Jean LEVEQUE : Job ou le drame de la foi. Paris, Le Cerf, Lectio divina 216, 20

Jean LEVEQUE : Job ou le drame de la foi. Paris, Le Cerf, Lectio divina 216, 2007, 287 p. On se souvient de la magistrale étude du P. LEVEQUE : « Job et son Dieu » (Gabalda 1970). Voici maintenant un recueil des ses articles parus depuis lors. Mais ce livre n’est pas tout à fait un livre comme les autres, témoin ce que l’auteur écrit dans la prèface : « Paralysé du côté droit à la fin d'une vie d'enseignement, j'avais tiré un trait sur toute recherche et toute parution. Il a fallu l'amicale insistance de Maurice Gilbert, s.j. pour me sortir un instant du silence. Il a eu l'idée de regrouper en un volume les articles que j'avais publiés sur Job... Des mois et des années ont passé depuis l'accident vasculaire, faisant grandir en moi la certitude que, humainement, aucune guérison ne se profilait. Cet ultime effort sera donc sans lendemain, si ce n’est dans le cœur de ceux qui me liront... Avec joie et confiance, je propose aux lecteurs et lectrices de la collection ces pages où j'ai évité au maximum les redites. Ils y trouveront, au-delà de l'exégèse indispensable, les interrogations théologiques et spirituelles de tout homme confronté au mystère de Dieu. Une impuissance subite est venue authentifier cette recherche mais, plus loin que les mots, je sais que je rejoindrai ceux et celles que la souffrance a touchés, mais que Dieu a confortés dans leur foi et leur espérance. » L’ouvrage comprend treize articles dont certains s’adressent plutôt aux spécialistes et d’autres à un public plus large. Les premiers situent le livre de Job dans son contexte sapiential, biblique ou extra-biblique et reviennent sur la question de sa datation. Les suivants portent sur les différents éléments du texte biblique : prologue, dialogues, auto- justification de Job, discours de YHHW, épilogue. Les derniers traitent de grands thèmes comme le sens de la souffrance, l’argument de la création, la sagesse paradoxale de cet ouvrage unique, le mal de Job (à la fois le mal qui le frappe, celui qu’on lui reproche et celui qu’il impute à Dieu). Evidemment un tel recueil ne peut pas constituer un tout absolument organisé, mais on voit, au fil des articles, la réflexion s’approfondir sur tel ou tel aspect du terrible problème du mal. Et l’on se dit qu’au cas où un lecteur superficiel de la Bible et de ses commentaires aurait l’impression d’avoir fait le tour de la question, le présent ouvrage lui serait une excellente thérapie, une invitation à se mettre à nouveau en recherche, aiguillonné par l’insoluble énigme de la souffrance et en direction de l’insondable mystère de Dieu. Préface Paralysé du côté droit à la fin d'une vie d'enseignement, j'avais tiré un trait sur toute recherche et toute parution. Il a fallu l'amicale insistance de Maurice Gilbert, s.j., pour me sortir un instant du silence. Il a eu l'idée de regrouper en un volume les articles que j'avais publiés sur Job. C'est donc à l'amitié que je dois cette édition, et je ne sais qui je dois remercier le plus, Maurice Gilbert, l'auteur du projet, Françoise Mies, qui s'est chargée avec lui du labeur de la préparation, dans l'impossibilité où j'étais d'écrire quoi que ce soit, ou Mme Andrée Thomas, des Editions du Cerf, qui a accepté ces pages dans la série « Lectio Divina » et n 'a pas non plus ménagé sa peine. Sans eux ce rassemblement d'essais eût été impossible. Je saisis cette occasion pour dire ma gratitude à la Belgique amie, où j'ai passé, à Louvain et à Bruxelles, des années fécondes de formation et de ministère. Des mois et des années ont passé depuis l'accident vasculaire, faisant grandir en moi la certitude que, humainement, aucune guérison ne se profilait. Cet ultime effort sera donc sans lendemain, si ce n 'est dans le cœur de ceux qui me liront. Depuis l'époque déjà lointaine de Job et son Dieu (1970), en plus de l'écriture du Cahier Évangile n° 53 et de l'article « Job » du Dictionnaire de spiritualité, j'avais revisité le livre de Job, au hasard des conférences et des anniversaires, des articles et des congrès. On retrou- vera dans ces pages la trace de ce parcours. Avec joie et confiance, je propose aux lecteurs et lectrices de la collection ces pages où j'ai évité au maximum les redites. Ils y trouveront, au-delà de l'exégèse indispensable, les interrogations théologiques et spirituelles de tout homme confronté au mystère de Dieu. Une impuissance subite est venue authentifier cette recherche mais, plus loin que les mots, je sais que je rejoindrai ceux et celles que la souffrance a touchés, mais que Dieu a confortés dans leur foi et leur espérance. Jean Lévêque. Henry de Ternay : Avec Job, de l’épreuve à la conversion. Bruxelles, Lumen Vitae, coll. Ecritures ; 2007 ;176 p. Le livre de Job est comme une matrice extraordinairement féconde. Sans cesse en naissent de nouvelles réflexions sur la condition humaine devant Dieu et devant la terrible question que pose la souffrance de l’innocent. Ce petit livre d’H. de Ternay en est un bel exemple. Il est le fruit d’un long cheminement : de 1981 à 1991 l’auteur travaillait sur ce thème avec des groupes œcuméniques au Brésil et plus récemment, au Centre Sèvres de Paris, il donnait un cours sur La philosophie et la figure de Job face à la brutalité énigmatique du mal. Sans être un commentaire complet, étant données ses dimensions, l’ouvrage propose une lecture suivie de Job considéré comme un drame dont les quatre actes sont les trois cycles de dialogues entre Job et ses amis d’une part, et d’autre part le dialogue – si l’on peut dire – entre Job avec Dieu. Au centre l’éloge de la Sagesse, situé comme un interlude musical, joue un rôle particulièrement important. L’approche est donc narrative. HdT entreprend une lecture attentive. Attentive au texte lui-même, qui est étudié de près ; attentive à Job, à ses questions, à ses révoltes, à son désarroi jusqu’au délire, à son espérance ; attentive aux « amis » aussi, pour essayer de comprendre leur point de vue, même s’ils sont, eux, incapables de comprendre l’expérience de Job. Derrière cette lecture se profile l’expérience de la rencontre des pauvres. Elle (la doctrine de la rétribution) sert très bien les intérêts des riches et des puissants qui, en plus d’exploiter les faibles et les pauvres, veulent encore qu’ils soient humiliés, obéissants, doux, honnêtes, propres, respectueux et éduqués. Ils veulent qu’ils apprennent par leur souffrance à se soumettre à tout et à tous, sans se révolter contre l’injustice... » (HdT cite ici L. J. Dietrich, théologien brésilien) On voit Job devenir la fable (mashal) des peuples (17,6), en ce sens qu’il ne représente pas seulement l’individu criant sa souffrance, mais des communautés humaines entières en situation de détresse, jadis Israël en exil, aujourd'hui les habitants des favelas et d’ailleurs. La religion utile des amis de Job, mise en question, nous renvoie à l’athéisme d’aujourd'hui. On voit aussi, comme l’indique le sous-titre, Job vivant une étonnante conversion. Lui, l’homme intègre et droit par hypothèse, va passer de la question : la Sagesse où se trouve-t- elle ? à la question : la Sagesse, d’où vient-elle ? Autrement dit la recherche prométhéenne de la vérité cède la place à l’accueil de la révélation. Au début du livre, Satan lançait le défi : est-ce pour rien que Job craint Dieu ? (1,9). A la fin Job fait l’expérience de la gratuité du salut, longtemps avant Jésus et Paul. L’ouvrage est complété par une bibliographie significative et un petit glossaire très bienvenu. Paul Agneray uploads/Litterature/ job-ou-le-drame-de-la-foi-jean-leveque.pdf

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