L'ADAPTATION CINÉMATOGRAPHIQUE Objectifs : ●Réfléchir à la problématique de l'a
L'ADAPTATION CINÉMATOGRAPHIQUE Objectifs : ●Réfléchir à la problématique de l'adaptation, à la fois du point de vue de la transposition générique et formelle, mais aussi de l'interprétation que peut donner un réalisateur moderne ou contemporain d'une œuvre patrimoniale ; ●Analyser les démarches comparatives à l’œuvre dans l'étude d'un texte et d'un film ; ●Approfondir la connaissance des techniques d'étude du langage cinématographique. Démarche : I La problématique de l'adaptation II Un cas d'école : La Princesse de Clèves III La Princesse de Montpensier N. Boscher – 31 janvier 2018 I La problématique de l'adaptation → problématique de l'adaptation / adaptation problématique... A) Historique : A) Historique : Quand ? Quoi ? Rapproc hement Crise Pourquoi ? XIXe Importance des passages descriptifs : Balzac, Flaubert (Madame Bovary), Zola. 1895 Invention du cinéma, art de foire, donc d'attraction plus que de narration → L'Arrivée du train... / L'Arroseur arrosé. 1902 Les Victimes de l'alcoolisme, F. Zecca, inspiré de L'Assommoir de Zola : fiction réaliste et didactique. Années 10 et 20 Pour les écrivains associés à l'avant-garde (Apollinaire, Artaud, Cendrars...), le cinéma incarne la modernité. 1929 Généralisation du cinéma parlant. De nombreux écrivains sont adaptés ou deviennent scénaristes-adaptateurs. Années trente Sous l'égide de G. Gallimard, des sociétés de production promeuvent l'adaptation cinématographique de textes littéraires. 1952 Article d'André Bazin, « Pour un cinéma impur – Défense de l'adaptation » [in Qu'est-ce que le cinéma ?, p. 81-106]. 1954 Article de F. Truffaut : « Une certaine tendance du cinéma français ». Il remet en cause l'adaptation-traduction par équivalences. 1959 Nouvelle Vague : les premiers films de Rohmer, Truffaut, Chabrol, Rivette ou Godard, auteurs-réalisateurs. Années 90 Adaptations prestigieuses (gros budget et stars) signées Berry (Jean de Florette), Rappeneau (Cyrano), Annaud ou Chabrol. 2010 La Princesse de Montpensier, B. Tavernier B) Définitions / modalités Adaptation B) Définitions / modalités Adaptation Traduction / illustration Littérarité / littéralité Appropriation / vampirisme Lecture Trahison / déplacement Rencontre Vol / dissimulation Jeu C) Tensions → 2 démarches associées à la polémique, la même année, en 1991 : - L'adaptation de Madame Bovary par Claude Chabrol (scénariste et réalisateur) irrite les amoureux de Flaubert et les cinéphiles. - Après avoir réalisé des films inclassables, Marguerite Duras publie L'Amant de la Chine du Nord contre l'adaptation de L'Amant que vient de réaliser Jean-Jacques Annaud. Le livre se présente comme une contre-adaptation, de même que le cinéma de Duras refuse d'illustrer le texte ou de le soumettre à l'image ou au récit. Plus largement, le film de Chabrol et ceux de Duras incarnent deux conceptions antithétiques de l'adaptation, et peut-être deux pôles : D'un côté un cinéaste-adaptateur persuadé de pouvoir proposer un équivalent cinématographique du texte littéraire : donc une traduction ou une illustration. → La scène du bal chez Flaubert ; son adaptation filmée et commentée par Chabrol (DVD/Suppléments). De l'autre, une écrivaine-cinéaste qui, prenant acte de l'inadaptabilité du texte littéraire, cherche d'autres moyens de le laisser résonner. → De La Femme du Gange (1974 → ouverture), à L'Homme atlantique (1981 → l'essentiel du film) : la tentation de l'écran noir comme refus radical de l'illustration. → La contre-adaptation : rencontres inattendues du cinématographique et du littéraire. Traductions possibles / impossibles Le cœur d'Emma lui battit un peu lorsque, son cavalier la tenant par le bout des doigts, elle vint se mettre en ligne et attendit le coup d'archet pour partir. Mais bientôt l'émotion disparut ; et, se balançant au rythme de l'orchestre, elle glissait en avant, avec des mouvements légers du cou. Un sourire lui montait aux lèvres à certaines délicatesses du violon, qui jouait seul, quelquefois, quand les autres instruments se taisaient ; on entendait le bruit clair des louis d'or qui se versaient à côté, sur le tapis des tables ; puis tout reprenait à la fois, le cornet à pistons lançait un éclat sonore, les pieds retombaient en mesure, les jupes se bouffaient et frôlaient, les mains se donnaient, se quittaient ; les mêmes yeux, s'abaissant devant vous, revenaient se fixer sur les vôtres. Madame Bovary, G. Flaubert, 1857 Madame Bovary, C. Chabrol, 1991 L’Auteur désire exprimer ici sa reconnaissance envers le Traducteur de ce qu’il a remplacé par des parodies de sa composition quelques parodies de morceaux de poésie anglais, qui n’avaient de valeur que pour des enfants anglais ; et aussi, de ce qu’il a su donner en jeux de mots français les équivalents des jeux de mots anglais, dont la traduction n’était pas possible. (…) Les longues herbes bruissaient à ses pieds sous les pas précipités du Lapin Blanc ; la Souris effrayée faisait clapoter l’eau en traversant la mare voisine ; elle entendait le bruit des tasses, tandis que le Lièvre et ses amis prenaient leur repas qui ne finissait jamais, et la voix perçante de la Reine envoyant à la mort ses malheureux invités. Une fois encore l’enfant-porc éternuait sur les genoux de la Duchesse, tandis que les assiettes et les plats se brisaient autour de lui ; une fois encore la voix criarde du Griffon, le grincement du crayon d’ardoise du Lézard, et les cris étouffés des cochons d’Inde mis dans le sac par ordre de la cour, remplissaient les airs, en se mêlant aux sanglots que poussait au loin la malheureuse Fausse-Tortue. Alice aux pays des Merveilles, Lewis Caroll, trad. H. Bué, 1869 [préface] Alice, J. Svankmajer, 1988 Alice au pays des merveilles, T. Burton, 2010 Duras au cinéma. La contre- adaptation : rencontres inattendues du cinématographique et du littéraire. Les images proposées ci-dessous pourraient servir à la ponctuation d'un film tiré de ce livre. En aucun cas ces images – dites plans de coupe – ne devraient « rendre compte » du récit, ou le prolonger ou l'illustrer. Elles seraient distribuées dans le film au gré du metteur en scène et ne décideraient en rien de l'histoire. Les images proposées pourraient être reprises à tout moment, la nuit, le jour, à la saison sèche, à la saison des pluies. Etc. Je vois ces images comme un dehors qu'aurait le film, un « pays », celui de ces gens du livre, la contrée du film. Et seulement de lui, du film, sans aucune référence de conformité. Exemples d'images des plans dits de coupe : Un ciel bleu criblé de brillances. Un fleuve vide dans son immensité dans une nuit indécise, relative. Le jour qui se lève sur le fleuve. Sur le riz. Sur les routes droites et blanches qui traversent l'immensité soyeuse du riz. Encore un fleuve dans toute sa largeur, immense. Seul le dessin vert de ses rives est immobile. Entre ses rives il avance vers la mer. Entier. ÉNORME. L'Amant de la Chine du nord, M. Duras, 1991 La Femme du Gange, M. Duras, 1974 Barrage contre le pacifique, R. Clément, 1958 L'Amant, J. J. Annaud, 1992 II UN CAS D'ÉCOLE : LA PRINCESSE DE CLÈVES A) BOÎTE À OUTILS : NARRATOLOGIE, ANALYSE FILMIQUE Narration romanesque Une diégèse non mimétique (# théâtre), affranchie des contraintes matérielles (temps, espace, réalisme). Un auteur généralement singulier. Une narration monodique (discours textuel) → un narrateur délégué utilisera le même véhicule sémiotique que le narrateur premier, donc invisibilisation du narrateur premier. Une théorie de la narration et de la focalisation, énoncée par la critique formaliste (Todorov, Genette) : narration, focalisation... Curieusement, Genette fait régulièrement référence au cinéma (Rashomon, in Figures III, 1972) comme si le rapprochement était éclairant alors que la narrativité filmique se distingue de celle de la littérature. Rashomon confronte ainsi les focalisations, mais non les ocularisations... [Gaudreault, Jost, 2017, p. 208]. Narration cinématographique Une diégèse mimétique (// théâtre) davantage contrainte mais qui peut, grâce au montage, aisément manipuler temps et espace (// roman). Un auteur généralement pluriel, plus encore quand il s'agit d'une adaptation (légalement → loi de 1957 définissant les co-auteurs / génétiquement). Une narration polyphonique (5 matières de l'expression : image, bruits, dialogue, mentions écrites, musique). Le narrateur délégué utilisera rarement ces 5 matières simultanément ==> Invisibilisation du « grand imagier » [Laffay, Gaudreault] rarement obtenue, ou recherchée. Des outils théoriques définis par F. Jost ou A. Gaudreault : - distinction entre ocularisation (= voir) et focalisation (= savoir d'un personnage) : - f. interne quand le savoir du spectateur = celui du personnage ; - f. externe quand " " < " " - f. spectatorielle " " > " " → histoire de Mme de Tournont rapportée par Otto / Clèves dans La Belle Personne : chap. 4., 00.31.20 Un support incomplet (manquent mouvements, bande-son) mais utile : la planche-contact (grâce à VLC + XnView). → Comment s'organise la narration ? B) CARACTÉRISTIQUES DE L'HYPOTEXTE La Princesse de Clèves, 1678 (16 ans après Histoire de la princesse de Montpensier). 3 approches [ cf. Analyser une adaptation, Jullier et Cléder, 2017, p. 222-239 < Jean Rousset et G. Genette] : - la fable : des personnages exceptionnels, un conflit entre fidélité et désir, entre dire et voir... - le style, avec la récurrence « d'une structure grammaticale articulant l'expression de l'intensité sur l'expression de la conséquence (du uploads/Litterature/ princesse-de-montpensier-la-diaporama-1.pdf
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- Publié le Jul 06, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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