Sous la direction de Maurice Vaïsse, Pierre Melandri et Frédéric Bozo LA FRANCE

Sous la direction de Maurice Vaïsse, Pierre Melandri et Frédéric Bozo LA FRANCE ET L'OTAN André Versaille éditeur Actes du colloque tenu à l'École militaire, les 8, 9 et 10 février 1996, à Paris, écrits par Maurice Vaïsse. Ce livre a une histoire : lorsque ce colloque a été envisagé, les or- ganisateurs avaient pour idée de marquer le 30e anniversaire de la décision prise en 1966 par le général de Gaulle de faire sortir la France de l’organisation militaire intégrée de l’OTAN. Or, au même moment avaient lieu des conversations entre Paris et Washington pour revenir sur cette décision : si ces entretiens n’ont pas abouti, l’on sait que depuis, en 2008, la France est de nouveau membre à part entière de l’OTAN. Afin de permettre au lecteur de se repèrer pour la période 1996/2011, il trouvera en fin de volume une orientation bibliographique consti- tuée uniquement d’ouvrages (à l’exclusion des dizaines d’articles suscités par cette question), qui ne porte pas seulement sur la ques- tion précise des rapports entre la France et l’OTAN, mais est élar- gie à la question de l’Alliance atlantique elle-même, profondément transformée depuis 1996. 7 SOMMAIRE Maurice VAÏSSE La France et l'OTAN : survol . ........................................................ I Maurice VAÏSSE Avant-propos . .................................................................................... 17 Première partie : du temps de la IV e république La France et la création de l'Otan Georges-Henri SOUTOU La sécurité de la France dans l'après-guerre ............................... 21 Charles COGAN Puissance virtuelle : la France, de la Victoire à l'OTAN . ............ 53 Pierre GUILLEN Les militaires français et la création de l'OTAN . ............................ 77 Pierre GERBET Le rôle de la France dans la négociation de l'Alliance atlantique.. 93 Jean-Jacques BECKER La scène intérieure ...................................................................... 103 Une alliée sourcilleuse (1950-1958) Marc TRACHTENBERG La formation du système de défense occidentale : les États-Unis, la France et MC 48 ................................................. 115 Patrick FACON Les bases américaines en France, 1945-1958 : un enjeu politique 129 Olivier POTTIER La présence américaine en France, 1951-1967 : cohabitation ou acculturation ? . ..................................................... 147 Philippe VIAL La France et l'OTAN 8 L'aide américaine au réarmement français (1948-1956) .............. 169 Amiral Marcel DUVAL La crise de la CED (1950-1954) . ................................................... 189 Deuxième partie : La république gaullienne Une sortie programmée (1958-1966) Maurice VAÏSSE Indépendance et solidarité, 1958-1963 . .......................................... 219 Geoffrey WARNER De Gaulle and the Anglo-American « Special Relationship » 1958-1966 : perceptions and realities . ........................................... 247 Reiner POMMERIN La France, l'Allemagne et l'OTAN ................................................. 267 Colette BARBIER La France et la Force multilatérale (MLF) .................................. 285 Lawrence KAPLAN Les débats stratégiques ................................................................... 307 Michel WINOCK Les attitudes des Français face à la présence américaine (1951-1967) . .................................. 323 Le retrait de l'organisation militaire intégrée (1966-1969) Frédéric BOZO Chronique d'une décision annoncée : le retrait de l'organisation militaire (1965-1967) . ......................... 331 Lieutenant-Colonel Frédéric GUELTON Le retrait de l'organisation militaire intégrée . ............................... 359 Jean-Paul BRUNET Le retrait de la France de l'OTAN : la scène intérieure . ............. 379 Frank COSTIGLIOLA La réaction américaine au retrait de la France de l’OTAN ........ 403 Charles ZORGBIBE Le retrait français de l'OTAN : rapport de synthèse .................... 421 Béatrice HEUSER et Cyril BUFFET Résister à la tempête : les réactions britanniques au départ de la France de l'intégration militaire de l'OTAN . ...... 427 Albert KERSTEN Sommaire Neutralising political poker play with a cardboard pistol : Dutch reactions to France's Withdrawal from NATO's integrated defence (1966) . ........................................ 451 Leopoldo NUTI Italy and the French Withdrawal from NATO in 1966 ................. 469 Paul LÉTOURNEAU Le Canada et la politique française envers l'OTAN en 1966 . ...... 489 Mikhaïl NARINSKI Les Soviétiques et la décision française . ........................................ 503 Troisième partie : après de Gaulle La France et l'alliance atlantique depuis 1969 Pierre MELANDRI La France et l'Alliance atlantique sous Georges Pompidou et Valéry Giscard d'Estaing ................... 519 Samuel F. WELLS, Jr France and NATO under Mitterrand, 1981-1989 . ......................... 559 Diego A. Ruiz PALMER La coopération militaire entre la France et ses alliés, 1966-1991 : entre le poids de l'héritage et les défis de l'après-guerre froide . . 567 Bruno TERTRAIS La coopération militaire depuis 1969 : la France, l'OTAN et la question nucléaire ................................... 617 Dominique Moïsi En guise de postface . ....................................................................... 633 Chronologie établie par Frédéric BOZO ........................................ 635 Les auteurs ....................................................................................... 643 Bibliographie . ................................................................................... 649 Index ................................................................................................. 655 I La France et l’OTAN : survol Le sommet du 60e anniversaire de l’OTAN, les 3 et 4 avril 2009, a consacré le retour de la France dans les structures du commandement intégré. Cela faisait 43 ans que la France avait rompu avec l’intégration. On a parlé de « trahison », du retour du fils prodigue, de la fin de l’exception française. Qu’en est-il exac- tement ? En fait les relations de la France avec l’OTAN ont été sinusoïdales : membre fondateur de l’Alliance, puis contestataire au sein du système, se plaçant ensuite en marge de l’OTAN, avant le retour au bercail. Après 1945, soumise à la contrainte de la Guerre froide, la France obtient ce qu’elle avait souhaité lors des deux guerres mon- diales : un engagement précoce des États-Unis en Europe. Face à la menace soviétique, elle constate son impuissance et l’insuffi- sance des moyens militaires, même dans le cadre d’une Union occidentale trop inféodée à l’impérieuse Albion, et elle préfère s’en remettre au grand allié américain, qui – en temps de paix – accepte de se lier aux pays européens dans une alliance restreinte à l’Atlantique-­ Nord. En signant le traité de Washington le 4 avril 1949, la France est donc un des membres fondateurs de l’Alliance atlantique. La transformation de l’Alliance en organisation au début des années 1950 en fait, grâce à sa situation de carrefour géographique, un membre essentiel : des bases américaines et canadiennes y sont installées ainsi que les organes de commande- ment, comme le SHAPE, dirigé par un général américain, le SACEUR. Mais, confrontés aussi à la décolonisation, les dirigeants de la IV e République ne cessent de réclamer que la solidarité ne soit pas restreinte au domaine atlantique, mais étendue partout où les intérêts de l’Occident sont en cause, en particulier en Médi- terranée et au Proche-Orient. Ils revendiquent aussi de participer à la direction stratégique de l’Alliance, à la mesure du rôle que la France y occupe. En 1958, la France traverse une crise de Maurice Vaïsse II confiance dans l’Alliance atlantique, résultant pour beaucoup des pressions américaines lors de l’affaire de la CED (Communauté européenne de défense), et de la crise de Suez, et plus largement du soutien des États-Unis au mouvement de décolonisation. Aussi bien, quand de Gaulle revient au pouvoir, il est plutôt porté par une opinion anti-américaine, sensible à la propagande du PCF, pour lequel l’OTAN est une machine de guerre des banquiers amé- ricains contre l’Union soviétique. De Gaulle est particulièrement chatouilleux au sujet de la présence des forces américaines sur le sol national dans le cadre de l’OTAN. Il considère que la France, tout en ne remettant pas en cause son appartenance à l’Alliance atlantique, doit se libérer de l’état de dépendance à l’égard des États-Unis et que l’OTAN doit être réformée. En particulier, il désapprouve le système militaire intégré, car il estime nécessaire pour la France de garder le contrôle entier de sa défense. Le mémorandum de septembre 1958 synthètise les revendica- tions françaises. L’absence de coordination politique en-dehors de la zone OTAN est le grief principal, et l’exigence d’un élargisse- ment de la compétence géographique de l’OTAN est clairement formulée. Les deux autres axes du texte sont la remise en cause de l’intégration et l’exigence d’une association de la France à la direc- tion du monde libre. Américains et Anglais font des réponses dila- toires et acceptent du bout des lèvres des rencontres tripartites, qui butent très rapidement sur la difficulté de donner à ces consultations un caractère organique, ainsi que sur trois différends principaux : l’arme nucléaire, l’intégration, c’est-à-dire la place des forces fran- çaises dans le dispositif occidental, et la vision de l’Europe. Alors que la France est déterminée à acquérir la capacité nucléaire, sym- bole de son rang retrouvé, les États-Unis, hantés par la perspective de la prolifération, tentent de s’y opposer en refusant leur aide au programme français. Ils déplorent que les fonds dépensés par la France pour la réalisation de cette force l’empêchent de consentir, dans le domaine des armements classiques, à l’effort prévu dans le cadre de l’OTAN, d’autant plus que l’armée française engagée en Algérie ne tient pas sa place sur le théâtre centre-européen. La France refuse l’installation sur son sol de rampes de lancement pour des missiles américains et de stocks d’armes nucléaires pour les escadrilles américaines, d’où le retrait progressif des chasseurs bombardiers des bases de l’OTAN en France. Décidé à faire évoluer la doctrine de l’Alliance vers une riposte flexible et d’élever le seuil du recours au nucléaire, Washington veut pousser l’Europe à avoir recours aux armes conventionnelles, tandis que de Gaulle 21 LA uploads/Litterature/ la-france-et-l-x27-otan.pdf

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