Chêne et Chien, Queneau Présentation générale de l’œuvre Exposé de Sophie, Lisa

Chêne et Chien, Queneau Présentation générale de l’œuvre Exposé de Sophie, Lisa, Justine Titre : Cette œuvre de Queneau est intitulée Chêne et Chien. Ces mots sont tous deux issus de la racine « quen » présente dans le nom Queneau. Cette étymologie renvoie aux mots normands « quenet » qui signifie chien et « quenne » qui signifie chêne. Ce titre est donc composé de deux noms reliés par la conjonction de coordination « et » qui peut marquer soit le choix entre les deux termes « chêne » ou « chien » soit leur addition. Nous remarquons aussi que Queneau joue avec l’allitération en [ʃ] et la confusion possible entre les deux paronymes. Nous avons l’habitude que le titre ait une fonction programmatique dans un livre, or là, Queneau fait bien plus puisqu’il nous présente symboliquement son identité. Il se crée sa propre mythologie, qui, au premier abord, est comprise seulement par lui-même. Ces deux noms désignent respectivement un élément de la faune et de la flore. Nous notons que le mot « chien » renvoie à un être dominé par son instinct, sans capacité de réflexion, une bête sale, naïve, mais aussi très fidèle à son maître. Le « chêne » lui, nous renvoie à un symbole de noblesse et de force, un penseur qui s’élève dans le ciel, symbole de spiritualité. Nous pouvons dire que Queneau suggère l’ambivalence de son être grâce à ce titre. D’autre part, à la page 81, il nous explique enfin la signification de ce titre avec le vers « Chêne et Chien voilà mes deux noms » qu’il nous présente comme étant une vérité qu’il nous confesse, en même temps qu’une interprétation symbolique et psychanalytique. Structure : Chêne et Chien comporte trois parties plus ou moins longues, nous verrons dans cette section leurs ressemblances et leurs différences. Les deux premières parties n’ont pas de titre et sont de taille presque égale. La troisième partie s’intitule « Fête au village » ; elle est beaucoup plus courte que les précédentes, car elle contient seulement cinq pages. Les 3 parties associent vers et verset. Chacune connaît des modulations dans les rimes, et la métrique. Le livre débute par une préface allographe d’Yvon Belaval. Ce texte qui suit la page de couverture permet de présenter l’ouvrage tout en le recommandant aux lecteurs. On remarque un sous-titre page 27 sous le titre de l’œuvre. Il y est inscrit « roman en vers », nous verrons plus tard à quoi cela correspond. A partir de la page 29, on reconnaît un seuil, constitué d’une citation de Boileau : «Quand je fais des vers, je songe toujours à dire ce qui ne s’est point encore dit en notre langue. C’est ce que j’ai principalement affecté dans une nouvelle épître… J’y conte tout ce que j’ai fait depuis que je suis au monde. J’y rapporte mes défauts, mon âge, mes inclinaisons, mes mœurs. J’y dis de quel père et de quelle mère je suis né ». Cette citation correspond à un art poétique qui rappelle la formation d’une autobiographie : « J’y conte tout ce que j’ai fait depuis que je suis au monde. » On peut donc supposer que malgré le différend qui les sépare, Queneau lui rend hommage. (Sachant que Boileau est un fervent partisan du classicisme, il respecte les codes et lois de la versification dictée par Malherbe et réprime la modernité. Queneau lui, s’il prône le travail et les consignes, privilégie la fantaisie dans les écritures poétiques ce qui le projette dans la modernité avec son mouvement l’OuLiPo, fondée en 1950). Suite à cette épigraphe, la première partie commence, elle n’a pas de titre et dure une quinzaine de pages. Queneau situe son histoire dans l’espace et le temps. 1 Dans cette première partie, d’un point de vue d’écriture, on constate que chaque poème occupe 1 à 3 pages. En tout, il y en a treize qui symbolisent les 13 premières années de sa vie. Queneau crée de nombreuses coupures entre ses poèmes avec des strophes. On y perçoit une ponctuation variée, exclamative : « Maintenant à la Tour Eiffel ! (p.40) », interrogative : « Abandonné, trompé, enfant, dans quel miroir verrais-tu ton image autre que déformé ? (p.46) », déclarative : « De mon père un ami Lambijou s’appelait. (p.38) ». On comprend que, dans cette partie, l’auteur exprime beaucoup ce qu’il ressent. La les vers sont hétérométriques, il joue avec l’alexandrin et l’octosyllabe : « J’ai découvert une caverne (p.46)/Le couronnement du défunt roi George V. (p.47) ». Les vers sont généralement courts, le but étant d’aller au cœur du sujet le plus clairement possible. Le thème de cette partie relate l’enfance pas très heureuse de l’auteur, son enfer, ses cauchemars et ses craintes au niveau familial. On découvre un second seuil précédant la deuxième partie. Comme pour la première partie, ce seuil est une citation. Queneau choisit un autre auteur qui lui ressemble plus, Traherne : « To Infancy, o Lord, again I come ; That I my Manhood may improve. » A l’enfance, Ô Seigneur, je reviens afin d’améliorer mon âge viril ». Traherne Thomas (né en 1636 ou 1637 à Hereford – décédé le 10 octobre 1674 à Teddington) est un poète et homme d'Église anglais. Poète méconnu de son vivant, il est aujourd'hui classé comme l'un des principaux poètes métaphysiques. La seconde partie, contient 9 poèmes toujours sans titre qui relatent la cure psychanalytique. Elle débute page 61, et ne diffère pas beaucoup de la première, toutes deux faisant presque la même taille (13 pages) et reprenant les mêmes variations dans les procédés d’écriture. Néanmoins, dans cette partie interviennent deux personnages : le psychanalyste et le patient. On constate au fil de la lecture, un dialogue marqué par le signe de ponctuation [-], notamment page 80 : « - Puisque maintenant je travaille, puisque tu as bien travaillé […] (psychanalyste) ». Cette seconde partie constitue la prise de conscience et l’effort que l’auteur fait sur lui-même pour combattre ses souvenirs malheureux et les démons qui le hantaient depuis son enfance. Puis, nous arrivons à la troisième et dernière partie, elle est marquée par un titre et non une épigraphe comme les précédentes. On remarque par sa taille (4 à 5 pages) et par ses procédés d’écriture et de mise en écriture, des différences flagrantes avec les deux autres parties. Tout d’abord la métrique est différente avec l’utilisation du verset. Il n’y a pas de strophe. La ponctuation expressive des deux autres parties a disparu, ce qui donne au texte un rythme beaucoup plus fluide. Enfin, cette troisième partie symbolise la libération, la renaissance d’un nouvel homme. Finalement, les trois parties correspondent à trois grandes étapes de sa vie : Son enfance (= enfer), sa psychanalyse (= purgatoire), la fête (= paradis) comme dans la Divine comédie de Dante. Le roman de Queneau est donc proche d’un roman d’apprentissage qui fait pourtant preuve de fantaisie dans ses procédés d’écriture et dans la familiarité de son langage. Première partie : La première partie commence par le vers « Je naquis au Havre un vingt et un février en mille neuf cent et trois » qui place le lecteur au tout début de la vie de l’auteur, et qui témoigne de sa recherche de sincérité puisque cette date est effectivement celle de sa naissance. Dans cette partie, les événements de la vie de Queneau sont racontés de manière chronologique, cependant nous remarquons que l’on ne peut se souvenir de son enfance qu’à partir de l’âge de 4 ans environ, donc pendant les quelques premières pages de cette partie il y a une certaine dimension 2 fictive. Les parents de Queneau tenaient une mercerie qui est évoquée à la page 32 avec le vocabulaire très réaliste : « toises de soierie », « tonnes de boutons », « extrafort » ... Suite à cela, le « je narrant » nous présente ses parents. Il se remet dans la peau d’un jeune enfant en décrivant de manière innocente ses souvenirs des femmes qui travaillaient à la mercerie mais dans une description plutôt crue. On note que ses souvenirs reviennent notamment grâce à ses sens et en particulier l’olfactif : « ainsi je grandissais parmi ces demoiselles / en reniflant leur sueur / qui fruit de leur travail perlait à leurs aisselles ». Queneau appartient à la petite bourgeoisie, nous remarquons aussi le vocabulaire de la finance : page 33 : « Emprunt Russe », « Crédit Foncier »… A la page 35, il nous parle de ses études avec le vers «Le lycé’ du Havre est un charmant édifice ». L’école fut pour lui une épreuve difficile et pleine d’humiliation, même s’il était très bon élève. A la page 36, il rend hommage, mais de façon paradoxale, à ses parents : « Mes chers bon parents, combien je vous aimais ». On voit déjà les tristes sentiments de Queneau face à son enfance : « je vécus mon enfance écrasé de terreurs uploads/Litterature/ queneau-expose-structure.pdf

  • 11
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager