HONEGGER – Pacific 231 – 1/9 PACIFIC 231 D’Arthur HONEGGER (1892-1955) I) Repèr

HONEGGER – Pacific 231 – 1/9 PACIFIC 231 D’Arthur HONEGGER (1892-1955) I) Repères biographiques : Né au Havre en 1892, mort à Paris en 1955. Né de parents zurichois, HONEGGER reçut de son origine alémanique l’empreinte protestante, mais devint assez rapidement français de cœur et d’adoption. Il acheva sa formation à Paris pour le violon, les classes d’écriture et la composition avec WIDOR et la direction d’orchestre avec Vincent d’INDY. C’est au Conservatoire de Paris qu’il rencontre MILHAUD qui sera son ami toute sa vie. Peu après, il adhèrera au Groupe des Six, tout en restant en partie étranger aux principes esthétiques du mouvement car très indépendant d’esprit. Qualifié de néo-romantique, ennemi de tout système (aussi bien de SCHOENBERG que de toute autre école), sa réputation est vite établie avec Le Roi David (oratorio) en 1921 et Pacific 231 (poème symphonique) en 1923. Vouant un culte à BACH et à BEETHOVEN, cultivant volontiers les grandes formes classiques, son écriture, d’un lyrisme vigoureux, adopte des polyphonies complexes et tend vers un dramatisme (qu’on retrouve particulièrement dans ses oratorios comme Jeanne au Bûcher). Œuvres essentielles a) musique instrumentale a1. musique de chambre - 2 sonates pour piano et violon - 3 quatuors à cordes a2. musique symphonique - Pastorale d’été (1920) - Trois mouvements symphoniques  Pacific 231 (1923)  Rugby (1928)  Mouvement n°3 (1932-33) - Cinq symphonies - Concerto da camera (1948) b) musique vocale - Mélodies sur des textes d’Apollinaire, Fort, Laforgue, Giraudoux… - Le Roi David (1921), oratorio biblique - Jeanne au Bûcher (1935), oratorio dramatique - La Danse des Morts (1938), oratorio sur un texte de Claudel c) musique théâtrale - 13 ballets dont Les Noces d’Amour et Psyché (1930), Les Mariés de la Tour Eiffel (1921), œuvre collective sur un texte de Cocteau - 37 musiques de film II) Pacific 231 (1923-24)) : A. Circonstances de composition et de diffusion : L’œuvre a longtemps été la plus célèbre de HONEGGER, bien qu’elle soit « mineure » dans sa production symphonique. Le titre, donné après coup, fait allusion à une locomotive à vapeur, la « Pacific » qui fit la renommée des chemins de fer français. Dans ce poème symphonique, s’est-il tracé un programme ? Il s’en est, assez maladroitement, défendu en déclarant : « J’ai toujours aimé passionnément les locomotives ; pour moi, ce sont des êtres vivants et je les aime comme d’autres aiment les femmes ou les chevaux… Ce que j’ai cherché…, ce n’est pas l’imitation des bruits de la locomotive, mais la traduction d’une impression visuelle et d’une jouissance physique par une construction musicale. Elle part de la contemplation objective : la tranquille respiration de la machine au repos, l’effort du démarrage, l’accroissement progressif de la vitesse pour aboutir à l’état lyrique, au pathétique du train de 300 tonnes lancé en pleine nuit à 120 à l’heure… J’ai voulu donner le sentiment d’une accélération mathématique du rythme, tandis que le mouvement lui-même se ralentit » La partition fut composée en 1923 et créée à Paris en 1924 et connut un succès considérable. HONEGGER – Pacific 231 – 2/9 Pacific 231 est une œuvre très personnelle de HONEGGER, grand amateur d’automobiles et de chemins de fer. Bien qu’elle s’inscrive, de façon générale, dans la tendance anti-expressive des arts du début XXe. siècle, il ne l’a jamais considérée comme dénuée d’émotion ou d’expression. La fascination pour les machines et la mécanique se propageait alors autant dans les arts graphiques que dans la musique et dans le cinéma. En 1922 sortit le film magistral d’Abel GANCE, La Roue, pour lequel HONEGGER écrivit sa première musique de film. La thématique du film est sans aucun doute à l’origine du projet Pacific 231. L’œuvre s’inscrit dans la tradition du poème symphonique en un mouvement. La technologie (ou le sport comme dans Rugby) prise comme contenu de l’œuvre rappelle les conceptions développées par les Futuristes italiens, PRATELLA et RUSSOLO (L’Art des Bruits, 1913), auxquels les usines, les trains, les avions et les machines modernes servirent de modèles mais dont les résultats musicaux, pour la plupart constitués de montages de bruits, se révélèrent assez décevants. L’empreinte des Futuristes demeura importante ainsi qu’en témoignent les œuvres de ANTHEIL, Airplane Sonata et Mechanisms, donnés à Paris en 1923 et Ballet Mécanique (1925, composé pour un film abstrait de Fernand LEGER). ANTHEIL d’ailleurs affirma avoir inspiré HONEGGER : « Mechanisms et le Ballet Mecanique suscitèrent d’autres œuvres leur rendant hommage. Honegger suivit cette ligne avec Pacific 231, ainsi que Prokofiev avec son ballet Pas d’Acier, chef d’œuvre mécanique pour grand orchestre symphonique et morceau tout à fait extraordinaire. » HONEGGER rectifia plus tard : « C’est en effet ce qu’on a dit, et pourtant là n’était pas mon dessein. Il ne faut jamais faire au public une peine inutile… Tant et tant de critiques ont si minutieusement décrit la ruée de ma locomotive à travers les grands espaces qu’il serait inhumain de les détromper !.. Musicalement, j’ai composé une sorte de grand choral varié, sillonné de contrepoint, ce qui donne une impression de Jean-Sébastien BACH. » L’influence décisive de Pacific 231 ne se limita pas à PROKOFIEV, alors installé à Paris (2de Symphonie en 1924/25 et ballet Pas d’Acier en 1925/26), mais s’étendit à MOSSOLOV (poème symphonique et « musique de machine » Les Fonderies d’Acier en 1927) et à des musiciens comme Max BRAND (opéra Machinist Hopkins de 1929). L’ambition de transposer artistiquement l’ère des machines résonna d’un large écho. Ainsi la musique mécaniste fut-elle valorisée, à une certaine période, en Union Soviétique en concordance avec la glorification de l’industrialisation et HONEGGER fut célébré dans le monde entier, en URSS comme aux USA. B. Analyse de l’œuvre C1. Considérations générales L’orchestre utilisé par HONEGGER est important en taille : - Cordes : quintette à cordes d’orchestre : violons 1, violons 2, altos, violoncelles, contrebasses - Bois par 3 : avec notamment flûte piccolo, cor anglais, clarinette basse, contrebasson - Cuivres : 4 cors, 3 trompettes, 3 trombones, 1 tuba - Percussion : caisse claire, cymbales, grosse caisse, tam-tam (cf. gong) HONEGGER – Pacific 231 – 3/9 C2. Les thèmes principaux Premier thème Présenté tout d’abord aux cors, puis avec plus de vivacité aux trompettes : - courbe en arche : ligne mélodique ascendante puis descendante - symétrie rythmique (la 2nde mesure est le rétrograde de la 1ère) - mélodiquement fondé sur un arpège de sol, rythmiquement par des noires - deux phrases ouvertes (sans sentiment de fin) - nuance forte - présentation variée aux trompettes avec des valeurs plus brèves (sentiment d’accélération) Second thème Annoncé par les cors sur une note répétée, il est présenté par les bassons : - thème long et sinueux, classique par sa carrure (2 x 4mes) - caractérisé par ses notes répétées au début et ses rythmes d’anapeste (deux croches + noire) insistants - rythmiquement fondé sur des croches - nuance forte - soutenu par le martèlement de la caisse claire - écriture contrapuntique ensuite en fugato Après un tutti en crescendo, les bassons, les cors et les trompettes, puis la plupart des instruments reprennent le second thème en fugato. La caisse claire souligne le rythme des notes répétées. Troisième thème Présenté aux flûtes et aux hautbois : - fondé aussi sur un arpège comme le 1er thème - coloration chromatique (sol # vers fa x puis vers sol #) des notes importantes - plus martial avec ses rythmes de trochée (croche pointée + double croche) - accompagnement plus sec en staccato (notes détachées et courtes) - sera repris en augmentation pour le passage choral Quatrième thème Annoncé par des trilles aux flûtes, il est présenté tout d’abord aux clarinettes et au cor anglais : - rythmiquement en deux parties : mesure en triolets de croches + mesure en trochées - couleur modale : ni majeur, ni mineur, mais en mode de Mi transposé Mi – fa – sol – la – si do – ré – mi Caractérisé par son demi-ton au départ - mélodiquement en arche (comme le 1er thème) : ascendant puis descendant mais en lignes conjointes (les notes se suivent) - fait l’objet de nombreuses imitations entre les instruments HONEGGER – Pacific 231 – 4/9 C3. Structure générale PACIFIC 231 Direction Charles Dutoit REPERES TEMPI MESURES EVENEMENTS CARACTERISTIQUES 0’ à 26’ 60 à la blanche, 2/2 mes 1 à 11 Introduction Machine est à l'arrêt, puissance contenue, jets de vapeur - trémolos sourds - rondes dominantes 27’ à 1’32 80 à la blanche, 2/2 mes 12 à 53 Mise en mouvement Machine se met progressivement en mouvement - accélération rythmique par changements de valeurs (blanches/triolets de blanches/noires/triolets de noires/croches/triolets de croches) - noires dominantes au final 1’32 à 1’49 80 à la blanche pointée, 6/4 mes 54 Thème 1, cors Machine accélère et prend de la vitesse - annoncé par des balancements d’accords - les cors se partagent le thème - accompagnement chromatique aux bois - noires dominent 1’49 à 2’09 152 à la noire (73) 2/2 puis 4/4 mes 67 Thème 1, uploads/Litterature/ pacific-321-de-honegger-2.pdf

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