© Éditions Foucher SÉQUENCE 1 * Titre d’une nouvelle du poète et romancier Loui

© Éditions Foucher SÉQUENCE 1 * Titre d’une nouvelle du poète et romancier Louis Aragon (1897-1982). La fable, le conte, les récits imaginaires sont-ils réservés aux jeunes lecteurs ? Anne Ikhlef et Alain Gauthier, Mon Chaperon Rouge, © Seuil Jeunesse, 1998. LE MENTIR-VRAI* DES RÉCITS IMAGINAIRES 13 © Éditions Foucher Qu’en dites-vous ? • À quel genre appartiennent les histoires dont sont tirées les citations ci-dessus ? Si vous en avez lu, citez les titres qui vous ont marqué(e). • Quelles réactions ces œuvres peuvent-elles susciter ? Appuyez-vous sur les citations et les illustrations. • Dans cette première approche des récits imaginaires, comment comprenez-vous le titre de la séquence ? Que répondriez-vous à la question posée ? Aux pays des fées… « On donna pour marraines à la petite princesse toutes les fées qu’on put trouver dans le pays (il s’en trouva sept) afin que chacune d’elles lui faisant un don, […] la princesse eût par ce moyen toutes les perfections imaginables. » Charles Perrault, La Belle au bois dormant. … et des sorcières « La maison [de Baba-Yaga] d’os­ sements était faite, des crânes avec des yeux ornaient le faîte*, pour montants des portails de ti­ bias humains […] et en guise de cadenas verrouillant la porte, une bouche avec des dents prêtes à mordre. » Baba-Yaga, conte populaire russe. Fables de La Fontaine, mise en scène de Robert Wilson à la Comédie-Française en 2004. « Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. » Jean de La Fontaine, Les Animaux malades de la peste, Fables, VII, 1, 1678-1679. 14 5 30 35 10 15 20 25 30 Charles Perrault (1628-1703) Auteur des célèbres Contes de ma mère l’Oye, ou Histoires du temps passé (1697). 1> La Barbe-bleue de Perrault, en France au xviie siècle Il était une fois un homme qui avait de belles maisons à la ville et à la cam­ pagne, de la vaisselle d’or et d’argent, des meubles en broderies et des car­ rosses tout dorés. Mais, par malheur, cet homme avait la barbe bleue : cela le rendait si laid et si terrible, qu’il n’était ni femme ni fille qui ne s’enfuît de devant lui. Une de ses voisines, dame de qualité, avait deux filles parfaitement belles. Il lui en demanda une en mariage, et lui laissa le choix de celle qu’elle voudrait lui donner. Elles n’en voulaient point toutes deux, et se le renvoyaient l’une à l’autre, ne pouvant se résoudre à prendre un homme qui eût la barbe bleue. Ce qui les dégoûtait encore, c’est qu’il avait déjà épousé plusieurs femmes, et qu’on ne savait ce que ces femmes étaient deve­ nues. La Barbe bleue, pour faire connaissance, les mena, avec leur mère et trois ou quatre de leurs meilleures amies et quelques jeunes gens du voisinage, à une de ses maisons de campagne, où on demeura huit jours entiers. Ce n’étaient que promenades, que parties de chasse et de pêche, que danses et festins, que collations : on ne dormait point et on passait toute la nuit à se faire des malices les uns aux autres ; enfin tout alla si bien que la cadette commença à trouver que le maître du logis n’avait plus la barbe si bleue, et que c’était un fort honnête homme. Dès qu’on fut de retour à la ville, le mariage se conclut. Au bout d’un mois, la Barbe bleue dit à sa femme qu’il était obligé de faire un voyage en province, de six semaines au moins, pour une affaire de conséquence […]. « Voilà, dit-il, les clefs des deux grands garde-meubles ; voilà celles de la vaisselle d’or et d’argent, qui ne sert pas tous les jours ; voilà celles de mes coffres-forts où est mon or et mon argent ; celles des cassettes où sont mes pierreries, et voilà le passe-partout de tous les appartements. Pour cette petite clef-ci, c’est la clef du cabinet au bout de la grande galerie de l’appartement bas : ouvrez tout, allez partout ; mais, pour ce petit cabinet, je vous défends d’y entrer, et je vous le défends de telle sorte que s’il vous arrive de l’ouvrir, il n’y a rien que vous ne deviez attendre de ma colère. » […] Charles Perrault, « La Barbe-bleue », Contes de ma mère l’Oye, 1697. Comment les contes merveilleux, tout en inventant des univers imaginaires, évoquent-ils aussi le monde réel ? k Deux contes d’ici et d’ailleurs Illustration de Daniel Cacouault pour Barbe-bleue. © Éditions Foucher SÉQUENCE 1 Lecture À vos recherches multiculturelles ! Vous êtes breton, martiniquais… mais aussi « citoyen du monde ». Cherchez des contes témoignant de notre univer­ salité et de nos diversités culturelles. Lisez-les ou racontez- les en respectant leur structure. 15 5 10 15 20 25 30 Comparer et interpréter La structure des intrigues 1 Comparez le début des deux intrigues. 2 Comment imaginez-vous la suite des récits ? Les personnages et la morale des contes 3 Distinguez, dans les portraits et les relations des personnages, ce qui est vraisemblable. 4 Quels défauts sont critiqués ? Quelle sera, à votre avis, la morale de ces deux contes ? Les ingrédients du merveilleux 5 Dans ces récits, où se situe le merveilleux ? 6 Quels désirs et quelles peurs sont ainsi exprimés ? Le pouvoir des contes 7 Lexique Citez des mots montrant l’atemporalité des contes et d’autres révélant les contextes historique et géographique. 8 langue Relevez des effets d’oralité dans le texte 2. 9 Que pouvez-vous en conclure sur la visée des contes ? Pourquoi sont-ils encore lus ? Les indices de temps et de lieu • Les contes merveilleux se situent hors du temps. Ils débutent sou- vent par Il était une fois… • Les lieux des contes sont imagi- naires et leur description est im- précise. • Cependant, la langue du conteur, les portraits des héros, leurs dé- sirs et leurs peurs livrent de nom- breux indices culturels, historiques et géographiques. Repères 1 Élégant, distingué. 2 Maman, il en est sorti du sang. 3 Ouvre celle-ci, n’ouvre pas celle-là. 2> La Barbe-bleue de Eudor de Galon, conteur antillais Cette petite fille, qui donc était à marier, refusait tous les prétendants, si beaux et si riches qu’ils fussent. Elle ne les trouvait jamais dignes d’elle : elle était trop orgueilleuse ! Et sa vieille nourrice lui répétait : – Prends garde ! tu finiras par épouser un fantôme, à moins que ce ne soit le Diable lui-même. Elle ne voulait épouser qu’un homme aux dents bleues. […] Enfin, il arriva, on ne sait d’où, un homme, « belgame, briscan1 », un beau Blanc qui avait les dents bleues. Mais la maman était bien inquiète : cet homme n’était pas ordinaire ! Elle venait de s’en apercevoir à ses billets de banque qui avaient une odeur de cercueil, une odeur de mausolée. – Ma fille, dit-elle, voici une épingle d’or. Lorsque ton fiancé sera là, pique-le comme par mégarde. S’il sort du sang de la piqûre, c’est un honnête homme. S’il en sort de la matière – du pus –, c’est le Diable ! Coraline piqua son fiancé. Il en sortit de la « matière ». Elle l’aimait telle­ ment qu’elle n’en dit rien à sa mère. – Maman, c’est sang qui soti2. On fit une noce magnifique. Coraline partit donc avec son mari, l’homme aux dents bleues. Ils arrivèrent devant une belle case, sur un piton. Ils avaient très soif. Coraline se versa un grand verre d’eau de source. L’homme aux dents bleues tordit le cou à deux poulets, en but le sang tout chaud puis il remit à sa femme un trousseau de clés. Et lui montrant les portes de la case, et de la case à vent et de la case à farine, il disait : « Ouvè ta a, pas ouvè ta a…, ouvè ta a, pas ouvè ta a… ouvè ta a, pas ouvè ta a…3 » Puis il descendit dans la cour et donna à manger à son coq favori. […] Et le coq avalait une bouchée et, entre chaque bouchée, prenait une ­ gorgée d’eau. Quand ce fut fini, l’homme aux dents bleues enfourcha son cheval. […] Eudor de Galon, Thérèse Georgel, in Contes et légendes des Antilles, © Éditions Nathan, 1957. © Éditions Foucher 16 1  En 1668, Louis XIV annexe la Flandre. C’est la fin de la guerre de Dévolution. 2 À l’avantage. 3 Avec la peau des loups. 4 Représentants du roi pour l’établissement et l’exécution des traités. 5 Louveteaux. 6 Ils profitent d’un moment où… 7 Pas un seul n’en échappa. 8 En elle-même. 9 Sans loyauté. 5 10 15 20 25 Les mensonges et les vérités des fables • Récits imaginaires, les fables sont de pures affabulations car elles créent un monde où les ani- maux agissent, pensent et parlent comme les humains. • Toutefois, leurs mensonges sont au service de la vérité. Par le biais des animaux, les fabu- listes décrivent uploads/Litterature/ le-mentir-vrai-des-recits-imaginaires-sequence-1.pdf

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