Gérard Genette, Palimpsestes, La littérature au second degré, Paris, Seuil, 198
Gérard Genette, Palimpsestes, La littérature au second degré, Paris, Seuil, 1982, réimp. 1992, 576 p. p. 7 Objet de travail : la transtextualité (--également nommée parfois paratextualité, architextualité = termes dépassés). « la transtextualité, ou transcendance textuelle du texte (…) » correspond à « tout ce qui le met en relation, manifeste ou secrète, avec d'autres textes. » p. 8 Il y a 5 types de relations transtextuelles : 1. intertextualité par Julia Kristeva, Sèméiôtikè, 1969. Genette lui donne un sens plus restrictif : « relation de coprésence entre deux ou plusieurs textes », « présence effective d'un texte dans un autre », « pratique traditionnelle de la citation », plagiat, allusion, « c'est-à-dire d'un énoncé dont la pleine intelligence suppose la perception d'un rapport entre lui et un autre auquel renvoie nécessairement telle ou telle de ses inflexions ». p. 9 Apport de Michael Riffaterre à l'intertextualité qui la définit de façon plus vaste, ce que Genette nomme lui transtextualité. « « L'intertexte, écrit-il par exemple, est la perception, par le lecteur, de rapports entre une œuvre et d'autres qui l'ont précédée ou suivie », allant jusqu'à identifier dans sa visée l'intertextualité (comme je fais la transtextualité) à la littérarité elle-même : « L'intertextualité est (…) le mécanisme propre à la lecture littéraire. Elle seule, en effet, produit la signifiance, alors que la lecture linéaire, commune aux textes littéraire et non littéraire, ne produit que le sens. » Riffaterre travaille sur la micro-structure sémantico-stylistique, fragment, texte bref et généralement poétique. Genette lui, œuvre considérée dans sa structure d'ensemble. p. 10 2. paratexte : relation entre le texte proprement dit et l'ensemble qui le structure (titre, sous-titre, intertitre, préface, notes, etc.). Dimension pragmatique de l'œuvre. p. 11 3. métatextualité : relation de « commentaire », « qui unit un texte à un autre texte dont il parle, sans nécessairement le citer (le convoquer), voire, à la limite, sans le nommer ». Relation critique. p. 13 4. hypertextualité : type de relation qui fait donc l'objet du présent livre. « toute relation unissant un texte B (que j'appellerai hypertexte) à un texte antérieur A (que j'appellerai hypotexte) sur lequel il se greffe d'une manière qui n'est pas celle du commentaire. » Texte au second degré, « texte dérivé d'un autre texte préexistant. Cette dérivation peut être soit de l'ordre, descriptif et intellectuel, où un métatexte (…) « parle » d'un texte (…). Elle peut être d'un autre ordre, tel que B ne parle nullement de A, mais ne pourrait cependant exister tel quel sans A, dont il résulte au terme d'une opération que je qualifierai, provisoirement encore, de transformation, et qu'en conséquence il évoque plus ou moins manifestement, sans nécessairement parler de lui et le citer. » p. 12 5. architextualité : type de relation le plus abstrait et le plus implicite. « relation muette, que n'articule, au plus, qu'une mention paratextuelle (…), de pure appartenance taxinomique. » La qualité générique du texte est implicite ou explicite. « Mais le fait que cette relation soit implicite et sujette à discussion (…) ou à fluctuations historiques (…) ne diminue en rien son importance : la perception générique, on le sait, oriente et détermine dans une large mesure l' « horizon d'attente » du lecteur, et donc la réception de l'œuvre. » II p. 16 Définition : « J'appelle donc hypertexte tout texte dérivé d'un texte antérieur par transformation simple (…) ou par transformation indirecte : nous dirons imitation. » Pour Genette, il y a deux types de relations hypertextuelles entre deux textes : celles induites par transformation simple, celles induites par une transformation indirecte, une imitation. Deux précautions : 1) Il y a de nombreuses relations entre les différents aspects de la transtextualité ; classes étanches. 2) « Les diverses formes de transtextualité sont à la fois des aspects de toute textualité et, en puissance et à des degrés divers, des classes de textes ». toutes les oeuvres sont hypertextuelles. Les genres officiellement hypertextuels sont, par exemple, la parodie, le travestissement, le pastiche. III Parodie : à l'origine, la Poétique d'Aristote. Ôdè = chant ; para = le long de, à côté. p. 22 : Les trois formes de parodies (Ôdè = chant ; para = le long de, à côté) héritées de la Poétique d'Aristote. De par son étymologie (Ôdè = chant ; para = le long de, à côté) héritée de la Poétique d'Aristote, la parodie implique d'emblée une déformation ou une transposition, de la mélodie (modification de la diction traditionnelle et/ou de son accompagnement musical) ou du texte (modification de l'objet du texte et/ou de son style entraînant un changement de registre—noble, familier, vulgaire). Il y a donc trois formes de parodies : « Dans le premier cas, le « parodiste » détourne un texte de son objet en le modifiant juste autant qu'il est nécessaire ; dans le second, il le transpose intégralement dans un autre style en laissant son objet aussi intact que le permet cette transformation stylistique ; dans le troisième, il lui emprunte son style pour composer dans ce style un autre texte, traitant un autre objet, de préférence antithétique1. » V La parodie comme figure rhétorique stricte p. 27 Le terme de parodie n'est pas utilisée par les auteurs. Exemple : XVIIe ou XVIIIe siècles : comédie. p. 28 « La forme la plus rigoureuse de la parodie, ou parodie minimale, consiste donc à reprendre littéralement un texte connu pour lui donner une signification nouvelle » ; « citation détournée de son sens, ou simplement de son contexte et de son niveau de dignité ». Michel Butor : toute citation est déjà parodique. Borges a montré avec l'exemple imaginaire de Pierre Ménard « que la plus littérale des récritures est déjà une création par déplacement du contexte. » VI Le pastiche satirique comme espèce de la parodie. Le travestissement burlesque n'étant pas inclus au XVIIIe et XIXe siècles. p. 35 « Le travestissement burlesque modifie donc le style sans modifier le sujet ; inversement, la « parodie » modifie le sujet sans modifier le style. » p. 39 Tableau des différents formes et genres du parodique Fonction Satirique : « parodies » Non satirique Genres Parodie stricte ; travestissement ; pastiche satirique Pastiche VII Propositions de Genette p. 40 1 Genette, p. 22 « Je propose donc de (re)baptiser parodie le détournement de texte à transformation minimale (…) ; travestissement la transformation stylistique à fonction dégradante (…) ; charge (et non plus, comme ci-devant, parodie) le pastiche satirique, dont les A la manière de … sont des exemples canoniques, et dont le pastiche héroï-comique n'est qu'une variété ; et simplement pastiche l'imitation d'un style dépourvue de fonction satirique (…). » Genette tente de déméler le sérieux du ludique dans la notion. Je vais m'attacher simplement aux chapitres XXVII à XXXIX sur la continuation et XL à LXXX sur la pratique de la transposition. p. 222 “La mésaventure de la Chasse spirituelle illustre donc la différence, et mesure la distance entre le pastiche, si réussi soit-il, et la véritable forgerie, c'est-à-dire l'imitation parfaite, que rien par définition, comme le notait déjà Platon, ne laisse distinguer de son modèle. Le véritable pasticheur veut être reconnu –et apprécié –comme tel. L'auteur d'apocryphe ne le veut pas. Il veut disparaître. C'est sans doute plus difficile, mais, surtout, c'est autre chose.” (…) “le principal investissement de l'imitation sérieuse (…) est bien plutôt à rechercher dans la pratique que le Moyen Âge (qui ne l'a pas inventée) a baptisée continuation.” Attention ! Genette exploite ici la différence entre suite et continuation. Pas vraiment mon propos. Nous sommes dans le développement de l'hypertexte. p. 272 “Or la continuation thématiquement infidèle déborde de la catégorie de l'imitation sérieuse sur celle de la transposition, et même d'une variante très forte, et parfois très aggressive, de la transposition, qui est la correction thématique, voire la réfutation. (…) on peut aussi bien renverser la signification d'un texte en lui donnant une suite qui la réfute qu'en modifiant son cadre, son allure ou son action.” p. 277 “En général, les continuations infidèles se gardent bien d'afficher une trahison qui n'est peut-être pas toujours consciente et volontaire, et leur titre (Roland furieux) ou à plus forte raison leur absence de titre (second Roman de la Rose) proclame une fonction plus modeste et respectueuse : celle d'un simple complément.” p. 287 “comme phénomène d'époque, qu'il est toujours entre autres, un genre ne répond pas seulement à une situation et à un “horizon d'attente” historiquement situés ; il procède également (…) par contagion, imitation, désir d'exploiter ou détourner un courant de succès et, selon la locution vulgaire, de “prendre le train en marche”.” p. 291 “La transformation sérieuse, ou transposition, est sans nul doute la plus importante de toutes les pratiques hypertextuelles, ne serait-ce (…) que par l'importance historique et l'accomplissement esthétique de certaines des oeuvres qui y ressortissent. Elle l'est aussi par l'amplitude et la variété des procédés qui y concourent. La parodie peut se résumer à une uploads/Litterature/ palimpsestes-genette.pdf
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- Publié le Sep 23, 2022
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