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www.comptoirlitteraire.com André Durand présente Marguerite Donnadieu dite Marguerite DURAS (France) (1914-1996) Au fil de sa biographie s’inscrivent ses œuvres qui sont résumées et commentées (surtout ‘’Un barrage contre le Pacifique’’, roman étudié dans un dossier à part). Bonne lecture ! 1 Quelques semaines avant que n'éclate la Première Guerre mondiale, elle naquit le 4 avril 1914 à Gia- Dinh, une localité de la banlieue nord de Saigon où elle vécut jusqu'à l'âge de sept ans, ses parents, qui étaient enseignants, étant venus dans la Cochinchine française (qui fait partie aujourd’hui du Viêtnam) parce qu’ils avaient été séduits par le mirage des colonies. Elle présenta ainsi sa mère : «Fille de paysans, elle avait été si bonne écolière que ses parents l'avaient laissée aller jusqu'au brevet supérieur. Après quoi elle avait été institutrice dans un village du nord de la France. On était alors en 1899. Certains dimanches, à la mairie, elle rêvait devant les affiches de propagande coloniale : "Jeunes, allez aux colonies, la fortune vous y attend." À l'ombre d'un bananier croulant sous les fruits, le couple colonial, tout de blanc vêtu, se balançait dans des rocking-chairs tandis que les indigènes s'affairaient en souriant autour d'eux. Elle se maria avec un instituteur qui, comme elle, se mourait d'impatience dans un village du Nord, victime comme elle des ténébreuses lectures de Pierre Loti !.» C’était Henri Donnadieu, professeur de mathématiques originaire de Villeneuve sur Lot qui fit carrière au Tonkin, en Cochinchine et au Cambodge, fut nommé directeur de l'enseignement en Cochinchine. Mais, victime d'une dysenterie amibienne, il fut rapatrié en France. Après son départ, la vie de sa femme, Marie Legrand, et de leurs enfants, Pierre (qu’elle adorait), Paul et Marguerite, alors âgée de quatre ans, changea dramatiquement : ils ne pouvaient plus demeurer dans une maison de fonction luxueuse et s’installèrent à Sadec où leur vie, précaire et difficile, devint celle des «petits blancs», guère meilleure que celle des indigènes qui les entouraient, desquels ils se sentaient plus proches que des riches coloniaux. La mère, institutrice, accepta des postes dangereux dans la brousse. Une petite mendiante de dix-sept ans lui donna son bébé malade avant de disparaître, et Marguerite fut terrifiée par ce geste qui résonna dan son oeuvre Après la mort du père, le 4 décembre 1921, la famille vint s’établir en France, à Platier, commune de Pardaillan, où il possédait une vieille maison de famille. La mère s’essaya à la viticulture. En 1924, ils retournèrent en Indochine où, économe et obstinée, elle réussit à acheter une petite concession au Cambodge, à Prey Nop (qui est aujourd’hui Sihanoukville), entre Réam et Kampot, sur le golfe de Siam, qu’elle se proposait de mettre en valeur, sans avoir conscience, parce que trop naïve, de la corruption de l'administration et sans comprendre qu'il n'y a pas de concession cultivable sans dessous-de-table. Pendant une dizaine d'années, elle tenta de survivre sur un domaine qui était incultivable parce que inondé chaque année. Elle se ruina en construisant des barrages pour protéger en vain ses rizières. Elle fut obligée de donner des leçons de français et, comme elle était pianiste, de jouer dans un cinéma pour payer l'éducation de ses enfants auxquels elle avait peu temps à consacrer, excepté l'aîné, son préféré. Marguerite et le plus jeune frère vivaient librement, jouant avec leurs amis annamites dans la jungle et dans les marais. À cause de son mauvais comportement, le frère aîné, que Marguerite Duras appelait «le dévoyé», fut renvoyé en France. Elle devint pensionnaire au lycée Chasseloup-Laubat de Saigon (aujourd’hui Ho Chi Minh-Ville). Elle fut alors frappée par la beauté d’une Européenne, Élisabeth Striedter, femme fascinante qui était la mère parfaite d’une de ses compagnes de classe et, en même temps, une musicienne accomplie : elle provoqua chez elle, dans une sorte de «scène primitive», un choc émotionnel qui allait résonner dans toute l’oeuvre. Surtout, en 1930, elle rencontra un Chinois de Cholon qui devint son amant, auquel sa mère lui demanda de se vendre pour satisfaire les besoins de son frère aîné qui se droguait. Du moins, le prétendit-elle car, pour Angelo Morino, auteur de “Il cinese e Marguerite”, ce fut sa mère qui eut un amant chinois, qui aurait vécu cette passion extraordinaire d’où serait née Marguerite ! Ayant, en 1932, obtenu son baccalauréat, elle quitta l’Indochine, passa à Calcutta qu’elle vit pendant les deux heures de l’escale (mais qu’elle n’oublia jamais et à partir de laquelle elle se composa une Inde) et arriva en France. Bien qu’elle voulait déjà devenir écrivaine, forcée par sa mère, elle commença, à Paris, des études de droit, de mathématiques et de sciences politiques à la Sorbonne. Elle obtint une licence en droit et un poste au ministère des Affaires Coloniales. Le 3 septembre 1939, elle envoya au poète Robert Antelme, mobilisé à Rouen, ce télégramme : «Veux t'épouser. Reviens à Paris. Stop. Marguerite.» Et ils se marièrent. Pendant l’Occupation, elle travailla dans le Comité d’organisation du livre qui, dirigé et surveillé par les Allemands, était chargé de l'attribution du papier aux éditeurs. En 1940, fut publié un ouvrage de 2 commande et de propagande qu’ardente partisane du colonialisme elle écrivit en collaboration avec Philippe Roques : “L’empire français”. En 1942, elle eut un enfant qu'elle perdit à la naissance, et rencontra Dyonis Mascolo qui, comme Robert Antelme, travaillait chez Gallimard ; ils sympathisèrent tout de suite dans l’admiration ou le mépris pour certains livres, et devinrent amants. La même année, Paul mourut à Saigon, ayant été laissé sans médicaments par son frère aîné. Décidée à se consacrer à la littérature, comme elle détestait le nom de son père et estimait qu’«un écrivain ne peut écrire sous le nom du père» mais comme elle était attachée à la terre où il était né, elle choisit comme pseudonyme le nom du village du Lot-et-Garonne, près de Marmande, d'où il était originaire : Duras. Elle écrivit d’abord des romans de facture encore classique que Raymond Queneau, impressionné par ce jeune talent («Ne faites rien d’autre dans la vie que ça, écrire.»), fit publier chez Gallimard : _______________________________________________________________________ __________ “Les impudents” (1943) Roman de 245 pages Quelque part dans le Quercy, la famille Taneran est déchirée par des tensions qui sont perçues par Maud, jeune fille de vingt ans, aux prises avec sa mère, son frère aîné et son amant. La mère, intelligente mais dépressive, est amoureuse de son fils aîné qui, pervers, joueur et voleur, la ruine, trahit constamment son entourage, tandis qu’elle martyrise son cadet et Maud, qui, dégoûtée, révoltée, faisant de la haine un remède à l'ennui, n’arrive pas à quitter ce cercle familial étouffant. Sa mère la destine à un fils de paysans voisins, mais elle tombe amoureuse d’un intellectuel gentleman- farmer qu’elle guette en secret, la nuit, avant de s’offrir à lui et de goûter la volupté. Bientôt, elle attend un enfant et l’avoue à sa mère qui l’envoie à l’homme qui l’a déshonorée, afin de vivre tranquillement son amour impudique pour son fils. Commentaire D’abord intitulé “La famille Taneran”, ce premier roman de Marguerite Duras laissait peu présager ses livres à venir. D'une facture traditionnelle, il présente un « climat » qui se situe du côté de François Mauriac ou de Julien Green, et on a l’impression qu’il a été écrit en les imitant. On y retrouve la propriété du père, les paysages du Lot-et-Garonne, la rivière, le Dropt. Encore englué dans le réalisme, dans la longue description de sensations, il déroule une prose effilochée et lourde, montre un style contourné. Mais il est psychologiquement passionnant car on en retient l'espèce de fascination qu'exerce le héros sur sa sœur. Cette histoire de famille est doublée de l'exposé d'une crise sentimentale dans une âme de jeune fille. Le roman n’eut que peu de succès, et Marguerite Duras elle-même le jugea «très mauvais». Mais elle avait ainsi exorcisé certaines peurs de la fin de son adolescence. _______________________________________________________________________ __________ Ayant emménagé dans un appartement au 5 rue Saint-Benoît où elle voisinait avec Sartre, Marguerite Duras vivait dans le bouillonnement créatif de Saint-Germain-des-Prés et était déjà, à l’âge de trente ans, une vedette de l'intelligentsia parisienne. À son retour d’Angleterre, François Mitterand fit entrer dans la Résistance Robert Antelme, Marguerite Duras et Dionys Mascolo. Elle y fit la connaissance, entre autres, du philosophe Edgar Morin. Quand leur groupe tomba dans un guet-apens, elle réussit à se sauver grâce à l’aide de François Mitterand, mais Antelme et sa soeur, Marie-Laure, furent arrêtés puis, le 1 juin 1944, envoyés dans des camps de concentration. Celle-ci y mourut. Marguerite Duras ne cessa pas de chercher où se trouvait son mari, de vouloir savoir s’il était vivant ou mort ; prête à tout pour avoir le moindre petit renseignement sur lui pour cela, elle pratiqua un rôle d'agent double, elle utilisa tous ses atouts, y compris son charme et sa séduction, devint la maîtresse même d'un officier de la Gestapo. 3 Dans le même temps, elle fit paraître : _______________________________________________________________________ __________ “La vie tranquille” (1944) Roman de 150 pages Vivant uploads/Litterature/ marguerite-duras.pdf
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- Publié le Fev 25, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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