n. 12 Esthétique, phénoménologie, textes plurilingues Collection dirigée par Ma

n. 12 Esthétique, phénoménologie, textes plurilingues Collection dirigée par Mauro Carbone et par Pierre Rodrigo L'œil n'est pas seulement l'œil. Voir, c'est davantage que voiL Voir c'est aussi sentir, voir c'est déjà penser. En ceci l'art donne à penser. En ceci l'esthétique ne pense pas seulement l'art, mais le sentir lui-même. En ceci elle est au cœur de toute ptlilosophie. La phénoménologie ne cesse de l'enseigner, et le débat actuel de l'affirmer. La collection L'œil et l'esprit tente d'en rendre compte: avec l'œil et l'esprit tournés vers l'Europe, et au-delà. COMITÉ SCIENTIFIQUE Renaud Barbaras (Université Paris I-Sorbonne), Patrick Burke (Gonzaga University in Florence), Fabio Ciaramelli (Università degli Studi di Catania), Elio Franzini (Università degli Studi di Milano), Jacques Garelli (Université d'Amiens), Leonard Lawlor (Pennsylvania State University), David Michael Klein- berg-Levin (Northwestern University), Isabel Matos Dias (Universidade de Lisboa), Franco Paracchini (Université de Genève), Bruno Pinchard (Université "Jean Moulin" Lyon 3), Mario Teodoro Ramirez Cobian (Universidad Michoacana de San Nicolas de Hildalgo), Gabriele Scaramuzza (Università degli Studi di Milano), Hans Rainer Sepp (Univerzita Karlova v Praze), Philippe Van Haute (Katholieke Uni- versiteit Nijmegen), Jean-Jacques Wunenburger (Université "Jean Moulin" Lyon 3). MAURO CARBONE PARIDE BROGGI LAURA TURARBEK (ÉD.) entre esthétiques et politiques Publication réalisée avec le soutien de l'Université Jean Moulin Lyon 3. © 2012 - Mimesis France maison d'édition 13, rue Ramey 75018 Paris contact@mimesisfrance.org www.mimesisfrance.org Diffusion et distribution Librairie Philosophique J. Vrin 6, Place de la Sorbonne, F-65005 Paris Téléphone: (33) 01 43540347 Télécopie: (33) 01 43544818 www.vrin.fr E-mail: contact@vrin.fr TABLE DES MATIERES PRÉSENTATION par Mauro Carbone p. 7 LYON 1964 : LES ARRIVÉES D'lJN «JElJl\'E TlTRC » DE LA PHILOSOPHIE par Jean-Pierre Charcosset p. 9 MAIS QUELLE « CRÉATION DE CONCEPTS» ? par Mauro Carbone p. 17 DIAGNOSTIC ET CONSTRUCTION DE CONCEPTS par Anne Sauvagnargues p. 27 GÉOPHILOSOPHIE : AU-DELÀ DE LA REPRÉSENTATION, AU-DELÀ DE L'HISTORICISME par Paride Broggi p. 47 LA GÉOPHILOSOPHIE DE DELEUZE ET Gu ATTARI par Igor Krtolica p. 55 PENSER LE COl\'CEPT COlVL\!IE CARTE. UNE PRATIQUE DELEUZIEl\'NE DE LA PHILOSOPHIE par Baptiste Morizot p. 73 GILLES DELEUZE ET LE COSlV10POLITISME par Petru Bejan p. 99 GÉOIMAGES DE LA PENSÉE. FIGURES ESTHÉTIQUES ET PERSONNAGES CONCEPTUELS par Claudio Rozzont p. 115 DELEUZE: POLITIQUE DE L'ENNEMI OU FUITE ESTHÉTIQUE? par Pierre Zaoui p. 131 MILIEU ET CRÉATION DANS LA « GÉOPHILOSOPHIE » DE DELEUZE ET GUATTARI. TROIS SOURCES D'UNE THÉORIE VITALISTE DE LA CRÉATION PHILOSOPHIQUE: NIETZSCHE, CANGUILHEM, SIMONDON par Arnaud Bouaniche p. 145 TRAJETS DYNAMIQUES ET CARTES INTENSIVES par Manola Antonioli p. 165 CARTOGRAPHIE EURASIENNE par Laura Turarbek p. 175 BIOGRAPHIES DES AUTEURS p. 191 7 PRESENTATION « Géophilosophie » c'est, on s'en souvient, le titre du quatrième chapitre de Qu'est-ce que la philosophie ?, le dernier ouvrage pu- blié, en 1991, par Gilles Deleuze et Félix Guattari. Pourquoi donc consacrer une réflexion collective à « La Géophilosophie de Gilles Deleuze », comme on l'a fait à l'Université Lyon-3 en automne 2010 à l'occasion du Colloque international dont le présent volume recueille les actes? Sans sous-estimer l'importance de la contribu- tion de Félix Guattari à la caractérisation de la « Géophilosophie », ce colloque visait à solliciter une réflexion collective axée, évidem- ment, sur cette caractérisation et sur ses avals, mais aussi sur ses amonts - et même sur les amonts les plus lointains - dans la pensée deleuzienne. Ce choix entendait souligner la riche actualité de la notion de « Géophilosophie » et, en même temps, rendre pour la première fois hommage aux années d'enseignement de Deleuze à Lyon. Bien entendu, il s'agit d'années fort éloignées de celles où cette notion apporte la réponse à la question: Qu'est-ce que la phi- losophie ?, mais il s'agit aussi d'années qui sont déjà traversées par les préoccupations qui vont amener Deleuze à écrire explicitement, dans Logique du sens -l'ouvrage publié l'année même où il quittait, après cinq ans, son enseignement à Lyon: Quand on demande « qu'est-ce que s'orienter dans la pensée? », il apparaît que la pensée présuppose elle-même des axes et des orien- tations d'après lesquelles elle se développe, qu'elle a une géogra- ph ie avant d'avoir L1ne histoire, qu'elle trace des dimensions avant de construire des systèmes 1. On trouve déjà ici - et on la trouverait aussi dans Différence et répétition2 - l'exigence deleuzienne de reconnaître les racines géo- 1 G. Deleuze, Logique dl! sens, Paris, Minuit, 1969, p. 152 ; je souligne. 2 C'est ce que Manola Antonioli met en évidence dans son livre consacré à 8 La géophilosophie de Gilles Deleuze graphiques de la philosophie pour l'arracher aux abstractions de son histoire: la même exigence qui conduira Deleuze et Guattari à thé- matiser les relations entre la terre et les territoires par la notion de « Géophilosophie ». En arrachant la philosophie à des telles abs- tractions, cette notion rend manifeste et pense à nouveaux frais les relations entre les implications esthétiques et politiques du penser philosophique. En effet, la « Géophilosophie » ne peut qu'avoir, au premier chef, un incontournable caractère « esthétique» au sens étymologique du terme, puisqu'elle a affaire au rapport sensible de nos corps avec leur territoires ainsi qu'avec la terre. D'autre part, ce caractère « esthétique» est lui-même immédiatement « politique», puisque le rapport de nos corps avec leurs territoires et avec la terre pose le problème de la politique entendue comme construction de l'espace du vivre-ensemble. C'est pourquoi le colloque lyonnais en- visageait « La Géophilosophie de Gilles Deleuze entre esthétiques et politiques». Enfin, en renouvelant les relations entre les implications esthé- tiques et politiques du penser philosophique, la notion de « Géo- philosophie» ne peut évidemment que renouveler l'idée même de philosophie. Deleuze et Guattari confient finalement cette dernière à l'éternel retour de sa contingence : cette contingence qui infiniment exige d'elle - expliquent-ils - « de diagnostiquer nos devenirs ac- tuels ».3 C'est dans l'esprit de cette exigence que la réflexion collec- ti ve ici recueillie a été sollicitée. C'est à cet esprit qu'elle répond. Mauro Carbone (Institut de Recherches Philosophiques de Lyon) la « Géophilosophie » : « La production de Deleuze antérieure à la rencon- tre avec Guattari pourrait au premier abord paraître éloignée des perspec- tives géophilosophiques qui nous intéressent ici, mais ou pourrait assez aisément démontrer qu'elle s'y inscrit déjà à sa façon, au moins depuis la parution de Différence et répétition en 1968» (M. Antonioli, Géophiloso- phie de Deleuze et Guattari, Paris, L'Harmattan, 2004, p. 21). 3 G. Deleuze, F. Guattari, Qu'est-ce que la philosophie ?, Paris, Minuit, 1991,p.108. JEAN-PIERRE CHARCOSSET LYON 1964: LES ARRIVEES D'UN« JEUNE TURC» DE LA PHILOSOPHIE 9 « Point, Ligne, Plan» : ce titre d'un écrit théorique de Kandinsky m'a paru pouvoir convenir à qui voudrait présenter l'ensemble de la pensée de Deleuze. S'il n'y avait qu'un plan, ce serait le plan d'immanence. S'il n'y avait qu'une ligne, ce serait la ligne de fuite. Les difficultés commencent avec le point. D'abord, ce que Deleuze n'aime pas, c'est qu'on prétende « faire le point ». Ensuite, parler au pluriel s'impose. Si multiplicité il y a, c'est du côté des points avec une préférence pour les points d'intersection ou les points d'inflexion ceux qui correspondent aux zébrures et à l'éclair. En retour, il y a cette étrange injonction, prescrivant de prendre les cho- ses par leur milieu ! Même si, pour ma part, je n'ai à évoquer que quelques souvenirs, je peux déjà annoncer qu'ils finiront par des points de suspension. L'année 68-69, si l'on veut bien se situer après ce qu'il est convenu d'appeler les événements du mois de Mai, aura été pour Deleuze une année marquante, en tout cas marquée successivement par la paru- tion de Différence et répétition, par de graves soucis de santé, par la soutenance de ses thèses, par une lourde opération chirurgicale, par sa nomination à Vincennes, par sa rencontre avec Guattari. Le départ de Lyon aura été, si l'on peut dire, cahotant sinon chaotique, mais les différents « points» évoqués ainsi a posteriori constituent bien quelque chose comme le milieu du parcours de Gilles Deleuze. Quant à son arrivée à Lyon, elle aura été double - il faut donc, au moins, deux points, deux points successifs : répétition et diffé- rence ! L'histoire est à peu près la suivante. En 1964, à la Faculté des Lettres et des sciences humaines de l'Université de Lyon, l'un des professeurs de philosophie s'appelait Maurice Dupuy. Quand il arrive qu'on parle aujourd'hui de lui, on dit qu'il fut l'un des traduc- teurs et l'un des spécialistes de Max Scheler dont, pour ma part, je ne l'ai jamais entendu parler. Il assurait le cours général de Philo- 10 La géophilosophie de Gilles Deleuze sophie en année de Propédeutique, le cours de Morale, un cours de Philosophie générale et un cours d'Agrégation. Dans mon souvenir, en dehors de sa pochette qui, elle, était toujours blanche, Dupuy était quelqu'un de très gris je pense au gris de sa vêture; il avait le teint très mat et même le ton de sa voix avait, si j'ose, quelque chose uploads/Litterature/ p-broggi-l-turarbek-m-carbone-geophilosophie-de-gilles-deleuze-entre-esthetiques-et-politiques.pdf

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