Linx Revue des linguistes de l’université Paris X Nanterre 48 | 2003 Approches
Linx Revue des linguistes de l’université Paris X Nanterre 48 | 2003 Approches syntaxiques contemporaines Muller, Claude (2002) Les bases de la syntaxe. Syntaxe contrastive français-langues voisines Pessac, Presses Universitaires de Bordeaux, 454 pages, 30 € Danielle Leeman Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/linx/240 DOI : 10.4000/linx.240 ISSN : 2118-9692 Éditeur Presses universitaires de Paris Nanterre Édition imprimée Date de publication : 1 juin 2003 Pagination : 167-171 ISBN : 0246-8743 ISSN : 0246-8743 Référence électronique Danielle Leeman, « Muller, Claude (2002) Les bases de la syntaxe. Syntaxe contrastive français-langues voisines », Linx [En ligne], 48 | 2003, mis en ligne le 01 octobre 2003, consulté le 21 septembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/linx/240 ; DOI : https://doi.org/10.4000/linx.240 Département de Sciences du langage, Université Paris Ouest Comptes rendus 167 aussi bien linguistique (en particulier dans le domaine de la grammaire générative) que mathématique, et intéressera donc plutôt des étudiants ou des chercheurs déjà familiarisés non seulement avec les problèmes récurrents de la grammaire (anaphores, compléments et ajouts, etc.) mais encore avec d'autres modèles syntaxiques. Cela posé, on dispose là d'une présentation claire et élégante, intégrant de manière naturelle et progressive à l'explicitation des principes théoriques les résultats essentiels des différents chercheurs travaillant dans ce cadre, et donc extrêmement précieuse pour la connaissance des sciences du langage aujourd'hui. Muller, Claude (2002) Les bases de la syntaxe. Syntaxe contrastive français- langues voisines, Pessac, Presses Universitaires de Bordeaux, 454 p. 30 € L'ouvrage se présente comme une initiation à la linguistique centrée sur la syntaxe, celle-ci définie comme « le domaine des combinaisons, des choix, des associations d'unités significatives » (p. 12), dont l'objectif est à la fois de présenter « un corps de connaissances et d'hypothèses » (p. 11) sans exclusive d'école, sur des thématiques diverses (les constituants de la phrase) mais articulées entre elles, et incluant une comparaison avec différentes langues (anglais, espagnol, italien, allemand, basque, breton, portugais, gascon, voire finnois). L'auteur adopte une « perspective dérivationnelle » (p. 18), cherchant à retrouver sous les énoncés (qui ne sont que l'effet tangible d'une mise en œuvre préalable) les différentes étapes de leur production. L'hypothèse fondamentale présidant à la forme générale de la grammaire ici proposée est que l'objet de la syntaxe ne peut être borné aux hiérarchies structurales, du fait que « tout énoncé résulte de plusieurs structurations différentes ayant chacune leur logique » (p. 20), qui concernent pour l'une les prédicats et leurs arguments, une autre l'organisation en syntagmes, une troisième la répartition de l'information (thème, rhème, focus), et le tout un soubassement sémantique « dès le départ de la construction de l'énoncé » (p. 22)6. La syntaxe au sens banal (i. e. le domaine de la structure) est ce qui « forme l'essentiel de la grammaire d'une langue donnée, avec ses particularités » (p. 73), par opposition au niveau prédicatif, qui est universel (ibid.)7 ; elle est en effet largement tributaire du sens puisque c'est la visée énonciative (l'intention illocutoire et l'information à transmettre) qui détermine le choix des unités lexicales propres à véhiculer ce que l'on veut exprimer, et que ce sont les unités lexicales qui déterminent en grande partie la structure de la phrase : les mots ne sont pas à concevoir comme des formes morphologiques simplement munies d'une identité sémantique, ils sont 6 On retrouve ici l'hypothèse guillaumienne, précédant celle d'A. Culioli, ou, plus récemment et hors de France, des fonctionnalistes tels que S. Dik ou T. Givón (ces derniers mentionnés par Claude Muller) – cf. dans le présent numéro de Linx la contribution de Jacques François. 7 C'est aussi ce qui motive l'élaboration par J. Bresnan d'une grammaire lexico-fonctionnelle (cf. le compte-rendu précédent), par opposition à la syntaxe universelle prônée par le courant générativiste. Comptes rendus 168 indissociables des constructions qu'ils convoquent et qui les définissent (leur valence), si bien que le lexique est à voir comme « un ensemble de structures » (p. 24)8. Précisons à ce propos la terminologie ici employée : un « prédicat » (ou noyau sémantique) est associé à des « arguments » (par exemple espérer ou espoir supposent quelqu'un qui espère et quelque chose qui est espéré), qui reçoivent une interprétation actancielle (« agent », « patient », etc.) et occupent une certaine fonction (« sujet », « complément », etc.) ; le terme « actant » désigne donc un argument muni d'un rôle sémantique et réalisé dans une certaine position syntaxique (c'est un syntagme). Le terme « énoncé » désigne toute production verbale au terme de laquelle le locuteur estime avoir achevé de dire ce qu'il voulait dire (ce peut être un simple mot : Chapeau !) et l'on distingue deux sortes de « phrase » : la « phrase énonciative », définie par un objectif illocutoire central (éventuellement complété par des modalités secondaires, comme l'apostrophe dans Jean, est-ce que tu viendras demain ? (p. 33), globalement définissable comme une question, ou comme l'apposition dans Chose pire encore, il m'a menti (p. 80), qui constitue une assertion), et la « phrase syntaxique », définie comme un « segment unique » – i.e. sans « rupture prosodique » (p. 32) – ; de ce point de vue, il y a deux phrases syntaxiques sous Jean, est-ce que tu viendras demain ? (le premier segment étant Jean et le second est-ce que tu viendras demain ?) et de même pour Chose pire encore, il m'a menti9. La phrase syntaxique est donc la ou l'une des composante(s) de l'énoncé (ou de la phrase énonciative, lorsque les deux coïncident), lequel est le résultat de divers choix selon la visée illocutoire : choix d'une modalité (assertion, question, ordre…), choix lexicaux (déterminant la construction prédicative), choix syntaxiques (il y a par exemple deux schèmes possibles pour l'expression du doute dans Peut-être que Jean est venu / Jean est peut-être venu (p. 76)). Si l'on se concentre sur cette unité, on a donc à rendre compte de la manière dont une construction prédicative s'organise structuralement et linéairement dans l'expression effective. L'auteur commence par définir « mot » et « syntagme » et montre la nécessité de distinguer entre nature (« définition interne ») et fonction (« définition externe ») dans la terminologie, à l'encontre de la position défendue par J.-C. Milner par exemple10) : au jardin est un syntagme prépositionnel susceptible d'équivaloir à un adverbe (Pierre déjeune au jardin/là) mais il ne peut pas pour autant être en tant que tel étiqueté « syntagme adverbial »11 puisqu'il ne commute plus avec un adverbe dans Pierre veille au jardin (p. 79). Sont ensuite présentés les différents types de syntagme et définies les diverses fonctions, avec au passage des analyses originales (entre autres sur la question des « connecteurs » ) ou des arguments réfutant certaines propositions antérieures (par 8 On aura reconnu les hypothèses défendues par Z. Harris, concrétisées en France et pour le français par les travaux de M. Gross et de son équipe dès les années soixante-dix – cf. l'article de Amr Ibrahim dans le présent numéro de Linx. 9 Une conséquence un peu étrange a priori de cette proposition, à l'aune des analyses habituelles, est que par exemple Franchement, tu devrais mettre une cravate sera vu comme une phrase énonciative formée de deux phrases syntaxiques mais Tu devrais franchement mettre une cravate comme une phrase énonciative formée d'une phrase syntaxique. 10 Introduction à une science du langage, Paris, Seuil, 1989. 11 Cf. Gross, M. (1986) Grammaire transformationnelle du français : l'adverbe, Paris, ASSTRIL. Comptes rendus 169 exemple sur la notion de « transformation ») ou au contraire en étayant (ainsi de la « catégorie vide » ). On entre à partir du chapitre 4 dans le détail de la description de la phrase simple avec en particulier la caractérisation (syntaxique) précise du « sujet » (et un sort réservé aux clitiques et à l'impersonnel) et de ses places (cas dits « d'inversion du sujet »), dont on retiendra l'hypothèse originale (mais dûment argumentée) qu'il y a deux positions pour le sujet aussi bien à gauche qu'à droite du verbe (cf. Moi j'aime pas ou Quand est-il parti ? / Quand est parti Paul ?). Le chapitre 5 compare ce qui a été dit du français à ce qui ressort d'autres langues et en profite pour relativiser la portée d'hypothèses avancées dans d'autres cadres théoriques. Les chapitres 6 et 7 procèdent de même à propos du passif (on retiendra pour le premier une soigneuse distinction entre les différents passifs : par auxiliation, par le réfléchi, par l'impersonnel, et leurs interprétations). Le chapitre 8 rappelle les propriétés de ce que l'on appelle « clitiques » et avance l'hypothèse d'une « échelle de cliticité » (p. 269) qui prépare à une interprétation des contraintes (pour le français et d'autres langues) dans les termes de la Théorie de l'Optimalité12 : l'auteur range les mots concernés « du plus au moins clitique » en terminant par moi, toi qui se distinguent des syntagmes nominaux autonomes en ce qu'ils « n'acceptent pas la syntaxe normale des relations syntaxiques verbales directes ». uploads/Litterature/ linx-240.pdf
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- Publié le Nov 09, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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