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See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/282064178 Les Métaphores - et leur traduction - dans la vie quotidienne Article · January 2013 CITATIONS 0 READS 2,604 1 author: Some of the authors of this publication are also working on these related projects: Petit dictionnaire permanent des 'actes de langage stéréotypés' (ALS) View project Yvon Keromnes University of Lorraine 34 PUBLICATIONS 32 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Yvon Keromnes on 29 April 2016. The user has requested enhancement of the downloaded file. Les M´ etaphores - et leur traduction - dans la vie quotidienne Yvon Keromnes To cite this version: Yvon Keromnes. Les M´ etaphores - et leur traduction - dans la vie quotidienne. Septet, 2013, pp.68-87. <hal-00944651> HAL Id: hal-00944651 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00944651 Submitted on 10 Feb 2014 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destin´ ee au d´ epˆ ot et ` a la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publi´ es ou non, ´ emanant des ´ etablissements d’enseignement et de recherche fran¸ cais ou ´ etrangers, des laboratoires publics ou priv´ es. 1 Yvon KEROMNES Les métaphores – et leur traduction – dans la vie quotidienne Summary : The aim of this paper is to examine how Lakoff & Johnson’s Metaphors We Live By fare in their translations into French and German, as a means to put their theory of conceptual metaphors to the test. If conceptual metaphors are revealed by idiomatic expressions that we use on a daily basis while paying little or no attention to them, do we find in the French and German translations of Lakoff & Johnson’s work the same conceptual metaphors, as evidenced by idiomatic expressions in the target languages? The answer is yes – to a large extent. Résumé : Le propos de cet article est de se pencher sur les traductions française et allemande de l’ouvrage de Lakoff & Johnson, plus particulièrement des expressions métaphoriques illustrant les différentes métaphores conceptuelles dont discutent les auteurs. Cet examen est en même temps le moyen de mettre à l’épreuve la théorie des métaphores conceptuelles : si l’importance de telles métaphores se révèle à travers les expressions métaphoriques que nous employons dans la vie quotidienne sans y prêter attention, est-il possible de proposer en français et en allemand des expressions métaphoriques correspondant à celles de l’ouvrage de départ et tout aussi idiomatiques, ce qui laisserait supposer l’existence des mêmes métaphores conceptuelles dans les trois cultures ? La réponse est oui... dans une large mesure. Introduction : Depuis l’antiquité jusqu’à aujourd’hui, les métaphores constituent un sujet d’étude privilégié dont l’intérêt, associé en particulier à l’étude du fonctionnement du langage, semble croître toujours davantage ; au point où G. Kleiber (1999:4) peut parler d’une bibliographie surabondante, ajoutant que « seul le domaine du temps et de l’aspect en a suscité une plus impressionnante encore ». Par ailleurs, le champ d’étude des métaphores n’est pas l’apanage de la linguistique, s’y entrecroisent les investigations de nombreuses disciplines, de la philosophie à la stylistique en passant par l’anthropologie, la psychologie et la psychanalyse. Les métaphores constituent donc un sujet éminemment interdisciplinaire, même si les tentatives de dialogue et de confrontations théoriques entre différentes disciplines à ce sujet sont finalement à la fois plutôt rares et assez récentesi. Au sein des sciences cognitives, dont 2 l’interdisciplinarité est en quelque sorte constitutive, on retrouve cet intérêt pour les métaphores, en particulier autour de l’ouvrage du linguiste G. Lakoff et du philosophe M. Johnson (1980), Metaphors We Live By, et de leur théorie des métaphores conceptuelles. La lecture de cet ouvrage place un peu le lecteur dans la situation de David Vincent, héros de la série américaine Les envahisseurs, lorsqu’il découvre que les métaphores, à l’instar des extraterrestres, sont « parmi nous », et que loin d’être confinées aux œuvres littéraires, elles sont omniprésentes dans notre vie et dans notre langue de tous les joursii... tout en passant totalement inaperçues la plupart du temps : les métaphores qui retiennent l’attention de Lakoff et Johnson se trouvent dans les expressions les plus naturelles, celles que nous employons tous les jours sans y réfléchir ; il s’agit de ce que l’on appelle communément des métaphores conventionnelles, ou « métaphores mortes ». Est-ce à dire que pour Lakoff & Johnson, et à l’inverse de ce que propose Ricœur (1975:84-85), il n’est de bonne métaphore qu’une métaphore morteiii ? Pas du tout : en fait, la position défendue par les auteurs est un retournement de ce présupposé. Un argument justifiant ce retournement est formulé dans Lakoff & Turner (1989:129), où les auteurs remarquent que notre conception d’une « métaphore morte » est pour l’essentiel erronéeiv, et que notre erreur repose sur une confusion élémentaire entre le vivant et le conscient. Plus une chose serait présente à notre esprit conscient, croyons-nous, plus elle serait vivante. Au contraire, remarquent Lakoff & Turner, ce qui est essentiel à tout moment à notre fonctionnement d’être vivant est ce qui en nous se produit instantanément et automatiquement, sans effort et inconsciemment. Au niveau mental, cette position est confirmée par les travaux de neurologie les plus récents, qui révèlent une part inconsciente de notre activité cognitive bien plus importante que ce qui avait été supposé jusque làv. La plupart des métaphores dites « mortes » sont donc en fait bien vivantes, et méritent que l’on s’intéresse à ce qu’elles révèlent du fonctionnement de notre pensée. Les métaphores conceptuelles : Les métaphores, selon Lakoff et Johnson, ne sont pas un simple ornement du langage plus ou moins facultatif, mais une aide à la pensée, un instrument cognitifvi. Penser LE TEMPS, C’EST DE L’ARGENT, c’est se donner les moyens (si l’on peut dire) de concevoir la notion abstraite de TEMPS comme une substance que l’on peut économiser, gaspiller ou perdre, que l’on peut aussi donner, se faire voler, etc. Sur un plan linguistique, nous pouvons donc rencontrer un ensemble d’expressions métaphoriques (« tu vas gagner du temps », « ne me fais pas perdre mon temps », « il faut 3 savoir partager votre temps »...) qui renvoient toutes à une même métaphore conceptuelle ; celle-ci correspond à la mise en relation entre deux concepts, un concept source et un concept cible, ou plus précisément à une projection du concept source sur le concept cible (cette relation est asymétrique) : Fig. 1 Une telle relation conceptuelle source – cible met en évidence certains aspects du concept cible, et corrélativement, en masque d’autres, c’est pourquoi il n’est pas rare pour un concept cible d’être l’objet de plusieurs métaphores, en association avec différents concepts sources. Les métaphores conceptuelles correspondent à notre besoin d’attribuer une forme, une structure à un concept pour pouvoir (mieux) le représenter et le manipuler. Les concepts cibles de ces métaphores sont donc le plus souvent abstraits, les concepts sources le plus souvent concrets. En bref, la théorie des métaphores conceptuelles propose un modèle du rapport entre langage et pensée tel que les représentations conceptuelles et linguistiques sont distinctes, et les secondes peuvent nous informer sur les premières. On peut difficilement penser sans ces métaphores, et lorsque l’on parle de mettre de côté les métaphores pour y voir plus clair, on est encore dans la métaphore. Métaphores conceptuelles, traduction et idiomaticité : L’ouvrage de Lakoff & Johnson a été traduit dans différentes langues, parmi lesquelles le français et l’allemand, traductions parues respectivement en 1985 et en 1997. Ces traductions représentent un objet d’étude tout à fait particulier, puisqu’il s’agit avec elles de faire passer à un ouvrage proposant un modèle théorique du rapport entre pensée et langage une épreuve métaphorique de « transfert de fond »... d’une forme de départ dans deux formes argent temps source cible 4 nouvelles. La traduction est donc en l’occurrence l’occasion d’engager avec cette théorie un dialogue critique, et une façon de confronter la théorie à la pratique. Ce qui est particulièrement convaincant dans l’ouvrage original est le caractère naturel et idiomatique des exemples proposés, ce qui, dans un ouvrage de linguistique, vaut tout de même la peine d’être noté ; il ne s’agit pas d’exemples de corpus, mais d’exemples pour la plupart suffisamment bien choisis pour refléter un usage effectif de la langue. Le caractère idiomatique d’un ensemble d’expressions apparentées conforte l’hypothèse d’une métaphore conceptuelle à leur origine. Or, l’idiomaticité est précisément ce qui appartient en propre à une langue, et ce qui ne se laisse donc pas traduire. Mais si nous posons un niveau de représentations conceptuelles distinct du niveau linguistique et pour l’essentiel non déterminé par lui, au contraire de ce que propose B.L. Whorf (1956), la conservation des métaphores conceptuelles à travers la traduction ne devrait pas poser problème... dès lors que ces mêmes métaphores existent dans la culture cible. Auquel cas il uploads/Litterature/ les-metaphores-et-leur-traduction-dans-la-vie 1 .pdf
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Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jan 07, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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