MAÇOUDI. LES PRAIRIES D'OR. TEXTE ET TRADUCTION PAR C. BARBIER DE MEYNARD ET PA
MAÇOUDI. LES PRAIRIES D'OR. TEXTE ET TRADUCTION PAR C. BARBIER DE MEYNARD ET PAVET DE COURTEILLE. TOME PREMIER. AVANT-PROPOS DES ÉDITEURS. En présentant au public le premier volume des Prairies d'or de Maçoudi, nous ne pouvons passer sous silence les circonstances qui en ont retardé la publication. Dans le courant de 1852, tandis que les éditeurs d'Ibn Batoutah inauguraient, avec un zèle si promptement couronné par le succès, l'importante collection d'auteurs orientaux dont l'initiative appartient à la Société asiatique de Paris, M. Derenbourg, chargé de l'édition des Prairies d'or, se mettait immédiatement { l'œuvre ; et, dès l'année suivante, un tiers du tome Ier était sous presse. M. Derenbourg, consacrant à ce travail tout le temps que lui laissait la rédaction du catalogue des manuscrits hébreux à la Bibliothèque impériale, avait déjà copié la moitié de l'ouvrage et relevé les variantes sur plusieurs manuscrits, lorsque des devoirs impérieux le mirent dans l'obligation de renoncer à une entreprise pour laquelle il était si bien préparé. En continuant la tâche de notre prédécesseur, nous sommes heureux de pouvoir le remercier ici des utiles matériaux qu'il nous a transmis, et du concours qu'il a bien voulu nous promettre pendant la durée de notre publication. Cependant les remaniements inévitables qu'entraîne un changement d'auteur ont ralenti notre marche pendant ces deux dernières années. Désireux de ne pas accroître les dépenses de la Société, nous avons dû placer une traduction nouvelle en regard de toute la partie du texte qui était déjà clichée, nous créant par là des entraves dont nous avons eu quelquefois beaucoup de peine à nous affranchir. Si plusieurs passages de notre traduction ont une allure contrainte, si l'expression arabe n'est pas rendue partout avec toute la fidélité ou la précision désirables, nous prions le lecteur de tenir compte de ces difficultés, contre lesquelles, heureusement, nous n'aurons plus à lutter. Nous réservons pour le dernier volume, consacré à l'index développé de tout l'ouvrage, les détails qu'on s'attendrait à trouver ici sur la personne et les écrits de Maçoudi. Notre but, en dérogeant à un usage généralement adopté, n'est pas seulement d'éviter de nouveaux retards ; nous voulons surtout ne rien livrer au hasard dans l'examen d'un livre qui occupe une place si importante dans le domaine scientifique des Arabes. La vie nomade et studieuse de Maçoudi, son génie, ses défauts ou, pour parler avec plus d'équité, les préjugés et les superstitions de son siècle, tant de notions, souvent exactes, parfois aussi confuses ou absolument fausses, c'est dans l'œuvre même { laquelle il a attaché son nom qu'il faut les étudier ; et, pour se renseigner sur la foule de questions accessoires qu'entraîne un si vaste sujet, on interrogerait vainement les biographies arabes ou les écrivains qui ont suivi de loin les traces de leur illustre devancier. Mais si la variété de ses connaissances et les richesses inestimables qu’il dut à ses lectures ou à ses voyages donnent une haute valeur à son livre, l'examen critique des matériaux de toute sorte qu'il mit en œuvre nous entraînerait loin des bornes d'une préface. Nous ne saurions nous entourer de trop de secours dans l'étude d'une question si large et si compliquée ; et, en prenant, dès ce moment, l'engagement de soumettre au lecteur, sous forme de mémoire, le résultat de ces recherches consciencieuses, nous ne nous dissimulons pas combien est délicate la tâche dont nous assumons la responsabilité. Bornons-nous aujourd'hui à résumer en quelques lignes la vie de Maçoudi, le caractère général de son livre et les matériaux qui ont été mis à notre disposition. Abou'l-Haçan Ali, fils d'el-Huçein, fils d'Ali, el-Maçoudi, appartenait à une famille originaire du Hedjaz, et il devait son surnom de Maçoudi à un de ses ancêtres, Maçoud, contemporain de Mahomet. Il vit le jour à Bagdad dans les dernières années du IIIe siècle de l'hégire. A peine sorti de l'adolescence, il s'exila volontairement afin de satisfaire son goût pour les voyages. Dès l'an 300 (912), il visita le Moultan et la ville de Mansourah. Trois ans plus tard, après avoir parcouru le Fars et le Kerman, il pénétra dans l'Inde et habita successivement Gambaye, Saïmour (304, 916 de J. C.), et passa peut-être à la même époque par l'île de Ceylan ; puis il s'embarqua à Kanbalou, qui n'est autre que Madagascar, et fit voile vers le pays d'Oman. D'après un passage un peu vague des Prairies d'or, on peut conjecturer qu'il navigua dans les parages de la Malaisie et jusqu'au littoral de la Chine ; quant à la mer Caspienne et aux côtes orientales de la mer Rouge, il n'est pas douteux qu'il ne les connût parfaitement. Après avoir consacré ses plus belles années à ces lointaines explorations, il rentra sur le territoire musulman pour coordonner les matériaux qu'elles lui avaient procurés. Il nous apprend lui-même qu'il était à Tibériade (Palestine) l'an 314 (926), et qu'il séjourna successivement à Antioche, sur les frontières de la Syrie et à Bassorah, en 332 (943), date signalée par la publication des Prairies d'or. Des circonstances qui nous sont peu connues le forcèrent à quitter l'Irak, et il passa les dix dernières années de sa vie tantôt en Syrie, tantôt en Egypte. En 344 (955), il était à Fostat ou vieux Caire, et y rédigeait le dernier de ses ouvrages, celui qu'il a surnommé le Livre de l'Avertissement (Kitab et- tenbih). Ce fut dans cette même ville qu'il mourut l'année suivante à un âge peu avancé, s'il faut en croire Abou'l-Mehasin.[1] Maçoudi nous a laissé, dans la belle préface de ses Prairies d'or, la liste de ses principaux ouvrages. En rapprochant cette liste de certains passages du Livre de l'Avertissement, on retrouve les titres de vingt-trois compositions de tout genre, dont quelques-unes, comme les Annales historiques (Akhbar ez-zeman) et le Livre moyen (Kitab el-awsat), n'avaient pas moins de vingt à trente volumes. En présence de cette masse énorme de documents réunis pendant une existence si courte et dont les voyages absorbèrent la plus grande partie, on ne peut se défendre d'un sentiment d'incrédulité, et l'on serait porté à croire, avec S. de Sacy, que plusieurs de ces écrits étaient, non pas des traités spéciaux, mais différents chapitres d'un même ouvrage. Cependant, indépendamment de la distinction si nettement établie par l'auteur lui-même entre ses autres ouvrages et les Prairies d'or, il serait facile de retrouver, dans les beaux âges de la littérature arabe, des exemples d'une aussi étonnante fécondité, et de citer, à côté du nom de Maçoudi, ceux de Bokhari, d'Ibn el-Athir et de Mohammed el-Bosti. D'ailleurs, à en juger d'après les Prairies d'or et le Livre de l'Avertissement, les seuls de ses écrits qui existent en Europe[2] notre auteur écrivait avec une extrême précipitation ; son style heurté et quelquefois incorrect, ses redites, ses contradictions prouvent la rapidité et le laisser- aller de son travail. On voit que l'abondance de ses matériaux le gêne, et qu'il ne s'est pas donné le temps de faire un choix judicieux parmi tant de trésors. Sa vive imagination embrasse d'un coup d'œil mille objets divers : histoire, géographie, étude des races et des religions, sciences et arts, traditions et contes populaires ; il a tout appris, tout retenu, et il veut tout dire en même temps au lecteur. Malgré un certain ordre dans la classification des matières, il ne suit pas un plan méthodique, et l'art si délicat des transitions ne l'embarrasse guère ; c'est ainsi que dans le chapitre XVI du Moroudj, après avoir promené le lecteur dans toutes les mers du globe, lui avoir fait traverser les steppes du Thibet et du Khoraçan, il le ramène brusquement en Espagne, puis dans l'Inde, et clôt cette course vagabonde par une incroyable digression sur la médecine indienne, dont la naïveté met le traducteur au supplice et ne dispose pas le lecteur à l'indulgence. Hâtons-nous de dire que, pour apprécier sainement la valeur des Prairies d'or, il faut tenir compte de la place que Maçoudi leur avait assignée dans la série de ses travaux. Rien n'est plus défavorable à la réputation d'un auteur qui a beaucoup produit que d'établir un jugement définitif sur l'examen partiel de son œuvre. Le Livre de l'Avertissement, que Quatremère nomme un peu trop poétiquement le chant du cygne, à le considérer isolément, n'est qu'un résumé froid et décharné, une fastidieuse nomenclature de noms et de dates dont la lecture offre aussi peu d'attraits que celle d'une table des matières. Mais, dès qu'on le rapproche des Prairies d'or, il acquiert soudain une valeur inespérée : les faits laissés dans l'ombre s'illuminent d'une vive clarté, l'esquisse incolore s'anime, et mille renseignements inattendus naissent de cette double étude. Sans nul doute, les Prairies d'or n'auraient pas moins gagné à un pareil examen, si le temps ne nous en avait pas ravi les éléments. On sait que les Annales historiques de Maçoudi, son œuvre capitale, et l'Histoire moyenne, qui en était le complément, offraient le répertoire complet de l'érudition musulmane au IVe siècle de l'hégire. Mais l'étendue de ces deux ouvrages en rendit, du vivant même uploads/Litterature/ les-prairies-d-x27-or-de-massoudi.pdf
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- Publié le Mai 06, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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