UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ECOLE NORMALE SUPERIEURE DEPARTEMENT de la FORMATION
UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ECOLE NORMALE SUPERIEURE DEPARTEMENT de la FORMATION INITIALE Centre d’Etudes et de Recherches en Langue et Lettres Françaises L’Univers africain vu à travers un récit de vie, L’Enfant noir de Camara Laye Mémoire de fin d’études pour l’obtention du : Certificat d’Aptitude Pédagogique de l’Ecole Normale Supérieure Année universitaire 2015-2016 Soutenu le 23 Juin 2015 Présenté par : RAKOTONIRINA Oliva Fenintsoa Président : RAMAROSOA Liliane, Professeur titulaire. Juge : RANOELISON Rivo, Maître de conférences. Rapporteur : RANAIVOZANANY Sahondra, Maitre de Conférences L’Univers africain vu à travers un récit de vie, L’Enfant noir de Camara Laye Mes vifs remerciements : -à Mme. Sahondra RANAIVOZANANY d’avoir bien voulu diriger ce mémoire et d’avoir prodigué de précieux conseils qui ont permis de mener à bien cette entreprise. -à Mme. RAMAROSOA Liliane et M.RANOELISON Rivo d’avoir aimablement accepté de faire partie du jury. -à toutes les personnes qui ont constamment manifesté leur soutien durant la réalisation de ce mémoire, en particulier la famille. Toute ma gratitude ! Sommaire Introduction générale Première partie : L'homme et son harmonieuse relation avec le mystique I. L’univers africain à travers l’imaginaire du roman. A. Le sacré, l'interdit, des éléments fondamentaux dans la vie de l'individu B. La nécessité d’entretenir des liens permanents avec les ancêtres. C. Les correspondances avec les ancêtres et les actes symboliques. II. L’inscription de l’œuvre dans le fantastique. A. Le fantastique pour peindre un univers singulier. B. Les individus ayant un don particulier C. Les thèmes du pouvoir occulte Deuxième partie : La mise en scène de la communauté et la vie sociale I. La société du texte et la vie sociale A. La vie communautaire à travers les personnages. B. Les rapports humains dans la communauté villageoise II. La tradition et l’héritage culturel A. L’héritage culturel et sa mise en scène B. L’homme sous la houlette de sa tradition Troisième partie : Exotisme et identité culturelle dans l’acte d’écriture A. Le cadre de l'histoire, un univers teinté de pittoresque. B. Les éléments de la mythologie africaine, et l’art oral C. Nostalgie d'un passé et communication littéraire. Conclusion générale : Bibliographie Avertissements *E.N. sera l’abréviation pour L’Enfant Noir: **L’édition utilisée est un livre numérique de 81 pages. (Édition Lepetitlittéraire) 1 Introduction générale La société traditionnelle africaine et sa culture occupent une place non négligeable dans la production littéraire des écrivains africains de langue française et ce dès l'avènement des poètes et romanciers de la première génération. Les sujets de ces œuvres centrées sur l'Afrique varient de la peinture mythique et élogieuse de cette civilisation au regard plus pessimiste et parfois critique lié aux désenchantements après les Indépendances. L'Enfant noir de Camara Laye, par son succès mais aussi par son originalité, est un roman incontournable parmi ceux qui évoquent ce monde typiquement africain. L'objet de ce mémoire est justement de voir à travers ce roman les singularités de ce monde africain. Camara Laye s’appelle en réalité Kamara Abdoulaye car il est de tradition en Guinée d’invertir l’ordre des noms, le patronyme « Kamara » précédant le prénom « Abdoulaye ». Sur le cahier d’appel de l’école française, son nom s’écrit: Camara, Laye. Ainsi Laye est à la fois son prénom et le nom de plume qu’il adopte quand il écrit ses romans. Le fait d’avoir fréquenté l’école française fait de Camara Laye un de ceux qui ont connu une scolarité privilégiée, et cette voie va le conduire en France au début des années cinquante. Ce départ est perçu comme un éloignement des terres des ancêtres et les sentiments de solitude ou de nostalgie qui découlent de ce constat constitueront la genèse de son premier roman, L’Enfant Noir qui parait aux éditions Plon en 1953, il sera couronné par le Prix Charles Veillon de l’année suivante. Dans une entrevue rapportée dans l’ouvrage de Marie-Clotilde Jacquey, Camara Laye parlera de son œuvre comme d’ « un roman né de la solitude et de l'exil ». « Vivant à Paris, loin de ma Guinée natale, loin de mes parents, et vivant depuis des années dans un isolement rarement interrompu, je me suis transporté mille fois par la pensée dans mon pays et près des miens; Et puis un jour j'ai pensé que ces souvenirs, qui à l'époque étaient dans toute leur fraîcheur, 2 pourraient avec le temps s'effacer comment pourraient-ils s'effacer-du moins s'affaiblir; Et j'ai commencé à les écrire […]1 » L’Enfant Noir demeure comme la plus grande œuvre de Camara Laye dont la carrière d’écrivain sera marquée par une touche occidentale sinon française et dont la maitrise de la langue se fait insistante. Ce roman est perçu comme un récit d’une vie et d’une culture. En effet, il retrace la vie de son auteur, depuis sa petite enfance jusqu’à son départ vers la France lorsqu’il termine ses études du secondaire. Cet épisode de sa vie est fortement marqué par la culture malinké que l’on généralise comme une culture africaine, l’évocation de cette culture est l’objet même de son récit. L’Enfant noir, une œuvre à part dès sa parution. Un des premiers romans africains à atteindre la renommée internationale, L'Enfant Noir raconte les aventures de Laye dans l'univers physique et métaphysique de la culture malinké. Le récit débute par la rencontre du héros avec un serpent noir lorsqu’il n’a que « cinq ou six an »2 et s’achève une dizaine d’année plus tard lorsqu’il quitte son pays pour la France. Œuvre autobiographique, le roman évoque sous le regard du personnage de Laye les singularités et les magies de sa culture à travers le quotidien d'un village de la Haute-Guinée et de ses habitants. Tout au long du récit, Laye s’interroge sur les évènements de son quotidien qui lui paraissent à la fois surnaturels et sensés. L'œuvre aborde de manière conséquente le rapport qu'entretient le héros avec son entourage et sa culture. La figure du père domine la famille et la concession où réside le héros, ce père qui est également le chef de la concession apparait comme le gardien de la tradition et de l'esprit ancestral qui caractérisent les manières de penser de cette civilisation évoquée dans le roman. Le rapport du héros avec sa mère est également une thématique majeure du récit, le personnage de Laye révèle l'amour inconditionnel qui le lie à sa mère 1 JACQUEY Marie-Clotilde, Littératures francophones : Afrique-Caraïbe-Océans Indiens -Ed Clef. 2 Camara Laye, L’Enfant Noir « édition numérique » p. 1 3 mais également les réserves de cette dernière sur sa trajectoire de vie et certaines pratiques de sa culture. Cette culture servira de toile de fond du roman et sa représentation constituera l’essentiel de cet univers africain mis en lumière dans ce mémoire. Dès une première lecture, culture et tradition sont parmi les sujets majeurs du roman, l'orientation de ce mémoire aborde plus en détail ces deux aspects. La représentation de la société et les rapports humains font également partie des axes d’étude. Un point qui fait consensus dans les commentaires sur l'œuvre est que Camara Laye, à travers son roman, valorise les richesses, l'authenticité, l'harmonie de sa culture et de son peuple. Jacques Chevrier affirme à ce propos que : « Sans aucune arrière-pensée polémique, Camara Laye excelle à suggérer l’âme africaine dans ce qu’elle a de plus spontané et de plus joyeux »3 Vue la part importante des descriptions des évènements culturels ainsi que le développement que fait le narrateur sur le quotidien et l’art de vivre de son village, le roman nous offre un esquisse du mode de vie dans le pays malinké d’avant les années cinquante. Marie-Clotilde JACQUEY, auteur d’une étude sur la littérature francophone parle de l’œuvre comme d’« un reportage ethnologique et historique4 » Le cadre du roman et la chronologie du récit L'histoire se déroule entre les villages de Kouroussa, lieu de résidences de la famille Laye et Tindican, village de la grand-mère du héros où il passe ses vacances. Entre les deux, il y a un court passage de la ville de Conakry où Laye passera une partie de sa scolarité, ce sera pour lui un contact particulier avec le mode de vie "occidental". Le récit a pour cadre un monde exotique et typique des paysages dominés par la savane, les grands arbres. Tout au long du récit la nature est au service de l'homme qui projette en elle un regard empreint de mysticisme. L’Enfant Noir est écrit dans un vocabulaire relativement simple mais son écriture souvent imagée est pleine d’évocation. L’originalité des tournures de phrase, une certaine 3 CHEVRIER Jacques. La littérature nègre, Arman Colin, 2003, p112 4 JACQUEY Marie-Clotilde. Littératures francophones : Afrique-Caraïbe-Océan Indien, -Ed Clef, p-235 4 singularité dans les dialogues et le parler des personnages (chez le père et les vieillards) sont des traits distinctifs du roman. Au-delà d’une certaine simplicité en apparence, la richesse et la maitrise de la langue font que ce roman est toujours lu et étudié à l’école dans beaucoup de pays. La plupart des éditeurs le classe dans la littérature de jeunesse. Un récit d’enfance et d’adolescence Parmi les classiques de la uploads/Litterature/ rakotonirinaolivaf-ens-cpn-15.pdf
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- Publié le Jul 15, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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