Fiche méthodologique 03 – Amasser des savoirs 01 L’architecture du savoir : écr
Fiche méthodologique 03 – Amasser des savoirs 01 L’architecture du savoir : écrire et soutenir son rapport d’études FICHE MÉTHODOLOGIQUE 03 AMASSER DES SAVOIRS LA PRISE DE NOTE ET LES FICHES DE LECTURE Si la lecture de travail de votre bibliographie peut se révéler tout aussi stimulante que vos lectures de loisir, celle-ci vise un but précis : amasser des connaissances dans un domaine ou sur un sujet particuliers. Elle nécessite donc d’être menée avec rigueur et une certaine organisation est à mettre en place avant de commencer la lecture. Les lectures successives : découverte du texte, annotations, prise de notes, fiche de lecture dépendent les unes des autres. Plus vous serez exigeant dans la réalisation d’une phase, plus la suivante sera aisée. Rappelons que chacun trouvera sa méthode propre et que le déroulé de lecture évoqué ici n’est donné qu’à titre d’exemple. Mais, quelle que soit l’organisation choisie, chaque document produit doit indiquer avec précision la référence complète de l’ouvrage consulté ainsi que sa localisation. Annoter le texte Avant de commencer la lecture, nous vous conseillons de prendre le temps de (re) découvrir le sommaire afin de garder en tête la structure générale du texte. Sachez que la première lecture d’un ouvrage, d’un article ou d’un chapitre est la plus longue, car elle doit être menée entièrement. C’est par elle que vous prenez connaissance du texte. Afin d’éviter d’avoir à refaire l’exercice — au risque de devoir relire des ouvrages longs ou difficiles —, nous vous conseillons de repérer les éléments primordiaux dès la première lecture. Dans la mesure du possible, et si vous travaillez sur des photocopies ou des ouvrages personnels, n’hésitez pas à utiliser un surligneur ou un crayon à papier pour annoter directement le texte et faire ressortir les idées structurantes ou les éléments qui peuvent alimenter votre recherche. Vous pourrez ensuite vous concentrer uniquement sur les mots mis en avant par vos soins au moment de réaliser vos notes de lecture. Si vous êtes dans l’impossibilité d’annoter directement le texte, car il s’agit d’un ouvrage emprunté par exemple, nous devrez prendre des notes de lecture en même temps que vous découvrirez le texte. L’exercice demande alors une concentration plus importante. Fiche méthodologique 03 – Amasser des savoirs 02 Prendre des notes Les notes de lecture peuvent se contenter d’être un texte brut extrait ou bien d’être complétées de vos réflexions personnelles. Cette dernière démarche est vivement encouragée : elle signifie que vous articulez directement votre lecture avec votre recherche. Mais dans ce cas-là, pensez à distinguer les idées de l’auteur des vôtres en utilisant des guillemets. Au fur et à mesure que vous avancerez dans votre travail, vous vous rendrez compte que vous ne saurez plus vraiment d’où a germé une idée. En vous appropriant une pensée mal référencée, vous pourriez commettre un plagiat involontaire. Cette prise de note accompagnée de guillemets est également l’occasion d’extraire des citations qui pourront être utiles plus tard. Pensez donc à noter dès maintenant les pages des citations selectionnées pour éviter de les rechercher au dernier moment. Établir une fiche de lecture1 Si les notes portent sur la matière brute de l’ouvrage, la fiche de lecture doit adopter une distance analytique qui offre une vision plus globale. Pour cette raison, il est important de cerner le contexte du texte : - Qui est son auteur : quelle est sa profession, sa nationalité, son positionnement architectural, politique, etc. ? - Quels enjeux place-t-il dans ce texte ? En cela, l’exercice d’analyse menée par Caroline Lecourtois dans le texte analysé ici Discours d’architectes vus depuis l’IMA est éclairant. - Quand et où a été écrit le texte ? Est-il contemporain au sujet traité ? Offre-t-il un recul critique suffisant ? Quel impact a-t-il eu ? - De quel type de document s’agit-il ? Vous pouvez au choix suivre une analyse linéaire qui résume les différentes parties ou paragraphes structurant le document et les arguments mobilisés ou bien proposer une analyse transversale qui dégage les principaux thèmes traités. Suivant cette seconde approche, vous déconstruisez la mise en récit de l’auteur pour la réorganiser au prisme de votre lecture. Dans tous les cas, votre fiche doit indiquer les mots-clés du texte et inclure une analyse de la forme du texte (récurrence de certaines idées ou/et de certains mots, champs lexicaux employés, tonalité, etc.). Elle est plus ou moins approfondie en fonction de l’importance du document pour votre recherche. 1 Les conseils délivrés dans ce paragraphe s’appuient pour partie sur l’intervention réalisée par Julien Bastœn lors des journées intensives de 2015. Fiche méthodologique 03 – Amasser des savoirs 03 Précaution d’usage L’exemple de fiche de lecture qui suit présente une limite importante : elle n’est pas réalisée dans le cadre d’une recherche puisqu’elle vise à illustrer les conseils apportés dans le présent document. De ce fait, elle représente un piètre exemple d’appropriation des connaissances. En effet, une fiche de lecture se fait toujours au prisme d’une problématique et deux recherches différentes mobilisant un même ouvrage ne s’attarderont pas sur les mêmes données. Elle propose donc une lecture lisse, adopte une analyse linéaire, ne contient pas de notes personnelles et ne relève pas les éléments de bibliographie cités par l’auteur qui pourraient être pertinents dans le cadre d’une recherche. Cet effet est accentué par la nature même du texte analysé dont le caractère scientifique et donc objectif porte peu à discussion. La fiche est relativement courte et synthétique. Elle est rédigée, mais cette mise en forme n’est pas obligatoire : vous pouvez tout à fait réaliser des fiches sous forme de listes si celles-ci traduisent correctement l’articulation des idées. Exemple de fiche de lecture Caroline LECOURTOIS, « Discours d’architectes vus depuis l’IMA. Entre doctrine, justification, promotion, critique, description et théorie » in Les Cahiers thématiques, n° 5, École d’architecture et de paysage de Lille, 2005, pp. 140-151. Localisation. Disponible à la bibliothèque de l’ENSA-MLV Renseignement sur l’ouvrage (auteur, nature et contexte de parution). Caroline Lecourtois est architecte DPLG, docteure et enseignante à l’ENSA Paris-La Villette. Elle écrit ici pour les Cahiers thématiques, revue scientifique reconnue en architecture et dans ses champs connexes. Il s’agit d’un travail de recherche qui vise la production d’un savoir objectif. Présentation du sujet. La visée du texte est clairement explicitée par l’auteur : « Cet article propose donc de revenir sur les discours d’architectures pour éclairer leurs genres et l’activité mentale de leurs auteurs, en partant d’un cas d’espace publié, critiqué et étudié, l’Institut du monde arabe. À cette fin, il s’appuie sur trois sources distinctes qui marquent déjà quelques différences de contenus et de visées » (p.140). Le terrain d’étude retenu est donc l’IMA et le corpus analysé triple : le discours des concepteurs recueilli notamment par entretiens, la presse spécialisée (Architectures Capitales, Technique et Architecture et Architecture d’Aujourd’hui) et enfin les écrits scientifiques sur le sujet. L’auteur ne choisit pas de s’appuyer sur les documents graphiques du projet, mais sur les textes et paroles qui l’entourent. Contenu. Caroline Lecourtois distingue cinq modèles de discours : le « discours de justification » : mobilisé par le concepteur au moment du concours ; le « discours de promotion » utilisé par le concepteur après la réalisation du projet ; le « discours critique professionnel » émis par les architectes qui expérimentent et évaluent l’espace ; le « discours descriptif » construit par l’enseignant architecte et enfin le « discours théorique architecturologique » qui conceptualise le bâtiment. Fiche méthodologique 03 – Amasser des savoirs 04 1. Discours de justification. Son enjeu repose sur la séduction. Pour ce faire, le concepteur revient sur les phases de conception sans s’attarder sur la description des lieux. Il endosse alors un rôle communicant, utilise le futur et place le projet comme une réponse optimale à des besoins pressentis. « Ce discours communique donc en exposant la doctrine propre de ses auteurs tout en se distinguant du genre doctrinal pour la raison qu’il n’explicite pas les paradigmes généraux des concepteurs, mais qu’il accompagne un projet spécifique ». p.143. « L’analyse de cette première production discursive conduit à préférer la nommer discours de justification plutôt que discours d’accompagnement du projet, puisque son but est avant tout de séduire et de convaincre le jury des compétences de conception de ses auteurs par l’intermédiaire d’un espace imaginaire conçu en mots ». p. 144. 2. Discours de promotion. Il est produit après la réalisation du projet par les concepteurs qui évoquent leurs souvenirs de conception en insistant sur les qualités inattendues du projet. Il permet de retrouver la compréhension spatiale globale du projet et d’assurer une reconnaissance des compétences des concepteurs en mobilisant une construction narrative des faits. « Mon interlocuteur joue ici de son savoir-faire architectural et rhétorique pour configurer une histoire imaginaire en vue, me semble-t-il, de complexifier, voire de mystifier une opération de conception simple qui aurait pu paraître trop évidente, voire primaire si elle avait été énoncée autrement ». p. 146. 3. Discours critique professionnel. Il s’agit des témoignages d’architectes donnés dans la presse spécialisée. Il uploads/Litterature/ re-fiche-03-amasser-des-savoirs.pdf
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- Publié le Dec 28, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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