Léopold Sédar SENGHOR est né le 9 octobre 1906 à Joal, petite ville de la côte
Léopold Sédar SENGHOR est né le 9 octobre 1906 à Joal, petite ville de la côte sud du Sénégal. Il débute ses études à Ngazobil, mission catholique tenue par des missionnaires du Saint-Esprit. Il débarque à Paris en 1928, s’inscrit à la Sorbonne puis au lycée Louis le Grand (hypokhâgne et khâgne). Il développe dans ces années (1934), avec son ami Aimé Césaire, la notion de « Négritude, ensemble des valeurs du monde noir ». Agrégé de grammaire en 1935, il débute sa carrière de professeur de lettres au lycée Descartes à Tours. En 1939, Senghor est engagé comme officier dans l’armée française, affecté à la 59e division de l’infanterie coloniale. Prisonnier des Allemands en juin 1940, il échappe de justesse aux exécutions sommaires procédées par les nazis sur les tirailleurs sénégalais. Libéré en 1942 pour cause de maladie, il rejoint dans la résistance le Front National Universitaire. Elu en 1946 député socialiste de la circonscription Sénégal-Mauritanie, il quitte néanmoins la SFIO un an plus tard, et fonde en 1948 le BDS (Bloc Démocratique Sénégalais). Outre ses fonctions de député, il est nommé secrétaire d’Etat à la présidence dans le gouvernement d’Edgar Faure (mars 1955 - février 1956), participe à la rédaction de la Constitution de la Ve République, puis devient ministre conseiller dans le gouvernement Michel Debré. Premier président de la République du Sénégal en 1960, il quitte ses fonctions en décembre 1980, après avoir assuré une transition pacifique du pouvoir.Elu membre de l’Académie française en 1983, Senghor reçut de nombreuses distinctions en reconnaissance de son œuvre. Retiré à Verson (Normandie), il y finit sa vie le 20 décembre 2001. Quelques poèmes dédiés aux Tirailleurs sénégalais. AUX TIRAILLEURS SENEGALAIS MORTS POUR LA FRANCE Voici le Soleil Qui fait tendre la poitrine des vierges Qui fait sourire sur les bancs verts les vieillards Qui réveillerait les morts sous une terre maternelle. J’entends le bruit des canons –est-ce d’Irun On fleurit les tombes, on réchauffe le Soldat Inconnu. Vous mes frères obscurs, personne ne vous nomme. On promet cinq cent mille de vos enfants à la gloire des futurs morts, on les remercie d’avance futurs morts obscurs Die Schwarze schande ! Ecoutez-moi, Tirailleurs sénégalais, dans la solitude de la terre noire et de la mort Dans votre solitude sans yeux sans oreilles, plus que dans ma peau sombre au fond de la Province Sans même la chaleur de vos camarades couchés tout contre vous, comme jadis dans la tranchée jadis dans les palabres du village Ecoutez-moi, Tirailleurs à la peau noire, bien que sans oreilles et sans yeux Dans votre triple enceinte de nuit. Nous n’avons pas loué de pleureuses, pas même de larmes de vos femmes anciennes -Elles ne se rappellent que vos grands coups de colère, préférant l’ardeur des vivants Les plaintes des pleureuses trop claires Trop vite asséchées les joues de vos femmes, comme en saison sèche les torrents du Fouta Les larmes les plus chaudes trop claires et trop vite bues au coin des lèvres Oublieuses. Nous vous apportons, écoutez-nous, nous qui épelions vos noms dans les mois que vous mouriez Nous, dans ces jours de peur sans mémoire, vous apportons l’amitié de vos camarades d’âge. Ah ! puissé-je un jour d’une voix couleur de braise, puissé-je chanter L’amitié des camarades fervente comme des entrailles et délicate, forte comme des tendons. Ecoutez-nous, Mort étendus dans l’eau au profond des plaines du Nord et de l’Est. Recevez ce sol rouge, sous le soleil d’été ce sol rougi du sang des blanches hosties Recevez le salut de vos camarades noirs, Tirailleurs sénégalais. MORTS POUR LA REPUBLIQUE ! Léopold Sédar Senghor, Tours 1938 PRIERE DES TIRAILLEURS SENEGALAIS (guimm pour deux kôras) I Seigneur ! si je Te parle, Toi qui es l’Obscure Présence Ce n’est pas que la République m’ait nommé bon roi de mon, peuple ou député des Quatre Communes. J’ai poussé en plein pays d’Afrique, au carrefour des castes des races et des routes Et je suis présentement soldat de deuxième classe parmi les humbes des soldats. Toi qui es l’oreille des souffles minimes, qui entends les chuchotements nocturnes au-dedans des cases Que l’on a lancé la Sourde, la machine à recruter dans la moisson des hautes têtes Tu le sais – et la plaine docile se fait jusqu’au non abrupt des volontaires libres Qui offraient leur corps de dieux, gloire des stades, pour l’honneur catholique De l’homme. II « Sur cette terre d’Europe débarqués, désarmés en armes laissés pour solde à la Mort » -Ecoute leur voix, Seigneur ! – « Verrons- nous seulement mûrir les enfants nos cadets dont nous sommes les pères initiateurs ? « Nous ne participerons plus à la joie sponsorale des moissons ! « Nous n’entendrons plus les enfants oublieux du silence alentour et de pleurer les vivants « les cris d’enfants parmi les sifflements joyeux des frondes et les ailes et la poussière d’or ! « Nous répéterons pour une fête fanée déjà la danse autrefois des moissons, danse légère des corps denses « De notre moisson danse assaillante des bataillons un soir d’automne, hâ ! sans poudre peut-être ni cri de guerre. « Nous ne serons plus de la joie sponsorale des moissons , de la danse à la fin des jeux agonistiques « A l’aube devinée, quand des chœurs la voix lus faible des vierges se fait tendre et tendre le sourire des étoiles ! « Nous n’avancerons plus dans le frémissement fervent de nos corps égaux épaules égales « Vers les bouches sonores et les los et les fruits lourds de l’intime tumulte ! « Oh ! Toi qui sais si nous respirons à la moisson, si de nouveau nous danserons la danse de vie renaissante. Léopold Sédar Senghor, Paris, avril 1940 Ses œuvres Chants d'ombre (poésie), Ed. du Seuil, Paris, 1945. Hosties noires (poésie), Ed. du Seuil, Paris, 1948. Anthologie de la nouvelle poèsie nègre et malgache de langue française, précédé d'Orphée noir de J.P. Sartre, P.U.F., Paris, 1948. Chants pour Naett (poèsie), Ed. Seghers, Paris, 1949. Repris dans Nocturnes sous le titre de Chants pour Signare. Ethiopiques (poésie), Ed. du Seuil, Paris, 1956. Nocturnes (poésie), Ed. du Seuil, Paris, 1961. Liberté 1 : Négritude et humanisme (essai), Ed. du Seuil, Paris, 1964. Elégie des alizés poème avec une lithographie originale de Marc Chagall, Ed. du Seuil, Paris, 1969. Liberté 2 : Nation et voie africaine du socialisme (essai), Ed. du Seuil, Paris, 1971. Lettres d'hivernage (poésie), Ed. du Seuil, Paris, 1973. Paroles (extraits de prose), Les N.E.A., Dakar, 1975. Liberté 3 : Négritude et civilisation de l'universel (essai), Ed. du Seuil, Paris, 1977. Elégies majeures (poésie), suivi de Dialogue sur la Poésie francophone, Ed. du Seuil, Paris, 1979. La poésie de l'action (essai), Ed. Stock, Paris, 1980. Liberté 4 : Socialisme et planification (essai), Ed. du Seuil, Paris, 1983. Le recueil intitulé Poème (Ed. du Seuil) comprend, depuis 1964, Chants d'ombre, Hosties noires, Ethiopiques et Nocturnes et Lettres d'hivernage, depuis 1973. Une édition spéciale à l'occasion de la réception de l'auteur à l'Académie française intègre Elégies majeures. Oeuvre poétique, Coll. Points, Paris, avril 1990. Sources : Léopold Sédar Senghor Poésie complète, Coordinateur P. Brunel, Edition critique, CNRS Editions, Paris 2007 uploads/Litterature/ leopold-sedar-senghor.pdf
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- Publié le Oct 17, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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