Session théologique La foi à l’épreuve du mal. Relire Gesché — U.C.L. 23 et 24
Session théologique La foi à l’épreuve du mal. Relire Gesché — U.C.L. 23 et 24 août 2007 1 / 25 UNIVERSITE CATHOLIQUE DE LOUVAIN Faculté de théologie Session de théologie les 23-24 août 2007 LA FOI À L’ÉPREUVE DU MAL. RELIRE GESCHÉ. OUVERTURE DE LA SESSION Benoît Bourgine (UCL) Bienvenue à la session théologique, la première du genre. La Faculté de théologie a pris l’initiative et porte le projet, mais c’est une équipe plus large notamment composé d’inspecteurs qui a travaillé ces derniers mois à la préparation de la session. En quelques mots, voici les objectifs et le fonctionnement de la session, je dirai ensuite un bref mot sur Adolphe Gesché et un mot plus bref encore sur le texte qui fait l’objet du travail de la matinée. Les objectifs de la session, autrement dit l’esprit de la session. On peut le résumer par un slogan : LIRE POUR PENSER Deux verbes d’actions. D’abord la visée : PENSER, penser la foi à neuf : l’intelligence de la foi pour rester vivante suppose un travail d’appropriation de ce qui est transmis ; penser la foi, c’est forcément la re-penser ; c’est un travail ! Vivre dans le monde complexe comme le nôtre, plutôt hostile à la foi en sachant que la vérité de notre existence se trouve en Jésus Christ, ça n’est pas évident. Je m’étonne d’ailleurs qu’il y ait si peu de groupes de réflexion théologique en comparaison des groupes bibliques existants : visiter les sources scripturaires est indispensable, mais articuler le sens ne l’est pas moins. Donc LIRE POUR PENSER Le deuxième verbe du slogan désigne en fait un moyen, LIRE. Rien de tel pour être stimulé à re-penser la foi que la lecture d’un texte théologique fondamental, fondamental c’est-à-dire un texte qui puise profond et, grâce à cette profondeur, nous aide à y voir plus clair ; donc une réflexion théologique qui puise d’une manière ou d’une autre aux sources de la révélation et qui soit capable d’en tirer de quoi raviver l’intelligence de l’existence croyante. LIRE, lire par soi-même, mais tout l’intérêt de la session, c’est de s’aider les uns les autres à bien lire, à mieux lire, par le travail en atelier et par les exposés. Une aide qui n’est pas superflue non seulement parce que les théologiens ne sont pas toujours faciles à lire mais surtout parce que le partage enrichit la réflexion. La session a pleinement rempli ses objectifs si elle a réveillé en vous le goût de lire, le plaisir de lire dans ce but, si elle vous donne l’envie de lire pour penser la foi. Certes, on peut espérer qu’au terme quelques lumières vous parviennent sur l’obscure question du mal, mais l’essentiel c’est d’exercer la compétence de lecture de ce type de texte et de structuration de notre propre réflexion théologique à l’occasion de ce thème. J’attire l’attention sur la dimension œcuménique de la session marquée par la présence d’animateurs et de participants orthodoxes et protestants. Session théologique La foi à l’épreuve du mal. Relire Gesché — U.C.L. 23 et 24 août 2007 2 / 25 Le fonctionnement de la session, la lettre. Chaque demi-journée est consacrée à une péricope du chapitre II du livre de Gesché sur « Le mal ». Après une brève introduction en séance plénière dans cet auditoire destiné à lancer la lecture, le texte est travaillé en atelier : c’est là que se joue l’essentiel de la session. Le travail en atelier est conçu pour mettre le texte au centre : d’abord une lecture par l’animatrice (-teur), puis une lecture personnelle silencieuse avec en tête la première question, puis un échange sur les questions posées pendant environ trois quarts d’heure ; dans les dernières minutes, le groupe se met d’accord sur une découverte ou une perplexité qui sera communiquée à l’orateur pendant la pause-café, qui a lieu dans le hall de la faculté de théologie. Un théologien propose enfin une relecture du texte : comment la lecture l’a fait penser ? en intégrant les échos des différents ateliers. Un mot sur le choix d’Adolphe Gesché : pourquoi choisir ce théologien belge, qui a enseigné plus de trois décennies dans notre Faculté, pratiquement jusqu’à son décès en 2003 ? Parce que Gesché est un penseur original qui, comme théologien, a renouvelé la manière de voir les grandes questions de la foi. Il a la marque des grands : le point de vue de la foi sur les questions de sens est si bien repensé dans la culture qui est la nôtre qu’il en paraît nouveau, que ça a goût de vérité. Il a vécu sa mission de théologien comme un ministère, conscient que la foi cesse d’être croyable si elle n’est plus pensable à l’intérieur d’une culture donnée. Un mot sur le texte d’aujourd’hui. C’est le premier volet d’un chapitre qui en comprend trois ; nous verrons les deux autres respectivement cet après-midi et demain matin. Le texte de demain après midi correspond à la conclusion du chapitre. Le chapitre porte sur « Dieu dans l’énigme du mal » : ce qu’est le mal et quelle est notre responsabilité ; il se propose d’impliquer Dieu dans la question. Pendant l’atelier, votre mission si vous l’acceptez consiste à comprendre le cheminement de pensée de Gesché, à suivre de près. C’est l’objet du premier volet, qui correspond à un moment narratif, descriptif « la surprise de Dieu devant le mal » Les questions. Deux questions vous sont proposées pour orienter votre lecture de Gesché : vous les avez le livret. La première : repérer dans le texte ce qui permet à Gesché de parler de « surprise de Dieu ». Bien que c’est une lecture partielle du texte : « penser c’est choisir », mais est-ce arbitraire pour autant : les éléments qu’il signale sont-ils inventés ? Surprendre Gesché, lecteur du récit biblique, autrement qu’un exégète. La seconde pour voir ce qu’il fait de cette intuition. La manière de poser la question du mal en est-elle affectée ? Session théologique La foi à l’épreuve du mal. Relire Gesché — U.C.L. 23 et 24 août 2007 3 / 25 Jeudi 23 août 2007 - Matinée Exposé sur le premier texte LA SURPRISE DE DIEU DEVANT LE MAL Approche de théologie narrative Benoît Bourgine (UCL) Bien lire un théologien, me semble-t-il, ce n’est pas d’abord y trouver des réponses toutes faites; ce n’est pas rien de tomber sur des perles, certes, mais il est plus important encore d’y surprendre le cheminement d’une authentique réflexion théologique. C’était d’ailleurs la visée de Gesché dans ses cours et ses ouvrages : provoquer chacun à une pensée personnelle, susciter une appropriation par autrui dans la communion des esprits. Se donner les moyens de penser par soi-même ; on n’a vraiment compris quelque chose que lorsqu’on peut l’exprimer avec ses propres mots. L’hypothèse de départ de Gesché qui précède notre texte est explicitée comme suit : « Ma démarche consistera à avancer ici le mot ‘Dieu’. Au vrai, n’est-ce pas toujours cela la théologie : déposer une question en Dieu (in Deo) ou poser Dieu en une question, et voir ce qu’il en advient. Avancer le mot Dieu. Avec intrépidité.1 » Voilà pour Gesché la manière de penser en théologie : mettre Dieu dans la question. Dieu pour penser le sens du monde et de nos existences. L’hypothèse est la suivante : on aurait tort de se priver de Dieu qui est « l’idée la plus extrême » pour penser ce qui est importe pour l’humain. Plan. Deux temps : un premier temps dans lequel j’aimerais commenter au fil du texte : de même que Gesché raconte l’Écriture, je désire pour ma part raconter Gesché en train de lire l’Écriture, afin d’identifier sa démarche et ses attitudes. Dans un deuxième temps, je situerai cette démarche dans l’ensemble de l’article pour en tirer des enseignements sur la méthode de la réflexion théologique. I Gesché commence par une « approche de théologie narrative ». En quoi consiste-t-elle ? On le voit suivre le récit, et plus que le suivre, lui accorder du crédit. Un théologien lisant le récit biblique a tendance à projeter sur le texte son bagage dogmatique et à y trouver confirmation de ses préjugés et précompréhensions. Le texte en perd son mystère, son énigme ; le voilà neutralisé, dépouillé de son altérité, de tout vouloir-dire propre. Il ne s’est rien passé, pas d’échange, de découverte, rien de nouveau. Une autre démarche nous est montrée ici. Gesché prend au sérieux la naïveté du récit. Lui-même se laisse surprendre, au lieu d’anticiper le sens par ses idées préconçues. Il refuse de traduire directement. Il observe Dieu comme un personnage de l’intrigue : ce qu’il est en fait dans le récit ; et Gesché prend très au sérieux cette insertion du personnage de Dieu dans l’intrigue, il le suit de très près : comment Dieu s’en sort avec cette question, il guette ses réactions, note la succession des événements. C’est ainsi qu’il trouve un fil. D’où vient le thème uploads/Litterature/ la-foi-a-l-x27-epreuve-du-mal-relire-gesche.pdf
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- Publié le Apv 20, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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