Il est question d'“été de la honte” pour désigner les expulsions de roms. Mais

Il est question d'“été de la honte” pour désigner les expulsions de roms. Mais que dire de l'annonce de François Baroin, ministre du Budget, le 13 juillet, de rabo- ter une « niche fiscale » ? Attention, cette « niche » n'a rien à voir avec l'ISF ou la TVA qui sont des dérogations fiscales per- mettant de payer moins d'impôts dans cer- taines conditions. Non, le gouvernement nomme niche le droit d'étudier dans de bonnes conditions. L'idée annoncée était claire: les parents auraient dû choisir entre la demi-part fiscale par enfant étudiant à charge ou l'aide personnalisée au loge- ment (APL) pour ce dernier. En clair, payer plus d'impôts pour permettre à leur enfant étudiant de toucher cette aide ou payer la même chose et priver leur progéniture d'une allocation parfois vitale. Certains jeunes l'annonçaient : « mes parents ne pourront plus assumer », « je vais devoir trouver un travail pour financer mes études »... Les loyers, déjà bien chers dans le privé, auraient été inabordables pour beaucoup. Une nouvelle inégalité entre classes seraient nées et les classes moyennes en auraient encore souffert. Le 26 août, le gouvernement recule : un scoop, mais pas une surprise. Le gouver- nement sait qu'à force de raboter de pré- tendues niches, ceux qu'ils traitent comme des chiens finiront par mordre. Réforme des retraites, présen- tation du projet de loi des finances en Conseil des ministres en fin septembre, annonce de la stagna- tion des dépenses de l'État, suppression de 100 000 postes de fonctionnaire en trois ans et montée d'une xénophobie gênante pour la droite comme pour la gauche... Il ne fallait pas moins qu'une allocation pour l'instant garantie et d'un mois et demi de bourse supplémentaire pour faire passer la pilule. Rappelons-nous que Nicolas Sarkozy est le premier président à avoir été élu sans l'appui des 18-25 ans. Mettons cette information en relation avec la très forte mobilisation du 7 septembre et lisons l'équation obtenue. Les travail- leurs se sont mobilisés, les 100 000 signa- tures de la pétition du Front de Gauche ont été présentées le 8 septembre à l'Assemblée nationale, la mobi- lisation contre la politique sécu- ritaire se poursuit... Le choix du gouvernement de battre en retraite n'est que logique. Il ne veut pas réveiller une révolte étudiante qui serait ingérable mais plutôt lancer de la poudre aux yeux des jeunes apparte- nant aux classes moyennes. Ces mesures ne sont pas des cadeaux mais un calcul du gou- vernement. Tant que la réforme des retraites et le budget de rigueur ne seront pas passés, le statu quo demeura. Tant que le gouvernement aura besoin du silence des étudiants, il se prétendra bien- veillant. Mais après? Quand d'autres syndicats étu- diants crient victoire, l'AGEPS rappelle que même si le projet est pour l'instant aban- donné, la menace plane. Les étudiants savent désormais que le cumul entre la demi-part fiscale par enfant étudiant à charge et l'aide personnalisée au logement (APL) est considéré par la classe politique au pouvoir comme une niche fiscale poten- tiellement supprimable. De quoi se souve- nir de l'importance de la mobilisation pour notre droit à ne pas cumuler deux temps pleins -études et travail-mais aussi celui de rester serein face à l'avenir. Manon FERRANDI Éditorial Rentrée des "classes" Cette rentrée 2010 est char- gée, et on n'avait pas vu ça depuis longtemps ! Il faut dire que le gouvernement n'y est pas allé de main morte : Réforme des retraites, affaire Woerth-Bettancourt, expul- sion des camps de roms et rentrée d'enseignants sans stages... Et cette menace de voir interdire le cumul APL et demi-part fiscale pour les étu- diants, qui sont c'est vrai, si riches. Pour nous, sorbonnards, ces mois de rentrées sont aussi un défilé de surprises amères, le festival de la truelle et de la cloueuse électrique. Vous rentrez en première année d'histoire, de géographie, d'espagnol ou encore d'an- glais ? Clignancourt vous accueille, les meilleurs falafels de Paris, les meilleures pelle- teuses aussi ! Vous entrez en troisième année à la Sorbonne, 5 ème arrondisse- ment ? La moitié du bâtiment est condamnée, l'autre est versée dans un fatras digne des hôpitaux de campagne. Et si vous êtes chercheurs ou en préparation de concours ? La Bibliothèque est fermée ! Prenez-vous donc une cham- bre avec vue à la BNF... Alors dans cet automne qui sent bon la lutte des classes - celles des écoliers comme celles des sociologues - pour- quoi ne pas saupoudrer votre grise-mine avec un peu de militantisme ! Heureusement, l'AGEPS est toujours là, et qu'il s'agisse des retraites, des travaux - une cause menée en intersyndicale - ou de tous les ennuis qui croi- sent le chemin, si paisible c'est bien connu, de l'étudiant moyen. Alors, pourquoi ne pas passer le pas de notre porte, et venir s'investir au sein de l'AGEPS ? Julien AUVERT Président de l’AGEPS L’été est souvent pour les étudiants l’occasion de se ressourcer, parfois celle de remettre dans le vert leurs comptes bancaires. D’autres planchent sur leurs concours, notamment les candidats au CAPES et au professorat des écoles. Il arrive aussi que cer- tains irréductibles mobilisent durant cette période de « trêve » sociale les membres du Conseil d’État pour une procédure judi- ciaire. Pas moins de six référés suspension - annulation concer- nant les six décrets réformant le mode de recrutement des ensei- gnants des premier et second degrés : la fameuse masterisa- tion – ont été déposés. C’est ce que Sauvons l’Université, la FCPE, SUD-éducation, SUD-étu- diant, le Syndicat des Etudiants de Nantes et nous-mêmes – l'AGEPS – avons fait le 29 juillet dernier. Il y a cependant parmi vous, lecteurs, de nouveaux étu- diants pour qui tout cela reste obscur. En 2008, le ministère de l'éducation nationale annonce sa volontéde réformer les concours. Dans un discours de janvier 2009, le Président de la République souhaite revaloriser la carrière des enseignants en rehaussant le niveau de qualifi- cation, de bac+4 à bac+5. Or, cela n'était pas sans consé- quences. Alors que le concours de recrutement avait lieu l'année suivant l'obtention de la Licence (bac+3) et, qu'une fois le concours en poche, les lauréats étaient de vrais fonctionnaires- stagiaires (6h en cours, 12h en IUFM par semaine), voilà que l'année de stage passe à quelques semaines de stage entre deux périodes d'épreuve au sein même d'un master qui n'existe pas dans la moitié des universités et IUFM. Déroutant ? C’est sans compter une ambiance délétère depuis 2007 avec la loi de pseudo-autonomie des universités (LRU). La lecture des 27 numéros précédents éclairera votre lanterne. Le 3 août, la nouvelle tombe : le référé est rejeté par le Conseil d’Etat. Un jugement rendu sans audience – comme l'y autorise la loi – en raison du non-fondement de l’urgence mise en avant par les requé- rants. Il a jugé que nos argu- ments « ne permettent pas de caractéri- ser une a t t e i n t e suffisamment grave et immé- diate à un intérêt public ou à des intérêts que les requérants entendent défendre pour per- mettre de retenir que la condi- tion d’urgence est remplie ». En somme, hors de question de reporter la date des concours, qui auront bien lieu en novembre pour les CAPES, dès septembre pour le professorat des écoles. « La bonne marche du service public ainsi que l’intérêt des can- didats justifient que les concours puissent être organisés aux dates initialement prévues ». On pourrait disserter longtemps sur ce que l'on com- prend par « bonne marche du service public » et « intérêt des candidats ». D’autant que, depuis 2007, nous sommes pas- sés de 22 000 postes aux concours de l’éducation natio- nale, à 11 000. Mais de prime abord, le Conseil d'Etat et nous, les plaignants, n'en avons pas la m ê m e p e r c e p t i o n , s u r t o u t , lorsqu'il s'agit de préparer un concours si important en quatre mois au lieu de huit, voire une année et demie pour beaucoup ! Mais que nos lecteurs se rassu- rent. La procédure comporte deux temps : la suspension en urgence et le jugement sur le fond. Ce dernier aura lieu dans les quinze mois courant. Et il est certain, aux vues des impres- sions qui ressortent des premiers débats menés par le juge et de la publication d'un rapport à charge de l'Inspection Générale de l'Education nationale contre la masterisation, que ce ne sera pas une promenade de santé pour le Ministère. La date reste à ce jour à déterminer, mais une chose est sûre : ce n'est que par- tie remise. Simon VACHERON La phrase du mois En septembre dernier, Valérie Pécresse répond aux internautes de Libération : “ Le classement de Shangaï est biaisé et minore les performances des universités françaises. ” Voilà pourtant 3 ans qu’elle trouve dans ce classement la justification de sa poli- tique...On en rirait presque (jaune). TRAVAUX, RETRAITES, APL UNE uploads/Litterature/ le-sorbonnard-dechaine-n028-oct-nov-2010 3 .pdf

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