Moïse l’AfricAin MigrAtion de récits et brAssAge de Mythologies en Afrique subs

Moïse l’AfricAin MigrAtion de récits et brAssAge de Mythologies en Afrique subsAhArienne Édition critique, traduction et commentaire Moïse l’AfricAin MigrAtion de récits et brAssAge de Mythologies en Afrique subsAhArienne édition critique, traduction et commentaire par iyas Hassan Ouvrage publié avec le concours du ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères (DGMDP) et du Centre national de la recherche scientifique (UMIFRE 6, USR 3135) Presses de l’ifpo damas - beyrouth 2018 Ifpoche Série Bilingue 2 Directeur des publications de l’Ifpo : Michel MOUTON Directeur de la collection : Frédéric IMBERT Responsable : Nadine MÉOUCHY Édition, stylage et édition numérique, infographie Site de Beyrouth Infographie et PAO : Rami Y ASSINE Technicien supérieur PAO : Antoine EID Site de Damas Technicienne suprérieure PAO : Lina KHANMÉ-SBERNA Diffusion Chargée de diffusion : Lina NACOUZI Mots-clés : Qaṣaṣ, Moïse, Entretien secret, Mont Sinaï, manuscrits de l’Afrique Subsaharienne, Islam d’Afrique, Migration des récits. Keywords : Qaṣaṣ, Moses, Secret Appointment, Mount Sinai, Sub- Saharan African manuscripts, African Islam, narratives’ migration. صص، موسى، مناجاة، جبل الطور، مخطوطات إفريقيةَكلمات محورية : ق .جنوب الصحراء، إسالم إفريقيا، هجرة احلكايات © 2018, INSTITUT FRANÇAIS DU PROCHE-ORIENT B.P. 11-1424 Beyrouth, Liban diffusion-ifpo@ifporient.org Ifpoche Collection ISBN 978-2-35159-745-3 ISSN 2219-8296 Dépôt légal : 4e trimestre 2018 Presses de l’ 5 Sommaire remerciements ............................................................................... 7 introduction ...................................................................................... 9 récit de Moïse .................................................................................. 43 bibliographie ..................................................................................... 129 Remerciements Ce travail a bénéficié aux différentes étapes de sa réalisation du soutien du Professeur Georges Bohas. Je tiens à lui dire ma gratitude pour sa bienveillance et ses généreux conseils. Je voudrais exprimer ma reconnaissance aussi envers l’Institut de recherches en Sciences Humaines de l’Université Abdou Moumouni de Niamey et son directeur M. Seyni Moumouni d’avoir mis à notre disposition, dans le cadre du programme Vecmas, une partie de leurs fonds précieux. Je remercie également mon ami M. Yves Gonzalez- Quijano du temps qu’il bien voulu consacrer à la relecture de l’introduction ainsi que de ses remarques et suggestions toujours pertinentes. C’est grâce à l’initiative de M. Frédéric Imbert, directeur du Département des Études Arabes, Médiévales et Modernes de l’Ifpo, que Moïse l’Africain a trouvé son chemin vers la collection Ifpoche. Qu’il en soit remercié chaleureusement, ainsi que de sa relecture minutieuse et de ses propositions qui ont enrichi cette édition. Mes remerciements vont enfin à M. Michel Mouton, directeur de l’Ifpo, d’avoir accepté la publication de cet ouvrage et à Mme Nadine Méouchy, responsable du service des Presses, pour toute l’attention qu’elle a montrée pendant la phase éditoriale. Introduction Moïse ou la littérature compositionnelle Le qaΣaΣ subsaharien. Un nouveau champ de recherche pour la littérature arabe Le manuscrit présenté et commenté ici est issu de la collection de la bibliothèque du Département des Manuscrits Arabes et Ajami (MARA) de l’Institut de Recherches en Sciences Humaines à l’Université Abdou Moumouni de Niamey (Niger), où il est conservé sous le numéro 3785. Il n’est pas daté et porte la signature de Saɼčd b. Ismãɼčl ¾ dont on ne sait rien ¾ qui le dédicace au dernier folio iԨà son fr›reԨu, tr›s probablement dans la foi, Sayyid Aͥmad b. Muɼέillãh, pas plus connu que le premier. Saɼčd b. Ismãɼčl est donc vraisemblablement le copiste. Il est toutefois impossible de déterminer son rôle dans la composition du récit que relate ce manuscrit. Rien en effet ne permet de savoir s’il consigne par écrit un enseignement oral qu’il a reçu directement, s’il réalise une copie, fid›le ou moins fid›le, d’un autre manuscrit ou s’il compose lui-même le texte à partir d’éléments qu’il connaît. Peut-être qu’une meilleure connaissance des fonds subsahariens permettra, dans l’avenir, d’en savoir davantage. L’état actuel de notre connaissance de cette littérature invite à considérer le récit comme anonyme. Le manuscrit porte, sur le premier folio, un titre distinct, 1iΣΣat MŊsã qui veut-dire simplement Récit de moïse l’africain 10 Mo¢se. Il renferme une version islamique de l’entretien entre Dieu et le prophète biblique Moïse sur le Mont Sinaï, sous forme d’un long dialogue. Plusieurs autres manuscrits aux contenus différents, conservés dans la même bibliothèque, portent ce même titre, vague sans doute, mais qui n’a rien de banal. 1iΣΣat MŊsã évoque en effet un genre bien connu de la littérature religieuse arabe, le qaΣaΣ que l’on peut traduire littéralement par iԨles récitsԨu. ,es prémices de ce genre littéraire, à l’origine oral, remontent à l’antiquité arabe, comme en témoignent des usages du terme qaΣaΣ et du verbe qaΣΣa dans le Coran 1. Une fois islamisé, le qaΣaΣ commença tôt à prendre une forme canonique dans l’exégèse coranique (taFsčr) durant les deux premiers siècles de l’Hégire (VIIe et VIIIe siècles ap. J.-C.), avant d’intégrer les écrits historiographiques. Il se développa ensuite pendant près d’un siècle avant de donner lieu, à partir du XIe siècle, à des ouvrages thématiques avec ce qui sera appelé qaΣaΣ al ɻanBiYãɻ ou, plus couramment aujourd’hui, qiΣaΣ al ɻanBiYãɻ, genre prosaïque hagio-onomastique relatant la version islamique de la vie et des miracles des prophètes, pour la plupart bibliques, antérieurs à Muhammad. Il convient de noter que ce schéma évolutif n’est pas propre au genre qaΣaΣ, mais concerne plusieurs genres littéraires religieux s’étant développés à la même période. %n effet, l’exég›se coranique taFsčr) était à ses origines un champ globalisant qui a repris et mobilisé toute sorte de matériaux culturels, inscrivant dans le champ du sacré des récits légendaires et mythologiques de sources et de natures variées. Ainsi, des genres tels 1. Coran 3,67 ; 4,164 ; 6,130 ; 7,7/35/101/176 ; 11,100/120 ; 12, 3/111 ; 18,13 ; 28,25. introduction 11 les asBãB al nuZŊl (circonstances de la révélation des versets du Coran), al nãsiͫ Wa l mansŊͫ (l’abrogeant et l’abrogé), voire, dans une certaine mesure, le hadith, ont connu cette phase d’élaboration dans le champ du taFsčr avant de s’en détacher pour prendre des traits qui leur sont propres, et constituer des espaces distincts dans la littérature islamique. Deux auteurs sont emblématiques du genre qaΣaΣ al ɻanBiYãɻ. ,e premier est AbŊ Isͥãq Aͥmad al-ήaɼlabč (m. 427/1036) auteur du premier recueil connu de récits des prophètes, le célèbre ɼArãɻis al maDŽãlis, appelé aussi 1aΣaΣ al ɻanBiYãɻ. ,e second est Muͥammad b. ɼAbd Allãh al-+isãɻč qui aurait vécu au 8IIe siècle, mais dont l’identité demeure obscure, et que l’on confond parfois avec le cél›bre philologue ɼAlč b. ͤamza al-+isãɻč, mort, lui, au début du IXe si›cle. /n attribue à +isãɻč un autre cél›bre 1aΣaΣ al ɻanBiYãɻ dont le plus vieux manuscrit remonte au XIIIe si›cle. Ces deux auteurs sont en effet représentatifs de deux catégories, ou écoles, au sein de cette littérature (Nagel, 1986 : 177-178), selon que le matériel narratif utilisé provient immédiatement des ouvrages de taFsčr, ce qui est le cas de l’²uvre de ήaɼlabč, ou est puisé, loin de la littérature savante, à la pratique des sermonnaires et conteurs publics (quΣΣãΣ, sing. qãΣΣ), c’est-à-dire à une tradition orale dite populaire. Cependant, la parenté avec le genre qaΣaΣ que suggère le titre 1iΣΣat MŊsã est quelque peu trompeuse, d’où d’ailleurs tout son intérêt. Et ce n’est pas là le seul piège que tend ce manuscrit de Niamey à son lecteur contemporain, a fortiori s’il s’agit d’un lecteur averti, spécialiste de ce type de narrations. Car quiconque fréquente cette littérature islamique dans sa version orientale se trouve vite dans l’embarras face à cet moïse l’africain 12 iԨentretien secretԨu munãDŽãt) entre Moïse et Dieu, qui ne correspond que tr›s peu aux différents Rœcits de Mo¢se relatés dans les 1aΣaΣ al ɻanBiYãɻ. De par sa structure, sa rhétorique et ses choix rédactionnels que j’évoquerai plus loin, ce texte n’a en effet de cesse de se revendiquer de la littérature islamique savante et, en même temps, d’aխrmer une hétérodoxie libre de tout canon. Au premier abord, il ressemble de fait aux textes islamiques orientaux relevant du genre annoncé dans le titre, le qaΣaΣ en l’espèce, parce qu’il puise son cadre général et une partie de son matériel narratif dans cette littérature mère telle qu’elle fut développée dans l’exégèse et dans le hadith. Toutefois, les choix qu’il y effectue ainsi que l’aisance avec laquelle il conjugue les références sunnites canoniques avec celles considérées comme apocryphes (maW͍Ŋɼãt), tout en y associant des éléments chiites et d’autres se rapportant probablement à des croyances locales, autrement dit la manière dont il recompose sa matière première lui confère un caractère éminemment composite. Mon choix de le rebaptiser Mo¢se l’AFricain, trahison que me semble autoriser, sinon suggérer l’exercice d’édition critique, vise ainsi à mettre en exergue cet aspect qui mérite d’être souligné. Car ce caractère composite n’est pas propre à 1iΣΣat MŊsã ni d’ailleurs au genre auquel il appartient. Il s’avère, au contraire, largement valable pour une grande partie des manuscrits arabes subsahariens que nous connaissons, tous domaines confondus, et constitue ainsi un angle d’approche très propice pour aborder cette partie de la littérature arabe de l’/ccident musulman. Il est en effet rare que les textes issus des collections subsahariennes soient identiques à ce qui est supposé être leurs sources d’inspiration, introduction 13 y compris quand il s’agit d’ouvrages qui s’annoncent, implicitement ou explicitement, comme étant la copie uploads/Litterature/ moise-lafricain-introduction.pdf

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