Texte : Des années passèrent donc ainsi, apportant chacune plusieurs changement
Texte : Des années passèrent donc ainsi, apportant chacune plusieurs changements. Cependant, les familles continuaient à cultivaient la terre, à entretenir les arbres, à battre le blé ou l’orge en été… Elles avaient encore des ânes, des mules et des vaches. La pluie était au rendez-vous. La sécheresse et la désertification n’étaient pas encore signalées. Les grandes calamités qui faisaient peur aux gens du Sahel et aux Présahariens étaient loin encore. Au souk, on n’achetait pas des légumes, car on les produisait chez soi. En revanche. On s’y approvisionnait en produits essentiels comme le pétrole lampant, le carbure de calcium, le thé vert (seul le Vieux n’en achetait pas), le sucre, le sel, la viande, les dattes et d’autres produits inexistants au village tels que les le tabac, le henné, les ustensiles manufacturés, etc. Et même lorsqu’une boutique s’ouvrait dans le village […] on allait encore au souk car c’était là qu’affluaient les marchandises innombrables et variées qui venaient du nord. On avait. On avait le choix et on marchandait fermement. […] au souk, on pouvait aussi se faire une djellaba, une gandoura et des souliers sur mesures… Au village, une petite minoterie commençait de fonctionner. Les femmes qui jusque-là moulaient l’orge chez elles ne tardaient pas à prendre l’habitude d’y aller. Seule la vieille épouse de Bouchaib continuait de moudre ses céréales à la maison. Elle trouvait, disait-elle, plus de gout à la farine qu’elle produisait elle-même. - Mais tu te fatigues, objectait le Vieux. - Oh non ! Ça me maintient en forme, au contraire. Regarde donc les autres : elles vieillissent plus vite que moi parce qu’elles ont de moins en moins à faire. Et quand elles s’installent chez leur maries en ville, elles restent inactives enfermées, grossissent à force d’inactivité et de mangeaille graisseuse, et elles tombes malades. Je plains ces époux qui se ruinent à payer des médecins et des médicaments. […] - Chacun a son point de vue. Mais le tien n’est pas dénué de sens. Mais ces femmes se vantent de vivre mieux en ville d’ici. Là-bas, elles portent de l’or. N’as-tu pas vu qu’elles ressemblent à des bijouteries ambulantes ? Si un voleur les dépouillait, ce serait un homme riche. - tout ça, c’est du tape-à-l’œil, dit la vieille. - D tape-à-l’œil ? Hé ! C’est de l’or sonnant et trébuchant. Je te répète que ces parvenues portent sur elles de vraies fortunes. As-tu, toi, un seul bijou en or ? - Non. - Eh bien ! Tu vois la différence ? - Non, je ne vois pas. Je suis mieux ainsi. Pourquoi m’exhiber comme une moins-que-rien ? C’est de la vanité, de l’ostentation, que sais-je ? Je n’ai jamais eu que des bijoux en argent pur. C’est noble et c’est berbère. D’ailleurs, j’ai des pièces rares qui valent plus cher qu’un bijou en or neuf. Mes parures ont une histoire tandis que ce que portent ces parvenues, comme tu dis, n’en a aucune. Est-ce vrai? - Certes. Comme je l’ai toujours dit, nous sommes les garants de la tradition. Mais veille bien sur ces pièces d’argent. Il y a des trafiquant d’objets rares partout. […]Se sont des pilleurs du patrimoine, des rapaces et des menteurs. Ne leur montre surtout pas ce que tu possèdes. Ils seraient capables de te saigner pour l’avoir. Des mécréants ! Maudits soient-ils! I – COMPREHENSION : 1. De quelle œuvre est extrait ce texte ? Qui en est l’auteur ? 2. Relevez dans le premier paragraphe les fonctions sociales et économiques du souk. 3. Quels sont les aspects de modernité cités dans cet extrait et qui suscitent le débat entre les deux époux ? 4. Ont-ils le même point de vue concernant ces aspects ? Justifiez votre réponse. 5. Quels jugements la vieille portent-elle sur les bijoux en or ? 6. Et sur les bijoux qu’elle possèdent ? 7. Pourquoi la vieille choisit-elle de moudre ses céréales chez elle ? 8. Relevez quatre termes que le Vieux utilise pour désigner ceux qui pillent le patrimoine. 9. « elles ressemblent à des bijouteries ambulantes » a. Quelle est la figure de style utilisée ? b. Expliquez cette expression. 10. Quel est le type de discours dominant dans le texte ? quel est l’intérêt de son insertion dans le récit ? Définitions et explications : Calamités : grand malheur. Lampant : pétrole utilisé pour allumer les lampes. Affluer : venir en abondance. Vaquer à : s’occuper de. Exhiber : montrer, faire voir. Ostentation : étalage de sa fortune. Garant : protecteur, responsable. Camelots : marchands ambulants. Minoterie : établissement dans lequel on prépare les farines. I – Compréhension :(14pts) 1. Complétez le tableau suivant que vous dessinerez sur ta feuille : (1pt) Auteur Genre de l’œuvre Type du passage Personnages principaux 2. Situez le passage dans le texte dont il est tiré. (1pt) 3. Le souk, ce grand marchand hebdomadaire, avait une fonction économique. Relevez, du premier paragraphe, les éléments qui le montrent. (2pts) 4. Quels sont les aspects de la modernité cités dans ce passage ? (2pts) 5. Pourquoi les aspects de la modernité constituent –ils un sujet de débat entre les deux époux ? (1pt) 6. Quels jugements, à travers le passage, la vieille porte-t-elle sur les bijoux en or et sur les femmes qui les portent ? (2pts) 7. Le dialogue entre les deux époux révèle deux mentalités différentes, lesquelles ? (1pt) 8. Relevez, du texte, deux termes utilisés par le vieux Bouchaïb pour désigner ceux qui volent le patrimoine culturel marocain ? (2pts) 9. «Les femmes qui jusque-là moulaient l’orge chez elles ne tardèrent pas à prendre l’habitude d’y aller ». Relevez, de la phrase suivante, les verbes conjugués puis distinguez les temps utilisés. (2pts) II– Production écrite : (6pts) Bouchaïb répétait souvent : « Nous sommes les garants de la tradition ». Pensez-vous, comme le vieux Bouchaïb, que, si on ne garde pas nos traditions, elles finissent par disparaître? Rédigez, en douze lignes, un texte dans lequel vous donnez votre point de vue en l’appuyant d’arguments pertinents. Lors de la correction, nous tiendrons compte des éléments suivants : • Le traitement du sujet : Arguments pertinents et exemples concrets. (2pts) • La correction de l’expression et de la langue. (1,5pts) • Utilisation des connecteurs d’organisation et des liens logiques. (1,5pts) • La présentation de la copie. (1pt) II. Production écrite : « À quoi je pense ? Eh bien, à tous ces gens qui ont trop d’enfants et qui ne peuvent même pas les nourrir ? » Affirme Bouchaïb. Qu’en pensez-vous de cette affirmation ? Exposez votre point de vue dans un développement argumenté ? Evaluation Texte de base : Le lendemain, on commenta cet évènement à la mosquée. On apprit un peu plus tard que la ville d’Agadir avait été complètement détruite. On y ramassait beaucoup de cadavres, et beaucoup de survivants et de morts étaient encore sous les décombres. Dans le village même, pas un seul mur n’avait bougé. Mais les gens sortaient d’une frayeur étrange et même les plus endurcis allèrent faire des offrandes aux cheiks locaux. Une peur sourde et inexplicable s’était brusquement saisie de ces gens d’ordinaire insouciants. On recommençait à craindre l’au-delà, à visiter la tombe des ancêtres, et on priait à l’heure dite en demandant à Dieu d’étendre sa protection sur le village et la famille. Au-delà de la montagne, du côté de l’océan, une ville avait été rayée de la carte en quelques secondes. Des esprits d’un autre âge commentèrent à leur manière ce tremblement de terre. Ils rappelèrent à qui voulait l’entendre la destruction de Sodome et Gomorrhe et ils affirmèrent qu’Agadir était le berceau même de la luxure et de la sodomie, que le touriste européen n’y venait que pour satisfaire ses perversions sexuelles et dévoyer une jeunesse oisive que l’argent facilement gagné tentait plus que les études ou le travail honnête. Ils mettaient en cause les autorités laxistes et les parents qui profitaient de cette aubaine sans poser la moindre question… Ils prophétisaient les lendemains éprouvants à cette jeunesse irrespectueuse et dépravée qui se livrait à l’alcoolisme, la drogue et la prostitution sans retenue et sans honte. « Oui, même les chleuhs ont changé, disaient-ils. Ils ont succombé à l’argent, qui est le véritable instrument d’Iblis – qu’il soit mille fois maudit ! » En fait, tout le monde pensait la même chose, sauf le vieux Bouchaïb, qui en savait un bout sur les mécanismes sismologiques et autres phénomènes naturels. Mais il n’intervint pas dans la polémique, sachant qu’il ne pouvait pas convaincre des gens bornés, qui mêlaient souvent religion et superstition, histoire et légende, etc. A s femme pourtant, qui l’écoutait avec ferveur quand il abordait un sujet difficile, il expliqua la sismicité des sols et le pourquoi d’une telle catastrophe. Quand il eut fini, elle hocha la tête et dit : Oui, mais Dieu s’est servi de cette force qu’il a lui-même créée pour châtier ces mécréants. Mohammed Khaïr-Eddine - Il était une fois un vieux couple heureux. I- uploads/Litterature/ controle-n1-il-etait-une-fois.pdf
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- Publié le Mai 14, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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