Les notes de musique doivent-elles être normalisées par un diapason (LA 440, LA
Les notes de musique doivent-elles être normalisées par un diapason (LA 440, LA 432 ou autre)? Les aléas historiques de la fréquence du LA Alain Boudet Dr en Sciences Physiques www.spirit-science.fr Résumé: Depuis 1953, une norme internationale recommande d'accorder les instruments de musique à la fréquence de 440 hertz pour le LA. C'est une volonté récente, car dans le passé, on ne s'intéressait qu'aux intervalles entre les notes et on ne savait pas mesurer leur fréquence. Fixer un diapason à 1 Hz près a un sens purement technique car musicalement, les notes émises par les instruments sont fluctuantes et varient avec la température et le souffle. Lorsque vous entonnez une chanson, vous ne vous souciez pas du diapason. La nécessité d'un diapason commun est apparue pour des motifs pratiques et commerciaux, afin de faciliter la musique professionnelle d'ensemble et la fabrication des instruments. Au moins jusqu'au 18e siècle, le diapason des instruments variait d'un endroit à l'autre, d'une époque à l'autre et d'un instrument à l'autre. Puis des tentatives de normalisation ont été effectuées, mais le choix des valeurs retenues a suscité des controverses, qui ne se sont pas éteintes avec la normalisation internationale de 1953. Le choix d'un diapason plus haut ou plus bas peut affecter le rendu sonore et la performance vocale des chanteurs lorsqu'il s'agit d'interpréter des œuvres écrites dans le passé. L'essentiel est l'impact émotionnel et physique de la musique sur l'auditeur. Il résulte de paramètres complexes qui dépassent de loin la question du diapason. Contenu • Les différents sens du mot diapason • La mesure des intervalles par les longueurs de corde • La mesure des fréquences sonores • La plasticité des notes instrumentales • La pression du souffle • La température ambiante • Quel est l'intérêt de fixer un diapason? • Je chante seul • Le chanteur au Moyen-Âge • La solmisation • La notation moyenâgeuse n'indique que des intervalles • Je chante en groupe • Je chante en étant accompagné par un instrument • Transposition • Les ensembles de musiciens • Accordage instrumental à la Renaissance et à l'époque baroque • La transposition entre instruments • Le besoin pratique de consensus • L'accordage des instruments anciens • Les méthodes de relevé des diapasons anciens • Un ton pour l'église, un autre pour l'orchestre, un autre pour l'opéra • Variations entre instruments • Évolution selon les époques • Plus haut? • Vers un diapason international unique • Tentatives de normalisation • Réactions en Europe • Les diapasons dits "scientifiques": DO 256 et LA 432 • 1939, le LA 440 • Les applications approximatives de la norme • Choix d'un diapason: plus haut ou plus bas? • Préserver la voix des chanteurs • Le rendu sonore des instruments • Diapason et standardisation industrielle • Produire à l'échelle mondiale • L'établissement de normes industrielles • Dans la création, tout est rapport • Mouvements dans l'espace • La mesure des longueurs • La Terre, la seconde et le hertz • La géométrie de la nature et du cosmos • Pour une musique vivante • Le sentiment de l'auditeur • L'intonation et les rapports entre notes • L'effet des fréquences sur l'âme et le corps • Pensées et intentions annexes • Hexacordes et solmisation au Moyen-Âge • En savoir plus Dans mes articles sur la musique, nous avons constaté que l'identité d'un mode musical repose sur la valeur des intervalles entre les notes qui le constituent, autrement dit sur les rapports que les notes ont entre elles. Nous indiquons par exemple que deux notes sont distantes d'une tierce ou d'une quinte (voir Défilés de modes). Nous avons également précisé qu'il y avait plusieurs valeurs possibles de la grandeur de cette tierce ou de cette quinte, selon le système d'intonation choisi, gamme tempérée ou autre (voir Ton et intonation juste). Cela dit, à aucun moment nous n'avons défini une hauteur pour une note seule, isolée, un LA ou un DO par exemple, sans la relier à une autre. Autrement dit, nous n'avons pas porté d'attention à la hauteur absolue des notes. Elle n'est pas intervenue dans les définitions et les choix des modes musicaux. Cette absence de référence à une hauteur fixe était de mise dans la pratique musicale du passé jusqu'au 18 e siècle, qui ne considérait que les intervalles entre les notes. Mais il est apparu récemment le besoin pratique de fixer la hauteur d'une note de référence, hauteur nommée le diapason, d'abord le DO puis le LA. De nos jours, tout chœur, avant d'exécuter une œuvre, prend le ton, c'est-à-dire que le chef entonne la première note qui sera chantée par chacune des voix, en se référant au diapason admis. De même, les musiciens d'un orchestre règlent leurs instruments afin que leur LA ait la hauteur assignée. Nous sommes tellement habitués à faire référence au diapason de fréquence 440 Hz, fréquence produite par l'objet métallique en forme de fourche nommé également diapason, ou par son homologue électronique, que nous ne nous demandons plus pourquoi et comment cette valeur a été déterminée. Il nous semble que cela fait partie des choses normales qu'on ne discute pas. Or c'est faux. Le diapason, au contraire, a été beaucoup discuté au moment où il est apparu dans l'histoire et il se discute encore maintenant. La normalisation du LA à 440 Hz est une recommandation internationale récente qui n'est pas obligatoire et n'est pas forcément respectée. C'est pourquoi, dans le monde, les fréquences du LA adoptées par les orchestres s'étalent sur une certaine plage. Elles sont souvent plus hautes que 440, par exemple 442 ou 444 Hz (voir le site de Franz Nistl, accordeur de piano). En contraste avec cette normalisation, l'accordage des instruments anciens au cours des 15e à 19e siècles s'étalait sur une plage d'environ 3 tons. Depuis deux siècles environ, certains musiciens ont milité, ou militent actuellement, en faveur d'une valeur bien particulière du diapason. Les uns réclament un LA de 432 Hz, d'autres un DO de 256 Hz, d'autres un MI de 528 Hz, etc., chacun estimant qu'il prône la meilleure valeur pour des raisons très éclectiques, parfois étayées, parfois circonstanciées, parfois étranges ou imaginaires. Cette situation nous amène à nous poser quelques questions: • Comment est apparu le besoin d'une normalisation du diapason? • Qu'est-ce qui a présidé au choix de la valeur de 440 Hz pour le LA? À partir de quelles données et de quels critères? • Cette valeur est-elle judicieuse, a-t-elle un fondement musical ou humain? • Devons-nous suivre cette recommandation, ou choisir une autre valeur? • Est-il même souhaitable d'imposer une quelconque norme de diapason? C'est ce que j'explore dans cet article. Je ne donne pas de réponse définitive sur le choix d'une valeur ou d'une autre. Je montre essentiellement la réalité de la pratique musicale et son rapport avec les aspirations des êtres humains. Le reste est affaire de gout personnel et de circonstances. Les différents sens du mot diapason L a hauteur de la note choisie comme référence (actuellement LA, anciennement DO ou FA) est appelée le diapason (en anglais concert pitch, en allemand Kammerton). Ce sens récent dérive de sens anciens bien différents. Dans son Encyclopédie, Denis Diderot (écrivain et philosophe français, 1713 - 1784) relate en 1780: DIAPASON: Intervalle de l'octave selon les anciens. Il ajoute deux autres sens qui ne se réfèrent pas du tout à une hauteur fixe: Tables dont se servent les facteurs d'instruments de musique. Étendue des sons convenable à une voix ou à un instrument. Pour disposer d'un repère pour cette "étendue convenable", les chanteurs et instrumentistes se sont servi d'instruments qui font entendre une note témoin et qui ont été nommés diapason. L'instrument - que j’appellerai diapason-fourche - est constitué d'une fourche en métal qui vibre et émet ce son lorsqu'on la frappe. La hauteur du son peut être ajustée en modifiant la hauteur des branches. Son invention est attribuée au trompettiste et luthiste anglais John Shore (1662-1752) en 1711. Le son émis est faible et pour mieux l'entendre, on doit poser l'instrument sur un résonateur, par exemple un petit caisson en bois, ou tout simplement sur le dessus d'un meuble. Par dérivation, [la note témoin] étant habituellement le LA 3, on en est venu à parler du « la du diapason », puis de « diapason » tout court. (Jacques Chailley, Encyclopédia Universalis) Ces instruments mécaniques sont de plus en plus remplacés par des appareils électroniques et d'excellentes "applis" pour téléphones mobiles qui produisent les fréquences sonores désirées. Le mot diapason est également employé pour les instruments à corde comme le violon ou la guitare pour désigner la longueur de la partie vibrante de la corde à vide. Ainsi pour le violon, le diapason est la longueur depuis le chevalet de la table jusqu'au sillet de la tête de manche, qu'on divise en deux parties, du chevalet jusqu'au rebord de la table et de ce rebord jusqu'au sillet. Dessin de Christian Urbita, luthier à Cordes sur Ciel. Reproduit de: Quelle longueur de corde vibrante pour le violon d’aujourd’hui ? La mesure uploads/Litterature/ les-notes-de-musique-doivent-elles-etre.pdf
Documents similaires










-
79
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Fev 24, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 1.2167MB