De l’amour et du crime, du sexe et des enfants « L’amour est-il un crime ? » C’

De l’amour et du crime, du sexe et des enfants « L’amour est-il un crime ? » C’est avec ce titre percutant qu’à la fin de l’année 1976, un écrivain pédophile prit sa plume pour sortir du bois et dénoncer à l’opinion la répression qui s’acharnait contre ses semblables. La justice s’apprêtait alors à juger trois pédophiles emprisonnés depuis des années (aberration que ce système judiciaire français, toujours à cours de moyens, qui laisse croupir interminablement des « présumés innocents »), et c’est à cette occasion qu’un petit groupe de leurs amis décidèrent de sortir de leur habituelle réserve pour leur venir en aide et tenter d’appeler un chat un chat. L’écrivain eut les honneurs d’un quotidien prestigieux et il s’enflamma : « Ce qui est néfaste, ce sont les contacts sexuels mécaniques, sans tendresse » plaida-t-il. Et de justifier que les contacts qu'il avait avec les jeunes filles sont une relation d'amour extrêmement féconde, et la source de la plénitude de la vie. Aimer un être, c'est l'aider à devenir celui qu'il est. Il démontra que la relation amoureuse entre un adulte et un enfant est le grand moteur de l'éveil spirituel et physique des adolescents. Grâce aux pédophiles, les enfants deviennent vraiment eux-mêmes, se développent plus harmonieusement. Il fallait arrêter de les poursuivre. Lui et ses amis menèrent campagne auprès des intellectuels de gauche, et ils obtinrent, quelque quarante-huit heures avant l’ouverture du procès, qu’une brochette de soixante- dix médecins, militants de la cause humanitaire, psychiatres, écrivains, et créateurs à la renommée sans tache, apposent leur signature sur un texte demandant qu’on entende enfin raison : si une jeune fille a le droit de prendre la pilule à treize ans, c‘est bien pour quelque chose. Non ? « Trois ans de prison pour des baisers et des caresses, cela suffit ». Le procès n’eut pas lieu à huis clos, contrairement à ce qu’on aurait pu escompter, et les pédophiles considérèrent cela comme une victoire. Ils voulaient que la vérité soit dite, que l’on sache qu’on avait privé de leur liberté des hommes coupables d’avoir fait l’amour, sans violence ni contrainte, et pour le plus grand plaisir de leurs « victimes ». Les trois pédophiles furent remis en liberté, et l’écrivain n’en ressentira pas une mince fierté : il dit, et on peut le croire, que c’est certainement grâce à sa campagne que les jurés se sont rendus à l’évidence. Il était temps, en ces années Giscard, que la loi soit adaptée à la nouvelle réalité sociale et qu’on cesse d’interdire l’amour aux jeunes. Des groupes de pression se constituèrent, rejoints par quelques personnalités du monde judiciaire, dans le but d’obtenir une décriminalisation de la pédophilie. Au nom, entre autres, du droit des enfants à vivre leur sexualité. Cinq ans plus tard, une nouvelle affaire secouait le petit monde pédophile, et une fois encore l’écrivain se trouva en première ligne. Il s’agissait, selon lui, d’un montage destiné à le déstabiliser. Alors qu’un scandale sordide secouait le midi de la France, un juge s’en prenait à lui sur la foi d’un document truqué. L’écrivain pédophile se défendit comme un beau diable. Pour commencer, il n’avait jamais mis les pieds dans ce « lieu de vie » dont on disait que des hautes personnalités venaient y abuser d’enfants handicapés, jamais son nom n’aurait dû être lié à l’affaire. Il s’insurgea contre cette manie qu’avaient les gens bien-pensants de s’en prendre à lui. Il prit sa plus belle plume et, sur trois colonnes, il se justifia dans un quotidien de gauche. Alors qu'une lectrice, évoquant le traumatisme définitif qu'elle avait subi en ayant été abusée à l'âge de cinq ans, s'en était prise nommément à lui dans ces mêmes colonnes, celui-ci s'insurgea. Il était le premier à dénoncer l’amour sous contrainte, et plus encore la malignité de certaines familles. Il estima que c'est uniquement parce qu'il était fragilisé par l'affaire du lieu de vie que cette dame le dénonçait ainsi. Pourquoi ne s'en prenait-elle pas plutôt à Gide ou Montherlant, qui ont professé les mêmes goûts ? Il se définit comme le bouc émissaire, l’hérétique à brûler sur le bûcher. Le juif à dénoncer à la Gestapo. La victime en un mot. Et comme il n’était soutenu ni par un parti politique, ni par une coterie littéraire ni par une Église, on pouvait ainsi impunément l’attaquer. Mais il était écrivain, et à ce titre il suggéra qu’au lieu de s’en prendre à sa personne, on ne s’attache qu’à la qualité de son écriture. Or, selon lui, ses livres sont bien écrits, beaux, enlevés, avec du style. Et « qu'est-ce que la littérature sinon la mémoire transfigurée par le style ? » demanda-t-il. « Nous n'aurions pas écrit les livres que nous avons écrits, jamais nos noms n'auraient été mêlés à l'affaire du lieu de vie. Ce ne sont pas nos défauts ou nos faiblesses qui nous font du tort, mais au contraire nos plus éminentes qualité ». Bigre ! On devrait ne juger les hommes de plume que sur leur production littéraire, leur talent, pas leur vie privée. Lui n’avait jamais eu maille à partir avec la justice sauf dans le cas de ce montage ignominieux dont il se fit fort, dès le début, de dénoncer le caractère mensonger. Puisque procès il devait y avoir, c’est lui qui l’intenterait. Et qui le gagnerait. « J'avoue ne pas comprendre pourquoi je fais perdre leur sang-froid à tant de gens », s'étonna-t-il un autre jour. Car quoi, il faisait l’amour avec des jeunes filles dont l’âge, au fur et à mesure que passent les années, se faisait de plus en plus éloigné du sien. Elles avaient entre quinze et vingt- deux ans, il ne leur avait jamais ne serait-ce que volé un baiser, et on le vouait aux gémonies. Ne seraient-ce pas les jaloux qui faisaient tant de bruit ? « Les médiocres, affirma-t-il un jour, ont un sens aigu de leur médiocrité. D'où leur haine instinctive, raisonnée, vigilante, des hommes de talent, des esprits libres ». Il dénonça dans la foulée l’influence montante d’une idéologie réactionnaire personnalisée par deux figures de l’ordre moral de l’époque : le pape Jean-Paul II, et le président Reagan. Ce qu'on appelle communément l’ordre moral, évoquera toujours, pour des femmes de ma génération, c’est-à-dire nées en plein baby-boom, la diabolisation du sexe et du désir, un système qui livre des vierges frustrées en mariage à des hommes d’expérience. L'ordre moral est au service exclusif du mâle et réduit les femmes à la satisfaction de leurs désirs : désir de paternité, de sexe, et de confort qu’Hitler avait bien défini dans les trois K auxquels il destinait les Allemandes : ceux de Kinder, Kammer et Kuche, les enfants, la chambre et la cuisine. L’ordre moral c’est celui qu’on a prétendu mettre à bas durant la révolution sexuelle qui disait « faites l'amour, pas la guerre ». Faire l'amour, c'était une manière de révolution, contre les rétrogrades qui prétendaient le réserver à l’alliance de deux patrimoines enregistrée devant notaire. Faire l’amour, c’était faire du mal à qui ? En réclamant la liberté sexuelle, nous réclamions de pouvoir devenir maîtresses de notre corps et de notre destinée. L'ordre, qu’il soit moral ou autre, était vécu comme celui des puissants, le désordre étant les remous de la base qui réclame sa part de bonheur. S'attaquer à la pédophilie, ce serait prôner le retour à l'ordre moral ? C'est en tous cas avec cet argument que l'écrivain pédophile mobilisa les progressistes autour de lui, rien dans ses actes ne justifiant un tel acharnement à son encontre. Il est pourtant simple de tirer une morale de sa morale, il n’est nul besoin d’écouter les jaloux et les ratés qui le pourchassent. Il suffit de le lire. Explication de texte. Il suffira une bonne fois, peut-être, d’expliquer de quoi il retourne. Si on ouvre n'importe lequel de ses livres n'importe où, on aura devant soi deux pages, l'une à gauche, l'autre à droite. À n'importe quel endroit de l'ouvrage, quelque part entre ces deux fois trente-cinq lignes, l’auteur vous raconte qu'il vient de faire ou qu'il s'apprête à faire l'amour à une jeune fille, parfois à un jeune garçon. Nous irons droit au but : le corps de chacune de ces demoiselles dispose de trois organes qui sont trois réceptacles possibles pour le sexe du maître. De ces trois mêmes organes, le corps du maître dispose également, et rien ne lui est plus doux que de s'y faire visiter. Faire et se faire faire. Tout est là, et rien d'autre. Ici pas de sadisme ni de mise en scène macabre qu’on attribue aux pédophiles, rien que sexe donné et reçu pour le plaisir du corps, à sexe et à bouche que veux-tu. Tout effort d'imaginer autre chose sera vain. Pour le reste, on comprend vite que ce monsieur est un pédophile professionnel. Il jouit de très jeunes filles qu'il collectionne, raconte ses exploits avec le maximum de détails par l'intermédiaire d'un éditeur fidèle, et empoche uploads/Litterature/ marion-sigaut-de-l-x27-amour-et-du-crime-du-sexe-et-des-enfants.pdf

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