FAUST À L'ÉPREUVE DU MÉDIÉVAL. MÉMOIRES DU FAUST-PHÉNIX CHEZ PESSOA ET VALÉRY,
FAUST À L'ÉPREUVE DU MÉDIÉVAL. MÉMOIRES DU FAUST-PHÉNIX CHEZ PESSOA ET VALÉRY, BOULGAKOV ET MANN Julia Peslier Armand Colin / Dunod | Littérature 2007/4 - n° 148 pages 77 à 97 ISSN 0047-4800 Article disponible en ligne à l'adresse: -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- http://www.cairn.info/revue-litterature-2007-4-page-77.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Peslier Julia, « Faust à l'épreuve du médiéval. Mémoires du Faust-Phénix chez Pessoa et Valéry, Boulgakov et Mann », Littérature, 2007/4 n° 148, p. 77-97. DOI : 10.3917/litt.148.0077 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Armand Colin / Dunod. © Armand Colin / Dunod. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. 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Mémoires du Faust-Phénix chez Pessoa et Valéry, Boulgakov et Mann À l’ère des Doctors Atomiques 1, le nom de Faust consonne étrange- ment avec un médiéval fort carnavalesque, teinté d’éclats diaboliques, d’arts hermétiques et de « savoirs de derrière les fagots » 2 qui embarras- sent plus leur lecteur qu’ils ne le tentent d’un nouveau pacte diabolique. Les laboratoires d’alchimiste, les cellules monacales, les cabinets de curiosités ont depuis longtemps refermé leurs portes. Les Prophéties de la Bible, les Centuries de Nostradamus, les Fléaux de l’Apocalypse ont perdu de leurs verbes — de leurs mystères et de leurs forces d’effroi. Le crâne des danses macabres, la chandelle consumée et les livres posés sur le pupitre ont quitté la table de Faust pour un calendrier memento, une lampe halogène et des écrans virtuels, et le Diable en habit de bouc peut bien remiser son costume, fourche, cornes et soieries rouges, dans un magasin de Farces et Attrapes. « Tes méthodes sont surannées, ta physique ridicule… » 3 assure le Faust de Valéry à son Méphisto jugé fort « démodé ». Goethe lui-même fait figure d’un buste poussiéreux 4, dans un 1. Deux dernières créations faustiennes à l’Opéra le suggèrent : Doctor Atomic, par John Adams et Peter Sellars, création pour l’Opéra de San Francisco, 1er octobre 2005, selon le synopsis « The opera Doctor Atomic takes place in Los Alamos, New Mexico during the summer of 1945, in the few days leading up to the first atomic bomb test on July 16th » (http://www.doctor-atomic.com/) ; le Faustus de Dusapin, qui atomise la bibliothèque et discute sur l’éternité atroce d’un cadran qui fait lieu de tout monde, suspendu dans un univers désertique (opéra en une nuit et onze numéros. Livret du compositeur d’après La Tragique histoire du Docteur Faust de Christopher Marlowe (1588), en anglais, surtitré en français. Création française Opéra de Lyon du 7 au 18 mars 2006). 2. Paul Valéry, « Mon Faust », in Œuvres, t. II, édition établie et annotée par Jean Hytier, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1960, p. 367. 3. Paul Valéry, ibid., p. 295. 4. Arno Schmidt, dans Goethe et un de ses admirateurs, met en scène une double fiction d’auteur, où il jouerait son propre personnage face à un Goethe revenant, autorisé à passer une journée parmi les vivants et à donner son avis sur la modernité, les institutions, ses décou- vertes, ses littératures. Selon le roman biographique de Marc Petit, Goethe serait d’ailleurs Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Rennes 2 - Haute Bretagne - - 193.52.64.244 - 04/03/2015 12h39. © Armand Colin / Dunod Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Rennes 2 - Haute Bretagne - - 193.52.64.244 - 04/03/2015 12h39. © Armand Colin / Dunod LE MOYEN ÂGE CONTEMPORAIN. PERSPECTIVES CRITIQUES 78 LITTÉRATURE N° 148 – DÉCEMBRE 2007 panthéon d’autorités certes fameuses mais assurément dépassées par les bouleversements scientifiques des deux derniers siècles — « Figure-toi qu’ils ont retrouvé, dans l’intime des corps et comme en-deçà de leur réalité, le vieux CHAOS » 5, poursuit-il pour menacer ce charlatan tout droit sorti d’un autre temps de foi, de foire et de frayeur. Aussi faire place nette à Faust dans la littérature contemporaine en s’appuyant sur sa part de médiéval est un geste qui fait montre d’un temps paradoxal et d’un regard sur l’anachronisme qui mérite d’être éclairé. On s’efforcera ici de faire preuve de clarté sur ce que le médiéval peut rassembler sous son étiquette historienne dans la cartographie des Faust européens au XXe siècle, fragmentaires et éclatés (Faust, tragédie subjective de Pessoa, « Mon Faust » de Valéry) ou écrits d’exil et de censure (Le Docteur Faustus de Mann, Le Maître et Marguerite de Boul- gakov). Tissé de relectures parodiques et attentives de Goethe et de ses archaïsmes « moyen-âgeux » par lesquels il se moquait des excès romanti- ques de certains, ce corpus faustien qui se déploie dans l’ombre et la fumée des Triomphes des guerres si ravageurs de 14-18 et de 39-45 prend ainsi en charge une mémoire du médiéval bien plus fondamentale, à l’œuvre dans le Faust I et II, dont Goethe a su magistralement faire passer la pensée et le foisonnement. L’hypothèse du médiéval dans Faust tend de fait à considérer cet anachronisme folklorique non plus comme decorum, coquetterie de dramaturge ou fantaisie d’historien amateur qui se plairait à dater la nais- sance de Faust des siècles taxés d’obscurantisme, mais comme véritable centre dynamique d’une écriture et d’un remploi des Arts de mémoire et de ses codes métaphoriques, translatés et déplacés dans un nouvel horizon esthétique par le biais de Goethe et des Romantiques Allemands, esthétique qui sera une « diabolie », selon le mot de Claude Reichler 6. Le médiéval est d’autant plus prégnant, fort et efficace dans ces fictions très modernes des temps présents, qu’il est atténué, détourné, surjoué et chargé de sa référence décalée et archaïque, c’est-à-dire qu’il n’est pas transporté tel quel, comme archive ou prélèvement d’une muséographie des temps qui ne participerait pas d’une histoire de la pensée et de la fable. Ainsi dépouillé de son théâtre du pittoresque, tel qu’il a pu se transmettre dans la littérature au fil du XIXe siècle — on se souvient peut-être de l’antre de l’antiquaire méphistophélique dans La Peau de chagrin et de son bric-à-brac improbable qui fait la part belle à des antiquailleries faussaires 7, ce médiéval œuvré par Faust dans ses 5. Paul Valéry, ibid., p. 300. 6. Claude Reichler, La diabolie, la renardie, la séduction, Paris, Minuit, coll. Critique, 1979. 7. Honoré de Balzac, La Peau de chagrin, introduction et notes de Jacques Martineau, Le Livre de poche, coll. Classique, n˚ 1701, 1995. devenu à lui-même son propre personnage, Le Troisième Faust, c’est-à-dire un condensé de fatuité, de vieillard et de savoir, qui tremble de mettre un point final à son œuvre afin de retarder le moment de sa mort, comme lors du pacte avec le diable. Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Rennes 2 - Haute Bretagne - - 193.52.64.244 - 04/03/2015 12h39. © Armand Colin / Dunod Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Rennes 2 - Haute Bretagne - - 193.52.64.244 - 04/03/2015 12h39. © Armand Colin / Dunod FAUST À L’ÉPREUVE DU MÉDIÉVAL MÉMOIRES 79 LITTÉRATURE N° 148 – DÉCEMBRE 2007 pérégrinations au cours d’un large quart de siècle coupé par les guerres devient le lieu des fulgurances de la pensée. Parce qu’on y sollicite d’un coup un matériau ancien et son emblème du livre comme papier et pensée grattée — le palimpseste médiéval devient ici uploads/Litterature/ litt-148-0077.pdf
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- Publié le Apv 05, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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