La poésie lyrique courtoise aux XIIe et XIIIe siècles : les troubadours et les
La poésie lyrique courtoise aux XIIe et XIIIe siècles : les troubadours et les trouvères La poésie lyrique des troubadours a été créée au Sud de la France en 1100 environ, pour se répandre au Nord du pays, où elle a été écrite par les trouvères, un demi-siècle plus tard. Bientôt très populaire dans d’autres pays européens, en Allemagne, en Espagne, en Angleterre, en Italie, au Portugal, en Russie etc., cette poésie a été chantée jusqu’à la fin du XIIIe siècle. Dans les recueils appelés « chansonniers » sont conservés environ 2500 pièces lyriques, anonymes ou écrites par des auteurs connus, parfois précédées par les « vies » des troubadours (occ. vida). La poésie des troubadours Les caractéristiques principales du lyrisme troubadouresque sont déjà présentes dans la poésie du premier troubadour connu, Guillaume IX d’Aquitaine, comte de Poitiers (1071-1127) : 1. l’amour en tant qu’exaltation du désir - la fin’amor ; 2. l’obéissance - la soumission parfaite du poète à la dame ; 3. occ. domna (< lat. domina) - la dame anonyme à laquelle s’adresse le poète est une femme idéalisée et glorifiée ; 4. le mot « vers » désigne une nouvelle forme poétique qui sera appelée un peu plus tard « canso » en occitan, « chanson » en ancien français ; 5. la joie - c’est la condition indispensable à la création poétique et le mot qui symbolise l’accomplissement du désir amoureux, ce qui n’est jamais atteint dans la poésie. Les troubadours étaient les poètes-musiciens qui ont créé la poésie originale en occitan en France médiévale. Ils sont à la fois compositeurs, chanteurs et les écrivains qui créent les textes poétiques. La majorité de troubadours et de troubadouresses ont appartenu à la petite noblesse et ont vécu aux cours, sous la protection des seigneurs féodaux ou des dames. Ils connaissaient la littérature, grâce à l’éducation universitaire. Au Nord, les mêmes auteurs étaient appelés trouvères. Il faut distinguer ces créateurs des jongleurs, qui, au moins dans un premier temps, jusqu’au début du XIIIe siècle, n’ont pas composé leur propre poésie, mais plutôt chantaient ce que les troubadours ou les trouvères avaient écrit. En plus, ils étaient d’origine humble et voyageaient de cour en cour. Parmi les troubadours et les troubadouresses connus se trouvent Jaufre Rudel, Bernard de Ventadour, Marcabru, Raimbaut d’Orange, Arnaut Daniel, la comtesse Béatrice de Die, Marie de Ventadour etc. La canso / la chanson courtoise Le genre principal du lyrisme troubadouresque est la canso (en occitan) ou la chanson (en ancien français). Il existait les règles selon lesquelles elles étaient écrites, cependant le premier art poétique où elles étaient exposées a été publié au début du XIV e siècle, à Toulouse, au moment où la poésie lyrique troubadouresque n’était plus écrite. Les cansos contiennent le plus souvent de cinq à sept strophes qui s’appellent « coblas ». Chaque strophe contient de six à huit vers, en général, celles qui sont les plus longues ont seize vers. Dans une canso toutes les strophes ont la même structure métrique (le nombre de vers, la disposition des rimes). Au cas où les rimes sont les mêmes d’une strophe à l’autre, il s’agit des « coblas unissonans » ; cette forme a été très fréquente, quoique la plus difficile. Les vers sont courts, les hexasyllabes, les heptasyllabes ou les octosyllabes ; souvent les hémistiches sont chantés entre les deux strophes. Les cansos peuvent se terminer par un envoi (occ. « tornada »), une demi-strophe ou un couplet qui reprend les rimes de la dernière strophe. L’envoi peut contenir un hommage amical ou amoureux, une demande, une prière, un ordre ou une critique ; le sujet lyrique s’adresse à sa dame (désignée par un surnom), à un ami, à son cœur, à la chanson etc. Les thèmes principaux des cansos sont l’amour et la création poétique. La poésie des trouvères Plusieurs facteurs ont contribué à ce que la poésie lyrique troubadouresque soit transposée au Nord de la France. En premier lieu, il faut mentionner l’influence des femmes : Marie de Champagne et Aélis d’Anjou, les filles d’Aliénor d’Aquitaine (qui était la petite-fille de Guillaume IX d’Aquitaine), mariées au Nord, tiennent les cours où se réunissent les poètes et les artistes. L’autre facteur important est la croisade albigeoise (1209-1220), une croisade intérieure pendant laquelle le roi de France et le pape persécutent les cathares, sous prétexte de l’hérésie. Par suite de ces événements historiques, les aristocrates du Sud s’enfuient avec les cathares vers le Nord, où ils continuent de cultiver leurs traditions littéraires. Il ne faut pas oublier le rôle des jongleurs, qui en voyageant à travers la France diffusent beaucoup d’œuvres littéraires. Les trouvères, à la différence des troubadours, n’appartiennent pas obligatoirement à la petite noblesse, leur statut social est plus divers. Même s’ils cultivent la même poésie, en chantant la fin’amor, le désir sublimé et les dames, leur poésie est différente, plus proche du style simple des premiers troubadours. Ils n’écrivent pas de poésie hermétique. La beauté, la jeunesse et la perfection de la femme ne sont pas tellement soulignées, le motif de la joie non plus. L’amour charnel, disparu ou sublimé après les premiers troubadours, est de nouveau présent dans leur poésie. Le nouveau motif lyrique est l’obsession par la mort. Les trouvères utilisent plus fréquemment les refrains que les troubadours. Ils aiment bien les genres en dialogues (la tençon et le partimen) et la pastourelle. La chanson de toile/d’histoire est attestée seulement au Nord, les troubadours n’ont pas écrit ce genre. Les trouvères, à la différence des troubadours, écrivaient aussi la poésie lyrique différente, destinée à la bourgeoisie, comme par ex. le genre lyrique congé (Adam de la Halle) ou les œuvres dramatiques (le Jeu de Robin et Marion, le Jeu de la Feuillée du même auteur). La demande de l’amour est souvent remplacée par la demande de l’aide financière à un aristocrate, comme dans la poésie de Rutebeuf et de Colin Muset. Parmi les trouvères connus se trouvent Chrétien de Troyes (le plus ancien trouvère connu), Châtelain de Coucy, Rutebeuf, Thibaut de Champagne, Gace Brûlé, Adam de la Halle, etc. uploads/Litterature/ la-poesie-des-troubadours-et-des-trouveres.pdf
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- Publié le Mai 30, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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