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’:HIKPPJ=ZU]^UV:?a@a@o@d@k" M 05595 - 43 - F: 8,90 E - RD H A : 9,30 € - BEL : 9,20 € - CAN : 14,50 $C - CH : 14,90 FS - D : 9,30 € - DOM : 9,50 € - GB : 7,50 £ - GRE : 9,20 € - IT : 9,30 € - LUX : 9,20 € - MAR : 90 DH - NL : 9,60 € - PORT CONT : 9,20 € A : 9,30 € - BEL : 9,20 € - CAN : 14,50 $C - CH : 14,90 FS - D : 9,30 € - DOM : 9,50 € - GB : 7,50 £ - GRE : 9,20 € - IT : 9,30 € - LUX : 9,20 € - MAR : 90 DH - NL : 9,60 € - PORT CONT : 9,20 € La fabrique La fabrique de la terreur de la terreur 1789 1789 -1795 -1795 DES DES CAHIERS CAHIERS DE DE DOLÉANCES DOLÉANCES À À LA LA VIOLENCE VIOLENCE RÉVOLUTIONNAIRE RÉVOLUTIONNAIRE AVRIL-MAI 2019 – BIMESTRIEL – NUMÉRO 43 H PRÉSENTE NOUVEAU DISPONIBLE CHEZ TOUS LES MARCHANDS DE JOURNAUX ET SUR WWW.FIGAROSTORE.FR Le grand quiz de la culture générale 7 ,90 Combien d’images par seconde comportent les films argentiques depuis l’apparition du parlant ? A 16 B 24 C 36 D 48 Combien de pays sont riverains avec la Suisse ? A 3 B 4 C 5 D 6 Également connu pour ses travaux de mathématiques, il aurait inventé le mot « philosophe ». De qui s’agit-il ? A Pythagore B Thalès C Platon D Euclide L e spectre de la guerre civile hante toute l’histoire de la pensée politi- que. C’est à lui que nous devons nombre de ses théories fondatrices, de Platon, Aristote, à Hobbes ou à Pascal. La violence politique fait légitimement horreur à quiconque considère la Cité comme le lieu d’une amitié partagée, où les voies du bien commun se recherchent par la déli- bération, la confrontation des idées. Elle est associée par notre incons- cient collectif à la tyrannie ou à l’occupation étrangère. Les déborde- ments qui accompagnent, depuis le mois de novembre, le mouvement des « gilets jaunes » font l’objet d’une réprobation unanime. Ils nous paraissent inexcusables, quelles que soient leurs motivations, par le seul fait que les casseurs ne se soient pas contentés d’exprimer leurs opinions. Qu’ils aient multiplié caillassages, incendies, dégradations de biens ; qu’ils aient mis la vie des personnes en danger. Le paradoxe est que la France républicaine est née d’une révolution qui s’illustra par une succession d’émeutes sanglantes ; s’imposa par une impi- toyable répression, où s’enchaînèrent exécutions capitales, fusillades et massacres. Notre fête nationale célèbre chaque année le 14 juillet une émeute suscitée par de fausses nouvelles (le roi s’apprêtait, disait-on, à faire renvoyer les députés des états généraux dans leurs provinces, ce pourquoi il avait fait encercler Paris par ses troupes) et conclue par l’assassinat d’un gouverneur à qui l’on avait promis la vie sauve, ainsi que par celui du prévôt des marchands, coupable d’avoir refusé de donner de la poudre et des balles aux insurgés. Leurs têtes, découpées au couteau par un boucher qui savait travailler les viandes et promenées au bout d’une pique par une foule ivre du sang versé, ne nous ont pas découragés de célébrer l’événement par des feux d’artifice et des bals dansés au son de l’accordéon (qu’on ne parle pas de l’insane fête de la Fédération, qui vit, l’année suivante, La Fayette jurer fidélité au monarque qu’il ferait, moins d’un an plus tard, mettre en état d’arrestation, tandis qu’un Te Deum était chanté sous une pluie battante par l’évêque apostat qui jetterait bientôt sa chasuble aux orties pour embrasser une carrière de diplomate et de roué). La Révolution se caractérise elle-même par une suite saisissante de vio- lences : têtes coupées, noyades d’opposants, déportations de prêtres, fusillades. Les mêmes députés qui avaient, en août 1789, proclamé solen- nellement les droits inaliénables de l homme multiplièrent ensuite appels au meurtre, juridictions d’exception, accusations infâmes, crimes de guerre, exécutions d’innocents, mariages républicains – hommes et fem- mes jetés nus, ligotés face à face, dans la Loire. On a tenté longtemps d’occulter le paradoxe en limitant la Terreur à sa seule institutionnalisation, de septembre 1793 à août 1794. Cela offrait l’avantage d’en faire peser la responsabilité sur les dérives d’un petit nom- bre : Robespierre, Saint-Just, Carrier, quelques proches. Cela permettait sur- tout d’invoquer la pression des circonstances : la menace constituée par l’avancée des armées étrangères, coalisées contre la France ; le danger poten- tiel que représentait la cinquième colonne des aristocrates dont les frères, les cousins avaient émigré pour se mettre au service de l’invasion ; la fragilité constitutive aussi d’un régime dont les ambitions émancipatrices étaient remises en cause par les balbutiements propres aux commencements ; la trahison des Vendéens qui refusaient la conscription et n’avaient pas craint d’ouvrir un deuxième front, alors que la patrie était en danger. Le fait est pourtant que les violences commencèrent avec la Révolu- tion elle-même : sans attendre la guerre qu’en 1792 le gouvernement girondin déclara imprudemment. L’abolition des privilèges, durant la nuit du 4 août, fut moins le fait d’un accès de générosité des représentants de la noblesse et du clergé que de la grande peur suscitée, l’été 1789, par une succession d’émeutes, d’incendies, de pillages et d’assassinats, qui avaient vu parfois leurs victi- mes dépecées sur place par ceux qui les avaient tuées. La rentrée du roi à Paris se fit au mois d’octobre entre les têtes sanglantes, brandies par des harengères, des deux gardes qui avaient entendu protéger la reine des pulsions meurtrières des émeutiers. Lors du retour de l’équipée qui l’avait vu tenter, en juin 1791, d’aller rejoindre ses troupes en Lorraine, et alors qu’il avait été « arrêté » au mépris de tout droit sur l’ordre de La Fayette à Varennes, le roi avait été continûment insulté. Un gentilhomme étant venu le saluer à la portière reçut une décharge de fusil et fut achevé à coups de pioche. Des gardes nationaux affichaient leur intention de « confectionner des cocardes avec les boyaux de Louis et d’Antoinette et des ceintures avec leur peau ». Un curé qui venait de chanter la messe fut atta- ché sur un cheval et lardé de coups de baïonnettes. Aucun soldat étranger n’avait alors posé encore le pied sur le sol français. Symétriquement, lorsque, le 5 octobre 1795 (13 vendémiaire), le géné- ral Bonaparte sauva le régime des Thermidoriens en tirant au canon sur les 25 000 royalistes qui marchaient sur la Convention, la menace étran- gère était à ce point écartée que les armées françaises occupaient la Belgique, les Pays-Bas, la Catalogne et la rive gauche du Rhin. La Terreur n’avait pas été, entre-temps, le fruit d’un dérèglement acci- dentel mais, dans une société d’où avaient été répudiés les traditions, les lois, les garde-fous, les principes, et que l’on prétendait « régénérer » sur une table rase, le moteur même des événements. Elle avait fait (hors les guerres de Vendée) plus de 40 000 morts. On avance parfois la nature monarchique du régime pour justifier l’indul- gence du regard que nous portons sur les violences, sur les meurtres. Privés de représentation démocratique, les mécontents n’avaient pas eu, dit-on, d’autre moyen de se faire entendre. C’est le contraire qui est vrai. La rédac- tion des cahiers de doléances s’était faite, au printemps 1789, dans une liberté que nos campagnes électorales pourraient légitimement envier. Elle avait permis aux opinions les plus diverses, aux revendications les plus concrètes, de s’exprimer. Dans le discours qu’il avait prononcé, le 23 juin, devant les représentants des trois ordres, Louis XVI avait fait droit à l’essentiel de leurs demandes, celles-là mêmes que nous tenons pour l’acquis positif de la Révolution : la réunion régulière des représentants de la nation, l’égalité de tous devant l’impôt, la délégation de l’administration locale à des états pro- vinciaux, la suppression des lettres de cachet. La violence fut suscitée, provo- quée, instrumentalisée par les politiciens, les agitateurs, les folliculaires, pour obtenir autre chose, en s’affranchissant aussi bien de la légalité que du senti- ment commun de la population, tel qu’il peut transparaître de la lecture attentive des cahiers : le démantèlement de la souveraineté royale au profit des seules lois qu’on se serait données soi-même, l’assujettissement de l’Eglise, la vente des biens nationaux aux représentants de la bourgeoisie éclairée, celle qui s’était forgée, au sein de ses sociétés de pensée, de ses clubs, la conviction que le pouvoir, désormais, lui revenait. Elle s’en est emparée au prix des convulsions qui ont ponctué notre his- toire politique, tout au long du XIXe siècle, et au terme desquelles elle est par- venue à s’imposer, de fait, comme la classe dirigeante d’un régime nouveau. Elle l’a fondé sur quelques mythes, au premier rang desquels figure le carac- tère libérateur et finalement pacifique de la grande Révolution. Elle n’avait pas pensé que la violence originelle de ses procédés subsisterait, uploads/Litterature/ le-figaro-histoire-n043-avril-mai-2019.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jui 01, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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