La cuisine maya Ductus & Psychanalyse et pratiques sociales Universités de Pari

La cuisine maya Ductus & Psychanalyse et pratiques sociales Universités de Paris 7 et de Picardie - CNRS De Pascale Barthélemy et Michel Boccara, La cocina maya, Ductus-Universités de Paris 7 et de Picardie-CNRS, mars 2007. Les Mayas nos contemporains, notes de voyage: décembre 2004/avril 2005, Saint-Céré, Les produits du jardin, 2005, 6 (petits) volumes. De Pascale Barthélemy La Sedacina ou l’Œuvre au crible. L’alchimie de Guillaume Sedacer, carme catalan de la fin du XIVe siècle, S.É.H.A., Archè, 2002, 2 tomes. Tome 1, Études et outils. Tome 2, Sedacina, édition critique et traduction, suivie du Liber alterquinus. De Michel Boccara Entre métamorphose et sacrifice : la religion populaire des Mayas, L’Harmattan, 1990. Les labyrinthes sonores. Encyclopédie de la mythologie maya yucatèque, Ductus, CNRS, 1997-, 7 tomes déjà publiés (8 tomes à paraître). Tome 1, Introduction. Nés d’une pierre de maïs. Tome 3, X-tabay, mère cosmique. Mythologie de l’amour. Tome 4, H-wan tul, maître du monde souterrain. Mythologie du bétail et de l’argent. Tome 6, Le Way kot, dans le brasier de l’aigle. Mythologie du sacrifice, du commerce et de la guerre. Tome 7, Les arouches, capteurs d’ancêtres. Mythologie de la fabrication des “dieux”. Tome 8, Chak et ses chevaux. Mythologie de la pluie et de la fertilité. Tome 15, Outils d’analyse. Vocabulaire, glossaire, bibliographie. Dans ce livre, la référence à cet ouvrage est abrégée sous la forme : Michel Boccara, Encyclopédie de la mythologie maya yucatèque, tome, texte, page... Il existe une version espagnole de cette encyclopédie, différente de la version française. Toutes deux contiennent de nombreux textes en maya. La part animale de l’homme. Esquisse d’une théorie du mythe et du chamanisme, Anthropos, 2002. Pascale Barthélemy et Michel Boccara La cuisine maya Ce livre a été composé à deux voix : la partition des recettes par Pascale Barthélemy et celle des commentaires par Michel Boccara. Mais, au fur et à mesure des relectures mutuelles, ces voix se sont mêlées, sans se confondre toutefois. D’où, pour raconter, le “je”, plutôt que le “nous”. Remerciements Le livre doit beaucoup à nos amies et amis mayas, leurs noms figurent à la fin de l’ouvrage. Merci aussi à nos enfants qui nous ont accompagnés tout au long de cette aventure et avec qui nous avons réalisé de nombreuses recettes. Marie-Thérèse Puechmaurel et Karine Groussier nous ont, côté français, beaucoup aidés de leurs remarques précises et gourmandes. Illustrations de Chimène Voronkoff d’après des originaux mayas Mise en page de Jean-Louis Fradelizi, Ductus. Un grand merci à l'un et à l'autre pour leur patience et leur amitié. site Internet www.maya-boccara.com avec des compléments sur la cuisine maya. Ductus & «Psychanalyse et pratiques sociales» (CNRS-Universités de Paris 7 et de Picardie) Ductus Cap 18 189 rue d’Aubervilliers 75886 Paris Cédex 18 Email : jean-louis@ductus.fr Pascale Barthélemy-Michel Boccara : michel.boccara1@free.fr ISBN: 2-911184-19-X À Joseph Delteil Qui nous a appris La cuisine de Dieu1 La cuisine paléolithique Les mots signalés dans le texte par une astérisque (*) sont expliqués dans le chapitre Trente mots pour comprendre (un peu) les Mayas. Il existe une version espagnole de ce livre, parue quelques mois avant la version française, en mars 2007. La version française est légèrement différente: elle a été enrichie par les premiers commentaires de nos amis mayas sur la version espagnole et complétée par le chapitre Trente mots... (remplacé par un glossaire dans la version espagnole). Prononciation et écriture La prononciation du maya diffère sensiblement de celle du français mais quelques règles simples permettent de s’en faire une idée. - La différence la plus importante est ce que l’on appelle la glottalisation : en prononçant certaines consonnes, il faut donner “un coup de glotte” ; ces consonnes sont notées avec une apostrophe, ce sont : p’, t’, k’, ts’, ch’. - Le son [ch] est noté [x]. - Le son [tch] est noté [ch]. - Il existe trois types de voyelles : les normales ; les longues, notées en redoublant la lettre, exemple [aa] ; les réarticulées, voyelles longues avec un stop au milieu, notées avec un [’] au milieu, par exemple [a’a]. - Comme en espagnol, la lettre [u] se prononce [ou] et le [e] se prononce [é]. « La cuisine paléolithique, c’est la cuisine naturelle, celle qui apparut dès le commencement, par pur instinct, simple appé- tit entre l’homme et le monde. La nature des choses. »2 La cuisine paléolithique est la vraie cuisine de Dieu. La cuisine maya est une cuisine paléolithique. U hahal hanal ! Le vrai manger comme on dit la vraie vie. Ses plats fondamentaux n’ont pas changé - ou si peu – depuis les commencements. Omsikil : bouilli de pépins de courge. Uah : le pain, la crêpe ou la galette, il n’y en a qu’un(e) dans tous les pays… Le uah maya a gardé la marque de la lune, u, lune et l’une… Ah, c’est pour indiquer que la mère est aussi un père…3 K’eyem : le gruau cuit à la chaux*, car au village le maïs* se cuit à la chaux, la “dive cendre”, tanil k’ul ou k’ul tan. 2. Joseph Delteil, La cuisine paléolithique, R. Morel, 1972, p. 11. 3. Uah désigne, suivant l’épaisseur, le pain ou la galette et peut se décomposer en deux morphèmes : u, “lune” mais aussi l’article indéfini “un, une”, et ah, préfixe indiquant le masculin. La cuisine maya 9 1. Joseph Delteil est panthéiste, il pratique la religion de la nature, pour lui, Dieu est « la nature des choses ». Lorsque j’ai commencé à vivre au Yucatán*, en 1976, au village de Tabi, municipio de Sotuta, je me suis trouvé confronté à l’omniprésence de Dieu et de sa “mère”, la sainte Vierge. Lorsqu’on me demandait de quelle religion j’étais, je répondais « de la religion de la nature », reprenant ainsi le credo de mon ancêtre Spinoza qui ne voulait pas trop choquer ses contemporains. Mais le mot “dieu” n’existe pas en maya* et la Vierge cache sous son manteau une identité plus ancienne : celle d’une mère cosmique qui, aux origines, créa le monde. Pour moi, Dieu reste une bonne approximation, comme peut l’être la notion de matière ou celle d’esprit.... En matière de savoir, d’ailleurs, il n’y a que des approximations… Le terme “dieu” permet aussi de militer pour une conception du monde qui essaie de se positionner par delà le dualisme. Par delà le bien et le mal, par delà le spirituel et le matériel. Si j’étais en Chine, je dirais le tao, au Yucatán, je dis Dieu. Ti tan chumuk Yax max ik Suywa t’an U naatal. Ô mon fils Apporte-moi le vert jaguar Avec la lance plantée Au centre De son cœur Le fils lui apporte Le saint œuf frit Avec en son centre Le piment nain de couleur verte Suywa t’an Langue sacrée Est son sens caché4. Attention au modernisme, comme la langue du cuisinier du vil- lage de Mani qui connaissait Ésope, il est notre meilleur ami et notre pire ennemi. Pour chaque invention nouvelle, retrouve une invention ancienne ! L’homme moderne s’empoisonne, il remplace le maïs de ses pères par le maïs hybride puis par le maïs transgénique, cette Saka’ : le gruau cuit sans chaux, “eau blanche”. C’est une boisson que l’on offre aux ancêtres car ils n’ont pas besoin de chaux pour assimiler le maïs. K’ol : la sauce blanche, grise ou rouge, légère ou épaisse… elle accompagne viandes et légumes. Qui dira la place de la chaux dans la cuisine ? Tanil k’ul, dive cendre, a pour racine k’u “sacré” qui sera traduite par “dieu” après la conquête espagnole. K’u a pu donner k’uum, la courge et k’u’um, le nixtamal, c’est-à-dire le maïs chaulé. Chaux Cendre de pierre vivante Pierre qui parle-siffle la nuit Comme les perdrix Et les premiers hommes. Les mots sont indissociables des mets et de leurs saveurs : savoirs-saveurs. Ki u bok : kaabet u xok le bok ti le hanli… Odeur savoureuse : il nous faut lire l’odeur dans la nourriture... Les mots mayas parlent encore à l’odorat et au goût Le maya, comme en français on dit le patois Langue proche des origines Riche d’odeurs et de saveurs Langue sacrée, suywa t’an… Mehene Tasex yax balam Ti ch’ikaan lansa Tan chumuk U puksikal He ku tasik Le tsakbihe’ La cuisine paléolithique La cuisine maya 10 11 4. Suywa t’an, littéralement “parole clôturée, parole énigmatique” : les anciens textes, écrits en ak’ab ts’ib, écriture* dessin peinture obscure, étaient suywa t’an, énigme qui contenait la réponse enclose dans la question… J’ai recréé un couplet de ce suywa t’an ou langage énigma- tique*, dans l’esprit des Livres de Chilam Balam*, le prophète-histo- rien de l’époque de la conquête qui nous laissa une douzaine de livres écrits en maya et en écriture européenne. Or, la cuisine est essentielle dans les textes énigmatiques qui constituent le cœur spirituel de ces livres. Ils serviront de fil rouge (chak*) tout au long de cet ouvrage. Revenant de la montagne Où il y a tant à manger Fatigué d’avoir travaillé Les moustiques me uploads/Litterature/ la-cuisine-maya-jl-65.pdf

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