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See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/240983611 Le livre d'Anaximandre et la société de Milet Article · January 1996 DOI: 10.3406/metis.1996.1046 CITATIONS 0 READS 645 1 author: Some of the authors of this publication are also working on these related projects: Symbolic elements of material culture in Galician (NW Spain) Protohistory View project Cultural Astronomy View project Marco García Quintela University of Santiago de Compostela 65 PUBLICATIONS 214 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Marco García Quintela on 19 February 2015. The user has requested enhancement of the downloaded file. Marco V. Garcia Quintela Le livre d'Anaximandre et la société de Milet In: Mètis. Anthropologie des mondes grecs anciens. Volume 11, 1996. pp. 37-68. Résumé Le livre d'Anaximandre et la société de Milet (pp. 37-68) En partant de l'idée que la prose poétique qu'emploie Anaximandre implique la recherche d'un public de concitoyens et, plus largement, de contemporains, on analyse l'histoire de Milet au Vème siècle pour identifier ces lecteurs-autiteurs. Leur existence est démontrée par la constatation que les cartes milésiennes demandaient, pour être comprises, d'être accompagnées d'une explication verbale. Puis, on examine le fragment d'Anaximandre dans le contexte de la crise sociale milésienne et du droit archaïque. En conclusion, on suggère que deux réformateurs, Téléclès et Hippodamos, dont Aristote expose les idées, présentent des traits idéologiques et politiques fortement analogues à ceux qu'on trouve chez Anaximandre. Citer ce document / Cite this document : V. Garcia Quintela Marco. Le livre d'Anaximandre et la société de Milet. In: Mètis. Anthropologie des mondes grecs anciens. Volume 11, 1996. pp. 37-68. doi : 10.3406/metis.1996.1046 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/metis_1105-2201_1996_num_11_1_1046 Le Livre d'Anaximandre et la Société de Milet A la mémoire de Carlos Alonso del Real Dans sa compilation des plus anciens philosophes de la bibliothèque du Lycée qu'il fait en suivant les directives de lecture d'Aristote1, Théophraste exprime parfois son point de vue sur le contenu des livres ou, du moins, de certaines phrases qu'il a lues et qu'il présente au cours de son exposé. Ainsi, il affirme qu'Heraclite a laissé ses écrits inachevés à cause de sa mélancolie. Il dit qu'Anaximandre s'exprime en termes assez poétiques et qu'Anaximène avait un style épuré en langue ionienne2. Ce genre de commentaires littéraires était généralisé chez les intellectuels grecs. Hécatée et Hérodote se moquent des efforts de leurs prédécesseurs, qu'ils considèrent puérils ou inexacts3. Platon/Socrate se plaint du décalage entre le contenu du livre d'Anaxagore et son titre ou préface4. De même Aristote considère qu'Heraclite aurait dû s'appliquer en ce qui concerne la ponctuat ion5. Pour sa part Cicéron pense que la prose de Démocrite était clairement destinée à la communication orale6. 1. J.B. McDiarmid, «Theophrastus on the Presocratic Causes», Harv. St. Cl. Philol., 61, 1953, pp. 85-156. Suit et développe H. Cherniss, Aristotle's Criticism of Presocratic Philosophy, Baltimore, 1935. 2. Heraclite: Diogène Laërce, IX 6, qui cite expressément Théophraste; Anaxi- mandre: Diels-Kranz, 12 A 9, Simplicius vient aussi citer Théophraste; Anaximène: Diogène Laërce, II 3, sans référence explicite à Théophraste cette fois-ci. 3. Hécatée, FGrHist, 1 F 1; Hérodote, IV 36, commentés par M. Détienne, L'invention de la mythologie, Paris, 1981, pp. 91-103. 4. Phédon, 97c-99d (Diels-Kranz, 59 A 47) et voir infra. 5. In Rhétorique, III 5 1407b 11 (Diels-Kranz, 22 A 4) qui fait allusion au fragment Diels-Kranz, 22 Β 1. 6. De oratione, I, 1 1, 49 et 20, 67 (Diels-Kranz, 68 A 34). 38 Marco V. Garcia Quintela Mais cela ne se limite pas à un seul courant intellectuel que nous pouvons appeler philosophique ou rationnel. A partir du passage à l'écrit de l'épopée traditionnelle tout au long de l'époque archaïque, sa discussion, sa critique, son exégèse et sa correction ont conduit à l'établissement d'une morale en accord avec les situations très changeantes de ce que l'on a appelé l'époque des expériences de l'Histoire de la Grèce7. Heraclite, Xénophane de Colophon ou Platon ont élaboré des parts importantes de leur pensée en opposition à la tradition épique. Pythagore essaie de la récupérer à son avantage et Parménide fait peut-être de même8. En ce sens, l'invention du commentaire allégorique de la poésie que font les rhapsodes professionnels a une place analogue9. La position littéraire de Phérécyde de Syros a donné lieu à de nombreuses exégèses (voir infra). Pour conclure, les anciens Grecs avaient parfaitement conscience de l'importance des formes qu'adoptait l'expression du savoir, de leur provenance et de la manière de les manipuler. Si Théophraste commente certains aspects de forme des livres d'Anaximandre ou Anaximène, c'est parce qu'il les considère pertinents et non pas seulement comme une démonstration d'érudition littéraire. Or s'il est aisé d'accepter ce fait comme prémisse, il n'est pas aussi facile d'en tirer des conséquences significatives. En effet, une étude uniquement rhétorique des textes de la philosophie naissante, comme s'il s'agissait de formes sans contenu, est-elle pertinente? Ou, au contraire. Peut-on comprendre les contenus sans tenir compte des nombreuses conditions matérielles qui les limitent? Je pense que la réponse est non dans les deux cas; de plus il faut poser d'une autre manière les questions auxquelles nous conduisent les données exposées. La question qui me semble pertinente est la suivante: quand Anaximandre 7. A. M. Snodgrass, La Grèce archaïque, le temps des apprentissages, Paris, 1986 (1980), au sujet de la critique à l'époque archaïque G.E.R. Lloyd, Magic, Reason and Expérience. Studies in the Origin and Development of Greek Science, Cambridge, 1979, p. lOetsqq. 8. Pour Pythagore voir M. Détienne, Homère, Hésiode et Pythagore. Poésie et philosophie dans le pythagorisme ancien, Bruxelles, 1962; pour Parménide, M.E. Pellikaan-Engel, Hesiod and Parmenides. A New View on their Cosmologies and on Parmenides Proem, Amsterdam, 1978. 9. G. Rocca-Serra, «Naissance de l'exégèse allégorique et naissance de la raison», in J.-F. Mattéi (éd.), La naissance de la raison en Grèce, Actes du congrès de Nice, mai 1987, Paris, 1990, pp. 77-82, remet en question la primauté traditionnellement admise de Théagène de Rhégium pour distinguer des personnages tels que Métrodore de Lampsaque et Stésimbrotos de Thasos. LE LIVRE D'ANAXIMANDRE ET LA SOCIÉTÉ DE MlLET 39 choisit la prose poétique comme style et le livre ou πίναξ comme support à qui prétend-il s'adresser? La réponse que donne Ch. H. Kahn me semble insuffisante: «It was he [Anaximander] who first wrote down his views περί φύ σεως, and thereby established a new literary form — the first in which prose was employed — which was to serve as the written basis for the new scientific tradition. His work is thus the ancestor for ail later spécimens of the genre, including the Timaeus, the physical treatises of Aristotle, and the De rerum natura of Lucretius. It is this written work which made possible the préservation and transmission of Anaximander's views, their discussion by Aristote, their summary by Theophrastus, and, finally, their citation by Simplicius in his commentary on the Physics. It is, as it were, this act of Anaximander in committing his ideas to writing which brought the history of Greek philosophy into existence»10. Rien de cela n'est faux, mais rien ne prouve qu'Anaximandre pensait à la postérité quand il écrivait. Les effets à plus ou moins long terme des actes des individus sont une chose, la justification et/ou la genèse de ces actes dans une psyché donnée en sont une autre et leur effet plus ou moins immédiat dans le contexte de la société dont ils émanent et qui, présumablement, en est la première consommatrice ou usagère, une troisième. Le texte de Ch. H. Kahn et, en général, l'histoire traditionnelle de la philosophie rendent compte de la première situation: l'établissement d'une dialectique dans le temps entre des pensées logiquement enchaînées les unes aux autres par leur contenu. La deuxième approche implique la compréhension de l'individu et appartient au domaine de la psychologie historique; elle serait, en elle-même, la plus intéressante. Néanmoins, nous devons reconnaître que, dans le cas qui nous occupe, nous manquons de l'information suffisante pour élaborer cette analyse. La troisième approche est celle que nous développerons ici pour répondre à plusieurs questions: en choisissant des formes poétiques, à qui Anaximandre s'adressait-il? Sa pensée avait-elle un sens pour ses concitoyens? Son œuvre a-t-elle eu des 10. Ch. H. Kahn, Anaximander and the Origins of Greek Cosmology, New York, 1960, pp. 6-7. Néanmoins, dans un article sur Empédocle de la même année («Religion and Natural Philosophy in Empedocles' Doctrine of the Soûl», Archivftir Geschichte der Philosophie, 42, 1960, pp. 3-35), Kahn établit la différence entre les deux poèmes d'Empédocle en fonction de leur public et de leur degré de communicabilité, spécialement pp. 27-30. 40 Marco V. Garcia Quintela échos dans sa cité? A chacune de ces questions correspond une partie de notre travail n. /. Milet et Anaximandre Pour situer Anaximandre et son public il faut nous intéresser à l'histoire de la cité de Milet. Or, dans cette histoire, ce n'est pas la véracité des faits, plus ou moins grande selon les cas, qui importe, mais le fait que les Milésiens, ou du moins des groupes ou secteurs déterminés de la cité, uploads/Litterature/ le-livre-d-x27-anaximandre-et-la-societe-de-milet-january-1996.pdf
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- Publié le Fev 05, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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