Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert QUE SAIS-JE ? Les 100 m

Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert QUE SAIS-JE ? Les 100 mythes de la culture générale ERIC COBAST Professeur agrégé de l'Université Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert Avant-propos « Qu’est-ce qu’un mythe aujourd’hui ? Je donnerai tout de suite une première réponse très simple, qui s’accorde parfaitement avec l’étymologie : le mythe est une parole. » [1]. On se souvient de ces quelques mots qui ouvrent la seconde partie – théorique – de Mythologies en 1957. Roland Barthes y rappelait l’étymologie du mot : mythos, « la parole », en concurrence avec le mot logos que l’on traduit aussi par « la vérité ». Dès lors, par « mythe », on pouvait entendre la parole trompeuse, falsificatrice, voire mensongère. Dans tous les cas, c’était une parole séductrice, parole de poète, ou pire encore, parole de sophiste. De fait, le discours du mythe est un discours de fiction, mais qui n’est pas faux, au sens communément admis. Le mythe, dira Barthes, est détenteur d’une vérité qui s’exprime de façon indirecte, selon les modalités d’un système sémiologique second qui repose le plus souvent sur l’analogie et la métaphore. C’est donc une parole qui réclame l’interprétation. Mais quand et pourquoi recourir au mythe, dont le sens peut bouger avec les lectures ? Si lelogos s’impose au philosophe et à l’historien, le mythos fera l’affaire de l’artiste, de l’orateur, du prêtre, du politique – bref, de tous ceux qui n’ont pas le besoin, Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert l’intérêt ou le loisir du recours à la raison. Le mythe, en effet, parce qu’il touche l’imagination, joue sur la sensibilité et gagne ainsi en immédiateté, en efficacité et en simplicité. L’impression que suscite un mythe est puissante, profonde : elle rend sensible un message avant – ou au lieu – de le rendre intelligible. Là où la raison réclame du temps, de l’attention, une éducation, voire une méthode, le mythe ne demande rien. Il est donc indispensable à la transmission de ce que l’on juge universel, mais il est aussi une arme redoutable aux mains des démagogues. Le mythe se révèle ambivalent. Le recours à l’image rend la représentation qu’opère le mythe « évidente » ; voilà pourquoi le mythe simplifie le réel en même temps qu’il en « naturalise » l’expression. Il endosse ainsi un rôle idéologique, donnant le plus souvent l’illusion d’une « nature » nécessaire et immuable, intangible et parfaite, là où l’histoire a façonné une réalité complexe, mouvante et irréversible. Au fond, le mythe dédramatise, il retire du tragique à l’existence, il ajoute de la certitude à nos vies incertaines, il apporte la confiance que donne la croyance en un temps cyclique. Dès lors, le mythe, qui investit toutes les cultures, de la plus proche de la nature à la plus rationnelle, sacralise notre rapport aux choses. C’est cette dimension anthropologique et ethnologique que Mircea Eliade explore : « Étant réel et sacré, le mythe devient exemplaire et par conséquent répétable, car il sert de modèle et conjointement de justification à tous les actes Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert humains. En d’autres termes, un mythe est une histoire vraie qui s’est passée au commencement du Temps et qui sert de modèle au comportement des humains » [2]. Le mythe est d’abord fondateur, il renvoie à une origine sacrée, à une forme de parole imagée car première. De fait, le mythe est archaïque au double sens grec du mot : il commence et il commande. Sa puissance se nourrit du prestige des commencements. Il paraissait donc nécessaire – dans le cadre de ce travail que nous poursuivons de livre en livre, par la recherche des éléments constitutifs de cette « culture générale » improbable et pourtant bien réelle – de s’arrêter sur ces mythes qui structurent notre intelligence de la société, et qui sont autant de références implicites ou explicites auxquelles renvoie constamment notre vie culturelle. Les acceptions du mot « mythe » sont variées, et les modalités de ce discours très particulier sont mouvantes, on l’aura compris. Il semblait dès lors indispensable de structurer l’ouvrage selon cinq « entrées » : « Légendes », pour les récits mythologiques lointains ; « Fables », pour les apologues aux ambitions philosophiques ; « Personnages », pour ces masques façonnés par la littérature et qui dissimulent comme ils révèlent des types humains ; « Rumeurs », pour les détournements idéologiques et les falsifications délibérées ; « Cultes », enfin, pour les récits fondateurs. Comme toujours dans ce type d’exercice qui consiste à ne retenir qu’un nombre fini d’éléments, des choix ont été faits, mais en privilégiant autant que possible Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert la variété – celle des mythes d’autrefois, des mythes d’aujourd’hui, d’ici et de là-bas. Notes [1] Roland Barthes, Mythologies, Paris, Le Seuil, 1957. [2] Mircea Eliade, Mythes, rêves et mystères, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1989. Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert Chapitre I Légendes Ce qu’il faut lire » : l’obligation est portée par l’étymologie du mot « légende ». Pourquoi faut-il les lire précisément, ces récits transmis des temps les plus lointains grâce à L’Iliade, la Bible ou encore la Théogonie ? Peuplés de dieux et de héros, ils racontent des aventures à la fois étranges et familières, à juste distance de ce que nous sommes, pour que nous puissions, grâce à eux, mieux comprendre qui nous sommes. 1 ‒ Achille Achille – littéralement « celui qui fait souffrir l’assemblée des guerriers » –, fils de Pelée, roi des Myrmidons, et de la néréide Thétis, si belle que Zeus lui-même fut tenté de l’épouser, incarne à lui seul l’héroïsme. Sa mort devant Troie annonce d’ailleurs la fin d’un monde où la recherche de l’éclat, de la grandeur et de la renommée tient lieu d’unique conduite. Élevé par le centaure Chiron qui lui enseigna la course ainsi que le maniement des armes, Achille « au pied léger » fait le choix d’une vie brève mais Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert glorieuse contre celui d’une existence longue et obscure. Dissimulé parmi les femmes de la cour de Lycomède sur l’ordre de sa mère qui souhaite lui épargner la guerre de Troie, il séduit Déidamie, la fille du roi, avec laquelle il a un fils, Néoptolème (Pyrrhus), qui l’accompagnera au combat quand, découvert par Ulysse, il devra rejoindre l’armée d’Agamemnon. Achille s’illustre devant Troie. Homère loue sa vaillance en même temps qu’il évoque la colère d’un homme « semblable aux dieux ». C’est d’ailleurs bien la « colère d’Achille » que chante, dès les premiers vers, L’Iliade ; et, de fait, cette colère se manifeste à deux reprises : une première fois alors qu’il doit céder à Agamemnon le butin qui lui revient – en l’occurrence, Briséis –, ce qui entraîne son retrait du combat et provoque au sein des Achéens de nombreuses pertes. Les Troyens conduits par Hector ont l’avantage. La seconde colère est plus terrible encore puisqu’elle s’empare du héros à l’annonce de la mort de son ami Patrocle. La fureur d’Achille se déchaîne et il faudra toute l’émotion de Priam venu lui réclamer la dépouille d’Hector pour que le fils de Pélée faiblisse. Tous ces épisodes rappellent que les grands récits héroïques – ces épopées du monde antique – ne sont pas seulement de fastidieuses relations d’exploits guerriers : l’émotion y a sa part, elle est même au principe du poème. C’est la colère d’Achille, l’amour d’Hector pour Andromaque, la tendresse paternelle de Priam, l’amitié de Patrocle qui donnent aux exploits de ces demi-dieux leur Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert relief. À mi-chemin entre les dieux et les hommes, ces héros sont suffisamment proches de nous pour que l’on puisse s’identifier à eux, et assez loin pour qu’ils nous paraissent admirables. Mots-clés : Colère, Héros 2 ‒ Amazones (Les) Les Amazones constituaient un peuple légendaire de femmes guerrières qui vivaient dans l’actuel Caucase ; elles y fondèrent la ville de Thémiscyre. Placées sous l’autorité d’une reine, les Amazones n’acceptaient la présence des hommes parmi elles qu’une fois par an, pour perpétuer la race, éliminant par conséquent tous les nouveau-nés mâles. Ce sont des cavalières, réputées pour leur habileté au tir à l’arc, qui vivent de pillages et de rapines. De nombreux héros se sont opposés au pouvoir des Amazones. Le premier d’entre eux, Héraclès, chargé de ravir sa ceinture enchantée à la reine Hippolyte, finit par la tuer au cours d’un combat où il dut affronter nombre de ces guerrières déchaînées. Sous le règne de Thésée, les Amazones envahirent l’Attique, en réaction à l’enlèvement de leur reine, Antiope. Les Amazones aimaient la chasse, les exercices violents et vénéraient Artémis, la déesse d’Éphèse aux multiples mamelles. Leur mode de vie en fit des adversaires de l’ordre Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert masculin que par ailleurs uploads/Litterature/ les-100-mythes-de-la-culture-generale-eric-cobast.pdf

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