L'ART À L'ÉPOQUE DU VIRTUEL Collection arts 8 dirigée par Jean-Paul Olive et Cl
L'ART À L'ÉPOQUE DU VIRTUEL Collection arts 8 dirigée par Jean-Paul Olive et Claude Arney UFR Arts, Philosophie et Esthétique, Université Paris 8 Consacrée à l'art du)(Xe siècle et à la réflexion esthétique, la collection Arts 8 a pour vocation de diffuser les travaux collectifs de groupes et équipes de recherche, de promouvoir un débat transversal entre les diverses disciplines artistiques, et d'encourager les recherches et échanges autour de thématiques contemporaines importantes. Déjà parus: .Le récit et les arts, 1998 .Théârtre I, 1998 .Danse et utopie, 1999 .Théârtre 2, 1999 .Les frontières esthétiques de l'art, 1999 .L'art au)(Xe siècle et l'utopie, 2000 .A partir de Jean-François Lyotard, 2000 .La couleur réfléchie, 2001 .Dialogues sur l'art et la technologie, 2001 .Euridice 1600 - 2000, 2002 .Musique et mémoire, 2003 Publié avec le concours de l'UFR Arts, Philosophie et Esthétique, et du service de la Recherche de l'Université Paris 8 Sous la direction de Christine Buci-Glucksmann , , L'ART A L'EpoQUE DU VIRTUEL DÉPARTEMENT ARTS PLASTIQUES Université Paris 8- UFR 1 2, rue de la Liberté- 93526 Saint-Deniscedex L'Harmattan 5-7, nIe de l'École-Polyteclmique 75005 Paris FRANCE L'Harmattan Hongrie L'Harmattan Italia Hargita u. 3 Via Bava, 37 1026 Budapest 10214 Torino HONGRIE ITALlE Conception: Manuela de Barros, Jacques Morizot et François Soulages Couverture: Matt Mullican, FiveInto One, installation de réalité virtuelle et performance vidéo présentée dans Artifices2, Saint-Denis, 1992 Image: DIN-CNBDI Angoulême, colI Jean-Louis Boissier Mise en page: Philem Despine}T, Dan Vimard -Scop In studio 4 ~L'Hannattan,2003 ISBN: 2-7475-4417-6 SOMMAIRE TEMPS ET MODÈLES DU VIRTUEL par Christine Buci-Glucksmann > PREMIÈRE PARTIE: ARCHÉOLOGIE DU VIRTUEL IMAGE VIRTUELLE, IMAGE LATENTE, IMAGE PSYCHIQUE par François Soulages IMAGE, LANGAGE ET VIRTUEL par Jacques Morizot LE SOI, L'IMPERSONNEL ET LE PLURIEL, MODALITÉS DE LA SUBJECTIVITÉ A L'AUBE DU XXIe SIÈCLE par Georges Bloess LE THÉATRE D'OMBRES DE ZHENJUN DU entretien avec Zkenjun Du > DEUXIÈME PARTIE: ESPACES ET TEMPS VIRTUELS NATURE ARTIFICIELLE ET ARTIFICE NATUREL par Phillipe Codognet ARTS ET TEMPS VIRTUELS entretien avec Edmond Couchot LA MUSÉOLOGIE A L'ÈRE D'INTERNET, LE GUGGENHEIM VIRTUEL par Jérome Glicenstein MÉTAPOLIS, UNE VILLE VIRTUELLE entretien avec Miguel Chevalier VIRUS VIRTUELS par Joseph Nechvatal MEMBRANES ET TUNNELS entretien avec Maurice Benayoun RAISONNER LE DÉSORDRE entretien avec Anne-Marie Duguet DE L'INTELLIGENCE COLLECTWE par Marc Partouche > 9 > 25 > 37 > 51 > 77 > 83 > 95 > 103 > 113 >121 >127 >133 >139 >TROISIÈME PARTIE: CORPS VIRTUELS L'EVE FUTURE par Raymond Belour LE VIRTUEL INCARNÉ par Manuela de Barros SCÈNES VIRTUELLES DU CORPS par Emanuele Quinz RÉALITÉS VIRTUELLES par Jean-Clet Martin DOUBLES ET INSOUMIS.ES DU GENRE INTERSEXUALITÉ ET INTERMÉDIA par Maria Klonaris et Katerina Thomadaki MASQUES entretien avec Catherine Ikam > 147 > 171 > 187 > 197 > 211 > 231 LA CHAIR VIRTUELLE D'ORLAN par Orlan > 235 TEMPS ET MODÈLES DU VIRTUEL par Christine Buci-Glucksmann * I. UN TEMPS MACHINIQUE Imaginez une machine à la Wells, où l'on puisse remonter le temps, l'accélérer et le ralentir, en un jeu interactif d'images à plusieurs autour d'une table. Temps des horloges citées et déréglées, temps non chronologique, temps abstrait et machinique, telle serait la métaphore et l'idée du temps virtuel dans la Timetable de Perry Hoberman présentée à l'ICC de Tokyo (1999). Car ces réseaux pro- grammés, tour à tour proliférants ou vidés, semblent mettre fin aux formes du temps héritées de saint Augustin et de Kant au profit d'un devenir paradoxal où présent, passé et futur convergent en un éternel Présent, semblable au point unique de l'Aleph de Borges. Machinique et fluide, sans mémoire du sujet, mais non sans pro- gramme, la culture de la réalité virtuelle dessine une multiplicité événementielle à l'échelle planétaire. Si bien que cet œil-monde donne à voir le temps, réalisant ainsi le fantasme opérationnel d'un Duchamp: "Une pendule de profil, de sorte que le temps dispa- raisse, mais qui accepte l'idée de temps autre que lui-même". Bref un temps "extrarapide" et néanmoins posé, dans les moments potentiels et les démultiplications machiniques de ses "retards en verre", devenus retards à l'écran. Car, à la différence de la machine à explorer le temps de Wells, qui réalise une année par minute et engendre des "virtualités bizarres", tout un monde de "jolis petits êtres", pour mieux révéler la dualité du paradis et de l'enfer, le monde d'en-haut et celui d'en-bas habité par les "morlocks livides" des souterrains, ici l'explorateur du temps c'est vous ou moi. La machine du temps s'est mondialisée et, dans cette optique géante, tous les êtres virtuels, morlocks ou non, sont possibles, en direct, dans le temps réel de la téléprésence. Voir le temps, le faire apparaître et disparaître, est sans doute l'un des rêves artistiques les plus forts de l'Occident, qui n'a cessé de pratiquer tous les miroirs, les transparences et les écrans, du baroque aux architectures de verre de Bruno Taut, Mies van der Rohe, ou Philip Johnson. Sans oublier le Grand Verre duchampien, les miroirs anamorphiques et entropiques de Smithson, ou les Pavillons de Dan Graham. Car tout ce qui reflète et métamorphose la vision, tout ce qui la fragmente et engendre un "polycinéma" (Moholy-Nagy) et un "derrière le miroir", institue une machine de vision et une trajectualité qui déstabilise tout centre au profit d'un regard icarien et flottant, qui" cartographie" le temps, le démulti- plie et le projette en un nouveau lieu de regardeurs-acteurs. Aussi, dans ce moment historique marqué par le passage d'une culture des objets à une culture des flux, des écrans et des doubles, il faut faire retour à ce que j'ai appelé "une archéologie du virtuel", pen- sée selon le modèle de l'archéologie du moderne de Benjamin2. Car la société des réseaux ne reproduit pas le temps, fût-<:e dans un "à- présent" non chronologique qui en contracterait les moments. Elle le produit, le pulvérise, tout en exigeant un temps machinique spé- cifique et "dialogique", celui des manipulations, des simulations et d'une téléprésence mondialisée, propre à ces nouvelles machines abstraites et diagrammatiques, avec leurs images matricielles préa- lables et leur saisie éphémère. Dans cette optique, les machines du temps en art impliquent un passage de "l'image-cristal" analysée par Gilles Deleuze à l'image~flux propre aux écrans et aux devenirs, qui engendrent toute une constellation d'images et de temps "infra- minces", plus proches des cristaux liquides que des arêtes cristal- lines du modernisme3. Car si tout virtuel renvoie à une actualisa- tion qui modifie le réel, l'actualisation machinique des nouvelles technologies semble porter à son comble toutes les scissions anté- rieures du temps... Ephémère et conservé, pur devenir sans mémoi- re et pourtant entassant les données de l'information, subjectif et objectif, ce temps n'est pas humain au sens où il n'opère plus selon les rythmes biologiques de l'homme, qui se trouve de plus en plus 10 soumis à une dislocation schizophrénique entre son réel existen- tiel et son virtuel écranique. Si bien qu'avec cette société interactive des nouvelles solitudes, c'est toute la philosophie et l'anthropologie du temps qui se trouvent remises en cause, par le surgissement de temps artificiels, voire intemporels, qui questionnent radicalement les limites de l'humain par la création de prothèses, de doubles clo- nés et de toute une cyberculture ambiguë, où le fantôme de l'im- mortalité se profile à l'horizon du xxie siècle. La généralisation des écrans donne toute sa réalité au "miroi- rique" de Duchamp, mais aussi à ce "miroir neutre" et à cette "socialité blanche" dont parlait Jean Baudrillard dans La transpa- rence du mal. Avec tous les effets tragiques de ces "phénomènes extrêmes" propres à notre présent: stratégies virales, virulence banale et miroirs d'un terrorisme organisé électroniquement, où le double n'est pas seulement un clone ou une prothèse, mais bien une altérité déniée, meurtrie et neutralisée dans "l'enfer du même" cher à Nietzsche et Benjamin. Alors, "la pensée de l'éternel retour fait de l'événement historique lui-même un article de masse"4 et l'image devient "un attracteur étrange". Aussi, les questions de Kant: Qui suis-je, où suis-je, et que m'est-il permis d'espérer? font désormais retour, habitant le quotidien de tout un chacun et mettant à l'épreuve et, au premier plan, ce qui résiste: les corps en leurs lieux et enveloppes. Si bien qu'entre Protée et Icare, entre la métamorphose du Soi et l'envol dans une lumière en apesanteur, de nouvelles "formes de subjectivation" (Foucault) liées à ces temps rhyzomatiques et pluriels sont en train de se développer. Ce sont alors tous les dualismes hérités de la métaphysique et du moderne qui se trouvent remis en cause. Ceux qui structuraient le temps, entre le local et le global, le privé et le public, le stable et le déplacement, le corps et l'esprit .Car ces" sub- jectivations" naissent précisément d'un processus de désidentifica- tion du sujet qui le pluralise, le rend nomade et en réseaux, aggra- vant tous les retours d'un réel traumatique. Au point que le virtuel est en passe de réaliser les valeurs du troisième millénaire qu'Italo Calvino diagnostiquait dans ses Leçons américaines: la légèreté, la transparence et le mouvement-devenir, même si cette transparence a déjà son prix. TIfaut donc revenir à ce uploads/Litterature/buci-glucksmann-sobre-lo-virtual-en-el-arte.pdf
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- Publié le Jan 04, 2023
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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