Bernardo Secchi Première leçon d’urbanisme Traduit de l’italien par Patrizia
Bernardo Secchi Première leçon d’urbanisme Traduit de l’italien par Patrizia Ingallina Éditions Parenthèses www.editionsparentheses.com / Bernardo Secchi — Première leçon d’urbanisme / ISBN 2-86364-635-4 Bien que de format réduit, ce livre doit beaucoup à des personnes que je voudrais remercier et auxquelles il est dédié : mes étudiants et élèves, en grand nombre, que j’ai eu par le passé et que j’espère avoir dans le futur ; trois femmes, Annacarla Secchi, Marialessandra Secchi et Paola Viganò qui, sans avoir été mes étudiantes et élèves, m’ont — par leurs thèses de doctorat, leurs projets et leurs écrits — beaucoup apporté ; ceux qui m’ont aidé dans mes cours avant d’en donner eux‑mêmes ; les plus jeunes parmi eux qui continuent de m’aider ; Chiara Tosi et Stefano Munarin qui, par leur collaboration et leur amitié, par leurs récits de lectures et leurs commentaires de mes cours, m’ont souvent poussé à éclaircir et à approfondir beaucoup de thèmes ici traités. — b. s. L’éditeur remercie Marcel Roncayolo pour sa relecture attentive et ses conseils. collection publiée avec le concours financier de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur Librairie de l’Architecture et de la Ville Publiée avec le concours du ministère de la Culture et de la Communication (Centre national du Livre et Direction de l’archi tecture et du patrimoine) copyright © 2000, Gius. Laterza & Figli. Édition originale : Prima lezione di urbanistica. copyright © 2006, 2011 Éditions Parenthèses, 72, cours Julien, 13006 Marseille isbn 978-2-86364-635-9 / issn 1279-7650 www.editionsparentheses.com / Bernardo Secchi — Première leçon d’urbanisme / ISBN 2-86364-635-4 Note de l’éditeur Cet ouvrage n’est pas un traité d’urbanisme : il s’inscrit dans une tradition qui, en langue française, s’est ouverte avec les Introduction à l’urba- nisme d’un Marcel Poëte ou d’un Pierre Lavedan. Le renouvellement de la réflexion est évident. Cette initiation à l’urbanisme s’inspire non seulement des disciplines classiques mais de celles qui se sont épanouies dans les dernières décennies : sciences du langage et des signes, archéologie du savoir, anthropologie et même musicologie. Métaphore mais surtout analogie placent ainsi l’urbanisme à un carrefour de savoirs et de savoir-faire. La périodisation historique proposée par l’auteur est originale. L’histoire de l’urbanisme, à la fois reflet et moteur de l’histoire urbaine, s’enra- cine dans la modernité depuis la Renaissance : long parcours aux avatars multi- ples, dont le court xxe siècle marque à la fois le chant du cygne et la désagrégation. Ainsi passe‑t‑on à la ville contemporaine, la sprawl city, mais qui est loin de s’établir en table rase. Quels sont les effets de cette mutation sur les modes d’inter- vention de l’urbaniste, sur sa culture, sur sa philosophie même ? Car il ne s’agit pas seulement de répondre aux caractères de la ville contemporaine mais d’en engager l’avenir. C’est le sens de la notion de projet. Pour Bernardo Secchi, l’urba niste reste un auteur : au-delà des savoirs et des savoir-faire ne doit-il pas respecter une déontologie ? www.editionsparentheses.com / Bernardo Secchi — Première leçon d’urbanisme / ISBN 2-86364-635-4 Première leçon d’urba nisme www.editionsparentheses.com / Bernardo Secchi — Première leçon d’urbanisme / ISBN 2-86364-635-4 première leçon d’urba nisme Prémisse Roland Barthes, lors de sa première leçon de sémiologie littéraire au Collège de France, s’exprimait ainsi : « Car ce qui peut être oppressif dans un enseignement, ce n’est pas finalement le savoir ou la culture qu’il véhicule, ce sont les formes discursives à travers lesquelles on les propose ». Parler, écrire, enseigner est exercer un pouvoir qui, souvent, n’est pas légitime et qui doit être toujours relativisé. « Et je me persuade de plus en plus, soit en écrivant, soit en enseignant, que l’opération fondamentale de cette méthode de déprise, c’est, si l’on écrit, la fragmentation et, si l’on expose, la digression ou, pour le dire d’un mot précieusement ambigu : l’excursion 1 ». Comme Barthes, je n’ai pas de certitudes à transmettre, mais plutôt des doutes, des questions et des thèmes à proposer. C’est pour cette raison que ma leçon sera un continuel aller et retour autour d’un fantasme, d’un désir qui, tout au long de l’histoire, a été exprimé plusieurs fois, sans jamais être assouvi. Si je me réfère à une autre leçon inaugurale au Collège de France 2 — celle de Foucault —, ce qui me préoccupe dans le début d’une leçon et, en même temps, m’intrigue, est sa forme ritualisée : le caractère solennel qu’assurent les commencements ; la disposition ordonnée des arguments et des matériaux ; la série de rappels à un monde de discours et de faits qui se situent au-delà de la leçon ; le jeu impossible qui pousse à vouloir éclaircir chaque terme et chaque concept employé. Le mot urbanisme 3, par exemple, a donné lieu à telle- ment d’attentes et de déceptions, de malentendus, de quiproquos et de présupposés que l’on a du mal à le définir, ce qui est pourtant nécessaire si l’on veut acquérir une certaine distance critique. Il n’en reste pas moins que la discipline de l’urbanisme, qui a mis au centre de sa réflexion le projet en le faisant devenir objet d’attentes libératrices (ou de déceptions cuisantes), a affaire à des questions dont la portée et la difficulté ne sont pas négligeables, du moins dans l’imaginaire collectif. Cela vaut donc la peine d’en parler. www.editionsparentheses.com / Bernardo Secchi — Première leçon d’urbanisme / ISBN 2-86364-635-4 10 Je m’attacherai à simplifier une question qui semble extrêmement complexe, en essayant d’être clair et précis. Je ne veux pas donner une image générale et compacte de l’urbanisme et de son histoire, bien au contraire : les points de vue sur ce sujet diffèrent énormément, sans parler de la variété des programmes de recherche placés sous ce nom. Je ne partirai pas de l’histoire pour chercher à saisir le futur : mais elle sera évoquée souvent, comme une toile de fond destinée à stimuler l’interrogation. J’éviterai surtout d’avoir recours à l’histoire comme témoignage d’un passé qui porte déjà en lui le futur, mais je m’ancrerai toujours dans les faits actuels, les seuls dont nous pouvons revendiquer une certaine expérience, même si elle est imparfaite. Une leçon comporte toujours une bibliographie raisonnée qui n’arrive pas à épuiser les thèmes qu’elle propose : dans le meilleur des cas, elle ne peut que chercher à établir la carte des terri- toires que d’autres ont déjà traversés et indiquer ceux qui restent encore à explorer. Mon propos se situe donc dans la suite des approches de chercheurs et intellectuels auxquels je dois beaucoup ; il est aussi motivé par mes expériences de terrain, dans des villes qu’il me semblait toujours ne pas pouvoir appréhender dans leur totalité ; il reflète, enfin, les efforts d’urbanistes qui ont pensé autrement et mieux. En ce sens, une leçon doit être considérée comme une œuvre collective. Mais, mes réflexions résultent aussi des relations très particulières qui existent entre l’auteur, son temps et son espace social. Toute affirmation sera à comprendre comme une hypothèse visant à stimuler de nouvelles recherches et de nouvelles réflexions. Ma leçon se structure autour de trois démarches prin- cipales, même si je sais déjà que je passerai souvent de l’une à l’autre. D’abord, il s’agira d’expliciter quel va être l’objet de mon discours : de quoi s’occupe l’urbanisme, de quoi il est constitué et quelles sont ses racines (1. Urbanisme ; 2. Figures ; 3. Urbanistes ; 4. Racines). Je dois cependant procéder à une mise en garde : mon idée de l’urbanisme ne se résume pas à une définition. Elle va progressivement émerger tout au long de 1 Roland Barthes, Leçon : leçon inaugurale de la chaire de sémiologie littéraire du Collège de France prononcée le 7 janvier 1977 [1978], Paris, Le Seuil, 1989. 2 Michel Foucault, L’ordre du discours ; leçon inaugurale au Collège de France prononcée le 2 décembre 1970 [1971], Paris, Gallimard 1990. 3 L’urbanistica est la manière dont s’effectuent à la fois la construction urbaine et l’étude même de ce savoir-faire constructif [N.d.E]. www.editionsparentheses.com / Bernardo Secchi — Première leçon d’urbanisme / ISBN 2-86364-635-4 11 ma leçon. Ensuite j’essayerai d’esquisser les thèmes et les problèmes que l’urbanisme contemporain doit analyser et affronter (5. Ville moderne et ville contemporaine ; 6. Projets ; 7. Projet de la ville contemporaine). Dans la troisième et dernière partie (8. Traverser le temps), je tenterai, non sans risque, de distinguer les parties du savoir et des techniques de l’urbanisme capables de traverser le temps de celles qui vont se révéler caduques. www.editionsparentheses.com / Bernardo Secchi — Première leçon d’urbanisme / ISBN 2-86364-635-4 première leçon d’urba nisme Chapitre I Urbanisme La majeure partie de la surface terrestre est marquée par une multiplicité et une pluralité de signes imprimés intentionnelle- ment par ceux qui nous ont précédés : villes, villages, maisons et cabanes isolées, canaux, galeries, digues, terrassements, déboisements, division des champs et cultures spécifiques qu’ils portent, rangées d’arbres et plantations. Le territoire dont parle André Corboz est un palimpseste : différentes générations y ont écrit, corrigé, effacé et ajouté 1. Dans ces immenses archives uploads/Litterature/ premier-lecon-d-x27-urbanisme 1 .pdf
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- Publié le Aoû 13, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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