HANDBOUND AT THE UNIVERSITV OF TORONTO PRHSS Digitized by the Internet Archive

HANDBOUND AT THE UNIVERSITV OF TORONTO PRHSS Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Ottawa http://www.archive.org/details/lamusiqueetlavieOObour LUCIEN BOURGUÈS ET ALEXANDRE DENÉRÉAZ LA MUSIQUE ET LA VIE INTÉRIEURE ESSAI D'UNE HISTOIRE PSYCHOLOGIQUE DE LART MUSICAL FÉLIX A'LCAN GEORGES BRIDEE io8, Bd St-GERMAIN & C'^ 6, R. de la LOUVE = PARIS VI« = _-= LAUSANNE= IMPORTA DE SUISSE ML- 3 l>a S532I9 7«5V JI HENÎil VAN GILSE VAN îiEn PALS Consul des Vays-'Bas, ami des Muses, ce livre d'Euterpe est dédié. UNIVERSITY OF TORONTO EDWARD JOHNSON MUSIC IJBKARY ly AVANT-PROPOS Ce livre n'est pas une liistoire de la musique dans le sens où on l'entend généralement. Le lecteur n"y trouvera que fort peu de renseignements historiques sur les compositions ou les compositeurs. Tout appareil d'éru- dition musicographique a été résolument écarté. Ce que nous avons tenté, c'est une histoire des phénomènes psycholo- giques d'ordre musical, une étude des métamorphoses successives du son à travers les âmes et les siècles; double histoire: des émotions humaines révélées par la musique : des sonorités révélatrices de ces émotions. Si donc l'une des parties parallèles de cet ouvrage est consacrée à l'his- toire de l'art musical, à l'origine et à l'évolution des sonorités, l'autre s'oc- cupe des tendances, émotions, sentiments, passions — collectives et indi- viduelles — qui au cours des temps les suscitèrent. La musique et la vie intérieure se conditionnent réciproquement. Plus que toutes les Muses, d'une façon plus secrète et plus sûre, Euterpe parti- cipe de la vie universelle de l'esprit. Elle n'est déesse que parce qu'en les vibrations de sa double flûte résonnent les destinées sublimes ou tragiques de la plus pure et haute Humanité. Nous connaîtrons d'abord les choses les plus simples, palpitations de la matière, sensations et réactions du cerveau, des muscles; ensuite les émo- tions primordiales, les passions primitives; puis d'échelon en échelon, les épanouissements plus nobles de l'âme, élans \ers la di-\ inité et symboles suprêmes où se mire le monde. Nous entendrons d'abord de naïves cantilènes : puis de claires et suaves harmonies; puis, de totalité en totalité toujours plus complexe, des polyo- dies puissantes, des poh-phonies souveraines. X AVANT-PROPOS C'est aux sources les plus profondes de l'émotion que s'élaborent les forces psvchiques qui font jaillir, à travers une série d'états saisissables à l'analyse, la création musicale. De môme que l'âme croît de l'instinctif tropisme jusqu'à la vision de l'infini et de l'éternité, le son, impuissant ondoiement d'atomes, éclôt, à travers mille phases successives, en calices débordants des essences les plus pénétrantes et les plus rares. L'avenir porte en lui tout le passé. De l'incessant déroulement nous re- tiendrons les lumières les plus vives, les astres où fulgure le génie, et les rayonnements qui passent de l'un à l'autre. Une logique intérieure préside à toutes les évolutions. L'élaboration des lois musicales apparaîtra en ses instants les plus saillants : constitution psychologique des tétracordes, des gammes, des accords, des modes, de la Tonalité, du dissonantisme ; lois cadencielles — armature unique de l'art classique; lois de 1' « attraction »; lois des altérations (en apparence si multiples) du sonoris romantique; lois de 1' «harmonie complémentaire», qui justifient les audaces modernes; principes dynamiques des dévelop- pements sonores. Une méthode psychologique attentive et qui se réclame des psychologues modernes les plus éminents, illuminera, nous l'espérons, des problèmes où auraient échoué les mathématiques les plus ingénieuses. Des exemples musicaux extrêmement nombreux illustrent les explications et permettent au lecteur de contrôler sur les faits les caractères singuliers des maîtres, ainsi que les courbes générales de l'évolution. Les jugements sur les valeurs du passé ont été établis non pas en fonc- tion du goût moderne ou de l'idéal classique, mais au regard des époques immédiatement précédentes. Cela, autant pour échapper à la facilité des dépréciations, que pour affirmer une critique qui s'elïorce de pénétrer le sens propre de chaque beauté nouvelle, et qui s'applique à exalter l'avan- tage de chaque invention féconde. Ces pages sont destinées à tous ceux qui aiment, de près ou de loin, la musique. Qu'elles incitent le dilettante à l'aimer d'une manière plus consciente et plus subtile ; qu'elles stimulent l'initié à se comprendre mieux, à gagner la voie juste qu'exige la forme particulière de son esprit ; qu'elles encouragent le génie inéclos à dédaigner l'outrage, à persévérer dans son originale création pour ajouter des merveilles insoupçonnées aux métamorphoses accomplies. AVANT-PROPOS XI Cet ouvrage est le résultat des expériences et échanges d'idées des deux auteurs; toutefois les parties d'harmonie pure sont exclusivement l'œuvre de M. Alexandre Denéréaz. Paris-Lausanne, 1914. Les pages de ce livre étaient en majeure partie écrites et même impri- mées lorsque éclata la Guerre Mondiale. Il parut opportun d'en retarder la publication jusqu'au moment où l'humanité, remise de ses cruels soucis, pourrait reprendre quelque intérêt aux œuvres de l'esprit. L'heure semble venue de reprendre le flambeau de la Beauté, si délaissé da>is les affres de l'angoisse, presque éteint dans la fureur des haines nationales. Puisse cet ouvrage, pour sa modeste part, servir à cette noble tâche. Paris-Lausanne, 1Q21. / PRÉLIMINAIRES PSYCHOLOGIQUES EVOLUTION MUSICALE LA SENSATION SONORE D, 'ANS 1 univers, il n'est ni sons, ni bruits, et les étoiles gravitent en silence. Pour qu'il y ait son, il faut qu'il y ait atmosphère. L'océan aérien qui baigne la terre frissonne d'ondes sans nombre, selon certaines vitesses, selon certaines amplitudes. Parmi ces ondes infiniment diverses, certaines, en atteignant l'oreille et le cerveau, se transmuent en Marteau Enclume Canaux semi- circulaires l^—~. des phénomènes psychologi- ques que nous appelons sen- sations de son. On peut définir la sonorité : la manière dont les hommes ont connaissance , par l'en- tremise de l'organe auditif, de certains mouvements de la matière ^ Les ondes acoustiques re- cueillies dans l'atmosphère par le pavillon de l'oreille frappent le tympan par séries de chocs plus ou moins violents, déter- minant l'intensité; plus ou moins rapides, déterminant la hauteur du son. Le tym- pan, membrane susceptible de réagir à toutes les vibrations simultanées et successives (pourvu que les ondes aient plus de 32 vibrations par seconde ' Rappelons que tout corps est élastique, et que le nombre et l'amplitude des vibrations engendrées par le choc du corps détermine la fréquence et la forme des vagues aériennes ou ondes acoustiques. L'irrégularité, les brusques variations des ondes correspondent au bruit Continues et régulières, les ondes correspondent au son. Le son est un bruit « stylisé ». Fenêtre Trompe E^aolynirlie Pérllymplie ovale d Eustache ^ ' 4 PRELIMINAIRES PSYCHOLOGIQUES et ne dépassent pas yS ooo), transmet leur mouvement à une série d'os- selets : marteau, enclume et étrier. Par la fenêtre ovale, où confine l'étrier', la vibration passe à la périlymphe, sorte de liquide séreux qui remplit la paroi tapissant Foreille interne et dont les ondes mettent à leur tour en mouvement Vendolymphe, liquide qui baigne tout le laby- rinthe. Ici, selon l'opinion la plus courante, les vibrations du liquide seraient recueillies par des cils microscopiques plongeant dans l'endolymphe, et qui terminent les cellules auditives de Vorgane de Corti. Ces cellules audi- tives, fort nombreuses, se groupent autour des piliers de Corti, sortes d'arcs d'une finesse extraordinaire qui, placés côte à côte, par ordre de grandeur croissante, tapissent le tunnel hélicoïdal du limaçon, partie importante du labyrinthe. Expliquer comment les ondes de l'endolymphe et les vibrations des piliers se transforment en ondes nerveuses acoustiques n'est pas facile. L'expression de W. James : « Les cellules ciliées semblent donc être les organes terminaux qui saisis- sent les vibrations (de l'endolymphe et des piliers) » n'apporte aucun éclaircisse- ment sur la manière dont des ondes liquides et solides se trans- muent en ondes électriques ou nerveuses. L'hypothèse suivante, proposée par le D'' W. Nicati, est- elle scientifiquement acceptable? Elle est en tous cas séduisante : La série des piliers de Corti s'appuye sur la membrane basi- laire formée d'une série de fibres transversales, sorte de long cla- vier dont chaque fibre, d'une lon- gueur déterminée, vibre par sym- pathie à un nombre donné des vibrations de l'endolymphe ; c'est par l'entremise de la membrane basilaire que les piliers de Corti seraientébranlés; lepilierébranlé transmettrait son oscillation àson prolongement supérieur, la membranule réticulaire. réseau à mailles annulaires dont les vides sont remplis par une presque imperceptible pellicule et dans lesquels pénètrent les cils terminant les cellules auditives. L'oscillation de la membranule, au point ébranlé, déterminerait une légère friction des cils, d'où dégagement d'électri- Tuiinel de Cils Corti terniin; Membranule réticuKiire ' La membrane de la fenêtre ovale est le véritable tympan, le tympan extérieur étant surtout un organe de protection. (On peut entendre même en cas de disparition des osselets.) La fenêtre ovale étant immobilisée, c'est la surdité inéluctable — et inguérissable. LA SENSATION SONORE 5 cité '. Le courant électrique ainsi engendré serait transmis au nerf acoustique — puis au cerveau — par les terminaisons nerveuses auxquelles correspondent les cellules auditives ; l'intensité des courants successifs déterminerait dans la conscience l'intensité du son, alors que la «hauteur» du son dépendrait de l'électrisation propre à uploads/Litterature/ la-musique-et-lavie-00-b-our.pdf

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