Conférences Léopold Delisle Le livre grec des origines à la Renaissance Jean lr
Conférences Léopold Delisle Le livre grec des origines à la Renaissance Jean lrigoin Bibliothèque nationale de France 1, ' ' ' 0 , La conférence «Le livre grec" a été organisée, dans le cadre des conférences Léopold Delisle, par la Bibliothèque nationale de France avec le soutien d'Henri Schiller. Comité scientifique : Henri Schiller, collectionneur, bibliophile Thierry Grillet, délégué à la diffusion culturelle Jean-Marc Terrasse, responsable des manifestations culturelles Antoine Coron, directeur de la Réserve des livres rares François Avril, conservateur honoraire Jean-Marc Chatel a in, conservateur en chef à la Réserve des livres rares Les conférences Léopold Delisle offrent à un public de curieux et d'amateurs éclairés des synthèses inédites, érudites et à jour sur le thème du livre et des manuscrits. Léopold Delisle Ce grand érudit est une figure emblématique de la Bibliothèque nationale de France. Conservateur au département des Manuscrits, dont il a écrit une histoire magistrale, puis administrateur général de la Bibliothèque nationale de 18 74 à 1905, il a donné à la Bibliothèque des impulsions décisives en matière d'aménagements (début de la construction de la Salle ovale, installation des Manuscrits dans leurs locaux actuels) et une grande politique bibliothéconomique en introduisant un nouvel ordre dans le classement des ouvrages et en lançant la publication du Catalogue général des lil,res imprimés par ordre alphabétique. UbrrlĒ ్ Esalitē · fr111urii1t RÉPUBLIQUE FRANÇAISE .. ©Bibliothèque nationale de Fiance, 2001 ISBN 978-2-7177-2173-7 ISSN 1630-7798 Déjà parus: Marie-Pierre Lafitte, f?eliures royales du dé partement des Manuscrits (1515-1559) Monique Pelletier, Cartographie de la France et du monde, de la Renaissance au siècle des Lumières Jean lrigoin, Le Livre grec des orig ines à la Ren aissance Jean-Marc Chatelain, La Bibliothèque de l'honnête homme Francis Richard, Le Livre persan Christopher de Hamel, Les Rothschild collectionneurs de manuscrits François Desroches, Le Livre manuscrit arabe. Préludes à une histoire Jean-François Gilmont, Le Livre réformé au xv1° siècle Crédits photographiques Biblioteca Apostolica Vaticana . p. 54, p. 77, p. 88; bibliothèque Mazarine : p. 91 (ill. 62); British Library (by permission of the) : p. 12, p. 67, p. 70; Cambridge University Press: p. 10; Georg Olms Verlag: p. 28; Institut de papyrologie de la Sorbonne . p. 46; ôsterreichische Nationalbibliothek, Vienne : p. 49; Oxford University Press: p. 14, p. 32 (ill. 18), p. 36, p. 40; f'MN: p. 66; Staatliche Museen zu Berlin, Bilclarchiv Preussicher Kulturbesitz: 1" page de couverture; Staatliche Museen zu Berlin, Preussicher Kulturbesitz Antikensammlung: p. 18, p. 19, p. 23. Sommaire 7 Introduction 9 Athènes et la Grèce archaïque et classique 29 Alexandrie et le monde hellénistique 59 Rome et le monde gréco-romain 74 Constantinople et le monde byzantin 1 / Introduction L'histoire du livre grec écrit à la main occupe plus de deux millénaires jusqu'à l'invention de l'imprimerie. Prétendre la retracer en quatre conférences d'une heure serait une gageure. Il m'a paru plus intéressant, pour moi d'abord et j'es père aussi pour mes auditeurs et mes lecteurs, d'éviter les généralités en m'at tachant à décrire quelques étapes décisives d'une longue histoire. À chaque conférence est associé le nom d'une ville où le livre grec a connu un dévelop pement particulier. Et chaque fois mon exposé s'efforcera de mettre en lumière des faits peu connus, en particulier des découvertes récentes. Chemin faisant, nous constaterons qu'on ne peut dissocier l'histoire du livre de l'histoire littéraire ni même de l'histoire tout court. Mais notre point de départ et les points d'ancrage qui jalonneront notre itinéraire seront toujours des rǻalités concrètes: le livre, considéré comme un objet matériel, et l'écriture dont il est le support. Par chance, la Bibliothèque nationale de France présentait jusqu'au début du mois de mai 1999 un exposition dont le titre s'accordait avec mon propos : «L'aventure des écritures . . Matières et formes.» La matière dont est fait le livre, les formes qu'il prend, l'évolution de l'écriture qu'il porte, voilà ce que les auditeurs pouvaient aller contempler dans des vitrines toutes proches. Voilà aussi ce que, me limitant au livre grec, je vais essayer de décrire et, grâce à une illustration abondante, de montrer au lecteur tout au long des quatre étapes annoncées. Avant de prendre la route du temps, il me reste l'agréable devoir de remer cier Monsieur Henri Schiller, collectionneur et bibliophile, grâce au mécénat de qui se déroule le cycle de conférences Léopold Delisle, et Monsieur Thierry Grillet, alors chef du service des manifestations de la Bibliothèque nationale de France, qui en a assuré l'organisation. Et maintenant, j'ai le plaisir de mani fester ma gratitude au service des éditions de la Bibliothèque nationale de France qui a assuré avec autant de soin que d'art la publication de ces pages. f1 l 1 11 f, 1: 1 11 I ,\ Athènes et la Grèce archaïque et classique Les plus anciennes œuvres littéraires grecques qui nous soient parvenues sont l'Iliade et l'Od yssée. Qu'on les date du VII' siècle avant notre ère, qu'on fasse remonter un peu plus haut leur composition ou qu'on la descende légèrement, ces épopées représentent la pleine floraison d'un genre poétique plus ancien dont le mode de composition était oral. De ce genre poétique ancien rien ne nous est parvenu. Pour passer de l'oral à l'écrit, il fallait disposer d'un système d'écriture aisé à déchiffrer et d'un support approprié. Homère est venu au bon moment: il connaissait l'usage de l'écriture et ses poèmes ont été mis par écrit sur-le-champ 1• Rien n'a survécu des compositions antérieures. Quant aux épopées postérieures, la qualité de l'Iliade et de l'Od yssée les a vouées à l'oubli; il n'en subsiste que des fragments. La création de l'alphabet grec est antérieure à Homère. Mais l'usage de l'écriture pour transcrire des mots grecs remonte beaucoup plus haut. Il n'y a pas cinquante ans que nous le savons. C'est en 1952 que Michael Ventris a montré que des documents écrits en ce que les spécialistes appellent «linéaire B » - une écriture pratiquée en Crète entre 1450 et 1200 ans avant notre ère - étaient rédigés en grec, un état ancien de cette langue qualifié de mycénien 2. Peints sur des vases ou gravés sur des tablettes d'argile retrouvés en Crète depuis le début de ce siècle, puis dans divers sites du Péloponnèse (il!. 1) et jusqu'en Béotie, à Thèbes, ces documents écrits sont d'une lecture malaisée car le linéaire B est un syllabaire : chaque signe - un peu plus de quatre-vingts au total - représente une syllabe, au prix d'un certain nombre de _ s , onventions qui ne facilitent pas le déchiffrement. Seuls des spécialistes pouvaient lire et écrire. Le système avait été emprunté par les Grecs de l'époque aux Crétois dont l'écriture, plus ancienne et non déchiffrée à ce jour, est qualifiée de« linéaire A» (ill. 2). Un tel système ne convenait pas pour transcrire des œuvres littéraires. Il tombera hors d'usage peu après la date u·aditionnelle de la guerre de Troie, aux alentours de l'an 1200. Deux ou u·ois siècles passent pendant lesquels on ne retrouve pas de trace d'écriture dans le monde grec si ce n'est dans l'île lointaine de Chypre où l'usage du linéaire B se prolonge. Et voilà que se produit un nouvel emprunt. C'est aux Phéniciens, selon une tradition rapportée par l'historien Hérodote3 1 J. lrigoin.' Homère, l'écriture et le livre>, Europe, mai 2001, p. 8-19. 2 J. Chadwick, The decipher ment of LinearB, Cambridge, 1958 ; 2' éd., 1967. 3 Hérodote (Histoires, livre v, 58) dit que des Phéni ciens, venus en Béotie avec Cadmos, introduisirent entre autres nouveautés l'usage de leur alphabet, que les Grecs empruntèrent en le modifiant quelque peu, mais en reconnaissant son origine puisqu'i ls qualifient leurs lettres de phéniciennes (phoinîkêïa grammata). 1 ! . lU / et confirmée par l'épigraphie sémitique, qu'il est fait appel. Utilisé en Phénicie et en Palestine, l'alphabet cananéen de 22 signes notant 22 consonnes est trans formé par des Grecs en un alphabet véritable notant les voyelles aussi bien que les consonnes; comme les Sémites écrivaient de droite à gauche alors que les Grecs, comme le faisaient leurs ancêtres mycéniens, se sont mis à écrire de gauche à droite, un certain nombre de signes alphabétiques ont été remplacés par leur symétrique {ill. 3 ). L'alphabet grec est à l'origine d'un très grand nombre d'alphabets dans le monde, à commencer, via le latin, par le français. La constitution de l'alphabet grec, d'origine cananéenne pour les lettres qui vont d'alpha à tau et complété ultérieurement jusqu'à oméga avec de légères variantes propres à chaque cité, était strictement phonétique à l'origine, on devrait même dire phonologique : à chaque son correspond un signe et un seul, ilL ·1 Tablette de terre cuite en linéaire B trouvée à Mycènes liste de noms d'hommes, des boulangers à en croire la ligne la plus basse {n' 46 [Au 102] dans M. Ventris and J Chadwick, Documents in Mycenaean Greek, 2nd ed., Cambridge, 1973, p. 179 et 425). Atnenes et la Grèce archaïque et classique à chaque signe un son et un seul. Le déchiffrement de l'écriture uploads/Litterature/ le-livre-grec-des-origines-a-la-renaissance-by-jean-irigoin.pdf
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- Publié le Jui 20, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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