ACADÉMIE BULGARE DES SCIENCES LINGUISTIQUE BALKANIQUE LII (2013), 2-3 Ivana MIL
ACADÉMIE BULGARE DES SCIENCES LINGUISTIQUE BALKANIQUE LII (2013), 2-3 Ivana MILJKOVIC (Nish) METONYMIE: LES DIFFERENTES APPROCHES DE LA METONYMIE ET LES EXEMPLES DE LA METONYMIE EN SERBE ET EN FRANÇAIS La métonymie est une fi gure de style qui met en opposition deux termes qui normalement n’appartiennent pas au même axe syntagmatique. Pourtant, elle ne sort pas du champ sémantique et cela permet une compréhension beaucoup plus facile que celle de la métaphore. Nous pensons que pour comprendre le sens fi guré, l’homme recourt à une opération mentale cognitive qui permet l’établissement de nouveaux traits sémiques qui mettraient en relation adéquate les lexèmes s’y trouvant. Par conséquent, l’énoncé métonymique se résout en résolvant le champ référentiel qui est fondamental dans la compréhension de ce trope. Tandis que la métaphore exige le changement du champ sémantique, la compréhension de la métonymie nécessite seulement le changement du champ référentiel. Cela permet de rester, dans la plupart des cas, dans le domaine de la polysémie nominale. Alors que le porteur du sens fi guré métaphorique réside dans toutes les catégories des mots, nous avons l’impression que le porteur du sens fi guré métonymique réside dans la plupart des cas dans le substantif. Nombreux sont les exemples qui prouvent notre point de vue. Ainsi d’un côté pouvons-nous mentionné les exemples de la métaphore tels que : Les vagues jappent ; La parole trop puissante me tua ; La forêt a mangé le ciel etc. De l’autre côté, nous pouvons proposer les exemples de la métonymie tels que : J’ai quitté la robe pour l’épée ; boire la mort ; il est parti après avoir fi ni son verre ; Il a lu Hugo ; Rodrigue, as-tu du cœur ? etc. dans lesquels le porteur du sens fi guré est le substantif. De même, vu que nos intérêts touchent aussi la synecdoque, qui n’est d’ailleurs qu’une sous forme de la métonymie, nous proposons les exemples : j’ai vu trente voiles ; une tête si chère ; périr par le fer, etc. dans lesquels le porteur du sens tropique est toujours le substantif. 98 Ivana MILJKOVIC Métonymie et métaphore La métonymie est souvent défi nie et mise en parallèle avec la métaphore. Ainsi allons-nous donner quelques explications de ce trope qui la compare avec celles de la métaphore. Pour commencer, nous allons donner l’explication informelle de P. Saint-Dizier dans son article sur la métonymie (S a i n t-D i z i e r: 2006). D’après lui, la fonction référentielle autorise l’emploi d’une entité pour en représenter une autre. La relation entre l’entité utilisée et l’entité référentielle est « essentiellement de deux types : la relation paradigmatique partie-tout (employée en partie vers le tout ou en tout vers la partie) et un ensemble a priori ouvert de relations fonctionnelles. » Ce que nous retenons de cet article est l’énoncé tropique qui peut être à la fois un énoncé métaphorique et métonymique, comme dans l’exemple suivant : « L’Europe croit à la démocratie », dans lequel nous avons d’abord une métaphore (une entité géographique vue comme un humain), ensuite une métonymie (les habitants de l’Europe croient à la démocratie). Cet exemple de Saint-Dizier, et son explication métaphorique qui se base sur la personnifi cation renforce notre idée que la personnifi cation est une fi gure appartenant au trope métaphorique. De son côté, A. Fougner Rydning se concentre surtout sur le rôle cognitif de la métaphore et de la métonymie. Pour expliquer la métonymie qui nous intéresse en ce moment, elle fait appel aux cognitivistes et propose une approche dans cet esprit : « Les cognitivistes, qui ont emprunté le terme de métonymie à la rhétorique, lui confère un rôle bien plus étendu que celui de trope. Outre le fait que la métonymie est un procédé référentiel, ils voient en elle un mécanisme général de la compréhension du sens. La métonymie est présente dans tous les textes, quels qu’ils soient, non pas de façon aléatoire et occasionnelle, mais de façon régulière et constante. <…> la métonymie n’est pas un phénomène exclusivement linguistique, elle fait partie intégrante des systèmes conceptuels qui sous-tendent notre façon de penser et d’agir. Fondée sur notre expérience, la métonymie conceptuelle est un processus de la pensée qui permet d’accéder à la compréhension.» (F o u g n e r R y d n i n g: 2003). Tout en insistant sur le fait que « la métonymie est un processus cognitif par lequel une entité conceptuelle fournit un accès mental à une autre entité conceptuelle. Le principe en œuvre est celui de la contiguïté où un rapport est établi entre deux entités à l’intérieur de ce domaine. La nature de la contiguïté est conceptuelle, car la métonymie fait appel à une représentation mentale où le sujet mobilise ses connaissances extralinguistiques. A. Fougner Rydning donne des exemples et ses commentaires. Alors que nous somme d’accord avec son point de vue par rapport à la théorie cognitive de la métonymie, nous nous permettons quelques remarques concernant les exemples choisis et notamment ses réinterprétations. En partant des études de G i b b s (1999), qui pense qu’il est diffi cile parfois de faire une distinction nette entre la métaphore et la métonymie, il propose le test de similitude pour trouver la véritable différence entre la métaphore et la métonymie, que Fougner Rydning accepte. Ainsi donne-t-il les exemples suivants : I am a one man’s dog; et Le sandwich au jambon attend l’addition. Ensuite elle applique le test de similitude de 99 Metonymie: Les Differentes Appoches de la Metonymie et les Exemples de la ... Gibbs en disant qu’il est possible de dire « I am like one man’s dog ». En revanche, il n’est pas possible de dire « Le sandwich au jambon est comme une personne qui attend l’addition. » D’un côté nous partageons l’avis que la compréhension métaphorique réside sur la similitude et celle de la métonymie sur la contiguïté, de l’autre côté nous ne pouvons certainement pas accepter le test qui défi nirait la métaphore comme une compréhension abrégée, ce qui est le cas dans l’explication du premier exemple. En effet, nous pensons que la véritable nature de la métaphore se révèle seulement dans la métaphore ayant un verbe autre que la copule, puisque c’est le seul cas dans laquelle la transformation en comparaison n’est pas possible, et qui, par conséquent, démontre que la métaphore n’est pas une comparaison abrégée à laquelle on enlève l’outil de comparaison « comme ».1 Pourtant, il faut admettre que le test de Gibbs avec « comme » permet la distinction entre la métaphore et la métonymie, dans la mesure où s’il s’agit de la métaphore avec la copule. Nous tenons à souligner l’organisation tropique de la métonymie. Alors que la métaphore nécessite un glissement sémantique, « la métonymie <…> opère sur un glissement de référence ; l’organisation sémique n’est pas modifi ée, mais la référence est déplacée <…> », comme le remarque L e G u e r n e (1973: 14). Le déplacement référentiel assure la compréhension métonymique, en s’appuyant sur la logique, l’expérience, la désignation etc. Un des objectifs de cet article est la mise en évidence des explications linguistiques de la métonymie, celles des stylisticiens, ainsi que les explications littéraires. Nous allons essayer d’aboutir à une image cohérente de ce trope majeur tout en démontrant que les explications en questions se complètent mutuellement. Explications linguistiques Toute fi gure, en fait, comporte un processus de décodage en deux temps, dont le premier est la perception d’une anomalie, et le second sa correction, par exploration du champ paradigmatique où se nouent les rapports de ressemblance, contiguïté, etc., grâce auxquels sera découvert un signifi é susceptible de fournir à l’énoncé une interprétation sémantique acceptable. Si cette interprétation est impossible, l’énoncé sera renvoyé à l’absurde (C o h e n 1970: 21-23) Tout écart exige sa propre réduction par changement de sens. A cette explication de Cohen nous ajoutons juste une remarque: en effet, il ne défi nit aucune fi gure particulière, il parle du processus de la compréhension de la fi gure en général. Ce que nous voulons souligner c’est ce «processus de décodage» que nous trouvons très important dans la compréhension de la métaphore mais qui existe, dans une moindre mesure nous semble-t-il dans la métonymie. Si la déviance métaphorique ne donne pas lieu à une lecture métonymique ou synecdotique, c’est parce que la déviance n’est pas identique, même si dans les deux cas, il s’agit d’un emploi catégoriel indu. Dans le cas de la métonymie/synecdoque, l’emploi abusif résulte de l’utilisation de la catégorie d’une occurrence pour une autre occurrence d’une catégorie incompatible, alors que dans la métaphore, il s’agit de la catégorisation d’une occurrence dans la catégorie qui ne lui est normalement pas destinée (K l e i b e r 1999: 132). Ce 100 Ivana MILJKOVIC que nous soulignons dans cette défi nition, c’est la description de la différence entre la métaphore et la métonymie qui convient complètement à notre vision de leur compréhension. uploads/Litterature/ metonymie-les-differentes-approches-de-l.pdf
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- Publié le Jui 14, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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