L’ABBÉ PRÉVOST, Manon Lescaut, 1751. DISSERTATIONS SUJET : À votre avis, pourqu

L’ABBÉ PRÉVOST, Manon Lescaut, 1751. DISSERTATIONS SUJET : À votre avis, pourquoi le personnage de Manon Lescaut est-il difficile à cerner ? Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur votre lecture de Manon Lescaut de l’Abbé PRÉVOST. Construction de la dissertation à partir de 3 SENS du verbe « cerner » : - « Cerner » (latin « cernere ») = voir. « difficile à cerner » en ce sens = difficile à voir. L’apparence physique de Manon reste floue, elle n’est vue que de l’extérieur… - « Cerner » = comprendre. « difficile à cerner » en ce sens = difficile à comprendre. Manon reste un mystère, ne cesse de nous surprendre, de nous dérouter… Et déroute aussi DG. Manon échappe à toute définition (définir= tracer des frontières), à toute réduction (Manon, prostituée, Manon femme fatale, Manon amoureuse, Manon sentimentale, Manon rouée et libertine, Manon friponne et catin….) - « Cerner » (latin « circinare », parcourir en formant un cercle) = entourer. « difficile à cerner » en ce sens = difficile à entourer, à saisir, à posséder. Un personnage qui ne cesse de se dérober, de fuir, s’échapper, que personne ne peut posséder, y compris (et surtout !) Des Grieux. Une femme foncièrement libre ! Elle échappe aussi à son lecteur, à ceux qui voudraient la réduire à un type de personnage (la femme libertine par ex). Une incarnation de la liberté ! Problématique : en quoi est-il impossible de « cerner » Manon, dans tous les sens du terme ? I. Un personnage qu’il est difficile de « voir ». II. Un personnage qui cultive son mystère (difficile à comprendre). III. Un personnage qui échappe à toute tentative de possession, une femme qui incarne la liberté. I. Un personnage qu’il est difficile de « voir ». 1. Manon n’est pas ou peu décrite, elle reste une abstraction, une incarnation de la beauté et du charme, sans contours précis. Pour le lecteur, elle est à proprement parler difficile « à voir »… - Ainsi, la scène de rencontre est un mystère dans la mesure où nous n’avons pas les traits de Manon : « elle me parut si charmante, que (…) je me trouvai enflammé tout d’un coup jusqu’au transport. » (26) Manon devient aussitôt, et sans qu’on la connaisse davantage, « la maîtresse de (son) cœur. » ; un peu plus loin, elle est « la souveraine de mon cœur » ; « la douceur de ses regards, un air charmant de tristesse en prononçant ces paroles (…) ne me permirent pas de balancer un moment sur ma réponse. » Le personnage se métamorphose immédiatement : « on ne ferait pas une divinité de l’Amour, s’il n’opérait souvent des prodiges. » ; Manon appelée « ma belle inconnue ». DG n’apprend son nom qu’après le coup de foudre ! « Mademoiselle Manon Lescaut, c’est ainsi qu’elle me dit qu’on la nommait. » - Les descriptions de Manon par DG restent souvent floues : « son esprit, son cœur, sa douceur et sa beauté formaient une chaîne si forte et si charmante, que j’aurais mis tout mon bonheur à n’en sortir jamais. » (33) Manon reste une sorte d’abstraction. - Lors de leurs retrouvailles à Saint-Sulpice : « je ne vois que trop que vous êtes plus charmante que jamais. » (52) - Les périphrases pour désigner Manon sont toujours abstraites et parlent finalement plus de l’amour que lui porte DG que de Manon elle-même : « je reverrai donc l’idole de mon cœur, l’objet de tant de pleurs et d’inquiétudes ! » (109) ; « toute puissante Manon ! » (147) ; « ma chère reine » (159) ; « une créature si charmante » ; « l’idole de mon cœur » (197) ; « ce qu’elle (la terre) avait porté de plus parfait et de plus aimable » (197). - DG fait à M. le Lieutenant général de Police l’ « éloge de sa douceur et de son bon naturel. » (162) 2. Manon n’est décrite que de l’extérieur, et par des hommes (et non des femmes !). - Le lieutenant de Police - Le père de DG - Tiberge - M. de T - Lescaut - Les cochers, émus par le couple. - Les gardes - Le capitaine - Le gouverneur de la Nouvelle-Orléans - Renoncour 3. Manon n’est décrite qu’à travers de Des Grieux. - Lors de la scène de rencontre, nous n’avons que le point de vue du chevalier qui devine les sentiments de Manon : « Je crus apercevoir qu’elle n’était pas moins émue que moi. » (28) ; on note la modalisation ! De même, Manon semble plus intéressée par le statut social de son prétendant : « flattée d’avoir fait la conquête d’un amant tel que moi. » (28) - DG ne découvre souvent les tromperies de Manon que peu à peu, il ne connaît pas Manon, ne la comprend pas :  Ainsi, lors de sa première tromperie, il constate que leur table est mieux servie, sans comprendre que c’est grâce à un amant de Manon et non à l’« affection de quelques parents. » : « Je lui marquai mon étonnement de cette augmentation apparente de notre opulence . » C’est dans un café que DG est en proie à toutes les questions à propos de son amante dont il ne peut imaginer qu’elle le trompe : « Quelle raison aurait-elle eue de me tromper ? » 36 Au sens propre, DG ne « comprend » pas Manon ! « J’avais peine à donner à tant d’ÉNIGMES un sens si favorable que mon cœur le souhaitait. » ; « il fallait nous dire sans cesse que nous nous aimions. (…) Je ne pouvais donc m’imaginer presque un seul moment où Manon pût s’être occupée d’un autre que moi. » (37) ; « je crus avoir trouvé le dénouement de ce MYSTÈRE. » (37). De même, lorsque les laquais de son père viennent l’arrêter, DG ne comprend pas ce qui lui arrive, il n’ose soupçonner Manon de l’avoir trahi : « j’y trouvai d’abord tant d’obscurité, que je ne voyais pas de jour à la moindre conjecture. J’étais trahi cruellement ; mais par qui ? » ; Tous les gestes affectueux de Manon avant l’arrestation lui « paraissaient bien une énigme. » (39)  Le père du chevalier se moque de la crédulité de son fils : « Il me demanda d’abord si j’avais toujours eu la simplicité de croire que je fusse aimé de ma maîtresse. » (41) ; « Tu es une jolie dupe. » ; « il ajouta mille railleries sur ce qu’il appelait ma sottise et ma crédulité. ». / « Vous êtes un enfant (…) Comment pouvez-vous vous aveugler jusqu’à ce point, après ce que je vous ai raconté d’elle ? »  DG refuse de voir qui est Manon, il veut qu’elle l’aime et refuse de la croire inconstante ou infidèle : à propos de M. de B… : « Il n’a pas gagné le cœur de Manon ; il lui a fait violence ; il l’a séduite par un charme ou par un poison. » (43) « Il l’aura menacée, le poignard à la main, pour la contraindre de m’abandonner. »  Le chevalier découvre aussi la deuxième trahison de Manon, avec M. de G… M…, avec retard, à la lecture de la lettre qu’il lui laisse.  Le valet révèle à DG une supposée relation de Manon avec un « seigneur étranger ». (124) (le prince italien)  Crédulité de DG quand Manon rencontre le jeune G… M… : « Je ne me sentais aucun penchant à la jalousie. J’avais plus de crédulité que jamais pour les serments de Manon. (…) J’étais ravi de l’effet de ses charmes et je m’applaudissais d’être aimé d’une fille que tout le monde trouvait aimable. » (132) ; « Je ne la crois pas capable de m’abandonner pour un autre. » (à M. de T…, 133)  Lors de l’épisode du jeune G… M… : « La résolution fut prise de faire une duper de G… M…, et par un tour bizarre de mon sort, il arriva que je devins la sienne. » (134)  Lorsque le jeune G… M… déclare ses sentiments à Manon à l’occasion d’un souper chez eux : « Je m’aperçus, à mon retour, qu’on ne l’avait pas désespéré par un excès de rigueur. » (135) ; DG devient le complice de la trahison de Manon, sous couvert de projet de vengeance commune, mais très vite le jeu lui échappe et de complice, il devient le mari cocu.  Quand DG prend conscience de la nouvelle trahison de Manon avec le jeune G… M… Découverte progressive, dramatisation du récit. DG se rend au point de rendez-vous (l’entrée de la rue Saint- André-des-Arcs), et découvre peu à peu que rien ne se passe comme prévu : « Je fus surpris de n’y pas trouver Marcel. » (138) ; puis uploads/Litterature/ manon-lescaut-dissertation-manon-diff-a-cerner-definitif.pdf

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