Jean-Marc PIOTTE (1979) Professeur à l’Université du Québec à Montréal Marxisme

Jean-Marc PIOTTE (1979) Professeur à l’Université du Québec à Montréal Marxisme et pays socialistes essai Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, bénévole, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi Courriel: jmt_sociologue@videotron.ca Site web: http://pages.infinit.net/sociojmt Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales" Site web: http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.html Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm Jean-Marc Piotte, Marxisme et pays socialistes (1979) 2 Cette édition électronique a été réalisée par Jean-Marie Tremblay, bénévole, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi à partir de : Jean-Marc Piotte (1979) Marxisme et pays socialistes. Essai. Une édition électronique réalisée à partir du livre de Jean-Marc Piotte, Marxisme et pays socialistes. Essai. Montréal :VLB Éditeur, 1979, 180 pages. Polices de caractères utilisée : Pour le texte: Times, 12 points. Pour les citations : Times 10 points. Pour les notes de bas de page : Times, 10 points. Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2001 pour Macintosh. Mise en page sur papier format LETTRE (US letter), 8.5’’ x 11’’) Édition complétée le 23 août 2002 à Chicoutimi, Québec, Le jour de mon anniversaire de naissance : le 23 août 1948. Jean-Marc Piotte, Marxisme et pays socialistes (1979) 3 Une édition électronique réalisée à partir du livre de M. Jean-Marc Piotte, Marxisme et pays socialistes. Essai. Montréal: VLB Éditeur, 1979. 180 pages. Cette édition numérique a été rendue possible grâce à la double autorisation, accordée le 18 août 2002, par l'auteur, M. Jean-Marc Piotte, professeur de science politique à l'Université du Québec à Montréal, et par son éditeur, le Groupe Ville- Marie-littérature, de Montréal. Un grand merci au professeur Piotte de sa générosité et un grand merci à son éditeur, Le Groupe Ville-Marie-litttérature, de nous avoir donné l'autorisation de produire une édition numérique accessible librement et gratuitement à partir du site web des Classiques des sciences sociales. Pour rejoindre M. Piotte : piotte.jean-marc@uqam.ca Jean-Marc Piotte, Marxisme et pays socialistes (1979) 4 Jean-Marc Piotte enseigne au Département de Science Politique de l'Université du Québec à Montréal. Militant syndical et il a consacré plusieurs livres et articles à la théorie marxiste des classes, de la nation, de l'État et du parti, ainsi qu'à la lutte syndicale. Il fut de plus co-fondateur des revues Parti pris et Chroniques. Jean-Marc Piotte, Marxisme et pays socialistes (1979) 5 Si le marxisme demeure la théorie qui nous permet de mieux comprendre et d'expliquer le capitalisme, ne doit-on pas utiliser les connaissances marxistes pour comprendre et expliquer ce qu'il est advenu du « socia- lisme » ? Mais cette position implique aussi qu'on puisse, à la lumière des données historiques, questionner le marxisme, le corriger, le développer ou le réviser pour rendre compte de phénomènes que n'avait pas prévus Marx ou n'avait pas compris Lénine, démarche contraire à celle des « nouveaux philosophes » (Bernard-Henri Lévy, André Glucksmann, etc.). L'auteur explore ici les diverses conceptions marxistes du rapport parti/classe. Quelle est la structure et le mode de fonctionnement du parti bolchevique? Le centralisme démocratique, tel que pratiqué par Lénine à la fin de sa vie, ne conduit-il pas à la bureaucratisation du parti? La science, la morale ou la ligne politique peuvent-elles garantir le caractère prolétarien du parti? Comment les dirigeants bolcheviques ont-ils abordé et « résolu » la question nationale en URSS? Autant de questions auxquelles l'auteur tente de répondre, tout en retraçant les grandes lutte ont traversé les sociétés bureaucratiques jusqu'à aujourd'hui. Jean-Marc Piotte, Marxisme et pays socialistes (1979) 6 Table des matières D'où j'écris 1. Question de philosophie 2. La dialectique parti/classe 3. De haut en bas 4. Nature et structure de l'État 5. Les nations dominées 6. La classe bureaucratique 7. Qui vaincra L'enjeu de la lutte Jean-Marc Piotte, Marxisme et pays socialistes (1979) 7 Je remercie Gilles Dostaler, Madeleine Gagnon, Jacques Lévesque, Robert Linhart, Jacques Mascotto, Pierre-Yves Soucy et France St-Gelais pour l'aide variée apportée à la réalisation de cet ouvrage, même s'ils n'en partagent pas nécessaire- ment toutes les thèses. Jean-Marc Piotte Retour à la table des matières Jean-Marc Piotte, Marxisme et pays socialistes (1979) 8 D'où j'écris Retour à la table des matières Bernard-Henry Lévy lance, sur le marché du livre, la formule « les nouveaux philosophes » dans un dossier dont il est le rédacteur en chef, publié par Les Nouvelles littéraires en juin 1976 1. Ce journaliste-publiciste est aussi directeur de collection chez Grasset où bon nombre des dit philosophes sont édités. Il constitue enfin un des membres de cette « avant-garde » philosophique dont le label « nou- veau » masque - Dominique Lecourt le montre bien 2 - leur filiation avec un passé idéologique. Les « nouveaux philosophes » seraient le fruit d'une nouvelle génération intellec- tuelle: celle de mai '68 revenue de ses illusions. (Mais remarquons que Maurice Clavel - qui ressort cet argument éculé: le « totalitarisme » marxiste viendrait du rejet de Dieu - enseignait depuis longtemps lorsque la révolte étudiante éclate tandis que Jean-Marie Benoist était attaché culturel à l'ambassade de France à Londres.) Ils seraient pour la plupart - car il faut exclure Clavel, Benoist et Lévy lui-même - des maoïstes désillusionnés. (Remarquons qu'ils proviennent d'un courant politique précis - la « Gauche prolétarienne », à ne pas confondre avec les organisations marxistes- léninistes - qui défendait la spontanéité et la révolte connaisseuse des masses, ce qui n'est pas sans liens épistémologiques avec leurs positions actuelles.) 1 Aubral, François, et Delcourt, Xavier, Contre la nouvelle philosophie, Gallimard, collection Idées, 1977, p. 14. 2 Lecourt, Dominique, dissidence ou révolution? Maspero, 1978, 99 pp. Jean-Marc Piotte, Marxisme et pays socialistes (1979) 9 Que recouvre donc ce nouveau label publicitaire? Une certaine communauté de pensée fondée sur une conception idéaliste de l'histoire - qui leur permet de n'accor- der aucune attention à l'étude historique, réduite à celle des idées - et sur un anti- marxisme virulent. André Glucksmann - un des anciens leaders de la « Gauche prolétarienne » - est classé par Lévy et l'ensemble de l'intelligentsia parisienne parmi ce courant, même s'il le récuse. Et ils ont raison: Glucksmann est même un des principaux propagandistes des thèmes qui structurent la « nouvelle philosophie ». Glucksmann se place du point de vue de Soljénitsyne qui devient le prototype de la plèbe, de l'exclu, du résistant. Or la plèbe - définie par ce qui résiste aux relations de pouvoir dans l'individu ou la société - détient nécessairement, pour les « nouveaux philosophes », le point de vue juste, la connaissance. Soljénitsyne, trimballé d'un camp de concentration à un autre, voit l'U.R.S.S. à la lumière et sous l'angle de ceux- ci. Le marxisme, idéologie officielle de l'État, devient ainsi la cible de toutes les attaques. Glucksmann reprend à son compte ces positions de Soljénitsyne et les popularise en France et dans les pays capitalistes. Qu'on ne puisse expliquer l'U.R.S.S. sans rendre compte des camps de travail me semble une évidence, même si les communistes non trotskystes ont longtemps nié l'existence même des camps et même si généralement ils esquivent le sujet. Mais peut-on « scientifiquement » réduire l'ensemble des phénomènes économiques, politiques et idéologiques au Goulag? Ne doit-on pas aussi tenir compte, entre autres, du développement économique? De la scolarisation des masses analphabètes? Des diverses mesures de sécurité sociale qui, par l'intermédiaire des luttes de la classe ouvrière des pays industrialisés, ont été imposées, dans des limites variables, aux bourgeoisies impérialistes? Comment expliquer les réformes khrouchtchéviennes qui, malgré un retour en arrière par ses successeurs, ont fortement réduit l'extension et la portée des camps de travail? Les sociétés « socialistes » ne pourraient-elles pas subsister - c'est-à-dire reproduire la même structure de classes - sans Goulag ? Voilà des questions évitées par les « nouveaux philosophes » : socialisme et Goulag seraient deux termes recouvrant une même réalité. Depuis Marx, l'ensemble des historiens reconnaissent que l'histoire s'explique par la lutte des forces sociales - même s'ils se disputent sur leur identification et hiérarchisation. Les « nouveaux philosophes » reviennent à une conception idéaliste: le marxisme, dit Glucksmann, ne produirait pas seulement des paradoxes scientifi- ques, mais aussi des camps de concentration 1. Mais les connaissances apportées par les chercheurs marxistes doivent-elles être niées parce que les États « socialistes » justifient leur domination par le « marxisme » ? Que la majorité des dissidents ne voit plus celles-là que sous l'oppression que cautionne le « marxisme » officiel me semble un phénomène sociologiquement compréhensible. M'apparaît plus douteux la reprise de cette réduction par des intellectuels français qui disent connaître le vaste courant théorique originant de Marx. Glucksmann, malgré des nuances, tombe dans ce panneau: le savoir marxiste n'est que paradoxes dévoilés par l'effet de l'idéologie marxiste, le Goulag. Dans Les Maîtres penseurs, Glucksmann prend son envol philosophique: le tota- litarisme ne dépendrait pas seulement du marxisme mais remonterait à la philosophie allemande du XIXe siècle (Fichte, Hegel et Nietzche). Évidemment, Glucksmann doit planer à très haute altitude pour saisir l'identique chez les quatre uploads/Litterature/ marxisme-et-pays 1 .pdf

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