Universit´ e Paris Diderot – LG1021 – 11/12 Ch2. Raisonnements et inf´ erences

Universit´ e Paris Diderot – LG1021 – 11/12 Ch2. Raisonnements et inf´ erences 2.6.2 La pragmatique de Grice 2.6.2.1 Implicatures conversationnelles 2.6.2.1.1 Principe de coop´ eration (14) [Un homme passe pr` es d’un pˆ echeur ` a cˆ ot´ e duquel se tient un chien.] — Il mord, votre chien ? — Non. [Le chien mord le passant.] — Et alors! ? — Ce n’est pas mon chien. (15) — Tu viens au cin´ ema avec nous ce soir ? — Je dois finir un devoir de s´ emantique (16) Principe de coop´ eration : rendez votre contribution conversationnelle telle qu’elle est requise, au moment o` u elle intervient, par les objectifs ou directions accept´ es de l’´ echange dans lequel vous ˆ etes engag´ es. [Grice, 1967] (17) Remarques – Il ne s’agit pas d’une r` egle de grammaire, mais d’une hypoth` ese interpr´ etative – On ne parle plus de la langue, mais des utilisateurs de la langue – th´ eorie de l’action, th´ eorie de l’esprit (18) Raisonnement – Le locuteur exprime un contenu propositionnel – L’allocutaire comprend (d´ ecode) ce contenu – L’allocutaire suppose que le locuteur est coop´ eratif – Il enrichit le contenu avec des inf´ erences suppl´ ementaires : les implicatures (19) — As-tu fait les courses ? — J’ai achet´ e le pain. (20) Maximes de coop´ eration Qualit´ e Essayez d’avoir une contribution v´ eridique 1. Ne dites pas ce que vous croyez faux 2. Ne dites pas ce pour quoi vous n’avez pas de preuves suffisantes Quantit´ e 1. Faites une contribution aussi informative que n´ ecessaire 2. Ne rendez pas votre contribution plus informative que n´ ecessaire Relation Soyez pertinent Mani` ere Soyez clair 1. ´ Evitez les expressions obscures 2. ´ Evitez l’ambigu¨ ıt´ e 3. Soyez bref 4. Soyez ordonn´ e (proc´ edez par ordre) 2.6.2.1.2 Implicatures conversationnelles (21) Exploitation des maximes – par hypoth` ese que le locuteur se conforme aux maximes – pour expliquer une violation apparente des maximes (22) a. J’ai pris des vacances. b. ; le locuteur a pris des vacances (23) a. D’apr` es ce qu’on m’a dit, Luc serait parti en Suisse. b. ; le locuteur n’a pas de preuve suffisante que Luc est parti en Suisse. 5 Universit´ e Paris Diderot – LG1021 – 11/12 Ch2. Raisonnements et inf´ erences (24) a. — As-tu invit´ e des toulousains? — J’ai invit´ e Max. b. ; Le locuteur n’a invit´ e aucun autre toulousain. (25) a. — Dans quelle ville habite Jean, maintenant ? — Quelque part dans le nord. b. ; Le locuteur ne sait pas exactement o` u Jean habite. (26) a. — Je suis en panne s` eche — Il y a un garage au coin de la rue. b. ; (Le locuteur pense que) le garage est ouvert (27) a. — Jean n’a pas de petite amie en ce moment — Il va tr` es souvent ` a Londres ces temps-ci... b. ; ... (28) a. Je suis rentr´ e chez moi, j’ai pris une soupe et je me suis couch´ e. b. ; le locuteur a pris sa soupe, et s’est couch´ e, chez lui. (29) a. Pendant le concert, la cantatrice a form´ e une succssion de sons musicaux avec sa voix. b. ; la cantatrice n’a pas ´ et´ e tr` es bonne 2.6.2.1.3 Classification (30) – implicature conversationnelle g´ en´ eralis´ ee : se produit dans presque tous les contextes – implicature conversationnelle particularis´ ee : n´ ecessite un contexte particulier (31) a. Quelques-uns de mes amis sont linguistes. b. ; Tous mes amis ne sont pas linguistes. (32) a. Jones a une tr` es belle ´ ecriture, et son anglais est correct (dans une lettre de recommandation) b. ; Jones n’est pas bon en philosophie G´ en´ eralis´ ee : ind´ efinis (33) a. Pierre a rendez-vous avec une femme ce soir b. ; Ce n’est pas la femme de Pierre (ni sa fille ou sa m` ere) c. Anne est entr´ ee dans une maison hier, et y a trouv´ e une tortue. d. ;Ce n’est pas la maison d’Anne (34) a. # Un p` ere de la victime s’est rendu sur les lieux. b. # Je me suis bless´ e ` a ma main droite. G´ en´ eralis´ ee : clausales (35) a. Si Jean a de la fi` evre, il faut lui donner du champagne. b. ; Le locuteur ne sait pas si Jean a de la fi` evre (36) a. Cet ´ et´ e nous partons en Patagonie ou en Auvergne. b. ; le locuteur n’est pas sˆ ur d’aller en Patagonie, et n’est pas sˆ ur d’aller en Auvergne G´ en´ eralis´ ee : scalaire (37) a. Paul a trois enfants b. Il n’est pas sˆ ur que Jean viendra c. Max s’est fˆ ach´ e avec beaucoup de ses coll` egues d. Il y a des ´ el´ ephants qui ont une trompe e. Ce compositeur a du talent f. Cet ´ etudiant a fait un bon devoir (38) Notion d’alternatives scalaires (´ echelle de Horn) un ←quelques ←beaucoup ←tous 6 Universit´ e Paris Diderot – LG1021 – 11/12 Ch2. Raisonnements et inf´ erences (39) Raisonnement : – Un ´ el´ ement lexical pr´ esent dans la phrase a une alternative scalaire (au moins) – La phrase form´ ee avec cette alternative est strictement plus informative – Le locuteur aurait pu choisir cette phrase alternative, sans d´ eroger aux maximes de coop´ erativit´ e – Le locuteur ´ etant coop´ eratif, s’il ne l’a pas fait c’est qu’il n’a pas de preuves suffisantes pour affirmer la phrase plus informative – [pas ´ epist´ emique] Le locuteur est bien inform´ e – La phrase alternative est fausse (40) Pourquoi trois ne signifierait pas « exactement trois » ? a. Je veux bien parler avec une personne qui a trois enfants. b. L´ ea connaˆ ıt au moins trois linguistes. c. Paul a accompagn´ e trois invit´ es, et mˆ eme quatre. d. Mˆ eme si tu as trois points sur ton permis, tu peux conduire. (41) a. Si tu as lu un livre de Chomsky, tu es perdu pour la linguistique b. Seuls ceux qui ont trois enfants ont droit ` a une r´ eduction c. Tous ceux qui ont voyag´ e dans plusieurs pays baltes doivent passer une visite m´ edicale. d. Je ne parle pas aux gens qui ont de bons r´ esultats ` a l’´ ecole Contextes monotones d´ ecroissants (42) a. Aucun enfant n’est rentr´ e en retard b. ̸⇒Aucun enfant n’est rentr´ e (43) a. Tous les enfants sont rentr´ es en retard b. ⇒Tous les enfants sont rentr´ es (44) a. Tous les enfants sont rentr´ es en retard b. ⇒Tous les enfants blonds sont rentr´ es en retard (45) G´ en´ eralisation : les contextes monotones d´ ecroissants bloquent les implicatures (conversa- tionnelles g´ en´ eralis´ ees) scalaires. 2.6.2.1.4 Propri´ et´ es (46) – Calculabilit´ e – Non d´ etachabilit´ e – Annulabilit´ e – Suspension – Redondance (47) a. Il y a un garage au coin de la rue. b. Apr` es ce virage se trouve une station service (48) a. Il est possible que Jean vienne, c’est mˆ eme certain. b. Jean n’a pas lu beaucoup de romans de Proust, en fait il n’en a lu aucun (49) a. Ceux qui aiment Sheila ou Dave ne sont plus tr` es jeunes (50) a. J’ai trois enfants, et pas plus. b. J’ai quelques amis linguistes, mais tous ne le sont pas c. Il est possible que Jean vienne, mais ce n’est pas sˆ ur du tout 2.6.2.2 Implicatures conventionnelles (51) a. Elle est pauvre mais honnˆ ete b. Il y a un contraste entre pauvret´ e et honnˆ etet´ e c. # Elle est pauvre mais honnˆ ete, de toute fa¸ con ¸ ca n’a rien ` a voir d. Elle est pauvre et honnˆ ete e. Il est anglais donc brave 7 Universit´ e Paris Diderot – LG1021 – 11/12 Ch2. Raisonnements et inf´ erences (52) Mon coll` egue et n´ eanmoins ami... (53) a. Mˆ eme Jean a trouv´ e la solution (# c’´ etait lui le plus apte) b. Paul aussi est venu (# c’est le seul qui soit venu) c. C’est Kim qui a mang´ e la confiture (# personne n’a mang´ e la confiture) d. Dennis n’est pas encore l` a e. Il est vrai que L´ ea est linguiste f. Il est surprenant que L´ ea (soit) linguiste 2.6.2.3 Hi´ erarchie de Grice (54) Contenus non « assert´ es » – Pr´ esupposition – Implicature conventionnelle – Implicature non conventionnelle non conversationnelle – Implicature non conventionnelle conversationnelle v´ ehicul´ e   H H H H H H dit/assert´ e (1) presuppos´ e (2) implicat´ e   H H H H non conventiont   H H H H non conversationt (4) conversationt   H H H H g´ en´ eralis´ uploads/Litterature/ poly-lg1021-5.pdf

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