Nathalie Soubrier / Sophie Lefebvre Juin 2012. 1 RABELAIS, GARGANTUA, 1534. COU
Nathalie Soubrier / Sophie Lefebvre Juin 2012. 1 RABELAIS, GARGANTUA, 1534. COURS 2011-2012 PARTIE 1 : CONTEXTE(S) : les origines du livre et le livre des origines… Chapitre 1 : L’humanisme. Sens historique du mot « humanisme ». 2 sources : - Guide des Idées littéraires d’Henri Bénac ; - Dictionnaire du Littéraire d’Alain Viala. INTRODUCTION (en deux temps) : 1. Gaffiot, Article « Humanitas », Dictionnaire Latin-Français. Vidéo-projecteur. - Humanité, nature humaine, ensemble de qualités qui font l’homme supérieur à la bête ; - Affabilité, bienveillance, bonté, philanthropie ; - Culture générale de l’esprit ; - Politesse des mœurs, savoir-vivre. 3 aspects clefs : 1) L’humain (anthropologie) : Histoire naturelle de l'homme. 2) Dimension culturelle 3) Dimension sociale. 3 Lecture d’images : Albrecht Dürer, Portrait d’Erasme de Rotterdam (1526, 25 x 19cm), Musée départemental de Nantes. Mouvement intellectuel porté par les Lettrés, les humanistes de la Renaissance (Pétrarque, Erasme, Budé, More) : avec la découverte des lettres antiques profanes, humaines, il aspire à rétablir l’esprit critique et la réflexion personnelle. Dans son acception plus large et encore actuelle, le mot en est venu à désigner un courant philosophique, qui considère l’homme comme la mesure de toute chose et revendique pour chacun la possibilité de développer librement ses facultés. Il s’agit d’une gravure au burin réalisée par Albrecht Dürer en 1526. Au premier plan, une série de livres ouverts ou fermés, disposés à plat ou en hauteur, représente la production écrite, l’oeuvre d’Erasme de Rotterdam (1469-1536), l’un des humanistes les plus brillants de la Renaissance européenne, théologien, épistolier, traducteur des écrivains de l’Antiquité gréco-latine, et auteur, entre autres, d’une version du Nouveau Testament, de l’Institution du prince chrétien, dédiée à Charles Quint, et de l’Eloge de la folie dédié à Thomas More. Au second plan, le portrait de profil d’Erasme, vêtu d’une robe et d’un manteau aux plis épais, saisi dans son activité d’humaniste, la plume à la main. A l’immortalité de l’œuvre, s’oppose un bouquet de violettes et de muguet posé sur la table qui vient rappeler la fragilité de la vie humaine. Au troisième plan, une tablette comporte des inscriptions latines et grecques: «Portrait d’Erasme de Rotterdam, dessiné d’après nature par Albrecht Dürer. La meilleure image de lui, ses écrits la montreront, 1526». Une façon habile pour Albrecht Dürer de rendre hommage à son propre labeur artistique! Grâce à la thèse de Marcel Bataillon, Erasme et l’Espagne, on connaît aujourd’hui l’influence d’Erasme dans la vie religieuse et espagnole des XVIe et XVIIe siècles. L’érasmisme, en effet, a marqué en profondeur la Réforme espagnole au temps des premières réunions du concile de Trente, la littérature spirituelle et profane (Fray Luis de León et Cervantès). Nathalie Soubrier / Sophie Lefebvre Juin 2012. 2 Le mot « humaniste » (1539) vient du latin humanista, et désigne alors l’enseignant et l’étudiant des lettres grecques et latines, des studia humanitatis (on appelle « humanités » les classes consacrées à l’étude des lettres antiques, qui font suite à celles de la grammaire). I. Un effort pour connaître la culture antique et biblique. 1. En établissant des textes authentiques, corrects et complets : érudition, critique des textes : Il s’agit dès lors, pour les humanistes, de bien les traduire, en revenant à une lecture personnelle et directe de ces trésors. Bien traduire les textes : les efforts que fournit Alcofribas pour traduire le document antique : chapitre 1, p. 59 : « l’art de lire les lettres non apparentes ». La question du déchiffrement délicat des « lettres cancelleresques » (p. 56). L’intérêt pour l’Antiquité n’est pas nouveau, mais il inaugure une lecture des textes classiques qui vise à étudier l’Antiquité pour elle-même, en la rétablissant dans son originalité historique. « Mérite donc d'être appelé humaniste tout mouvement de notre esprit par lequel nous rejetons les habitudes de pensée, les principes, les enseignements de l'époque immédiatement précédente, à la seule condition – et c'est une condition presque toujours remplie – que l'esprit pour se renouveler , pour rajeunir, veuille puiser dans la nature humaine » (Fernand Robert, L'humanisme, essai de définition, Belles-Lettres, 1946) En France, depuis le XIIIe siècle, l'Université n'enseignait que de creuses formules, dont Rabelais a raison de se moquer. Rabelais cherche à aiguiser l’esprit critique de son lecteur. Chapitre 17 : travail sur l’étymologie : p. 157 : origine du mot « Paris ». Chapitre 9, p. 107 : sur la valeur symbolique des couleurs et la volonté de Rabelais d’interpréter les textes de manière personnelle. Chapitre 10 : sur la symbolique des couleurs et la lecture personnelle de la Bible (p. 115) et des textes anciens (p. 113). Chapitre 9 et 10 : concernent la signification des couleurs bleu et blanc sur la livrée de Gargantua, forment un diptyque et opposent deux démarches pour étayer les correspondances entre les couleurs et leur symbolique. Ce sont deux chapitres dominés par des commentaires du narrateur qui s’adresse directement au lecteur ; il utilise le présent propre à la situation de communication mais aussi le présent de vérité générale, signe du caractère abstrait de son propos. Dénonciation du recours à l’argument d’autorité, éloge de l’esprit critique. Il invite son lecteur à lire, interpréter les textes de manière personnelle ! Chapitre 36 : la guerre contre Picrochole : p. 273 : allusion à Homère pour décrire les combats. Relecture des événements à la lumière des textes anciens. Pétrarque et ses disciples ont redécouvert à peu près tout ce que nous connaissons de la littérature latine. Ce souci philologique va de pair avec l’avènement de nouvelles sciences, qui traduisent toute la volonté de reconstruire la vérité historique, telles l’épigraphie, l’archéologie, la topographie. Ils influencent Rabelais, qui a édité en 1534, à Lyon, un guide archéologique de Rome écrit par Marliani. Reconstruire la vérité historique grâce à l’archéologie : histoire de la découverte de la généalogie de Gargantua : chapitre 1, p. 57 : histoire des fouilles de Jean Audeau : « il en faisait curer les fossés ». Importance du mode de construction de l’abbaye de Thélème : chapitres 52-53 : p. 353 ; p. 357- 359 : Ce manoir figure l’harmonie de la civilisation en face du monde de la nature sauvage (que la guerre pichrocholine a fait ressortir), avec sa perfection mathématique (rôle du chiffre 6, p. 359), le luxe des matériaux (marbres), la maîtrise des lois de l’architecture (« viz brizée [escalier à vis] », p. 356), celle du savoir historique et géographique (« estoient belles grandes galleries, toutes Nathalie Soubrier / Sophie Lefebvre Juin 2012. 3 pinctes des antiques prouesses, histoires et descriptions de la terre », p. 358) ainsi que de la culture humaniste (« librairies » « théâtre », p. 359). 2. En apprenant à maîtriser la langue latine et la langue grecque. Ces humanistes s’expriment en latin : ils admirent Cicéron pour son style élégant et pour ses écrits engagés. Ils rendent au latin sa pureté antique, sa correction orthographique, grammaticale et métrique. Mais certains auteurs s’opposent aux puristes en prônant un latin vivant et concret, emprunté à une pluralité de modèles. Il est relayé par Erasme, qui se moque des maniaques de Cicéron. Son idéal pédagogique est d’inculquer le latin en tant que langue vivante et adaptée aux réalités du temps. Leur connaissance approfondie du latin permet aux humanistes de corriger les passages apocryphes de l’Ecriture et d’en rectifier les commentaires. Le programme humaniste de Rabelais, dans la lettre de Gargantua à son fils, rappelle quel bien précieux sont les Bonnes Lettres et incite son fils à lire le Nouveau Testament en grec et l’Ancien en hébreu. Texte complémentaire n°1 : Rabelais, Pantagruel, 1532. Très cher fils, […] Maintenant toutes disciplines sont restituées, les langues instaurées : grecque, sans laquelle c'est honte qu'une personne se dise savante, hébraïque, chaldaïque, latine; les impressions tant élégantes et correctes en usance, qui ont eté inventées de mon âge par inspiration divine, comme à contrefil l'artillerie par suggestion diabolique. Tout le monde est plein de gens savants, de précepteurs très doctes, de librairies très amples, et m'est avis que, ni au temps de Platon, ni de Cicéron, ni de Papinian, n'était telle commodité d'étude qu'on y voit maintenant, et ne se faudra plus dorénavant trouver en place ni en compagnie, qui ne sera bien expolie en l'officine de Minerve. Je vois les brigands, les bourreaux, les aventuriers, les palefreniers de maintenant, plus doctes que les docteurs et prêcheurs de mon temps. Que dirai-je? Les femmes et les filles ont aspiré à cette louange et manne céleste de bonne doctrine. Tant y a qu'en l'âge où je suis, j'ai été contraint d'apprendre les lettres grecques, lesquelles je n'avais contemnées comme Caton, mais je n'avais eu loisir de comprendre en mon jeune âge; et volontiers me délecte à lire les Moraux de Plutarque, les beaux Dialogues de Platon, les Monuments de Pausanias et Antiquités de Athéneus, attendant l'heure qu'il plaira à Dieu, mon Créateur, m'appeler et commander issir de cette terre. Par quoi, mon uploads/Litterature/ rabelais-gargantua-analyse-cours.pdf
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- Publié le Oct 26, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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