École pratique des hautes études. Section des sciences historiques et philologi

École pratique des hautes études. Section des sciences historiques et philologiques. Livret-Annuaire Linguistique et philologie celtiques Pierre-Yves Lambert Citer ce document / Cite this document : Lambert Pierre-Yves. Linguistique et philologie celtiques. In: École pratique des hautes études. Section des sciences historiques et philologiques. Livret-Annuaire 19. 2003-2004. 2005. pp. 511-514; https://www.persee.fr/doc/ephe_0000-0001_2003_num_19_1_11416 Fichier pdf généré le 18/05/2018 Rapports sur les conférences 511 LINGUISTIQUE ET PHILOLOGIE CELTIQUES Directeur d'études : M. Pierre- Yves LAMBERT Programme 2003-2004 : 1. Vieil-irlandais : Extraits de la Tain Bô Cuâilnge première version. — IL Gallois ancien : Le poème d'Aneirin. — III. Questions de vieux-breton et de celtique continental, les vendredis de 14 à 17 h. I. La première heure était consacrée à la lecture d'extraits de la Tain Bô Cuailnge, « Razzia des vaches de Cualang », première version : on a étudié le début du texte d'après l'édition de Cécile O' Rahilly, et quelques passages des exploits d'enfance de Cû Chulainn, d'après les textes normalisés par J. Stra- chan et O. Bergin, Storiesfrom the Tain, Dublin, Royal Irish Academy, 3e éd. 1944. Comme d'habitude, l'accent a été mis sur l'explication linguistique des passages étudiés. II. La deuxième heure était consacrée à un texte en gallois archaïque, le poème épique des Gododdin, traditionnellement attribué à Aneirin, un poète du VIe s. apr. J.-C. Ces textes, conservés dans un manuscrit unique appelé le Livre d'Aneirin, remontant au xne s., présentent beaucoup de difficultés philologiques. Plusieurs poèmes apparaissent sous deux formes différentes, ce que l'on a appelé les versions A et B : l'ensemble B est lui-même composite, car on y trouve parfois deux versions différentes de la même awdl (poème, laisse). Il est sûr que la transcription remonte à l'époque du vieux-gallois, mais les archaïsmes du verbe et de certaines flexions remontent plus haut encore. Les spécialistes penchent aujourd'hui pour une date de composition qui serait pratiquement contemporaine des événements rapportés : un royaume breton du nord, occupé par le peuple des Gododdin (= Votadinoi chez Ptolémée), avec pour capitale Catterick (lat. Cataracta, gall. Cadraeth), est en lutte contre l'invasion des Anglo-Saxons, basés en Bernicia (les « Bryneich », dans le texte gallois), et en Deira (les « Deifr »). Un poète, Aneirin ou Neirin (= Nigrinus), entreprend de chanter les différents héros, à la fin du vie s. apr. J.-C. Le meilleur auteur sur le sujet, Ifor Williams, a laissé un commentaire abondant sur le vocabulaire (Ifor Williams, Canu Aneirin, Caerdydd, 1938) : malheureusement, cet auteur s'abstient le plus souvent de choisir entre les différents sens possibles. Un livre récent de John Koch, The Gododdin of Aneirin, Text and Contextfrom Dark Age Britain, Cardiff, Univ. of Wales Press, 1996, 512 Livret-Annuaire 19, 2003-2004 s'est attaché à reconstituer le texte original des poèmes, en vieux-gallois archaïque. C'est un livre stimulant qui a entièrement renouvelé l'étude de ces poèmes. D'après John Koch, il faudrait situer la bataille de Catraeth vers 570: ce serait en fait un épisode de la rivalité entre deux royaumes bretons du nord de la Grande-Bretagne : Gododdin et Rheged; les Anglo-Saxons ne seraient intervenus qu'à titre de mercenaires, sur les deux fronts. Le royaume de Gododdin aurait petit à petit disparu au début du vne s., et un autre royaume breton de la même région, le Strath Clyde (gall. Ystrad Clwyd) aurait alors récupéré cette épopée, entre autres motifs parce qu' il y avait lieu d'entretenir un esprit com- battif (le pays était sous la pression des Dâl Riata, au nord, et des Anglo-Saxons de Bernicia qui avaient finalement occupé le territoire des Gododdin, à l'est), et parce que leur saint patron Kentigern était originaire de la région des Gododdin. Le « vrai » Aneirin serait le poète de Strath Clyde qui, au vne s., a couché par écrit la version de Strath Clyde, mais il existait une autre version, en Rheged et dans le nord du Pays de Galles. Le livre de John Koch est d'une grande originalité : l'auteur, qui a beaucoup travaillé sur les possibilités philologiques du texte, apporte quantité d' idées neuves, sur les plans historiques et linguistiques. Son exemple a été suivi par Graham Isaac (cf. entre autres Cambrian Médiéval Celtic Studies, 37 [Summer 1999], p. 55-78). Ces poèmes ont été lus avec tout le soin et la patience nécessaires : on n'a pu étudier qu'une vingtaine d'entre eux. L'interprétation reste souvent assez hypothétique : les mots archaïques sont l'objet de théories parfois contradictoires. Dans notre explication, nous avons cherché à initier les auditeurs aux problématiques les plus courantes : nous avons lu le commentaire d' Ifor Williams, et commenté les traductions de Kenneth Jackson (cf. Kenneth Jackson, The Gododdin, The Oldest Scottish Poem, Edinburgh, 1969) et de John Koch. Il est clair que les archaïsmes sont légion. Quelques nouveaux exemples ont été identifiés : ainsi, on sait que les imparisyllabiques du latin peuvent facilement fournir deux emprunts, correspondant à deux syllabations, ciuitas > cywyd, et civi- tatem > ciwdawd. On a proposé de même de retenir : Trinitas > Trinet (à côté du plus courant Trindawt), et ordines > urdyn, (aussi ordin ?) désignant certainement les officiers. D'autres textes gallois plus faciles ont été lus : des extraits de poésie religieuse (La pénitence de Llywelyn et Gwrnerth: Le départ en pèlerinage), des extraits du Dialogue d'Adrian ac Epictitus, etc. III. La troisième heure a été occupée à présenter des documents nouveaux du gaulois, ou des documents rares du breton. Parmi ces derniers, le Catéchisme de Gilles de Kerampuil (1576), dont on a vu la préface, et quelques prières. On a lu des passages du Mystère de saint Gwénolé. Dans les imprimés Rapports sur les conférences 513 populaires bretons, on a choisi d'étudier « L' Enfant sage » (publié par Lédan, Morlaix, vers 1825) et la « Pastorale pour la Naissance de notre Seigneur », traduction servile d'une pastorale française rédigée par Claude Macée au xvme s. Mais des versions orales et dialectales très évoluées ont été enregistrées à Poul- laouen et à Bubry. Concernant la langue gauloise, nous avons présenté aux auditeurs quelques publications récentes. Les Conférences ont été suivies par Mme Dominique Beugras et par MM. Emmanuel Arbabe, Christophe Archan, Gilles Blanchard, Gregori Bondarenko, Henri Calvez, Yannick Dabo, Christian David, Jean Fuzellier, Guillaume Floc'h, Claude Lamoureux, Hacine Nedjar, Pierre Schaltenbrand, Olivier Viron. Activités et publications du directeur d'études Le directeur d'études a été élu correspondant de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. — II a été nommé à la section 73 du CNU. Le directeur d'études a participé au jury pour la soutenance de la thèse d'Olivier Viron, « De la société clannique à l'État monarchique : l'évolution du pouvoir royal en Irlande entre les vme et xne siècles » (Paris-1, 19 décembre 2003). [Omis dans le rapport 2002-2003 : participation au jury pour la thèse de Magali Bailliot, « Pratiques magiques et croyances dans les provinces occidentales de l'Empire romain (i-ive s.) », soutenue à Paris-I le 29 janvier 2003]. Le directeur d'études a suivi les travaux de Gael Hily, étudiant à l'université de Bretagne occidentale, Brest, sur le dieu Lugus. Il a aussi conseillé deux étudiants de la section d' anglo-irlandais, à l'université d'Avignon, pour leur dea concernant la littérature irlandaise. Le directeur d'études a travaillé à la préparation d'un nouveau volume de la revue Études celtiques . — II a préparé l'édition des actes du colloque de Clermont-Ferrand, Gaulois et Celtique continental. — II a collaboré, avec Michel Feugère, à l'élaboration d'un dossier sur « L'écriture dans la société gallo-romaine », à paraître dans la revue Gallia. Conférences : à l'université du Pays basque, Vitoria, sur invitation, conférence sur les « Documents gaulois récemment découverts » (16 janvier 2004). — Conférences dans le cadre du dea d'anglo-irlandais à Paris-III, les 20 janvier et 3 février 2004, thèmes : la société irlandaise médiévale ; la culture gaélique ancienne. — Communication à l'Académie des inscriptions et belles-lettres, le 30 avril 2004, en association avec M. Yves Burnand, professeur émérite de l'université de Nancy, sur « Une nouvelle inscription gauloise trouvée à Naix- aux-Forges, Meuse ». 514 Livret-Annuaire 19, 2003-2004 Participation à des colloques : Tréguier, 18-20 septembre 2003, UBO, Brest, Rennes-II et CRBC, colloque « Le devenir de saint Yves » : conférence sur « Le reliquaire de Quimper ». — Udine, 21-23 novembre 2003, École française de Rome et Service archéologique de Vénétie-Frioule, thème : Celticità di confine, conférence sur « Comment définir les langues celtiques, du point de vue comparatif, et du point de vue typologique ». — Mannheim, 17-18 décembre 2003, Universitât Mannheim, Seminar fur alte Geschichte, « Colloquium antiker Schadenzauber », conférences sur « Une defixio inédite, la tablette de Deneu- vre, Meurthe-et-Moselle » et « Réflexions sur la magie des defixiones latines ». — Lille, 3-5 juin 2004, Lille-III, équipe HALMA, et CNRS, Centre d'études celtiques, thème : « Feux des morts, foyer des vivants », conférence sur « Le rituel du foyer domestique en Irlande ». Publications : « Les Recueils des inscriptions gauloises : historique de la recherche », uploads/Litterature/ linguistique-et-philologie-celtiques.pdf

  • 12
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager