », « tous ses maux » = hyperboles ▪ Ironie sur le prénom : l’étymologie est ici contredite par ce que le personnage donne à voir (*iréné en grec = la tranquillité, la paix) : effet comique pour le lecteur lettré (elle porte mal son prénom) (très probablement madame de Montespan, la favorite du Roi- soleil) D'après Pierre Mignard, Madame Montespan et ses enfants, vers 1677. Coll. du château de Versailles Deuxième mouvement ▪ Série de plaintes : accumulation de points-virgules (une dizaine) = stress du personnage ▪ Verbes de parole : « dit », « ajoute », « continue-t-elle » + réponses d’Esculape ▪ = dialogue vivant (quasiment une saynète de théâtre) = décalage comique entre la léthargie, langueur annoncée et la réalité de sa vivacité (Irène capable de soutenir un dialogue animé) : écart entre le discours (« fatigue », « lasse ») et les actes (Irène est bien plus valide et vaillante qu’elle ne dit). ▪ Discours d’Irène très négatif : « insomnies », « indigestion », « sans appétit » : négations lexicales (préfixe privatif -in-) + négation grammaticale préposition suppressive « sans » ▪ Dialogue rapporté. On a du discours indirect « Elle se plaint que … », « Elle dit que … » La phrase ainsi alourdie permet :  de traduire l’aspect pesant d’Irène  mais aussi de faire figurer son besoin de parler (logorrhée, flot de paroles) « dire », « demande ». La Bruyère sous-entend qu’elle est faussement malade mais vraiment bavarde. ▪ « Ma vue s’affaiblit … je m’affaiblis moi-même … je ne suis plus si forte ni si saine que j’ai été » Synecdoque « ma vue » avec le déterminant possessif => je – m’ – moi-même (pronom sujet + pronom complément + pronom réfléchi de la première personne) => je + être  Ce qui se joue : l’image de soi, son identité (« être »)  Défaut : égocentrisme, narcissisme (je, moi, moi-même, ma) Le dieu a beau répliquer par des arguments à la fois scientifiques, de logiques et de bon sens - Boire de l’eau (vin nuisible) - Marcher (jambes lourdes) Divorce entre deux visions du rapport au corps, deux manières de voir la santé : Irène (le ressenti) vs le médecin (raisonnement scientifique : vivre mieux => vivre longtemps) , Irène dépassée vs médecin mesuré ; Irène subit sa propre existence vs « mens sana in corpore sano » Juvénal Madame de Montespan Narcisse au miroir Troisième mouvement A partir de « Le plus court, Irène, c’est de mourir » jusqu’à la fin du fragment. ▪ Formule brutale à quatre égards :  Seul moment où la divinité s’adresse directement à son interlocutrice (apostrophe « Irène »)  Tour présentatif qui met en valeur « mourir » en fin de segment  Mention explicite de la mort « mourir »  Surenchère par la référence à la mère et l’aïeule (inscription de la mort dans le temps long et rappel douloureux peut-être d’une situation intime pour Irène) ▪ Irène piquée au vif (hausse la voix, « s’écrie » dans ce qui est quasiment une didascalie) réplique elle-aussi, du tac au tac, sur la famille et la généalogie (périphrase « fils d’Apollon » pour s’adresser à Esculape). ▪ Irène choquée traduit son mécontentement par une suite de 3 interrogations directes agencées de façon à former une gradation : questions de plus en plus longues (« quel conseil me donnez-vous ? Est-ce là toute cette science que les hommes publient, et qui vous fait révérer de toute la terre ? Que m’apprenez-vous de rare et de mystérieux, et ne savais-je pas tous ces remèdes que vous m’enseignez ? » ▪ Questions/réponses = maïeutique Socrate/élèves ou psy/patient => prise de conscience ▪ Preuve de l’inutilité (tout le monde vieillit et tout le monde va mourir) de la démarche d’Irène : les trois questions au Dieu sont rhétoriques (elles n’appellent d’authentique réponse). « si loin », « un si long voyage » ▪ Bêtise et inconscience d’Irène se lisent dans l’explication, par le personnage d’Esculape de ce que le lecteur avait déjà compris grâce au récit de La Bruyère : « si loin », « un si long voyage » écho à « en Epidaure » (le lecteur savait déjà qu’Irène avait traversé toute l’Europe dans ce qui, pour l’époque, relève de l’expédition). ▪ Les deux mentions permettent aussi ▪ Humour (ironie) à double détente : le « long voyage » fatigant peut tuer Irène venue chercher la recette de l’immortalité ; le « long voyage » = métaphore de l’existence ? ▪ « mourir » (supra) devenu en fin de fragment l’euphémisme « abréger vos jours ». Le dieu finit par adoucir son propos moins pour ménager Irène que c’est parce qu’il a intégré que c’était peine perdue. ▪ Euphémisme : logique argumentative où il s’agit de ne pas trop brusquer Irène ? ▪ Clin d’œil au lecteur, le texte qui évoque la fin de vie se clôture. Toutes les meilleures choses (beauté, vie, satire savoureuse) ont une fin. Correspondance entre la fin du dialogue / fin du portrait / fin de vie évoquée Conclusion Bilan Texte faussement comique qui aborde la question : - de l’inéluctabilité de la mort, du déni dont les esprits tourmentés sont capables pour repousser la perspective ; - de notre égalité à tous (puissants ou misérables…) devant la mort - de l’orgueil et de la vanité des Grands croyant pouvoir échapper au temps qui passe et se distinguer des autres humains => Irène à la fois coupable et victime de son aveuglement Ouverture Irène a totalement oublié la sagesse stoïcienne dont MONTAIGNE se faisait le relais, Cf. Essais, I, 20 : « Que philosopher, c’est apprendre à mourir » : « faites la place aux autres comme d’autres vous l‘ont faite. […] L’utilité de vivre n’est pas dans l’espace [de temps], elle est dans l’usage [..] Tous les jours vont à la mort, le dernier y arrive. […] » uploads/Litterature/ la-bruyere-texte-2-lineaire-irene.pdf

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