Paul-Michel Foucault, né le 15 octobre 1926 à Poitiers et mort le 25 juin 1984
Paul-Michel Foucault, né le 15 octobre 1926 à Poitiers et mort le 25 juin 1984 à Paris, est un philosophe français. L'adjectif s'y rapportant est foucaldien. Il fut, entre 1970 et 1984, titulaire d'une chaire au Collège de France, à laquelle il donna pour titre Histoire des systèmes de pensée. Puisant dans Nietzsche et Heidegger, son œuvre est une critique des normes et des mécanismes aveugles de pouvoir qui s'exercent au travers d'institutions en apparence neutres (la médecine, le marché, la psychiatrie, l'art...) et problématise, à partir de l'étude d'identités individuelles et collectives en mouvement, les processus toujours reconduits de libération et de « subjectivation ». L'ensemble de l'œuvre foucaldienne s'élabore dans une archéologie philosophique du savoir, sans rechercher une signification ultime. En 2007, Foucault est considéré par The Times Higher Education Guide comme l'auteur en sciences humaines le plus cité au monde1 Premières années Paul-Michel Foucault naît le 15 octobre 1926 à Poitiers2, dans une famille de notables de province3. Son père, Paul Foucault, est un chirurgien éminent qui a de grandes espérances de voir son fils le rejoindre dans cette profession ; mais c'est son frère Denys, de sept ans son cadet, qui épousera la profession paternelle, Michel, lui, étant très rapidement attiré par l'histoire4. Il abandonne plus tard le « Paul » de son prénom, pour des raisons qui demeurent toujours inconnues. Son principal biographe, Didier Eribon, avance deux hypothèses : celle que Foucault destinait à sa mère (ses initiales, PMF, étaient celles de Pierre Mendès France) et celle qu'il avait donnée à ses amis (« il ne voulait plus porter le prénom de son père, qu'adolescent il haïssait »)5. Durant sa jeunesse, son éducation est un mélange de succès et de résultats médiocres : il est très mauvais en mathématiques, tout en raflant régulièrement des prix d'excellence en français, en histoire, en grec ou en latin. Mais ses résultats chutent brusquement en classe de troisième, en 1940 : il n'avait pas supporté de n'être plus premier depuis l'arrivée des Parisiens repliés à Poitiers. Devançant son éventuel redoublement, sa mère l'inscrit alors dans le collège religieux Saint-Stanislas où bientôt il excelle — second derrière son camarade Pierre Rivièrenote 1. Sa mère fait aussi jouer à plein son réseau privé6 et confie son fils à un jeune étudiant, Louis Girard7, qui lui « ressort » « une sorte de kantisme assez vague, arrangé à la mode du XIXe siècle8 ». De sorte qu'à la fin de l'année, Foucault obtient le deuxième prix de philosophie. En classe de terminale, son professeur de philosophie (le Père supérieur Dom Pierrot) le classe dans la catégorie des élèves « pour qui la philosophie serait toujours un objet de curiosité » (plutôt tournés vers Descartes), par opposition à ceux pour qui elle relèverait plutôt d'une inquiétude existentielle, vitale (davantage tournés vers Pascal). Au baccalauréat, il obtient la mention « assez bien », avec 10/20 en philosophie. De cette époque, Foucault retiendra surtout des souvenirs liés à l'Histoire, c'est-à-dire aux événements politiques (plus qu'à la vie familiale) ; quant à ses souvenirs de lycée, ils sont détestables : il en haïssait l'atmosphère religieuse et méprisait les cours qu'il y avait reçus. Soutenu par sa mère qui veut lui laisser le choix de ses études, Michel Foucault tient tête à son père (car « l'idée de faire des études de médecine lui fait horreur »9). En septembre 1943, il entre en classes préparatoires au lycée Henri-IV de Poitiers. Manifestant de plus en plus d'intérêt pour la philosophie (sans délester l'histoire), le jeune élève devient, en classe, le principal interlocuteur de son professeur de philosophie : « Les autres [élèves] étaient un peu perdus10... » Foucault, à cette époque, est assez solitaire, « il travaillait tout le temps et se liait assez peu aux autres » : il s'accorde, selon ses propres dires, une première récréation (d'un quart d'heure) quelques semaines avant le concours. « Le concours, la compétition, en faire plus que l'autre, être le premier, quelqu'un comme moi a toujours vécu là-dedans11 » expliquera-t-il plus tard. Malgré cela, il manque l'épreuve écrite de l'École normale supérieure en 1945 : il est cent-unième ; seuls les cent premiers peuvent se présenter à l'oral12. Après de nouvelles démarches de sa mère, Michel Foucault quitte enfin Poitiers, ville qu'il juge étouffante, pour le lycée Henri-IV de Paris, à la rentrée 1945-1946. Sa mère ayant les moyens de lui payer une chambre en ville (l'adolescent, fragile et instable, répugne absolument à la vie en communauté), il est perçu par les internes comme un « provincial mal fagoté », « un garçon sauvage, énigmatique, fermé sur lui-même13. » Il travaille énormément, « comme un fou ». Jean Hyppolite, qu'il trouve fulgurant et génial, l'éblouit : il ne cessera de proclamer sa dette à ce grand connaisseur de Hegel, à qui il succédera au Collège de France ; en 1975, il affirme même qu'il lui « doit tout »14. Le professeur qui succède à Hyppolite dit du jeune Foucault qu'il « vaut beaucoup mieux que sa note — devra s'affranchir d'une tendance à l'hermétisme — c'est un esprit rigoureux15. » Il lit et aime Balzac, Stendhal et Gide16 ; mais surtout, de plus en plus passionné par la philosophie, devenu « élève d'élite » selon son professeur, il passe — du vingt- deuxième rang à la rentrée — au premier rang avant la fin de l'année, et en histoire, du septième au premier rang. C'est donc logiquement qu'il est reçu, en 1946, quatrième de la future promotion de l'École normale supérieure de la rue d'Ulm. À l'École normale supérieure « C'est une nouvelle vie qui commence pour lui. Une vie qu'il aura bien du mal à supporter. C'est un garçon solitaire, sauvage, dont les rapports avec les autres sont très compliqués, souvent conflictuels17. » Son biographe et ami Didier Eribon résume l'ambiance de ces années « parfois intolérables » selon Foucault lui-même : « Il se dispute avec tout le monde, il se fâche, il déploie tous azimuts une formidable agressivité qui s'ajoute à une tendance assez marquée pour la mégalomanie. Foucault aime à mettre en scène le génie dont il se sait porteur. Si bien que, très vite, il est presque unanimement détesté. Il passe pour être à moitié fou18. » Sa vie quotidienne à l'École normale est difficile et mouvementée ; il souffre de dépression grave. Un jour, l'un des enseignants le retrouve étendu dans une salle, la poitrine lacérée à coups de rasoir. Une autre fois, il poursuit un condisciple avec un poignard à la main. Louis Althusser dira même que Michel Foucault et lui ont toute leur vie côtoyé la folie, mais que le second seul était parvenu un jour à se « sentir guéri ». En 1948, suite à cette première tentative de suicide au rasoir, Foucault se retrouve à l'hôpital Sainte-Anne où il rencontre le Dr Gaillot, psychiatre : rentré à Ulm, il dispose désormais d'une chambre pour lui tout seul, à l'infirmerie. Selon son médecin, l'obsession suicidaire venait de ce qu'il vivait extrêmement mal son homosexualité. Si bien qu'il pouvait répondre, à un ami qui lui demandait où il allait : « Je vais au BHV, acheter une corde pour me pendre19. » Quand il rentrait de ses fréquentes sorties dans les bars gays, il restait prostré pendant des heures, anéanti par la honte. Aussi l'un de ses anciens condisciples de l'École pourra avouer, plus tard, que « quand l'Histoire de la folie à l'âge classique est sortie, tous ceux qui le connaissaient ont bien vu que c'était lié à son histoire personnelle20. » Quant à Foucault lui-même, il confessera que « c'est tout de même un problème impressionnant quand on le découvre pour soi-même [qu'on est homosexuel]. Très vite, ça s'est transformé en une espèce de menace psychiatrique : si tu n'es pas comme tout le monde, c'est que tu es anormal, si tu es anormal, c'est que tu es malade21. » Parallèlement, Foucault est un immense travailleur. Il choisit de préparer l'agrégation de philosophie en quatre ans au lieu des trois prévus généralement pour les normaliens. Il fiche tous les livres qu'il a lus et les range dans des boîtes, déniche même des notes d'un cours de Bergson, lit tous les philosophes classiques (Platon, Kant, etc.) mais aussi Hegel et Bachelard, Marx et Freud, ainsi que Martin Heidegger dont la lecture essentielle le pousse ensuite à découvrir Friedrich Nietzschenote 2. En littérature, il découvre Kafka, Faulkner et Jean Genet. Il développe à la même période une véritable fascination pour la psychologie (au point d'envisager, un temps, de poursuivre finalement des études de médecine), et lit très attentivement la Critique des fondements de la psychologie de Politzer. Ainsi, après avoir obtenu en 1948 sa licence de philosophie à la Sorbonne (où il ne met presque jamais les pieds), il obtient en 1949 une licence de psychologie, dont la chaire venait tout juste d'être créée. Il suit alors les cours de Daniel Lagache et participe très vite à la branche clinique de cette uploads/Litterature/ michel-foucault.pdf
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- Publié le Jan 14, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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