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Digitized by the Internet Archive in 2010 witii funding from University of Ottawa Iittp://www.arcliive.org/details/pliilosopliiesuiva01goud \^n, :i PHILOSOPHIE SUIVANT LES PRINCIPES DE SAINT THOMAS Fr. ANTOINE GOUDIN DE LIMOGES DE l'oHDRB des frères PRÊCBEOHa TRADUITE SUR LA DERNIÈRE ÉDITION DE L'AUTEUR PAR Fr. THOMAS BOURARD DU MftMB ORDBB TOME I PARIS LIBRAIRIE DE M™« V« POUSSIELGUE-RUSAND RUE CASSETTE, 27 1864 Ooiversitas BIBUOTHECA IMPRIMATUR: >-, Fr. A.-N. SAUDREAU, '^ - Prov. FF. Pr.cdicatorum, J LETTRES APPROBATIVES NOSSEIGNEURS LES ÉVÉQUES D'ARRÂS ET DE POITIERS Arras, le 12 février. Mon Révérend Père, J'ai reçu votre lettre du 22 janvier, et la brochure que vous m'y recommandiez. Il est toujours bien utile de défendre les saints et de faire connaître les Docteurs de l'Église; cela doit être dit surtout de saint Thomas, qui est une des gloires de l'in- telligence humaine, et dont on ne comprend même plus la langue technique, bien loin d'apprécier la profondeur de sa méthode. A part donc toute opinion en fait de système philosophique, vous faites bien de remettre en lumière les œuvres de ce puis- sant génie, et je ne puis que vous en adresser mes félicitations les plus sincères en Notre-Seigneur. f P.-L., ÉvÊQUE d'Ahràs. Poitiers, le !•' juillet. Mon Révérend Père , Je vous félicite de la pensée que vous avez eue de traduire en français la Philosophie de Goudin. Elle est la clef de la Somme, qui est elle-même la clef de tant de choses. Il y a peut- être à regretter que des traductions en langue vulgaire soient devenues chez nous si utiles pour populariser des livres de cette VI LETTRES ÀPPROBATIVES. valeur, et pour faciliter à des hommes faits une lecture fami- lière aux écoliers d'autrefois. Mais tout est bon pour nous aider à remonter tant de pentes si imprudemment et si malheureu- sement descendues. On parle volontiers de l'abaissement des caractères : on ne veut pas voir que l' affaiblissement des esprits en est la principale cause. Impossible de constater sans effroi ce qu'il y a, dans la tète de nos contemporains, de principes faux ou faussés, d'idées vagues, de notions indécises, et, par suite, combien il circule dans le monde de mots mal définis et équi- voques , sources des plus déplorables et des plus périlleux mal- entendus. Il en résulte que le bon sens diminue, que la raison publique s'altère, que les forces pensantes s'énervent, que la langue humaine, et celle de notre pays en particulier, se déforme et se corrompt; enfin, que les voies pratiques des hommes sont de plus en plus incertaines et embarrassées. Ce serait assuré- ment un puissant remède à de si grands maux que l'enseigne- ment général d'une philosophie saine et exacte. Pour ma part, je suis tout prêt à applaudir à l'acte de l'autorité souveraine qui rend à la classe de logique son ancien nom, à la condition pourtant que le nom sera justifié par la chose : là est toute la question. Puisse votre précieux travail, mon Révérend Père, contribuer pour une large part à cette si désirable restauration des vraies et fortes études philosophiques! L'œuvre est si impor- tante, et désormais si urgente, que rien que d'avoir tenté d'y concourir, c'est avoir déjà bien mérité de l'Église et de la société. Croyez, mon Révérend Père, etc. t L.-É., ÉvÊQDE DE Poitiers. AVANT-PROPOS DU TRADUCTEUR Le respect pour saint Thomas d'Aquin théologien a reçu la consécration du temps et les bénédictions de l'Église. Six siècles ont passé sur la mémoire de ce grand homme, et leur témoignage constant prouve la puissance et le charme d'une doctrine dans laquelle toute objection peut connaître à l'avance la réponse calme qui lui reviendra. L'Église a confirmé, par la voix de Dieu qui est en sa bouche , cette voix du peuple chrétien , et elle a mis le nom de saint Thomas immé- diatement après ceux de saint Augustin, de saint Jérôme, de saint Léon et de saint Grégoire, ces Doc- teurs de l'Église latine , auxquels particulièrement il Vm AVANT -PROPOS. faut demander, pour ne jamais se tromper, l'inter- prétation des saintes Lettres. Ce n'est pourtant pas sans quelque contestation. Outre que bien des esprits, maintenant comme au- trefois , quand ils sont en présence de la théologie de saint Thomas, cherchent à lui reprendre dans le détail ce qiie tout le monde lui accorde dans l'en- semble, je n'oubUerai jamais qu'à Paris d'abord, à Oxford ensuite, la même année 1296 vit une assemblée d'hommes fort savants et fort autorisés condamner solennellement un certain nombre de propositions extraites de ses livres. En même temps, afin que personne ne pût se méprendre sur l'origine de ces propositions et sur le théologien que ces assemblées avaient en vue , le texte de leurs sentences portait en tête : Contra Fratrem Thomam ; contre le Frère Thomas, Ainsi saint Thomas théologien a été condamné. Mais cette condamnation fut retirée cinquante ans plus tard avec grand éclat, au moins à Paris, et le Docteur angé- lique est accepté par tout le monde comme le théolo- gien le plus sûr qui soit dans l'Église. On n'en peut pas dire autant de saint Thomas philo- sophe ; tout le monde ne le connaît pas , et parmi ceux qui le connaissent tout le monde n'admet pas son auto- rité. Je ne veux pas relever ici la mémoire du sens men- songer que le dix-huitième siècle avait attaché au nom de philosophe ; en ce sens , assurément , le plus humble thomiste refuserait ce nom avec indignation ; je ne vais pas si loin, je lui donne sa véritable valeur, je définis AVANT- PROPOS. IX la philosophie : la connaissance des êtres par leurs causes les plus élevées, et je demande la permission de dire que le plus grand nombre des hommes qui étudient ne prend guère saint Thomas philosophe au sérieux. On trouve ses enseignements insuffisants à donner sur la nature créée une vérité qui ne soit pas fort mélangée d'erreur. Pour la plupart , il faut le dire , saint Thomas est tout excusé à l'avance ; il était de son siècle ; il y a trouvé Aristote maître du terrain philosophique ; après tout, la philosophie n'est qu'un procédé, le saint Doc- teur voulait faire pénétrer dans les esprits les vérités de la Foi chrétienne ; ces vérités étant lumineuses par elles-mêmes, le procédé importait peu; on va jusqu'à lui faire honneur d'avoir encore assez bien réussi en usant d'un procédé si défectueux. Puis, une fois la personne hors de cause , viennent les reproches contre la philosophie du Stagyrite que saint Thomas accep- tait. 1° Elle ouvre un champ très-vaste aux subtilités sans nombre et sans fin dont les Scolastiques ont embrouillé la science de la vérité . 2° Elle fait dépendre dans, l'École la solution des plus graves difficultés en philosophie et en théologie des opinions d'un païen, et nous entraîne à accepter toutes ses erreurs. 3° Elle prête le flanc aux objections sensualistes , et la plupart des Péripatéticiens ont été des sensualistes déguisés . 4° Elle revendique trop absolument le domaine des X AVANT- PROPOS. sciences , et, sous prétexte de stabilité dans les prin- cipes , elle ferme les yeux de l'homme sur les vérités que l'expérimentation peut lui apporter tous les jours. 5° EnOn , elle est ennemie non-seulement du pro- grès, mais même de la liberté; car la pensée, déjà plus indépendante sous le procédé platonicien qui lui attribue une origine divine , se trouve complètement affranchie par la théorie de Descartes. Qui croira pou- voir la faire rentrer dans les entraves que lui a trop longtemps imposées le système péripatéticien? Yoilà ce qu'on nous dit depuis deux cents ans au moins, d'abord à demi -voix, puis un peu plus haut, puis plus haut encore , et enfin si haut et si fort , que toute autre voix semble maintenant incapable de se faire entendre. Le résultat de ces objections, du retentissement qu'on leur a su donner, et de l'accueil qu'elles ont obtenu partout est fort simple : s'il y a encore une École , les Péripatéticiens n'y sont plus , ou sont au moins fort près d'en sortir; et saint Thomas, qui en philosophie n'était que péripatéticien , ne serait plus acceptable comme philosophe. Chose surprenante assurément , qu'un si grand Doc- teur, contesté d'abord comme théologien , ait depuis grandi sans cesse, sous ce titre, dans l'estime des hommes , semblable au soleil , dont la lumière tou- jours croissante gagne rapidement son plein midi ; tandis que, accepté d'abord comme philosophe, il a décru dans l'École de manière à ne plus laisser aucune AVANT -PROPOS. ' %t trace à rhorizon ! Notre étonnement augmentera si nous considérons que saint Thomas théologien et saint Thomas philosophe, ce n'est qu'un seul Docteur et un Docteur dont l'enseignement ne se laisse pas diviser, dont les écrits marchent comme tous les soldats d'une armée en expédition , vers un seul but , sous une seule pensée. Saint Thomas est philosophe partout où il uploads/Litterature/ philosophie-les-principes-de-st-thomas.pdf

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