Wayne Lok Remis le 27 mars 2014 Dissertation explicative sur Omphale, conte de

Wayne Lok Remis le 27 mars 2014 Dissertation explicative sur Omphale, conte de Théophile Gautier du Bellay tiré du recueil « Récits fantastiques » Dans la littérature française du XIXe siècle, le thème de la femme est souvent utilisé pour refléter le pouvoir que détient cette dernière dans la société. Que ce soit Balzac avec la vicomtesse de Beauséant dans « La femme abandonnée », George Sand, avec la « Petite Fadette » ou même Flaubert, avec « Madame Bovary », ces auteurs font un portrait de la femme grâce à l’intermédiaire de divers personnages provenant de classes sociales différentes. Théophile Gautier, quant à lui, outillé du genre fantastique, utilise la figure de la femme pour démontrer le pouvoir subjuguant qu’elle détient sur l’homme. Dans « Omphale », il se sert de la figure féminine comme source d’une expérience unique inspirant à l’homme diverses émotions contradictoires, voire excessives. Par l’entremise de la femme, l’auteur suggère que celle-ci est source de crainte et de fascination. Chez Gautier, la crainte du personnage amène une perturbation des comportements naturels de celui-ci. La peur de l’inconnu provoque une régression mentale et physique qui s’opère dès qu’il est en contact avec la femme. En effet, l’homme, qui normalement inspire une image stoïque face à l’épreuve, a ici un comportement mental totalement opposé à celui d’un jeune adulte : « Je me tournai du côté du mur, je mis mon drap par- dessus ma tête, je tirai mon bonnet jusqu’à mon menton, et je finis par m’endormir. » (p.107) D’ailleurs, à ce moment-là, la femme ne s’était pas complètement manifestée. Il semblait seulement au personnage que les yeux d’Omphale avaient remué. Par ce simple événement, l’homme est pris d’une peur démesurée le ramenant à un état psychologique enfantin. De surcroît, l’homme semble ne pas vouloir faire face à sa crainte ; il va plutôt Wayne Lok Remis le 27 mars 2014 adopter une attitude de déni : « Je fus plusieurs jours sans oser jeter les yeux sur la maudite tapisserie. » (p.107) Son immaturité est alors évidente : il préfère ignorer la réalité dans laquelle il est interpellé plutôt que de l’affronter une fois pour toute. Simultanément, la femme, par ses paroles, encourage une régression physique du jeune homme : « Est-ce que je te fais peur, mon enfant? Il est vrai que tu n’es qu’un enfant. » (p.109) La manipulation verbale de la femme est rendue possible par l’atmosphère obscure qu’elle-même a créée, engendrant une vulnérabilité physique de l’homme. Une dévalorisation des aspects traditionnels forts, grands et rassurants de l’homme révèle l’amplitude du pouvoir qu’a la femme sur lui. Cette angoisse rend l’homme vulnérable face à une domination de la figure féminine dans leurs rapports amoureux. Gautier utilise aussi une métaphore contenue dans la tapisserie même d’Omphale. Effectivement, « la tapisserie représentait Hercule filant aux pieds d’Omphale. » (p.104) Par cette première description de la tapisserie, il est déjà possible de constater un certain renversement du pouvoir entre les genres : « Hercule avait une quenouille entourée d’une faveur couleur de rose… son cou nerveux était chargé de noeuds de rubans, de rosettes, de rangs de perles et de mille affiquets féminins. » (p.105) Hercule, grand héros de la mythologie grecque, est représenté comme un homme ayant perdu toute virilité. Le fait que ce changement aille jusqu’au travestissement de celui-ci dénote l’ascendance de la femme sur l’homme et l’asservissement de celui-ci, qui est soumis aux travaux féminins (filage). Gautier illustre leur aliénation amoureuse par l’appropriation des attributs de l’autre sexe, car Omphale, quant à elle, porte une peau de lion, symbole de la triomphe qui est ordinairement sur les épaules d’Hercule. Cette scène dans la tapisserie est transposée au personnage principal du récit ; quand Omphale vient à son lit, le jeune homme ne réagit Wayne Lok Remis le 27 mars 2014 pas : « J’attendis en silence la fin de l’aventure. » (p.109) Comme Hercule, il fait preuve d’une passivité, laissant le contrôle et le pouvoir à la femme. Certes, c’est une paralysie provoquée par la peur, mais qui, néanmoins, met en évidence les pouvoirs dangereux de la femme, consistant à assujettir les hommes aveuglés. Par-contre, la crainte de l’homme est vaincue par une fascination grandissante pour la femme qui le charme dès leur « première rencontre ». Cette fascination est marquée par l’appropriation de nouvelles expériences qui finiront par devenir une fixation. Par l’entremise de la femme, la fascination du personnage est animée par la possibilité d’une éducation amoureuse et d’une initiation sexuelle. Gautier fait une description du personnage en mettant de l’avant sont caractère candide : « Donc je venais de sortir du collège. J’étais plein de rêves et d’illusions ; j’étais naïf autant et peut-être plus qu’une rosière de Salency. » (p.106) De cette description surgit la motivation du personnage qui veut en apprendre davantage sur la vie et qui veut vivre de nouvelles expériences. Cet état d’esprit le rend plus ouvert à ce que la femme a à lui offrir, des réponses à la vie : « Comme la veille, je lui fis des questions, je lui demandai des explications. Elle éludait les unes, répondait aux autres d’une manière évasive, mais avec tant d’esprit qu’au bout d’une heure je n’avais pas le moindre scrupule sur ma liaison avec elle. » (p.111) La femme est synonyme d’une porte renfermant des informations que le jeune homme désire acquérir. Plus particulièrement, la femme lui offre une initiation à connotation sexuelle : « Il y aura beaucoup à faire à ton éducation, et tu n’es guère avancé, mon beau page ; de mon temps les Chérubins étaient plus délibérés que tu ne l’es. » (p.109) La première conversation entre l’adolescent et Omphale est caractérisée par une moquerie de celle-ci Wayne Lok Remis le 27 mars 2014 qui lui reproche son manque de galanterie. L'éducation amoureuse et l'initiation au sacré se déguisent, aux premiers abords, en leçon de bonnes manières. Pour attirer le personnage encore plus sous son emprise, Omphale fait appel aux désirs charnels jusqu’ici non manifesté par le jeune homme : « Pour montrer qu’elle ne se vantait pas, Omphale rejeta en arrière sa peau de lion et me fit voir des épaules et un sein d’une forme parfaite et d’une blancheur éblouissante. » (p.109) Après ce geste, le personnage principal lui dit même qu’il n’aurait pas peur d’elle, même si elle était le diable. Sa fascination pour le corps de la femme est donc irrationnelle. Les nuits deviennent autant des initiations de gestuelles amoureuses que des discours amoureux et informatifs pour le jeune homme. Cette extase, causée par la figure féminine et tentatrice, finit par devenir une obsession récurrente chez l’homme. La journée suivant leur première rencontre nocturne, le personnage fait part de sa perturbation : « Je fus toute la journée d’une distraction sans pareille ; j’attendais le soir avec inquiétude et impatience tout ensemble. Je me retirai de bonne heure, décidé à voir comment tout cela finirait. » (p.111) D'une part, cet amour nouvellement créé déstabilise le locuteur dans sa vie quotidienne. D’autre part, cet amour brutal, par sa frénésie sexuelle, absorbe la vitalité de l’homme que la femme a soumise par sa beauté : « Comme je ne dormais pas la nuit, j’avais tout le jour une espèce de somnolence qui ne parut pas de bon augure à mon oncle. » (p.112) Sa fascination a facilité l’envahissement de ses pensées par l'obsession amoureuse qu'il ressent pour la marquise de T*** à tel point que cette obsession n’est soumise à aucune entrave pour ressurgir quelques années plus tard, alors qu’il retrouve la tapisserie d’Omphale : « Au nom d’Omphale, tout mon sang reflua sur mon cœur. » (p.113) Gautier utilise cette hyperbole pour accentuer le fait que le temps n’a pas d’effets sur les Wayne Lok Remis le 27 mars 2014 sentiments du personnage. C’est donc un amour atemporel. Telle est la puissance de sa fascination. Somme toute, Théophile Gautier soumet un portrait assez complet du pouvoir envoûtante de la femme. D’abord source de crainte par le caractère obscur de sa venue, elle provoque une régression psychologique de l’homme qui facilite sa domination dans le renversement amoureux qu’elle amène. Cette crainte sera ensuite dissipée par une fascination qui se développe au fur et à mesure que s’opère le charme de la femme. Pour ce faire, elle offre au jeune homme naïf une expérience initiatique dans un contexte sexuel, tellement marquant que l’homme éprouve une obsession qui ressurgit à la moindre occasion et ce, à perpétuité. Tel que mentionné précédemment, Gautier utilise l’univers et l’ambiance fantastique pour animer et renforcer le pouvoir de la femme. Il serait intéressant d’analyser l’effet de l’intrigue fantastique sur l’intrigue sentimentale. Sont-elles interdépendantes? Par exemple, la fin d’une intrigue fantastique amènerait-elle la fin du sentimental? Il faudrait analyser les contes dans lesquels l’intrigue fantastique s’estompe comme Spirite et La baronne Véra de Gautier et La Fée aux miettes de Charles Nodier. [1080 mots sans les citations] uploads/Litterature/ analyse-de-omphale-de-gautier.pdf

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