II L’enseignement du français entre tradition et innovation 215 Perspectives de
II L’enseignement du français entre tradition et innovation 215 Perspectives des apprenants de FLE à l’égard de l’expression écrite Erdogan Kartal France1 Emine Parlak Turquie2 Écrire, c’est produire du sens. Écrire a un but communicationnel et ce qui prime le plus est le sens du texte plutôt que la forme. L’expression écrite est l’occasion pour les élèves timides de s’exprimer sans avoir à se mettre en avant en prenant la parole. En outre, pour le professeur, l’écrit permet d’avoir un suivi plus personnalisé avec chaque élève, chose plus délicate à l’oral. De plus, l’écrit est un indice qui révèle le degré d’autonomie acquis par chaque élève et permet au professeur de faire le point sur la progression de l’élève par le contrôle des acquis. Pour Reuter (1996), l’écriture est une pratique qui implique les savoirs, les représentations, les valeurs, par lesquels les personnes visent à produire du sens, dans un espace socio-institutionnel choisi. La définition donne lieu à un certain nombre explicitations qui problématisent la place de l’écriture dans la didactique des langues étrangères. Dans ce domaine, en particu- lier depuis l’avènement de l’approche communicative, la production écrite en langue étrangère s’avère être au même stade que le savoir-écrire en langue maternelle. Il s’agit d’une activité de construction de sens qui a pour but de donner aux apprenants la capacité à produire divers types de textes répondant à des desseins de communica- tion : l’apprenant écrit pour être lu par son enseignant. 1 Faculté des Langues, Université Lumière Lyon 2. 2 Université d’Uludag. II L’enseignement du français entre tradition et innovation 216 Au cours des trente dernières années, on ne manque ni de théories, ni d’analyses, ni de propositions méthodologiques vis-à-vis de la compétence de l’expression écrite. Les recherches sur son enseignement ont été riches et diverses, mais toutes ces idées ont été théorisées du point de vue des didacticiens et théoriciens. Bien entendu, ces théories ont été acquises à l’issue de longues expériences réalisées sur le terrain, mais finalement, il ne s’agit que de théories et aucun remède absolu n’est apporté au pro- blème. Cependant, peu de chercheurs se sont penchés sur la question en considérant la situation de point de vue de l’apprenant et non plus du point de vue de l’enseignant. C’est pourquoi l’approche de l’enseignement/apprentissage de la production écrite en contexte scolaire, considérée donc du point de vue de l’apprenant, demeure relative- ment complexe. 1. Objectif de la recherche Il semble nécessaire que tout futur enseignant s’intéresse et se questionne sur les pro- blèmes que peuvent rencontrer les élèves dans leurs productions écrites. En effet, c’est uniquement en analysant des productions d’élèves que les enseignants peuvent réguler leurs activités afin de s’adapter aux difficultés propres des élèves. Ainsi dans ce travail, nous traiterons les points de vue des apprenants en ce qui concerne la production écrite dans une classe de FLE pour un public débutant ou faux-débu- tant. Notre but est de voir les opinions, vis-à-vis de l’écrit, de la nouvelle génération qui n’a plus envie de s’investir dans l’acquisition d’une telle compétence, car elle vit dans l’ère informatique où seuls les symboles suffisent pour communiquer. Enfin, au travers de cette étude, nous souhaitons comprendre les attentes des apprenants vis-à- vis de l’écrit : comment ils souhaiteraient que cette compétence soit enseignée, quels seraient les remèdes à apporter pour combler les lacunes. 2. Méthodologie 2.1. Modèle de la recherche Dans cette étude, nous avons choisi d’utiliser 2 types d’études parmi les études de recherches qualitatives. L’étude de cas comme stratégie de recherche, et les enquêtes semi-dirigées comme outils de collecte de données. Une étude de cas est une méthode de recherche qui analyse en profondeur un cas particulier dans son environnement naturel (Yıldırım & Şimşek, 2005). C’est pourquoi dans notre recherche, nous avons choisi d’examiner les données à l’aide d’une étude de cas afin de traiter en profondeur les points de vue des apprenants et des futurs enseignants. 2.2. Participants Pour cela, nous avons effectué une enquête auprès des étudiants du Département de français Langue étrangère (désormais FLE) de la Faculté de Pédagogie au sein de l’Université Uludag à Bursa en Turquie. Cette dernière a été menée à la fin du premier semestre de l’année scolaire 2011-2012. Ont participé à cette enquête environ 120 vo- lontaires du Département, et seulement 64 sondés ont fait part de leur avis. L’enquête est totalement anonyme. II L’enseignement du français entre tradition et innovation 217 2.3. Questionnaire et recueil des données Dans un premier temps, le questionnaire préparé via Google docs, nous a permis de demander l’avis des apprenants, en langue maternelle, concernant les trois questions ouvertes suivantes : A votre avis, dans une classe de FLE prévue pour un public débu- tant ou faux-débutant ; 1. Quelles devraient être les méthodes et les techniques utilisées pour un enseigne- ment de FLE plus efficace ? 2. Comment devraient être enseignées les quatre compétences linguistiques ba- siques, à savoir : la compréhension et l’expression orales et la compréhension et l’expression écrites ? 3. Comment devriez-vous être évalué(e) et quel type d’évaluation vous semblerez le plus approprié ? Ce questionnaire a été envoyé par courriel aux apprenants qui en avaient été infor- més au préalable pendant les derniers cours du semestre. Pour rester dans le cadre de l’étude, seules les réponses concernant la compétence de l’expression écrite ont été prises en compte dans ce travail. Par ailleurs, il est à noter que, dans une question ouverte, comme le souligne Brew (2008), vous laissez à vos apprenants la possibilité de répondre ce qu’ils veulent, sans qu’ils soient limités ou influencés par des réponses prédéfinies. 2.4. Analyse des données Dans cette étude, les données obtenues ont été analysées à l’aide de la méthode d’ana- lyse de contenu. Pour ce faire, les réponses à la question ouverte, données par les apprenants ont été copiées-collées sur Word. Les réponses des participants ont été nu- mérotées de E1 à E64 (E= élève). Ces réponses ont été examinées par deux chercheurs afin de vérifier leur cohérence vis-à-vis des thèmes. Par la suite, les deux chercheurs ont classifié ensemble les réponses que les participants ont données à la question ou- verte. 3. Résultats Dans cette partie de la recherche, nous allons présenter les résultats que nous avons obtenus lors de notre analyse de contenu. Ils montrent que 64 étudiants ont fait part de 133 avis différents sous les 4 axes principaux que sont leurs opinions, conseils et propositions à l’égard de l’expression écrite. Ces 4 axes sont : 1. Comment écrire (54 élèves soit 41 %) ; 2. Qu’écrire (38 élèves soit 29 %) ; 3. Prérequis (28 élèves soit 21,2 %) 4. Cours d’expression écrite (13 élèves soit 9,8 %). Notons d’ores et déjà que parmi les participants, certains nous ont donné plusieurs avis. Nous avons alors constaté que les différents avis donnés qui recoupaient un même point de vue, pouvaient s’intégrer aux 4 axes. Par ailleurs, nous avons constaté que dans de longs paragraphes, ne pouvait se trouver qu’un seul avis, n’appartenant II L’enseignement du français entre tradition et innovation 218 qu’à un seul axe. Pour chacun de ces axes/thèmes et sous-axes/thèmes, nous propo- sons certains avis qui les illustreront à titre d’exemple : 3.1. Axe 1 : Comment écrire Presque la moitié des apprenants (54 avis soit 41 %) ont exprimé leur avis sur ce premier axe correspondant à l’enchainement du cours d’expression écrite. L’analyse donne ainsi à voir une grande variété d’opinions concernant la pratique de cette com- pétence pendant le cours et en dehors du cours, et sur le déroulement de ce cours. Les 6 sous-thèmes thèmes dégagés sont regroupés ainsi : ▒ ▒a. Suggestions d’expression libre (26 élèves) Quasiment la moitié des étudiants en a fait part : E39 : « Les enseignants pourraient choisir des sujets d’expression écrite plus attrayants. Les sujets choisis doivent être des sujets sur lesquels les apprenants peuvent porter un jugement critique afin de leur permettre de s’exprimer plus librement. […] » ▒ ▒b. Feedback (7 élèves) Les rédactions, faites au sein de classe ou hors classe, doivent permettre une rétroac- tion aux étudiants sur leur niveau de maitrise de la compétence à atteindre, et le juge- ment du correcteur doit leur apporter un soutien dans leur apprentissage. Les étudiants proposent de faire cette rétroaction dans la classe parmi tous les élèves : E64 : « [...] Chaque semaine, l’enseignant peut donner des sujets d’intervention captivants et demander aux apprenants de demander d’écrire quelques paragraphes. L’enseignant doit ensuite remettre les corrections tout en étant bien sûr tolérant, car l’apprenant fera inévitablement les erreurs que l’enseignant ne veut pas qu’il fasse. » ▒ ▒c. La dictée (6 élèves) E39. « [...] Nous pourrions faire des dictées. Grâce à cette dictée, l’apprenant verra ces erreurs et pourra voir sur quoi il devra se focaliser. » ▒ ▒d. Devoirs à la maison réguliers (6 élèves) E47 : « Les enseignants devraient donner fréquemment des devoirs à la maison sur les sujets enseignés. Par exemple, quand on enseigne les activités quotidiennes, demander uploads/Litterature/ perspectives-des-apprenants-de-fle-a-l-e.pdf
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- Publié le Jui 12, 2021
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