La libération de la ville d’Ostende par les militaires Alliés a eu lieu le 8 se
La libération de la ville d’Ostende par les militaires Alliés a eu lieu le 8 septembre 1944. J’étais âgé de 15 ans. A cette période, la perception qu’avaient les enfants et adolescents des évènements dans le monde était assez limitée. Il n’y avait ni télévision, ni tous les médias que nous connaissons actuellement. Les nouvelles étaient communiquées par les journaux et par la radio. En Belgique, pendant l’occupation allemande 1940-1944, elles étaient contrôlées et ne reflétaient pas la réalité. Pour ceux qui avaient l’occasion d’aller au cinéma, chaque semaine une séquence « actualités » donnait une image des évènements importants qui s’étaient déroulés la semaine précédente dans le pays et en partie de ce qu’il s’était passé dans le monde, mais le tout vu par le bout de la lorgnette allemande. Il n’y avait donc à ce moment pas grand-chose et nous étions donc pour la plupart confinés à notre petit monde restreint et à nos expériences personnelles. Pour ceux qui étaient plus curieux concernant tous les évènements mondiaux, il fallait nécessairement pouvoir écouter des radios qui n’étaient pas influencées par la propagande allemande et il fallait donc écouter notamment la BBC anglaise. Or les émissions de celle-ci étaient fortement bruitées par les allemands de sorte que n’importe qui pouvait facilement se rendre compte si quelqu’un écoutait la radio anglaise. Il se fait donc que plusieurs personnes ont ainsi été dénoncées et emprisonnées. Or mon père avait construit un petit poste à galène que nous pouvions écouter avec des écouteurs et donc aucun souci que l’on entende de l’extérieur de la maison. En mai 1940, j’avais 10 ans, j’ai été confronté à l’envahissement de la Belgique par les troupes allemandes. Ayant été mis au courant des combats et des bombardements par l’aviation militaire allemande des villes de Liège et de Louvain, mes parents ont craint pour la vie de leurs dix enfants et décidèrent de fuir vers la France. Une partie des enfants partit en avant et mon père suivit le lendemain avec ma maman qui venait d’accoucher de la petite dernière, accouchement qui eut lieu pendant que les bombes allemandes tombaient tout autour de la maternité. Nous sommes revenus en septembre 1940, une fois que les troupes allemandes avaient conquis une grande partie de la France et qu’il ne nous restait pas autre chose à faire que de retourner dans son pays. Nous connaissions donc déjà ce que pouvait apporter la guerre, soit les peurs, les angoisses, les restrictions multiples, etc. que nous imposait aussi ensuite l’occupation. Je ne m’étendrai pas sur cette période et reviens à l’année 1944. Par l’écoute de la BBC, nous savions au printemps 1944 que quelque chose se préparait de la part des Alliés. Et cela se précisait lorsque nous entendions le message codé suivant, qui n’est pas celui qui est universellement connu concernant les violons, etc…, mais bien ce que nous avions appris par le frère de mon père, notamment : « le 2e chapitre est toujours précédé par le 1er ». Ce message signifiait que le débarquement était proche et était destiné aux résistants. Mon oncle, en effet, faisait parti d’un group de résistants et a été déporté au camp de Buchenwald, où il est décédé, car il avait été dénoncé par des gens s’étant rendus compte qu’il avait hébergé chez lui des aviateurs anglais dont l’avion avait été abattu par l’artillerie allemande. Nous nous rendions compte que les militaires allemands se doutaient également de quelque chose (ils avaient un bon service de renseignements) car ce même jour que nous entendions le message à la BBC, ils avaient installés à tous les carrefours importants le long de la côte belge, des mitrailleuses et ils contrôlaient tous les passants. Autre signe : depuis quelques semaines nous voyions passer haut dans le ciel, des quantités incroyables d’immenses bombardiers alliés (les fameuses forteresses volantes) se dirigeant vers l’Allemagne. Des installations militaires allemandes situées tout le long de la côte belge étaient aussi régulièrement visées et j’avais été témoin personnellement d’un évènement qui aurait pu me coûter la vie. Comme il se faisait qu’habiter très près d’Ostende et de son port, où les Allemands avaient installé une base navale, devenait très risqué et que la preuve en était qu’une bombe provenant d’un avion allié était tombé tout près de notre habitation, mes parents avaient décidé de s’éloigner d’Ostende et nous sommes allés habiter en 1945 Le Coq. Et comme il n’y avait pas possibilité de suivre des études supérieures au Coq, je prenais tous les matins le tram côtier vers Ostende où je suivais les études au collège local. Ce tram était bondé d’étudiants, de gens allant à leur travail et également de militaires allemands Je me demande comment il se fait que les avions alliés ont eu l’idée de s’attaquer à un de ces trams qui transportaient plus de civils que de militaires allemands. Mais il se fait qu’un matin, tout à coup : « alerte ! » Un avion allié survole les dunes et passe plus d’une fois au-dessus de notre tram. Nous étions probablement pris en point de mire. Et en effet, le tram s’étant arrêté à Bredene- Hippodrome, les passagers se ruent vers les sorties. Je fais de même et au moment précis où j’allais mettre les pieds sur le marchepied, un militaire allemand me pousse de côté, me fait tomber et se précipite hors du tram. Je le vois trébucher en hurlant, les yeux révulsés et d’une large plaie dans le cou, le sang à chaque battement de cœur s’échappait de la carotide perforée. L’avion qui avait lâché une première salve de sa mitrailleuse fit demi-tour pour achever sa mission quand nous entendions un bruit sourd et nous imaginions qu’il avait lâché un projectile, bombe ou autre explosif. Quelques instants plus tard un bruit lointain dans les dunes, à quelques centaines de mètres plus loin. Et puis plus rien, à part des cris et des gémissements de quelques blessés. Nous remarquions en descendant du wagon que l’avion avait volé tellement bas que d’une aile il avait accroché un poteau électrique et que c’est cette dernière qui était tombée sur le toit de notre wagon et avait provoqué ce bruit sourd. Par après nous avions appris qu’il s’agissait d’un Spitfire canadien. Il y eut plusieurs blessés et notamment un copain étudiant qui avait reçu une balle dans l’abdomen. Après quelques jours d’hôpital, il se remit heureusement rapidement. Ne voulant pas rester plus longtemps sur place et choqué par cet évènement sanglant, je me décidai rapidement de rentrer à la maison à pied. Ma maman était toute bouleversée en entendant mon récit et décida que jusqu’à la fin de la semaine je ne prendrais plus le tram pour aller à l’école. Après la fuite en France en 1940, après quelques autres péripéties causées par l’occupation allemande, me voici directement confrontée à la guerre sanglante et mortelle. Je savais que tous les jours des milliers de personnes étaient blessées ou tuées, mais quand on est témoin direct, cela impose réaction plus nuancée et réflexion. Nous voici donc début septembre 1944. Etant donné les évènements militaires, l’école n’avait probablement pas ouvert ses portes ou bien mes parents préféraient ne pas m’y envoyer. Il se faisait que mon père dirigeait une petite entreprise dans la banlieue- est d’Ostende et presque chaque jour il faisait le trajet Le Coq vers Ostende-est en vélo. Parfois il restait loger sur place, soit lorsque le temps était trop mauvais, soit pour une autre raison que j’ignorais. Il se faisait que ce jour-là j’accompagnais mon père et le suivis en pédalant au mieux que je pouvais. Nous avions pris sur notre porte-bagages un petit paquet contenant des vêtements et de quoi nous nourrir pendant quelques jours si éventuellement nous restions dormir sur place. L’entreprise de mon père, qui était une exploitation d’un parc à huîtres, étant située en « zone militaire » près du port d’Ostende, nous avions un « schein » ou laisssez-passer spécial émis par la Kommandatur.( Ce n’est que longtemps par après que je compris le risque énorme qu’avait pris mon père à nous rendre dans ces lieux à ce moment alors que les troupes alliées étaient attendues d’un jour à l’autre). L’étage des bâtiments de l’entreprise avait été rasé par les militaires allemands et un petit canon de DCA avait été installé sur le haut du bureau. Constamment des militaires allemands traversaient la propriété qui était en bordure du Bassin de Chasse où était installée une base aéro-navale qui permettait aux hydravions de l’armée allemande d’atterrir.Qu’allaient faire les militaires allemands à l’approche des troupes alliées ? allaient-ils fuir ou seraient-ils obligés de défendre les lieux ? Personnellement, je ne me rendais pas compte du danger et étais même heureux de pouvoir accompagner mon père. En nous dirigeant vers le Bassin de Chasse où étaient situés les bâtiments de l’entreprise de mon père, nous devions longer quelques centaines de mètres du fameux Mur de l’Atlantique. Ce mur de béton avait environ trois mètres de hauteur et de temps uploads/Litterature/ la-liberation-de-la-ville-d.pdf
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- Publié le Jui 11, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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