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Elle a écrit divers articles comme « L’identité légendaire d’AdrienPanaït : la filiation haïdouque » (Les haïdoucs dans l’œuvre de Panaït Istrati, L’Harmattan, 2002), « Panaït Istrati : une âme roumaine en langue française » (Francophonie roumaine et intégration européenne, Colloque international de Dijon, 2004, Actes parus en 2006), « Vers l’autre flamme (Istrati, Serge, Souvarine) : À l’heure du bilan dix ans après la Révolution russe » (Le Courrier international de la Francophilie, n° 23, 1er trimestre 2011, Galati) et « Le français comme langue du libreéchange chez Panaït Istrati » (ParisBucharest, BucharestParis/Francophone writers from Romania, Rodopi, 2012). Elle est aussi membre du bureau de l’association Les Amis de Panaït Istrati. Les « passages » en Suisse de Panaït Istrati de 1916 à 1930 ouvrent des perspectives qui auront de profondes répercussions sur le cours de sa vie. Le canton de Vaud et du Valais forment un étonnant creuset d’où émerge une combinaison de chemins qui sont autant d’étapes fondatrices. Si les recherches abordent souvent les périodes suisses d’Istrati, elles ne les traitent jamais dans leur intégralité. Il est temps de faire une rapide synthèse de ce que nous connaissons. Istrati(Panaït), Romain Rolland, Jéhouda (Josué), Parchet (Arthur), BaudBovy (MarieLouise), Bilili, Franzoni (François), amitié, vagabondage littérature francophone, récit, autobiographie, musique XXe siècle Roumanie, Suisse, France Les « passages » en Suisse de Panaït Istrati de 1916 à 1930 ouvrent des perspectives qui auront de profondes répercussions sur le cours de sa vie. Le canton de Vaud et du Valais forment un étonnant creuset d’où émerge une combinaison de chemins qui sont autant d’étapes fondatrices. Si les recherches abordent souvent les périodes suisses d’Istrati, elles ne les traitent jamais dans leur intégralité. Il est temps de faire une rapide synthèse de ce que nous connaissons. À la recherche d’un refuge Le monde, bouleversé par les soubresauts révolutionnaires et belliqueux dont la contagion ne cesse de progresser, voit de nombreux exilés prendre le chemin de la Suisse : Istrati est de ceuxlà. Pourtant, il n’y a pas que la guerre qui le pousse à quitter la Roumanie en 1916, raison qu’il ne met d’ailleurs pas en avant – ce qui est 1 étonnant pour un homme qui passera sa vie à dénoncer les injustices –, mais plutôt une situation matrimoniale et agricole en dérive. En réalité, son état de santé se détériore : une tuberculose récalcitrante l’oblige à se faire soigner en établissement. Admis au Sanatorium Populaire de Leysin (en fait, le Sanatorium des Alpes Vaudoises), il est contraint d’y séjourner pendant trois ou quatre mois. Il bénéficie autant de conditions de séjour appréciables dans un cadre magnifique, que des avancées médicales comme la technique de l’héliothérapie développée par le Dr Auguste Rollier dès 1903, qui donnait déjà d’excellents résultats1. Istrati profite alors de ses moments de repos forcés pour apprendre le français, lui qui était tout juste capable de « demander du pain et produire l’hilarité2 » : il procède en autodidacte, en lisant les grands classiques, sans autre outil qu’un dictionnaire qui ne le quittera plus. Luxe suprême, il apprend même à jouer du piano, « rêve éternel3 ». La fin du séjour au sanatorium rappelle Istrati à la dure réalité : « Quatre mois de claustration ! Quand je me réveillai à la réalité, autour de moi les murs étaient entièrement piqués, couverts de fiches, mon dictionnaire était en loques, et il ne me restait qu’un franc suisse4. » Il lui faut donc gagner sa vie pour survivre : « Je descendis pour chercher du travail… Le premier homme à qui je m’adressai – dans ma nouvelle langue – fut M. Creuze, Hollandais, entrepreneur de bâtiment et tuberculeux depuis de longues années. Je fus embauché d’emblée, mais il me dit en souriant : "Cher monsieur, vous parlez comme dans les livres."5 » Peintre en bâtiment, il loue ses services pour repeindre des chalets et même l’établissement de soin qui l’avait accueilli : « Une année de travail : je gravis la montagne entre LeysinVillage et LeysinFeydey ; je repeins des portes et je colle du papier sur des murs parfois ensanglantés6. » Occasionnellement, il déblaie la neige sur la patinoire du sanatorium MontBlanc à Leysin pour 5 francs par jour7. Mais il ne s’agit que d’emplois temporaires : sa tâche terminée, il doit se remettre en route. Il espère trouver plus facilement du travail à la ville : Au printemps de 1917, je descendais de Leysin à Lausanne pour chercher du travail. J’avais si peu d’argent qu’après deux jours de courses sans succès je fus obligé de supprimer la nuit à l’hôtel pour conserver mes économies destinées à la nourriture. Un agent de la ville, auquel je m’adressai pour demander un « tuyau » sur la possibilité de coucher sans payer, m’indiqua, assez dignement, un asile de nuit situé sous un haut pont, où, le soir venu, j’allai demander l’hospitalité8. 1 Liliane Desponds, Leysin : histoire et reconversion d’une ville à la montagne, Yens s/ Morges (Suisse), Éd. Cabedita, 1993, pp. 2729. L’héliothérapie avait été découverte vers 1899 par le Dr Oscar Bernhard, médecin des Grisons en observant les effets du soleil sur le séchage de la viande tel qu’il était pratiqué chez les paysans. 2 Lettre de Panaït Istrati à Romain Rolland, Genève, le 20 août 1919, Correspondance intégrale Panaït Istrati/Romain Rolland/19191935, SaintImier (Suisse), Canevas éditeur, 1989. 3 Lettre de Panaït Istrati à Romain Rolland, Genève, le 20 août 1919, op. cit., p. 28. 4 Interview de Frédéric Lefèvre, « Une heure avec Panaït Istrati », Les Nouvelles littéraires, 1er octobre 1927. Réédité dans Le Vagabond du monde par Panaït Istrati, Plein Chant, 1989, op. cit., p. 28. 5 Interview de Frédéric Lefèvre, « Une heure avec Panaït Istrati », op. cit., p. 108. 6 Interview de Frédéric Lefèvre, « Une heure avec Panaït Istrati », op. cit., pp. 108109. 7 Lettre d’Istrati à Rolland, 20 août 1919, op. cit., p. 28.. 8 Panaït Istrati, « Une rencontre », Le Pèlerin du cœur, Paris, Gallimard, NRF, 1984, p. 77. 2 En une nuit, il a le sentiment de perdre toute dignité humaine et pire encore lorsqu’il découvre avec horreur que son passeport porte les stigmates de son passage à l’« Asile de nuit de Lausanne »9 qui l’assimile désormais à la catégorie des vagabonds professionnels dont il n’a jamais fait partie. Son camarade d’infortune l’invite à aller à Cossonay : Làbas, il y a des usines. On y sera embauché, on embauche toujours làbas, car le travail est dur, ce sont des laminoirs et les ouvriers n’y restent pas pour se tourner les pouces10. En effet, Istrati trouvera un emploi aux câbleries. La concurrence est rude entre deux entreprises rivales, Dornach et Aubert & Grenier : les Postes fédérales développent leurs réseaux de façon intensive11 ; les cadences de travail sont sans cesse accélérées. Istrati sent déjà les prémices du taylorisme, cette « organisation scientifique du travail », appliqué dès 1918 en Suisse Romande, et instauré entre 1924 et 1931 dans les entreprises de câbleries de Cossonay12. Nous ne disposons pas d’informations précises sur les tâches effectuées en usine ; en revanche, Istrati déclare avoir planté des poteaux télégraphiques dans la vallée de l’Orbe13. Istrati quitte rapidement cet enfer néfaste à sa santé pour respirer l’air pur de la campagne dont la beauté ne le laisse pas indifférent : « La Suisse entière est un grand jardin renfermant miraculeusement ses Alpes aux neiges éternelles, et ses belles routes seront dignes un jour de se uploads/Litterature/ les-periodes-suisses-chez-panait-istrati-loxias-7364.pdf
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- Publié le Jul 08, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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